mercredi 17 avril 2019

La grande semaine et son éclairage terrifiant

C'est lundi saint qu'a eu lieu l'incendie de Notre-Dame Quel éclairage terrifiant pour notre semaine sainte. Voilà un crû qu'il ne faudra pas avoir manqué. Je reviens de la longue veillée de chants et de prière organisée par les Veilleurs. Ce millier de jeunes gens et de jeunes filles à genoux sur le quai de la Seine devant la Vieille dame réduite à une façade, mais dont la structure de pierre est intacte, c'était poignant. Et la gentillesse des policiers alors que minuit approchait, c'était touchant. Comme, pendant ce temps, ces émissions sur les chaînes d'information continue où tout le monde se sent solidaire devant le coup du sort qui pourrait peut-être se révéler le coup du djihadiste...  Il y a des moments où il faut être à la hauteur, et quelle meilleure façon de répondre à ce défi que d'entretenir notre foi par la prière liturgique : d'offrir notre présence auprès du Crucifié.

Voici en tout cas, pour ceux qui le souhaitent, les horaires au Centre Saint Paul, 12 rue Saint Joseph, 75 002 Paris (Métro Bourse et Grands Boulevards):
  • JEUDI SAINT : Chants des Ténèbres à 10H00
    Fonction de l'après-midi à 19H00, avec le lavement des pieds.
    A 20H30 veillée devant le Saint-Sacrement et (au premier étage) chants des Ténèbres du vendredi saint.
  • VENDREDI SAINT :  Messe des présanctifiés à 19H00 avec le chant des Impropères : "O mon Peuple, que t'ai-je fait? Réponds-moi".
    Récit de la Passion selon saint Jean
  • SAMEDI SAINT : Ténèbres du Samedi saint à 10H00
    Veillée pascale à 21H30, avec bénédiction du feu, chant de l'Exsultet, confection de l'eau baptismale, baptême d'adulte et messe de la nuit de Pâques.
    Cette veillée sera suivie (vers minuit) d'un réveillon chaleureux au champagne, pour ceux qui veulent continuer à partager la joie de la Résurrection entre amis
  • DIMANCHE DE PÂQUES : Messes à 9H00, 10H00, 11H15, 12H30 et 19H00.

Loué soit Jésus-Christ : il a remporté la seule victoire que personne n'avait pu remporter avant lui : la victoire sur la mort.

lundi 15 avril 2019

Nous sommes tous en deuil...

...Non pas pour des raisons qui seraient proprement spirituelles, car les pierres vivantes de notre édifice spirituel restent et resteront immarcescibles, inaccessibles aux flammes. Ce qui est touché dans cet incendie dantesque, qui a pris au pieds de la flèche de Notre-Dame de Paris, et qui, à l'heure où j'écris, n'a pas cessé ses ravages, c'est cette connexion intime entre le spirituel et le charnel, c'est le symbole historique d'une sacralité française qui part en fumée. Une sacralité qui exprime aussi l'exception européenne et chrétienne.

Par ailleurs, comment expliquer l'intensité si soudaine  des flammes, leur progrès si rapide : rien à voir avec l'incendie de la cathédrale de Nantes, voici quelques décennies... Vous pensez comme moi ? En tout cas, géopolitique ou simple négligence, l'événement laisse chacun incrédule.

Serait-ce un signe pour l'avenir ? La couronne d'épines à été sauvée.

Il me vient une idée folle à la veille de Pâques. Un rêve.  Cette théâtrale mort de Notre-Dame, cette nuit de sacrifice qui se prépare pourrait être le prélude tragique et nécessaire d'une résurrection de la France, s'unissant de nouveau au pied de ce symbole, pour le reconstruire à l'identique. Il n'y a pas loin du lundi saint à Pâques, de la Passion de notre cathédrale à sa résurrection attendue, comme la métaphore ardente d'une résurrection de la France et de l'Europe.

vendredi 12 avril 2019

Le témoignage chrétien de Jean-Pierre Denis

Cet article est reproduit ici avec l'accord de Monde et vie (cf. monde-vie.com).
« Un catholique s’est échappé » nous déclare tout de go Jean-Pierre Denis, le directeur de La Vie, avec une fougue, qui donne envie de suivre le fil de sa réflexion.

