mardi 1 décembre 2009

Réponse à Serge Plénier sur les Minarets

Cher Serge,
Dans France Catho, tu viens de pondre un article bien balancé sur le referendum suisse : 57 % des Suisses sont hostiles à la construction de minarets en Suisse. Tu nous expliques que ce résultat, scandale des pouvoirs européens (la Suisse ne fait pas partie de la Communauté) et des Églises européennes (les Suisses se sont f... des consignes de leurs Églises une fois de plus) est un résultat... embarrassant. Tu dis : "Ce n'est pas une bonne nouvelle".

C'est pourtant un résultat... démocratique. 57, 5 % exactement !

Certes ce n'est pas un résultat républicain, au sens où, en France, dans la République française, un tel referendum n'aurait jamais eu lieu. La République, gouvernement de l'unanimité présumée des citoyens (voir le Contrat social de Jean Jacques Rousseau qui a inscrit tout cela dans le marbre) ne peut être que laïque. Tant que l'islam, minoritaire, apparaît dans l'Hexagone comme un outsider du catholicisme, on ne dira rien à l'islam et le CFCM pourra être colonisé par les intégristes, en toute tranquillité.

Mais enfin, c'est un résultat qui exprime l'esprit d'un peuple habitué à la diversité et qui la vit depuis des siècles, avec ses quatre langues officielles, le français, l'allemand, l'italien et le romanche. C'est un résultat... démocratique.

Face à ce résultat démocratique, on nous refait le coup du sanglot de l'homme blanc, on nous explique que c'est l'homme blanc qui est coupable de ne pas supporter la diversité. Intolérance quand tu nous tiens ! La consternation est universelle. Les Eglises ne manquent pas de joindre leur voix au chœur des pleureuses. Et personne n'ose se demander si une telle marque de méfiance n'a pas sa source dans la pratique de l'islam, religion conquérante et dominatrice, qui à Rome même, a souhaité construire une Mosquée dont les Minarets sont plus haut que la Basilique Saint Pierre. Signe qu'en Italie, pays de paix pour quiconque y est passé ne serait-ce que quelques jours,le Minaret n'est pas un signe de liberté religieuse mais de rivalité religieuse et de pouvoir.

En réalité, si l'islam était une religion de paix, il n'y aurait pas eu le problème des Minarets ni la votation des Suisses. C'est dans la mesure où les textes fondamentaux de l'islam, la Sourate 9 du Coran par exemple, sont des textes de guerre religieuse que les Suisses manifestent leur opposition. Ils ne s'opposent pas à la liberté, la tradition libérale en Suisse est bien plus ancienne qu'elle ne l'est en France (où c'est tout juste s'il y en a une). Ils s'opposent à la rivalité religieuse, à la guerre interreligieuse qui sévit en Asie, en Afrique et en Europe, partout où l'islam s'implante.

La votation suisse est un acte de courage collectif. Il faut que l'islam se réforme. Il faut que les textes guerriers de l'islam, les textes appelant au meurtre des infidèles, soient publiquement dénoncés par une sorte de Concile musulman. Et je ne parle pas des textes sur les femmes, qui sont contraires à notre culture chrétienne et contraires à la civilisation.

Je voudrais vous raconter une rencontre avec Mustafa, un Kabyle qui ne mâche pas ses mots. La Kabylie, vieille population méditerranéenne n'en est toujours pas revenue d'avoir été islamisée. Les femmes, me dit-il fièrement, font encore le signe de croix sur leurs enfants nouveaux nés (j'avais déjà entendu cela). Dans son taxi, il m'explique : "Mahomet est un pédophile, il a aimé Aicha qui avait 9 ans". On a continué à parler bien au-delà du temps de la course. Mais ce sont les premiers mots qui ont jailli de sa gorge. J'étais justement en train de lire le livre de Houchang Nahavandi sur Khomeiny (éd. Godefroy de Bouillon, à vous procurer d'urgence) où l'on trouve cette citation de "l'imam" révolutionnaire : "Ne laisse pas ta fille avoir son premier sang entre tes murs". Conseil à un père de famille... Ah ! Si le persan était plus souvent traduit en français...

