mercredi 2 décembre 2009

Le Père Michel Gitton au CCCSP

Il y avait foule pour écouter le Père Michel Gitton au CCCSP ce mardi. Ancien chapelain de Montmartre, ancien curé de Saint Germain l'Auxerrois, actuel recteur de la magnifique basilique Saint Curiace au sommet de la ville de Provins, le Père Gitton est un intellectuel qui n'a peur de rien. Et c'est un homme de foi qui a tenu à souligner qu'il nous pardonnait le "péché de jeunesse" malencontreux que fut la prise manquée de Saint Germain l'Auxerrois en 1993.

Après une longue introduction historique, dans laquelle le Père soulignait le dénuement de l'Église face au déferlement de l'esprit des Lumières et les tâtonnements qui ont précédé le Concile (la polémique du Père Labourdette contre l'usage de la Patristique), il nous a proposé les conclusions qu'il pouvait tirer de son induction historique.

Il souligne deux points sur lesquels, du point de vue théologique, les traditionalistes doivent transiger selon lui, c'est l'usage de l'histoire d'une part et l'absence de rupture entre le naturel et le surnaturel d'autre part.

En sens contraire, il souligne le culte du flou qui a suivi le concile et l'absence d'une véritable ontologie du Mystère chrétien. Dans ces deux domaines, les traditionalistes peuvent apporter quelque chose à l'Église. Mais tout doit avoir lieu dans la plus grande humilité. Et surtout il faut travailler nous dit-il. Bon courage à tous! A suivre.

11 commentaires:

  1. J'y étais en 1993 et ce n'était pas un péché de jeunesse mais une opération de salubrité et de survie! Le "concile" a ruiné l'Eglise en donnant les rênes aux modernistes et elle revivra quand ils auront rendu la place qu'ils ont usurpée. Le reste est de la conversation mondaine.

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  2. Sortez un peu de la France. Ce n'est pas le Concile qui a "ruiné" l'Eglise (si toutefois est-elle "ruinée"), c'est la société de consommation, le culte de l'avoir (contre l'être) et du corps (contre l'esprit) à outrance qui ont fait des ravages.

    Regardez l'Europe centrale, eg la Pologne où la foi et son vécu au quotidien (la liturgie etc) ont été très forts bien après le Concile. Seulement vers une dizaine d'années après l'accès à l'économie de marché et la consommation effrénée, donc autour de l'an 2000,la foi et la pratique religieuse ont commencé à s'ébranler; idem en Hongrie, en Slovaquie etc
    Le Serviteur de Dieu le Pape Jean Paul II a bien vu ce danger car dès '91 (JMJ à Czestochowa) a parlé des pièges du libéralisme à l'excès et de la consommation.

    Par ailleurs, d'accord avec les propos du Père Gitton rapportés par M.l'Abbé, merci de nous en avoir fait profiter.

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  3. Cher Anonyme, vous faîtes une erreur d'analyse me semble-t-il: comment expliqueriez-vous qu'en pleine société de consommation, les Fidèles juifs et musulmans soient au rendez-vous, tandis que les catholiques ont déserté en masse: c'est à force de rendre le message de notre Église aussi abscons et élitiste que l'examen d'entrée à l'Éna, sous prétexte de l'expliquer...un comble!

    Un exemple entre cent: "la messe en latin...horribilis...personne n'y comprend rien, dépoussiérez-moi tout ça"...et maintenant, LE RÉSULTAT: (presque) plus personne dans les églises (en attendant pire!).
    C'est PRÉCISÉMENT parce que le latin un peu mystérieux, pour tout-un-chacun, était une merveilleuse médiation, porte d'entrée vers le sacré, que nous étions heureux d'aller à la messe traditionnelle et aucun brevet d'intériorité n'était exigé, à l'entrée...ça s'appelait, je crois, la foi du charbonnier et ça a très bien marché, pendant des siècles. On n'en demandait guère plus aux curés que de nous baptiser, nous marier sous le regard de notre Dieu, et de nous apporter les secours et le réconfort des derniers sacrements. On ne leur demandait pas ce que nous avions à penser des "problèmes de société", encore moins leur avis sur tous les sujets sur lesquels ils se sont permis de débattre et pour lesquels on ne leur demandait strictement rien. Leur vanité intellectuelle (ils ne sont que des hommes, comme nous, en-dehors du surnaturel) a gonflé comme une oûtre, remplie d'air tandis qu'ils vidaient eux-mêmes leurs églises, en dégoûtant les gens par leur prétention, doublée d'une autorité de façade, qui n'était plus que moralisation!

    Qu'ils continuent à rendre l'Église inaccessible, par leurs exigences de qualifications morales et autres incessantes réquisitions intellectuelles: il n'y aura plus, bientôt, que les bobos, en visite culturelle et divertissement musical de haut-vol, ou quelques jusqu'aux-boûtistes conciliaires, en formation groupusculaire et en voie de désintégration, en lieu et place des murmures et pépiements charmants des enfants de France, qui ont résonné tant de siècles durant, entre les hauts-murs des édifices sacrés, élevés par la Foi de leurs aïeux.

