Voici 14 questions, reçues tout à l'heure en MP. Elles correspondent bien à la légende noire qui entoure encore aujourd'hui le catholicisme et empêche tant de gens de se convertir.
1- un prêtre a refusé de convertir ma femme à Jésus alors qu'elle le
demandait, en lui expliquant que l'islam est une très belle religion, et ils
l'ont fait avec des milliers d'autres, peut-être des millions depuis des années
et des années.
R : Ceci est une faute grave d’un prêtre qui aura à répondre de sa désinvolture
et de sa préférence pour les pastorales d’ensemble, qui lui fait oublier les
personnes et leur soif de vérité.
2- Radio Notre-Dame a censuré Anne-Marie Delcambre au sujet de la Mosquée
Notre-Dame et ont rejeté cette vieille femme qui s'était présentée à l'émission
de laquelle elle avait été brutalement et cyniquement désinvitée la veille au
soir
R : Radio Notre Dame, très liée au diocèse de Paris, a une ligne éditoriale où
les enjeux politiques ne peuvent pas être absents. Elle a donc le droit de
désinviter, sans aucun cynisme, un invité qui ne se tiendrait pas à cette
ligne. C’est la vieille histoire de la primauté du bien commun sur le bien
personnel.
3- les représentants catholiques demandent que la France soit effacée de
l'histoire par l'immigration musulmane de masse et sont donc responsables de
toutes les horreurs que le continent européen va connaître, et commence déjà à
connaître.
R : Les représentants catholiques n’ont en aucun cas ce message, bien trop fort
pour eux. Mais ils sont à l’image des peuples : fatigués d’être ce qu’ils
sont. C’est cette fatigue, pas particulièrement caractéristique des clercs et
qui concerne toutes les élites européennes, qui leur a fait prendre à la légère
l’immigration massive des musulmans en Europe. Cela étant, ne confondons pas la
personne de l’Eglise et son personnel comme dit Jacques Maritain. Ce n’est pas
parce que certains membres de l’élite cléricale rendent le message inaudible ou
poursuivent une politique dangereuse que le message n’existe pas et que l’Eglise,
assemblée des croyants, n’a pas un rôle décisif à jouer dans notre
sanctification.
4- les catholiques vouent un culte à Marie, qui n'est qu'une femme comme
l'appelait Jésus lui-même, et non la mère de Dieu (Dieu n'a pas de mère, sinon
il n'est pas Dieu), on en fait des statues qu'on vénère, ce qui est de
l’idolâtrie, contraire au 2ème commandement. Lourdes est habité par les
marchands du temple, comme j'ai pu le constater moi-même en m'y rendant avec ma
femme.
R : Marie est la mère de Dieu car elle est la mère d’un fils qui est Dieu Sa
maternité divine, définie par le concile d’Ephèse en 431, proclame avant tout la
gloire de son Fils, qui sera défini vingt ans plus tard « vrai homme et
vrai Dieu » [verus homo vero unitur Deo] par le concile de Chalcédoine.
Les statues sont interdites dans le livre de l’Exode, avant l’incarnation du
Verbe de Dieu. Elles manifestent la beauté de cette incarnation et c’est en
cela qu’elles sont permises. Marie, placée dans le plan de Dieu « aux
confins de la divinité, est la participation féminine à l’aventure de l’Incarnation.
Cette participation est vraiment nécessaire. Elle fait dire à saint Irénée,
lisant le chapitre 12 de l’Apocalypse, que Marie est la nouvelle Eve (alors que
saint Paul appelle Jésus de Nazareth le nouvel Adam I Co, 15, 45). Dieu crée l’homme,
homme et femme. Il recrée le genre humain en Marie, qui en tant que nouvelle
créature est immaculée dans sa conception et en Jésus homme Dieu, immaculé, lui
aussi dans sa conception. Cette manière de flirter avec le divin, lorsque l’on
parle de Marie, annonce notre propre divinisation, c’est-à-dire notre salut.
5- les catholiques ont éloigné les chrétiens des écritures, et ont créé une
théologie humaine (le catéchisme notamment) donc corrompue par le péché et
l'argent.