On me dira : ce genre de procès est trop facile... L'islam n'est pas seulement cela. Je le sais bien. C'est pourquoi une réforme de l'islam est nécessaire, une parole claire qui nous dise jusqu'où il faut prendre le coran au pied de la lettre et jusqu'où leurs hâdiths sont crédibles. Le mépris des Français pour la chose religieuse, leur positivisme viscéral leur font sous-estimer ces problèmes. Éric Besson, ministre de l'Intégration, a déclaré que les Minarets, c'était "une question d'urbanisme" (sic). Un tel mépris pour les religions et pour leur message dans ce qu'il a de spécifique n'est plus tenable aujourd'hui. Un tel propos est une insulte à l'islam de France et à tous ceux qui attachent de l'importance à la croyance. La société française a profondément changé. Le positivisme était jusqu'aux années 80 le fond de la culture du "Céfran", qui méprise souvent la foi chrétienne dont il est issu. Mais le Céfran doit se réformer, doit changer sa vision du monde, s'il veut comprendre ce qui se passe autour de lui.

Cher Serge, je crois vraiment que le referendum suisse méritait mieux que ce voilement de la face que tu viens de pratiquer. Il faut comprendre les Suisses. Il faut comprendre les musulmans et les aider à s'intégrer à nos sociétés individualistes. Dans cette perspective, comme le soulignent les Allemands du CDU et des Italiens proches de Berlusconi (voir le beau papier de Olivier Figueras sur le Blog de Monde et Vie), la votation suisse est un symptôme. Ce n'est pas en cassant le thermomètre que l'on supprime le problème. Le jour où l'islam adopte les Béatitudes, promue au titre de charte des religions... il n'y a plus de problème de Minarets. Mais tant que la Sourate 9 n'a pas reçu son interprétation... tout est à craindre.

On nous obsède médiatiquement avec de fausses peurs, sur fond de milliards d'euros dépensés : ah ! la grippe, son vaccin et Roseline... Tout un sujet.

Les Suisses, je crois, ont montré à l'Europe qu'il y avait des raisons d'avoir vraiment peur, peur de l'archaïsme islamique. On attend tous, qu'on ait ou non le courage de le dire, on attend impatiemment, une vraie réforme de l'islam dans certains de ses textes fondateurs. Je parle d'une vraie réforme : toutes tendances confondues.

[Note du webmaster: En illustration de ce post de l'abbé de Tanoüarn, la première partie du débat entre Oskar Freysinger et Tariq Ramadan, le 6 mars 2009. Tariq Ramadan est un un intellectuel musulman. Oskar Freysinger est un homme politique suisse favorable à l'interdiction des minarets en Suisse.]

8 commentaires:

  1. Ah Monsieur l'abbé, que voilà une belle réponse ! Celle que j'aurais aimé être capable de faire. J'adhère pleinement à ce que vous avez écrit. Et pour en rajouter : pour que ce texte soit davantage diffusé, qu'il atteigne un plus grand nombre, pourquoi ne pas le publier dans Monde & Vie, par exemple ?

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  2. La première question à se poser suite à ce tollé médiatique français serait :"de quoi je me mèle ?" Les Suisses ont voté, les autres pays EU ont rapporté l'évènement, voire fait quelques commentaires dans leurs media, c'est tout.
    Alors qu'en France on n'arrête pas de s'indigner (ou de montrer que l'on s'indigne surtout), toutes les radios en émoi, la TV, la presse, n'en parlons pas de l'internet.

    En a-t-on fait autant quand plusieurs communes ont fait taire les cloches des églises car les habitants auraient décidé (supposons qu'à la majorité, démocratiquement) qu'elles faisaient trop de bruit ?

    Franchement, je n'ai pas trop d'avis sur cette question des minarets; du point de vue architectonique c'est plutôt assez joli, les mosquées sont belles (si toutefois on nous laissait les visiter....) et s'il ne s'agissait vraiment que des lieux de prière (bien que formulée différemment de notre façon de prier), il n'y aurait pas de problème. Mais le haut degré de politisation de ces endroits ne peut laisser indifférent (surtout en Suisse ! lisez le livre de Max Gallo sur le sujet; le titre m'échappe, sorti il y a 3 ans env.)