    P.S. L'autre jour, à Reims, je pénètre dans la cathédrale, (un Dimanche, ai-je réalisé après): absolument déserte...rien que de très normal! J'entends toutefois, un léger bruit lointain et m'approche de l'autel que je ne distinguais pas, derrière une sorte de...palissade: c'était la célébration de la messe...les quelques fidèles ayant été regroupés dans le choeur et protégés des touristes (et du froid?!) par un élégant paravent...
    La messe, un Dimanche ordinaire, si j'ose dire, dans la cathédrale de Reims!!! J'en aurais pleuré, si je n'étais pas déjà revenu de bien des illusions. Je suis sorti, en sifflotant, comme les millions de Français, qui ont été trahis par les clercs.

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  4. J'y étais aussi en 1993 , pour défendre St Germain l'Aux et j'ai encore en mémoire les chaises qui ont volé et les sacs de victuaille qui devaient permettre de tenir le siège.
    Le père Gitton est un trésor pour notre temps, un prêtre qui fait ce qu'il dit; on peut d'ailleurs se demander pourquoi il a été affecté à Provins. Y'aurait pas encore plus petit comme paroisse???

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  5. Thierry,
    n'exagérons rien. Ce n'est pas le Concile Vatican II qui a vidé les églises, mais l'usage que les hommes d'église en ont fait pour ne pas transmettre la foi aux fidèles.
    Par ailleurs, je ne suis pas d'accord avec vous sur le fait que les Juifs et les Musulmans pratiquent plus que les catholiques. Quels sont vos chiffres? simple réflexion, les musulmans et les juifs que je connais ne pratiquent pas et n'en ont guère envie. Ils sont autant attirés que nimporte qui par la société de consommation et ses plaisirs que peuvent l'être les catholiques de base.
    Les gens ne voient tout simplement pas l'intérêt de pratiquer dans une société où tout est fait pour oublier Dieu et la prière quotidienne, ne serait-ce que par le temps passé inutilement sur internet et devant la télévision.

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  6. Anonyme1 à Thierry :
    Sur le latin, je suis entièrement pour; d'ailleurs il revient progressivement dans les messes, à Rome et à ....NDdP. Rien à voir avec la question VOM/NOM qui peuvent être dites dans les deux langues (vernaculaire et latine).

    Sur les juifs et les musulmans "imperméables" à la consommation et donc à la sécularisation et le désintérêt religieux :

    D'abord pour les juifs c'est un phénomène davantage identitaire, plutôt que de la foi qui aurait perdurée pour elle-même; il y a énormement de juifs athés ou qui vivent le judaïsme comme un mode de vie ou de survie de leur peuple, leurs coutumes, leurs écrits, avec peu de référence à la transcendance. Ils sont presque autant touchés que nous par la dé-sacralisation des esprits.

    Chez les musulmans, c'est une réaction d'opposition à l'Occident qui ne les accepte pas comme partenaire égal, comme interlocuteur du même niveau, avec une civilisation de la même valeur etc. Ceci aussi bien chez les intellectuels eg Malek Chebel que dans les cités.
    Islam est un refuge qui leur donne un sentiment de force, d'unité, de quelque chose de plus grand qu'une nation, qu'une structure étatique ou une organisation internationale.
    Mais la foi n'a pas une place énorme chez eux non plus, c'est comme pour les juifs, un mode de vie : très réglé, façon de structurer l'année, les journées, la société. Cela rassure. Par contre allez en trouver qui se penchent vraiement sur des questions théologiques ou même apprennent l'arabe littéraire pour lire le Coran dans le texte : très peu.
    Notre société de consommation ne les destructure pas encore, car, pour des raisons identitaires évoquées supra, ils se sont distanciés de cette société; souvent par la force des choses : manque des moyens, d'éducation etc; par contre il y en a quand même beaucoup qui tombent déjà dans le piège, surtout sur le plan vestimentaire et technologique de consommation (les ipods, les marques etc) - allez cherchez la foi chez ceux-là ! Ils se disent musulmans encore par opposition aux "gaulois", mais au final n'aspirent qu'aux mêmes choses : consommer, "profiter", argent facile, l'école et la culture classique (même la leur : VIIè-XIè siècle où l'apogée,poésie magnifique etc) =ennui mortel, ne cherchent même pas à connaître etc; mais idem pour les "cultivés" : ceux-là c'est plutôt tendance athéisme libéral ou bobo, j'en connais un paquet, regardez dans les entreprises à un certain niveau de la hiérarchie.

    Donc, je maintiens : "Ce n'est pas le Concile qui a "ruiné" l'Eglise (si toutefois est-elle "ruinée"), c'est la société de consommation, le culte de l'avoir (contre l'être) et du corps (contre l'esprit) à outrance qui ont fait des ravages" et ceci est également en marche pour les autres croyants (cf supra) + également chez les protestants, pas du tout concernés par le Concile et qui fleurissaient encore il y a peu. Aujourd'hui, le désert chez eux.

