Oui, mais saint Ignace avant les jésuites, au Centre Saint Paul.
François Sureau viendra ce soir nous parler de ce personnage dont il a sondé la conversion. Son livre Inigo, paru cette rentrée chez Gallimard, nous offre une image nouvelle de la genèse des jésuites. Moi qui suis dans Pascal jusqu'au cou, je me suis dit : cet Inigo, quel janséniste ! Ignace, qui se nomme lui-même le pèlerin, tient alors plus du fol en Christ, version russe, que des grands saints de l'Ordre, sûrs d'eux et de leur force face à l'hérésie.
Mon ami, Joël Prieur, dans Minute, avait beaucoup aimé ce livre. Je vous propose ce texte, en souhaitant qu'il vous fasse désirer rencontrer son auteur. Cette rencontre, c'est ce soir à 20 H 15 au Centre Saint Paul, 12 rue Saint Joseph, 75 002, Métro Grands Boulevards ou Sentier.
Allez un détail : c'est Mardi-gras. Après la conférence, on mangera ensemble quelques crêpes, que l'on ne se privera pas forcément d'arroser... en pensant au Carême à venir.
Un saint aux enfers
« J’ai longtemps détesté Ignace de Loyola… » nous dit François Sureau comme en confidence. Il a ramené de Manrèse et de Pampelune le plus beau portrait du fondateur des Jésuites, portrait de soleil, de nuit et d’hallucination.
Que retenons-nous du personnage d’Ignace de Loyola, Inigo, dans le patois de basque et d’espagnol qui fut sa langue maternel ? On imagine le capitaine des Basques au siège de Pampelune, puis l’étudiant parisien, enfin le « général des jésuites » qui a transposé dans cette « compagnie » de saints homme son vieux rêve de gloire militaire.
François Sureau le dépeint tout autrement, dans le gouffre qui s’ouvrit sous ses pieds après sa blessure à Pampelune et sa conversion. Inigo ? C’était ce seigneur à la voix coupante qui savait, mieux que quiconque, galvaniser les énergies de ses hommes, même lorsqu’il s’agissait de causes perdues, c’était ce jeune page de 30 ans qui culbutait les chambrières en rêvant d’amour courtois, c’était le dernier de la fratrie des Loyola tout occupé de ses rêves de gloire et dont on murmurait que l’on ne savait pas où il allait s’arrêter dans son irrésistible ascension. Et puis, le voilà blessé à la jambe par un boulet français. Nous sommes en 1522. Il n’est plus rien. Sous le soleil, alors qu’il rentrait chez lui, sa guerre finie, « il n’était plus que cette incertitude, ce cadavre ballotté, une place démantelée ou tout le monde et ses bruits entraient et sortaient dans un tumulte indifférent ».
La force de François Sureau, c’est que dressant le portrait d’un saint, il ne cède jamais à la tentation de la légende dorée. L’Ignace qu’il nous présente n’a qu’une caractéristique qui ne variera jamais : une volonté de fer. Il réduit sa fracture de la jambe, sans anesthésie bien sûr, avec les instruments barbares qu’ont pu inventer les médecins de l’époque. Et puis… voulant devenir un saint, il somme Dieu de s’occuper de lui. Pendant deux ans, il prie, il jeûne, ayant tout quitté, vêtu comme un mendiant et travaillant comme garçon de salle à l’hôpital de Manrèse. Au milieu des fatigues et des privations, il est la proie d’hallucination. Lui le grand rationnel, qui, dans les Exercices spirituels, codifiera la vie spirituelle, on a l’impression que sa raison chancelle. La tentation du suicide le surprend, comme quelqu’un qui a tout donné au grand jeu de l’aventure métaphysique, un parieur pascalien, qui aurait les poches vides et une dette abyssale vis à vis de l’existence. Voilà Ignace comme vous ne l’avez jamais imaginé, découvrant finalement, en guise de pierre philosophale, « ce silence mystérieux et qui ressemblait à une personne ». François Sureau note finement en cet endroit : « Il avait pris congé de lui-même et de toutes les illusions de la volonté ». Il n’avait plus qu’à se laisser conduire. Il ira, en mendiant, à Jérusalem, puis à Rome. Il reviendra à Paris et, à la Sorbonne, rencontrera ses premiers disciples. La suite de l’aventure d’Ignace, François Sureau ne nous la raconte pas. Elle ressemble à un conte de fées. A sa mort, en 1556, il y avait déjà un millier de jésuites. Cela aurait-il été seulement envisageable sans la terrible descente aux enfers qui nous est contée sans emphase, dans son effrayante froideur ?
Que vous soyez catholique de conviction ou de tradition, agnostique ou athée, il vous faut lire ce Portrait bref et tranchant, qui, mieux encore qu’un roman, nous fait toucher du doigt le jeu de la vie et sa vérité cachée qui rend libre celui qui l’a saisie.