    Aussi, on a toujours l'impression que ce n'est pas l'islam qui est soutenu par ces messieurs des media, mais le catholicisme qui est agressé. D'ailleurs ce n'est que cela : ils s'en fichent profondemment de l'islam (ils ne pourraient jamais vivre selon!), ils en font la promotion uniquement pour donner un pendant au catholicisme qu'ils pensent ainsi diminuer. Voilà ce qui fait mal.

    Et quand on pense que l'Eglise ne serait jamais défendue par ces gens (toute occasion étant bonne pour l'agresser), on ressent une profonde blessure.

    La Suisse ira-t-elle jusqu'au bout de sa décision ?
    Les questions de fond formulées par M.l'abbé ne seront jamais posées tout haut : on dira que c'est l'extrême droite, une minorité (les foules oublient vite les chiffres, peu importe le 57%) qui a fait semer une psychose de la peur etc. Or, dans ces questions c'est souvent la gauche d'un pays qui est "à la pointe" : eg pour la construction de la mosquée de Grenade c'est le parti socialiste de Zapatero (branche locale) qui était contre ! Mais ça en France on n'en parle pas... C'est toujours le Pen etc

    Marine le Pen a d'ailleurs commis une erreur en félicitant les Suisses; elle aurait juste dû dire : "la démocratie a fonctionné, le peuple a décidé", et là aucun républicain bien pensant ne pourrait trouver à redire.

    Ceci pour ce qui est de ce monde. Pour l'autre, la question est plus profonde encore :
    prie-t-on vraiment Dieu dans les mosquées ? Même si les gens sont pour la plupart de bonne foi, qui adorent-ils, déjà pour ces millions qui tournent autour de cette pierre noire à la Mecque ? Espérons que c'est Dieu...
    Parfois on se demande si celui qui a tenté Jésus dans le désert en lui proposant tous les Royaumes du monde (ce que Jésus a refusé), n'en a pas trouvé un autre six siècles plus tard et qui, probablement sans en être conscient, aurait dit oui à cette proposition...?

    Pourvu que je me trompe ! Question théologique à traiter par des experts.

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  3. Belle réponse oui, merci Monsieur l'Abbé.

    Martin

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  4. En vrac, quelques réflexions

    1) «Un résultat démocratique», dites-vous… «57,5% exactement». Aïe. Je vous propose, moi, d’autres chiffres tout aussi indiscutables: le mot traditionaliste (écrit avec un seul ‘N’) compte 81.000 occurrences sur Google. Écrit avec deux ‘N’, le mot compte 150.000 occurrences, 64,9% du total! C’est démocratique. Dorénavant, vous l’écrivez comment?

    2) Ensuite - Certains textes du coran seraient «des textes de guerre religieuse». Mais les promoteurs de l’interdiction suisse insistent que leur combat est politique, qu’il n’est pas théologique. Ce qui est en cause, ce n’est ni l’islam, ni ses livres. Son culte public est permis, dans des lieux visibles. Ce qui est interdit c’est de donner un certaine forme architecturale à ces lieux.
    Vous, Monsieur l’abbé, à Paris, vous avez une chapelle sans clocher, de par la volonté de Monseigneur. Eh bien en Suisse ce sont les imâms qui ont des mosquées sans minarets, de par la volonté des Suisses. Me permettrez vous de penser que certaines fessées se perdent?

    3) «Il faut que l'islam se réforme». Certes. En attendant qu’il le fasse cette votation est une claque (disons: une vexation) que la Suisse met à ses musulmans. Cela les aidera-t-il à évoluer positivement? On a le droit de le croire. Ou de croire le contraire (c’est mon cas).