    Merci donc à la société de consommation, le culte de l'avoir (contre l'être) et du corps (contre l'esprit) à outrance qui ont réussi à désintéresser l'homme (petit, moyen ou socialement "élevé") de Dieu, en l'attirant vers les substituts illusoires qui arrivent à capter toute son attention et son temps, en le maintenant dans un état de manque permanent qui le fait courrir derrière les mirages et fantasmagories qui sont toujours tout près, mais jamais tout à fait là, passage d'un désir à un autre, toujours plus.
    Dans cette course pas de place pour Dieu.

    Divertir ne veut-il pas dire "diversion" ? Il y a un maître ès ceci quelque part et comme nous vivons dans le monde de ce prince....

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  7. Je ne sais pas ce qui a était dit par le Père Gitton.Ontologie du mystère chretien? serait-ce la pseudo ontothéologie d'heidegger? Transiger avec l'histoire? Quelles explications? Abcence de rupture entre l'ordre naturel et surnaturel ?
    Evoquait-il la fameuse question du desiderium naturale qui continue, entre autre chose, à pourrir la théologie actuelle de l'Eglise ?
    Comment peut-on se renseigner sur cette conference? Merci d'avance de me renseigner

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  8. De 1993 je n'ai gardé aucun souvenir de l'abbé GdeT mais je vois encore l'abbé PhL enfilant sa chasuble et disant au père Gitton : "partez Monsieur, le nouveau curé c'est moi." Je suis parti à la fin de cette messe impromptue. Les Cadets de France sont restés jusqu'à l'arrivée de la police requise par le père Gitton pour "chasser les intégristes". Surprise des pandores qui s'attendaient à trouver des barbus enturbannés. Je suis allé chercher mon fils scout au commissariat du Sentier. C'est quand même beau la confiance!

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  9. Le père Gitton est l'exemple -même du prêtre dont notre église a tant besoin:pionnier en ce qui concerne l'évangélisation, la formation de ses paroissiens(car il faut bien admettre qu'il y aurait beaucoup moins de problèmes si les gens étaient sérieusement formés), respect de la liturgie(grâce à lui nous avons redécouvert la beauté des liturgies et le sens du sacré trop souvent galvaudé).Alors écoutons-le et surtout soyons, comme lui,très humbles!

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  10. de Guy, le 11 décembre 2009. Le communisme fut certes une épreuve pour les pratiquants, mais il permit aussi aux fois religieuses, non seulement de survivre mais de s'approfondir et de se renforcer (voir les exemples d'Europe de l'Est). Tout au contraire, le "néo-capitalisme libéral-libertaire", qui fut l'option des nouvelles bourgeoisies occidentales dès la fin des années 60 et dont Mai 68 fut la "boîte à idées", commença à entreprendre, à travers ses média, une éradication en règle de toutes les croyances, les tabous, les pratiques religieuses au profit d'un dressage consumériste de masse et ce dès la plus tendre enfance. Ce "néo-fascisme conumériste" (voir P-P. Pasolini Ecrits corsaires ou Michel Clouscard Néo-Fascisme et idéologie du désir)eut pour seul objectif d'extirper tous les freins entravant la mercantilisation de masse (les valeurs archéo bourgeoises, religieuses et prolétariennes)et d'instituer la société actuelle, et ses nouvelles valeurs libidinales, ludiques, marginales. Le Capitalisme français, l'Eglise, l'Ecole, et toutes les institutions sont totalement impliqués et responsables de ces destructions.

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  11. Pour connaître un peu le Père Gitton, il s'agit d'un saint prêtre, très exigeant d'abord avec lui-même, un alter Christus exemplaire.
    Il n'y a rien de mou chez lui. Rien de rigide non plus d'ailleurs. Un dosage vrai et réaliste qui n'a cessé d'engendrer de bon fruits, des conversions...et je crois des ordinations !
    C'est aussi un grand intellectuel, une tête.
    Mais il sait très facilement se mettre à la portée de tous, y compris par son humour.
    Forcément, gravitent autour de lui des intellectuels, des bacs+10 de tous poils.
    Certains se demandent à quoi bon une telle exigence. La réponse vient toute seule en vivant un moment au sein d'une telle communauté, même de passage, en curieux invité.
    La réponse est : parce qu'il ne peut en être autrement. La vraie "chance" est de pouvoir vivre au sein d'une telle communauté. Conduite par un tel prêtre, elle rapproche du Christ. C'est cela l'essentiel, la finalité. Qu'Il nous voit proche de Lui, car il nous veut près de Lui. Il ne s'agit pas de respecter une pratique religieuse parce que c'est un devoir et que tout fout le camp, et qu'au moins moi je..., mais de réaliser le bien que procure la pratique religieuse vécue de façon exigeante dans sa propre vie.

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