Jean-Pierre Denis s’est échappé. Successeur de l’historique Georges Hourdin, à la tête de La Vie, il n’est pas, il n’est plus un homme de Parti, mais un homme d’Eglise. Il a ses convictions, ancrées à gauche. Mais, dans ce livre, il s’échappe de toutes les vieilles catégories, partageant le plus simplement du monde avec son lecteur, sa liberté et sa joie de catholique. « Catholique retenu, je me suis échappé de la prison mentale, le jour où j’ai cessé de m’indigner et de me cogner contre le mur de ma révolte ». Jolie confidence, non, pour un homme de gauche?

Cela paraîtra peut-être naïf de le dire de cette façon, mais quel que soit son positionnement, cet homme a la foi. Il s’en découvre infiniment heureux, d’un bonheur de poète, toujours prêt à l’émerveillement et désireux de vivre selon l’Evangile. Non pas seulement de vivre, d’ailleurs, mais de communiquer l’évangile. C’est dans cet état d’esprit qu’il se déclare fièrement « catholique attestataire ». Les conflits se sont multipliés entre catholiques depuis plusieurs siècles ; aujourd’hui on ne peut plus se dire catholique sans étiquette. Il y a les vieilles étiquettes : jésuites, jansénistes, traditionalistes, modernistes, progressistes, pro-François, pro-Benoît etc. Il en invente une nouvelle, une étiquette qui ne s’oppose pas à une autre, une étiquette non partisane : attestataire. Dans « attestataire », il y a le vieux mot de « testis » : témoin. Sa foi veut être un témoignage, non pas un témoignage de prédiquant, mais un témoignage spontané, vivant. « Mon juste vit de la foi » répète saint Paul, qui a trouvé ce mot chez Habacuc, l’un des douze petits prophètes.
Et l’Eglise dans tout ça ?
Et parce que, chrétien, il n’a peur de rien, le journaliste cède définitivement la place au poète, qui nous emmène encore plus loin, jusqu’à Dieu même. Et là, il trouve encore des mots : « Depuis », il veut dire depuis sa conversion réelle, depuis sa libération, « Depuis, je crois en un christianisme désarmé. Qui peut professer autre chose et se dire le disciple de celui qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort ? La faiblesse de Dieu n’est pas son crépuscule, mais sa forme christique. Elle n’est pas sans puissance puisqu’elle sauve ». Saint Paul le disait déjà : « C’est quand je suis faible que je suis fort ». Quelle plus belle expérience qu’une faiblesse qui sauve ? Quoi de plus rassérénant que d’expérimenter cette faiblesse-là en soi-même?

Jean-Pierre Denis ne nous parle pas seulement de l’intimité de sa foi, mais tout ce dont il nous parle est baigné par cette lumière intérieure, qu’il fait remonter aux derniers moments de la vie de son père et à la question qu’il lui a posée, bien fatigué : « Dis-moi quel est le chemin ? ». Cette question ouvre et ferme le volume. C’est une question qu’il pose aussi à l’Eglise, après se l’être adressée à lui-même. Il énumère sept défauts de cette Eglise, mais assurément la liste n’est pas limitative. Il interprète aussi, avec finesse, le vilain mot du pape François sur le devoir d’aller aux périphéries : pour lui ces périphéries désignent d’abord « le fond résiduel », celui des « catholiques zombies » (Emmanuel Todd), qui ont encore une tradition religieuse, mais dont la foi décline lentement. Et pour justifier son interprétation audacieuse, il a ce mot de commerçant avisé : « On a plus de chance de faire des affaires avec des acheteurs déçus ou lassés qu’avec ceux qui n’ont pas encore fait la moindre emplette ». Il faut que l’Eglise ait le courage d’aller à la rencontre de ceux qu’elle a déçu ou lassé!

Comme toutes les institutions, l’Eglise devrait avoir une stratégie de long terme qui ne soit pas un plan incluant la banqueroute : « L’essentiel de l’énergie est mis dans l’accompagnement palliatif du déclin pour ne pas dire de la faillite ». Il faut trouver une autre voie, qui ne soit pas non plus cette songerie impuissante sur les origines de l’Eglise, époque dorée que l’on pare de tous les atours, comme pour en revendiquer nous-mêmes quelque chose, en nous assurant ainsi une foi supérieure à celle de nos ancêtres : « Peut-on sérieusement penser que la foi était moins profonde au temps de Martin de Tours, à l’époque de François d’Assise, ou plus près de nous, au siècle de Thérèse de Lisieux ? » demande Jean-Pierre Denis. Et il conclut : «Soyons lucides : en vérité, nous avons cessé de vouloir annoncer la bonne nouvelle».