R : Les catholiques ont un tel respect des Ecritures qu’ils considèrent que l’on
ne peut s’en approcher qu’en étant capable de contextualiser les textes, grâce
à une connaissance de l’histoire et des rapports entre Ancien et Nouveau
testament, en tenant compte des genres littéraires et des langues sacrées. C’est
à la Renaissance, la perspective d’Erasme et de Cajétan, contre Luther, qui
enseignait que tout père de famille peut lire la Bible. Quant aux théologies
humaines, elles commencent dans les Actes des apôtres, à travers les nombreux
discours de Pierre puis de Paul, qui sont autant de catéchismes. La corruption
est dans tout ce qui est humain, mais pourquoi dans un catéchisme ? Qu’est-ce
que l’auteur du KT aurait à y gagner ?
6- les catholiques ont massacré les protestants et les juifs à travers les
siècles...
R : Il y a une rivalité entre les croyants où les catholiques ne sont pas les
seuls persécuteurs. Dois-je rappeler qu’aux origines du christianisme, c’était
les juifs les persécuteurs déclarés ? Cette rivalité est malheureuse,
quels que soient ceux qui l’ont entretenue. Il y a dans l’Evangile toutes les
raisons textuelles d’entreprendre un dialogue avec le frère qui ne pense pas
comme nous (parabole du Bon grain et de l’ivraie dans laquelle il faut attendre la fin du monde pour séparer les méchants des bons, insistance sur la tolérance
de Dieu qui fait briller son soleil sur
les méchants comme sur les bons). Les chrétiens sont intolérants malgré l’Evangile.
Les musulmans sont violents avec la bénédiction du Coran (Sourate 9 etc.)
7- les catholiques ont installé un climat de terrorisme intellectuel, et
parfois de morts atroces, avec l'Inquisition
R : L’inquisition est une page sombre de l’histoire de l’Eglise, même si, au XIIIème siècle, les
tribunaux ecclésiastiques ont été tenus pour empêcher les fidèles de se faire
justice eux-mêmes. En Espagne, l'inquisition est entreprise par le Pouvoir politique, qui instrumentalise des prêtres, dont le fameux Jean de la Tour brûlée (Torquemada).
8- les catholiques ont empêché le capitalisme de se développer, alors que le
protestantisme a permis au capitalisme de se développer, or seul le capitalisme
sort les pauvres de la pauvreté
R : Les premières formes du capitalisme remontent au XIVème siècle dans les
villes hanséatiques et les villes italiennes comme Sienne Florence et Venise.
Les premiers théoriciens du prêt à intérêts sont les dominicains, Cajétan en Italie
et l’Ecole de Salamanque en Espagne. Ils sont bien plus souples sur le prêt à
intérêt que ne l’était Calvin lui-même, cinquante ans plus tard.
9- les catholiques ont interdit aux masses de lire la Bible pendant près de
1000 ans, tout en constituant un ordre ultra-dominateur et privilégié en
France, le clergé, qui écrasait le peuple de taxes, comme les fonctionnaires
aujourd'hui.
R : Le clergé n’a jamais levé de taxes (sauf quand l’évêque, comme en Allemagne ou à Rome,
était parfois le seigneur féodal auquel appartenait tel duché ou comté).
Hélas le pape se finançait par un impôt en Allemagne et en Angleterre. Ailleurs, simplement les moines ou les évêques possédaient des terres qu’ils mettaient en
gérance, de façon c’est vrai parfois cupide. Mais les moines ont eu un rôle positif
dans l’histoire de l’agriculture mondiale et dans l’histoire des paysages
européens qui n’est pas à démontrer.
10- les catholiques ont trop souvent violé des enfants en étant couvert par
leur hiérarchie (et si ça se sait maintenant, c'est que ça s'est passé depuis
les débuts de l'Eglise sans nécessairement que ça se sache).
R : La pédophilie est un crime, mais il est très répandu, avant tout d’ailleurs
à l’intérieur même des familles, puis dans les établissements d’enseignement.
Il y a eu des pédophiles dans l’Eglise : « Malheur dit Jésus à celui
qui scandalise un seul de ces petits. Il eût mieux valu qu’on le noie dans un
lac une meule de moulin autour du cou ». Les ecclésiastiques pédophiles
sont plus criminels que les autres dans le sens où, comme dit Chesterton, « les
chrétiens sont moins bons parce qu’ils devraient être meilleurs ».