François Sureau viendra ce soir nous parler de ce personnage dont il a sondé la conversion. Son livre Inigo, paru cette rentrée chez Gallimard, nous offre une image nouvelle de la genèse des jésuites. Moi qui suis dans Pascal jusqu'au cou, je me suis dit : cet Inigo, quel janséniste ! Ignace, qui se nomme lui-même le pèlerin, tient alors plus du fol en Christ, version russe, que des grands saints de l'Ordre, sûrs d'eux et de leur force face à l'hérésie.
Mon ami, Joël Prieur, dans Minute, avait beaucoup aimé ce livre. Je vous propose ce texte, en souhaitant qu'il vous fasse désirer rencontrer son auteur. Cette rencontre, c'est ce soir à 20 H 15 au Centre Saint Paul, 12 rue Saint Joseph, 75 002, Métro Grands Boulevards ou Sentier.
Allez un détail : c'est Mardi-gras. Après la conférence, on mangera ensemble quelques crêpes, que l'on ne se privera pas forcément d'arroser... en pensant au Carême à venir.
Un saint aux enfers
« J’ai longtemps détesté Ignace de Loyola… » nous dit François Sureau comme en confidence. Il a ramené de Manrèse et de Pampelune le plus beau portrait du fondateur des Jésuites, portrait de soleil, de nuit et d’hallucination.
Que retenons-nous du personnage d’Ignace de Loyola, Inigo, dans le patois de basque et d’espagnol qui fut sa langue maternel ? On imagine le capitaine des Basques au siège de Pampelune, puis l’étudiant parisien, enfin le « général des jésuites » qui a transposé dans cette « compagnie » de saints homme son vieux rêve de gloire militaire.
François Sureau le dépeint tout autrement, dans le gouffre qui s’ouvrit sous ses pieds après sa blessure à Pampelune et sa conversion. Inigo ? C’était ce seigneur à la voix coupante qui savait, mieux que quiconque, galvaniser les énergies de ses hommes, même lorsqu’il s’agissait de causes perdues, c’était ce jeune page de 30 ans qui culbutait les chambrières en rêvant d’amour courtois, c’était le dernier de la fratrie des Loyola tout occupé de ses rêves de gloire et dont on murmurait que l’on ne savait pas où il allait s’arrêter dans son irrésistible ascension. Et puis, le voilà blessé à la jambe par un boulet français. Nous sommes en 1522. Il n’est plus rien. Sous le soleil, alors qu’il rentrait chez lui, sa guerre finie, « il n’était plus que cette incertitude, ce cadavre ballotté, une place démantelée ou tout le monde et ses bruits entraient et sortaient dans un tumulte indifférent ».
La force de François Sureau, c’est que dressant le portrait d’un saint, il ne cède jamais à la tentation de la légende dorée. L’Ignace qu’il nous présente n’a qu’une caractéristique qui ne variera jamais : une volonté de fer. Il réduit sa fracture de la jambe, sans anesthésie bien sûr, avec les instruments barbares qu’ont pu inventer les médecins de l’époque. Et puis… voulant devenir un saint, il somme Dieu de s’occuper de lui. Pendant deux ans, il prie, il jeûne, ayant tout quitté, vêtu comme un mendiant et travaillant comme garçon de salle à l’hôpital de Manrèse. Au milieu des fatigues et des privations, il est la proie d’hallucination. Lui le grand rationnel, qui, dans les Exercices spirituels, codifiera la vie spirituelle, on a l’impression que sa raison chancelle. La tentation du suicide le surprend, comme quelqu’un qui a tout donné au grand jeu de l’aventure métaphysique, un parieur pascalien, qui aurait les poches vides et une dette abyssale vis à vis de l’existence. Voilà Ignace comme vous ne l’avez jamais imaginé, découvrant finalement, en guise de pierre philosophale, « ce silence mystérieux et qui ressemblait à une personne ». François Sureau note finement en cet endroit : « Il avait pris congé de lui-même et de toutes les illusions de la volonté ». Il n’avait plus qu’à se laisser conduire. Il ira, en mendiant, à Jérusalem, puis à Rome. Il reviendra à Paris et, à la Sorbonne, rencontrera ses premiers disciples. La suite de l’aventure d’Ignace, François Sureau ne nous la raconte pas. Elle ressemble à un conte de fées. A sa mort, en 1556, il y avait déjà un millier de jésuites. Cela aurait-il été seulement envisageable sans la terrible descente aux enfers qui nous est contée sans emphase, dans son effrayante froideur ?
Que vous soyez catholique de conviction ou de tradition, agnostique ou athée, il vous faut lire ce Portrait bref et tranchant, qui, mieux encore qu’un roman, nous fait toucher du doigt le jeu de la vie et sa vérité cachée qui rend libre celui qui l’a saisie.
Je crois qu'il y a erreur. Aujourd'hui c'est la fête de Saint-Jean-de-Dieu et Mardi gras (Faschingsdienstag.)
RépondreSupprimerAnonyme de 23:25! c'est 'saint Ignace'... dans le calendrier des conférences du Centre St Paul! pas dans le calendrier des célébrations de l'Eglise catholique
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