mercredi 9 septembre 2009

D'où le bug

Hier nous recevions Gérard Leclerc. Sa présence est une véritable fête pour l'esprit. On peut dire qu'il porte en lui les 40 dernières années de l'histoire de l'Eglise : quelles années !

Le chroniqueur attitré de France catholique et maintenant de Radio Notre Dame n'est pas traditionaliste. Mais il montre deux choses dans le petit livre qu'il vient de faire paraître sur Rome et les lefebvristes aux éditions Salvator :
  1. Il ne faut pas confondre le dogme et les théologies à travers lesquelles il s'exprime. Ces théologies se doivent de respecter la foi, mais elles sont très différentes les unes des autres, sans dommage pour personne, au contraire.
  2. Si les "nouveaux théologiens" (ceux qui ont fait le Concile, c'est moi qui emploie ce terme que GL récuse) doivent être respectés dans leur recherche, combien plus les chrétiens traditionalistes doivent-ils être respectés dans la vie de leur foi ?
C'est donc un bel éloge de la liberté chrétienne que nous a fait Gérard Leclerc, éloge qui rejoint étrangement celui que fit Cajétan à propos des disciples de Luther, leur demandant une seule chose : croyaient-ils en l'autorité de l'Eglise ? Il me semble que c'est la seule chose que l'on doive demander aux traditionalistes aujourd'hui et que certains mettent leur autorité personnelle plus haut que l'autorité de l'Eglise. D'où le bug.

6 commentaires:

  1. Etonnant votre post, quoique...

    "Si les "nouveaux théologiens" (ceux qui ont fait le Concile, c'est moi qui emploie ce terme que GL récuse) doivent être respectés dans leur recherche..."
    Désolé l'abbé, il ne s'agit pas de recherche, il s'agit d'hérésie. Que l'on discute d'un point de vue théologique sur des notions ou des éléments non définis est juste et bon, mais lorsqu'on s'en prend au dogme de façon détournée en invoquant la liberté du théologien, alors on est dans l'hérésie.

    Vos propos justifient aujourd'hui les protestants, certes non pas dans le fond de leur pensée, mais dans la forme et les motivations de leur hérésie. Et c'est déjà une atteinte au magistère.

    Fx PERON

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  2. Les protestants ne reconnaissent pas l'autorité de l'Eglise, que l'on sache ? Donc on ne peut en aucun cas comparer leur "recherche" située hors l'Eglise, à la recherche des "nouveaux théologiens", bien à l'intérieur de celle-ci. C'est là la différence. La question de Cajetan sur la reconnaissance de l'autorité de l'Eglise est on ne peut plus pertinente.

    Quant à l'hérésie, seul le Pape est vraiment en mesure de statuer sur la question. Quel ORGUEIL DEMESURE de vouloir se faire soi-même juge en la matière.

    Vanitas vanitatis et omnia vanitas !

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  3. A la différence qu'avant de rejeter l'autorité de l'Eglise, les protestants ont fait de la "recherche" théologique, de l'"innovation" voulant réformer ce qui était à leurs yeux poussiéreux.

    On constate le même processus dans Vatican II : "aggiornamento". Et ces théologiens condamné sous Pie XII comme de Lubac, ont prôné une théologie nouvelle qui contredit le magistère de l'Eglise.

    Théologie nouvelle, messe nouvelle, catéchisme nouveau...dont tout le monde peut admirer les résultats.

    Fx PERON

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  4. Les "résultats" évoqués n'ont que très peu à voir avec le NOM (dont je ne fais pas l'éloge car les abus ont été ce que l'on sait, bien que tel que célébré à Rome ou dans certains pays eg la Pologne, voire en France comme à Sacré Coeur, il se défend très bien) ou même avec le Concile que l'on affuble de tous les maux.

    La situation de crise était visible en France dès les années 40, eg le jeune Karol Wojtyla visitant la France en 1947 est assez consterné, voire horrifié par la situation du catholicisme français déjà bien en regression (cf entre autres la bio de JPII par B.Lecomte).

    C'est l'évolution de la société vers un modèle de plus en plus individualiste qui a fait que les valeurs de l'Eglise autour du modèle plus communautaire et familial (patriarcal?)donc autoritaire dans le sens positif du terme n'ont plus trouvé de résonnance dans les générations de l'après-guerre.