11- les catholiques ont donné leur accord pour l'esclavage (bulle du pape
Nicolas II en 1454), avant de contribuer à son abolition bien tardive
R : Je ne pense pas que le pape Nicolas II ait
rétabli l’esclavage. D’abord il s’agit de Nicolas V en ce temps là. Il a
dû approuver le servage, ce qui n’est pas la même chose, même si l’on emploie
le même mot latin « servus » pour serf ou pour esclave. L’esclavage a
toujours existé en pays d’islam où il ne concerne que des non-musulmans. En
pays chrétien, l’esclavage transatlantique a été établi au XVIème siècle dans
une logique capitaliste de quête du profit qui est typiquement moderne et matérialiste. Il n’est
pas anodin de savoir que Voltaire avait des intérêts dans le trafic du « bois
d’ébène ». Il croyait à la supériorité de la race blanche sur les Indiens
et les noirs, ce que l’Eglise n’a jamais admis, en particulier grâce à l’Espagnol
Las Casas. Pétris de thomisme, ces dominicains reconnaissaient la nature
humaine en tout individu humain, contrairement à certains matérialistes des
siècles suivants.
12- les catholiques ont éloigné les chrétiens de Jésus, alors que Lui seul
est le chemin de la vérité, du salut et de la vie éternelle, ce que ne sont ni
Marie, ni le Pape ni l'Eglise qui éloignent de la vérité, du salut et de la vie
éternelle.
R : Affirmation péremptoire et non factuelle. Marie ? Son rôle est d’attirer
à Jésus. En elle tient toute la féminité de Dieu. L’Eglise ? Elle est la
gardienne des sacrements institués par le Christ, elle est aussi « le
temple des définitions du devoir » selon la belle formule de Maurras et il
faut une telle référence. Il suffit de constater l’état de délabrement du
protestantisme ordinaire, devenu socinien voire athée sans aucun rapport avec l’ultra
augustinisme des fondateurs, pour constater combien une autorité spirituelle
humaine est importante pour nous aider à « garder le dépôt » comme
dit Paul à Timothée.
13- les catholiques ont donné tous pouvoirs à un homme qu'ils appellent
"pape", ce qui signifie "père", or il n'y a qu'un Père, et
il est aux cieux, donc ils cherchent à remplacer Dieu, ce qui est me
semble-t-il le propre du démon. Ils appellent d'ailleurs leurs curés, leurs
évêques, leurs papes, leurs cardinaux etc. "mon père", c'est le même
blasphème.
R : Saint Paul est plus modéré que vous. Il dit aux Ephésiens que Dieu est celui
de qui « toute paternité au ciel et sur la terre tire son nom ». et
il avoue aux Corinthiens : « Je vous ai enfanté dans le Seigneur ».
14- les catholiques ont inventé le purgatoire qui ne figure nulle part dans
la Bible (sauf dans l'apocryphe des Maccabées, qui n'est donc pas biblique), le
catéchisme, et tant d'autres choses non bibliques.
R : Le Livre des Macchabées affirmant la nécessité de la prière pour les morts
ne sont pas des apocryphes. C’est eux aussi qui enseignent que « l’univers
a été fait à partir de rien ». Ils donnent un merveilleux témoignage de la
foi des Juifs résistants à l’Oppresseur grec. Saint Paul, de son côté, fait
allusion à ceux qui seront sauvés, « comme passant à travers le feu »
(I Co 3, 15). Il retrouve là une formule vétéro-testamentaire sur Dieu qui nous
purifie « comme l’argent » (Ps. 66). Admettons pourtant qu’il n’y ait
pas de Purgatoire.. Eh bien ! parce qu’il n’y a que des saints au Ciel, il
faudrait admettre que le nombre des élus est extrêmement restreint, sauf à
déresponsabiliser l’homme en affirmant que Dieu sauve qui il veut quand il veut…
Ce qui aboutit à dire comme Calvin, que Dieu est l’auteur du mal ou le
prédestinateur au bien et au mal.