A lire ce livre, si direct dans l’attestation de la foi, on retrouve en nous-même cette fierté que ne manque pas de produire une foi vivante : on en est fier parce qu’elle ne vient pas de nous et qu’elle nous porte au meilleur de nous-mêmes.

Joël Prieur
  • Jean-Pierre Denis, Un catholique s’est échappé, éd. Cerf 192 pp. 18 euros

jeudi 11 avril 2019

Piano prière pour les Rameaux

Dimanche prochain, 14 avril, le Centre Saint Paul propose, outre les cérémonies liturgiques, avec la grand messe à 11 H 15, une entrée en musique dans la grande semaine. Grâce au beau quart de queue que l'on nous a confié, vous pourrez entendre Chopin ou Schubert, Schumann ou Haendel, dans les interprétations sensibles (parfois à quatre mains) de Lucile de Laura, de Foucauld de Clélia et de notre abbé Cattani. Un moment d'élévation où l'art trouve toute sa signification comme manifestation du mystère et comme appel au Divin par l'ouverture des coeurs.

Le concert a lieu au Centre Saint-Paul, 12 rue Saint Joseph, dans le 2ème (métro Bourse ou Grands Boulevards) de 16 H à 18 H. L'entrée est libre. Chaque pièce est précédée d'une courte méditation originale.

Voici le programme. Vous êtes les bienvenus...



1. LES RAMEAUX
1a. Sonate en ré mineur de Scarlatti (C.Cattani)
"Arrivée de Jésus à Jérusalem." 
Presto de la 10ème fantaisie de Telemann (Foucauld)
"Arrivée de Jésus à Jérusalem." 




2. PRIERE AU JARDIN DE GETHSEMANI

Gymnopédie n2 de Satie  (C.Cattani)
"Au Jardin des Oliviers, face à sa Passion imminente que la trahison de Judas va déchaîner, le Seigneur ressent le besoin de prier : arrivés dans un domaine appelé Gethsémani, et il dit à ses disciples : " Demeurez ici tandis que je prierai."


3. L'ARRESTATION DU CHRIST
Partitia n2, Sinfonia BWV 826 de Bach (C.Cattani)
"Dramatique" (minute 0:00 à 4:30)



4. LE COURONNEMENT D'EPINES
Mazurka op67 n4 de Chopin (Lucile)
"Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans le prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la garde. Ils lui enlevèrent ses vêtements et le couvrirent d'un manteau rouge. Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s'agenouillaient en leur disant: "Salut, roi des Juifs!" (Mt 27, 27-29)

5. ECCE HOMO
Prélude 6 de Chopin (Laura)
"Ponce Pilate prononce Ecce Homo lorsqu'il présente Jésus à la foule, battu et couronné d'épines."
"Quelle est cette langueur qui pénètre mon coeur ?" Verlaine




6. LE PORTEMENT DE LA CROIX
Barcarolle op30 n6 de Mendelssohn (C.Cattani et Laura)
"Porter sa croix avec le Christ"

7. CRUCIFIXION
Largo de la 1ère fantaisie de Telemann (Foucauld)


8. MARIE AU PIED DE LA CROIX
Cara Spoza de Haendel (Clélia et C.Cattani)
"Elle était debout, souffrant cruellement avec son Fils unique, associée d’un cœur maternel à son Sacrifice, donnant à l’immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour" Lumen Gentium, 58



9. LA MISE AU TOMBEAU
Rêverie de Schumann  (Laura)
"Dieu a tout enfermé dans la vanité, avec une espérance pourtant" Rom 8,40

10. DESCENTE AUX ENFERS
L'Orage de Burgmuller (Laura)
"Une dynamique forte, des rythmes rapides et des registres changeants." Le Christ, mort, s'en va prêcher aux morts, manifestant que le règne de la mort est terminé.

11. Sur la terre chante une espérance : Terra tremuit et quievit
Prélude op32 n5 de Rachmaninov (Lucile)
Le Maître est là et il t'appelle

12. RESURRECTION
Marche de Schubert (C.Cattani et Laura)
"La victoire de la vie" En avant avec le Christ vivant !