    Aujourd'hui le pic est atteint, on observe un retournement. Les chrétiens sont plus libres, ont moins de complexes à s'afficher, les jeunes sont fatigués du consumérisme et du libertinage à tout va, on revient vers l'essentiel. Se complaire à entretenir le pessimisme est tout à fait stérile, ne fait qu'alimenter les divisions dans l'Eglise.

    Cette liberté chrétienne dont fait éloge G.Leclerc (cité par M.l'Abbé)se manifeste de différentes façons, chez les différentes sensibilités au sein de l'Eglise. Comme a dit le Pape aux évêques à Lourdes en 2008, personne n'est à exclure de la Maison du Père,il y a de la place pour tous dans l'Eglise: pour une réflexion "tradi" (ie sensibilité pixie, lefebvriste modérée,...etc) et une réflexion nouvelle, tant que l'on s'inscrit dans le respect du Saint Père, ses prédecesseurs et du Magistère de l'Eglise.

    On ne peut interdire de réfléchir, le Logos lui-même (en tant que Verbe éternel) est la pensée, l'idée, la réflexion; dès l'instant où l'on s'inscrit dans le respect du St Père... etc cf supra.

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  5. Cher anonyme du dessus, vous dites que le Logos serait la pensée, l'idée, la reflexion...

    C'est un très intéressant sujet, car il me paraît contenir toute la question du magistère de l'Eglise et de sa réception... Mais je pense que votre phrase est fausse : le Logos, ça n'est pas une pensée ou une réflexion pure, c'est une idée exprimée, une parole perceptible par les autres... Une simple reflexion n'est ni exprimée ni perçue. Le Christ se répand et se communique, selon le mot de Bossuet, or une simple pensée ne saurait se répandre ni se communiquer... Et le Christ n'a qu'un vecteur de communication, l'Eglise, qui nous Le transmet sous deux aspects : l'enseignement doctrinal et le sacrement de l'Eucharistie.

    Cela a deux conséquences à mon sens, c'est que le catholique doit avant tout être à l'écoute de l'enseignement de l'Eglise et donc se préoccuper de l'origine du magistère. Ce magistère provient-il de l'Eglise ? Revêt-il les formes voulues par l'Eglise ? Pour cela, il faut effectivement qu'il provienne de Pierre ou se réalise sous l'égide de Pierre, en communion avec Pierre...

    Autre conséquence : le réflexion intériorisée et non alimentée par le magistère vivant et perpétuel peut-elle se rapporter de près ou de loin au Logos, càd au Christ ? En aucun cas, il s'agit en réalité de libre examen...

    Il me semble avoir résumé là les deux écueils auxquels n'ont pas échappé les membres de la FSSPX : la transmission d'un magistère coupé de Pierre, et donc d'un magistère qui n'est pas un "magistère vivant" (selon les mots de Léon XIII ou Pie XI)et une analyse personnelle de la doctrine traditionnelle qui n'est en réalité que du libre examen...

    Bref, le Christ n'est pas une pensée pure, Il est un enseignement, dont le transmetteur, qui le vivifie en permanence par l'action du saint Esprit, est l'Eglise, pas une Eglise avec des pasteurs auto-proclamés, mais l'Eglise dans son organisation hiérarchique voulue par son Fondateur Lui-même.

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  6. Cher Antoine, je suis d'accord, la pensée,la réflexion devrait pour un catholique s'inscrire/prendre source/s'enraciner dans le magistère de l'Eglise, c'était mon propos, sans doute pas assez clairement exprimé (mon paragraphe "dès l'instant où l'on s'inscrit dans le respect du St Père..." en témoigne), probablement j'aurais dû être plus précis, merci de votre post, c'est pratiquement l'esprit du mien : recevons déjà le Magistère de l'Eglise, à partir de là nous pouvons réfléchir dans les directions différentes car "la Vérité nous rendra libres" (St Augustin et St Thomas d'Aquin ont réfléchi différemment l'un de l'autre, mais on ne peut contester la catholicité de leur pensée; Thérèse de Lisieux n'est pas Teresa de Avilà et les deux sont saintes,etc etc des exemples à multiplier...)

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