    4) Sur la réforme de l’islam, elle est peut-être entamée, avec des sociétés en voie de sécularisation, et une certaine complexité - et puisque vous citez Khomeyni sur les femmes, eh bien moi aussi: «Nous sommes fiers que nos femmes, nos jeunes et nos vieillards, quel que soit leur statut, soient présents et actifs, côte à côte près des hommes, souvent plus actifs que les hommes, sur tous les lieux, dont les milieux militaires, économiques et culturels. …. Nos femmes […] ont bravement abandonné les superstitions inventées par des ennemis à travers certains prêcheurs ignorants». Il y a encore du travail.

    5) Ne pas s’y tromper: Dans son débat contre Tariq Ramadan (on trouve rapidement les 8 parties, à partir de la première, qui illustre votre post), Freysinger défend la chrétienté, part de l’identité suisse – qui serait remise en cause par des formes architecturales musulmanes, porteuses d’un message. Ce que défend Freysinger ce n’est pas: le christianisme. Lui-même (il concède être catholique) va à l’église «pour les enterrements». Dans ces conditions, on ne saurait lui souhaiter d’y mettre les pieds trop souvent.

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  5. Je voudrais répondre à Moreno, non sur le fond du débat, qui est complexe et mérite une réflexion approfondie, mais sur son jugement sur Freysinger héraut sincère de cette interdiction des minarets, "catho" peu pratiquant de son propre aveu ( comme d'ailleurs les non pratiquants, anciens chrétiens, qui défendent avec sincérité par leur votes leur identité chrétienne.) Ne les jugeons pas de trop haut: leur identité chrétienne est menacée de manière visible, c'est tout ce qui reste de leur foi et au nom de quoi juger leur foi. Nous ne pouvons jamais juger la sincérité de la foi des autres, même si leur expression nous parait insuffisante ou inférieure à la notre. Ce n'est pas chrétien. Et puis la foi refoulée qui ressurgit, c'est aussi un phénomène à prendre en compte. et c'est finalement aussi un signe émouvant. ..

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  6. Henri, je me suis sans doute mal exprimé, je ne juge pas Freysinger, ni les gens qui ont voté dans son sens, ni les autres. Ce n'est pas attaquer ni même émettre un jugement que de relever que la croisade anti-minaret relèverait, à tout prendre, de la défense de la chrétienté plutôt que de celle du christianisme.

    Pour le reste, effectivement, l'identité chrétienne est parfois tout ce qui reste de chrétien chez certaines personnes, ce qui la rend d'autant plus précieuse. Il est vrai aussi que coupée de Jésus, cette identité se transmet mal, elle dure une génération, peut-être deux, parfois moins.

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  7. oui, Moreno, je suis bien d'accord, il ne faut pas se couper du Christ, et se contenter de l’apparence, ou des signes extérieurs ou visibles, sans vivre de l’intérieur notre foi en lui. Mais là encore, il est difficile de savoir qui est le plus près et qui s’en éloigne .Qui était le plus près du Christ vers 1844, les gens d'église parfois au chaud avant 1830 ou l'agnostique Prosper Mérimée, qui a sauvé la Basilique de Vézelay de sa ruine totale et l'a rendu à sa vocation, poumon spirituel dédié à Marie-Madelaine et à la route de Compostelle?
    Et le compliqué François Mitterrand ne voyait-il pas la foi de son enfance refluer, quand il montrait à Helmut Kohl la Croix de la réconciliation apportée par les prisonniers allemands en 1946 à cette même Basilique, véritable fondation de l'Europe, abandonnée aujourd'hui. L'indifférence à l'identité visible chrétienne de la part parfois de trop de gens d'église, pour ne pas dire la méfiance, parfois pour ce qui parait compromettant, nous coupe aussi du Christ. Ou plutôt de l'incarnation
    N'y-a-t-il pas, en outre, une "Schadenfreude " de plus en plus visible, de certains de voir notre identité gommée ou effacée, Schaden freude qui, elle, est une hostilité avouée au Christ. .

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  8. A cette occasion, j'espère que ceux qui avaient encore quelques doutes, vont enfin ouvrir les yeux sur la haine envers le pays réel, par ceux du pays légal, politiciens, journalistes et "business'mans" en tête, eux qui ont d'habitude, la bouche pleine des vertus de la démocratie.

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