dimanche 29 mai 2011

Lettre du 5ème dimanche après Pâques

Trois manières de vivre le défi de l'existence

L’Evangile du Cinquième dimanche offre sans fard une affirmation de la divinité du Christ: «Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde. Maintenant je quitte le monde et je vais au Père».

Et nous avons aussi l’affirmation que «Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera».

Il ne s’agit évidemment pas de faire du Christ une sorte de distributeur automatique des faveurs divines sur l’air de «Par ici la bonne soupe».

Mais il s’agit de comprendre que dans le Christ et dans le Christ seulement, dans le Christ Fils de Dieu fait homme, l’homme devient l’égal de Dieu. L’expression « en mon nom » est très forte. Elle signifie dans mon esprit, dans ma personne. Le « Nom » pour un Juif renvoie immédiatement à la réalité qu’il signifie. Il la porte. Demander au Nom du Christ c’est demander ce que le Christ demande : la divinisation effective non pas de l’humanité, non pas de la nature humaine, mais de tous les sujets humains qui, librement, le demanderont. Ce que vous demandez en Moi, Dieu vous l’accordera. Au fond, c’est dans le Christ que notre espérance prend forme. C’est dans le Christ que se concrétise l’attente obscure de l’humanité. Pour recevoir le salut qu’il nous porte, il suffit de le vouloir.

On peut dire que, dans le Christ, chacun de nous est responsable de sa destinée éternelle et qu’il lui suffit d’en être conscient, qu’il lui suffit de demander consciemment cette vie éternelle au Christ sauveur pour la recevoir. « Dites seulement une parole et je serai guéri » comme nous le répétons avant la communion. Eh bien ! Cette parole, ce Verbe c’est le Christ. Nous pouvons être sûr que dans le Christ, nous sommes guéri de notre mortalité et nous recevons la vie « en abondance ».

Pourquoi ? Parce qu’étant auprès du Père, il n’a pas « retenu jalousement le rang qui l’égalait à Dieu » comme dit saint Paul. Si nous sommes sûrs que dans le Christ nous devenons comme les égaux de Dieu, si nous sommes sûrs que dans le Christ nous devenons « participants de la nature divine » (IIème épître de Pierre 1, 8), c’est parce que le Christ est « sorti de Dieu » pour devenir l’un d’entre nous. Cette égalité entre l’homme et Dieu est le vieux rêve d’Adam et Eve dans le Paradis terrestre (« Vous serez comme des dieux »). Il est repris par Platon dans le Théétète : « La fuite, ressemblance avec Dieu » (176a). Dans le premier cas, l’égalité avec Dieu est visée dans la révolte contre lui, avec l’appui du Serpent tentateur. Dans le second cas, l’identification avec Dieu est obtenu par « la fuite », fuite de notre condition matérielle qui va jusqu’au suicide mystique, dont d’une certaine façon Socrate buvant la cigüe pour obéir aux Lois, alors qu’il peut s’échapper, qu’on a organisé son évasion, fournit un prototype.

Pour accomplir sa destinée, vous n'avez qu'un choix... restreint : il y a la révolte, avec cette variante très commune que l'on nomme endurcissement.

Il y a aussi la fuite de sa condition charnelle (voyez Plotin, littéralement mort de crasse selon les dires de Porphyre son disciple : il fuyait son corps). Je précise qu'on peut fuir sa condition charnelle de plusieurs manières. L'idolatrie du corps est aujourd'hui la plus courante. L'obsession du corps, considéré uniquement comme faire-valoir et comme faire-jouir, est une négation du corps réel et de sa fragilité constante. Le rationalisme en est une autre : n'admettre que ce que la raison géométrique est capable de démontrer, c'est se nier soi-même, nier les dimensions intuitives que le corps nous fait sentir. Mais il y a tant de façon de se fuir soi-même !

Et puis il y a le schémas inverse : le schéma chrétien.

Dieu vient à nous et c'est Lui qui nous propose cette égalité qui vient de Lui. Qui dira la « condescendance du Dieu » qui s’approche de nous, qui se fait l’un de nous en Jésus-Christ. De cette façon, le vieux rêve de l’humanité [devenir comme des dieux] n’est plus un rêve, mais simplement une question de foi, une capacité à dire « Amen » au mystère du Christ pour s’y trouver inclus...

Ou bien alors à le rejeter parce que l’on préfère l’un des deux autres modèles : la révolte (satanique) ou la fuite (platonicienne).

10 commentaires:

  1. Déjà sur mon PC en ce dimanche matin de détresse à rechercher un soutien dans mon inexistence.
    Des mots réconfortants pour mon débat intérieur, révolte ou fuite.. Mais demain ?

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  2. Cher Anonyme, je me prépare pour la messe où je prierai pour vous, en espérant qu'à mon retour, cette détresse vous aura abandonné. Si ce n'est le cas, je prierai alors tous les jours pour vous.

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  3. Cher anonyme de 8h05,
    Demain? mais il y aura d'autres prières pour vous, les miennes entre autres!
    Et si vous faisiez un petit tour par le centre St Paul, un Dimanche matin, à 9h quand notre cher Abbé de Tanouärn redonne des ailes au cours de ses homélies, où l'on arive parfois le coeur en loques et on repart plein de courage?!!
    Essayez, je vous assure. Peut-être le soutien que vous attendez est-il là. je vous le souhaite de tout coeur.
    Centre St Paul: 12 rue St Joseph 75002 Paris
    tel:01 40 26 41 78

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  4. Chers Anonymes,
    Je suis très touchée. Portez-moi dans vos prières pour atteindre dimanche prochain. Je vous remercie.

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  5. Chère Anonyme de 8h05 et 00h, je découvre avec joie le message de l'anonyme de 17h47 qui a pu exprimer en quelques mots ce que je voulais vous dire ; oui, assurément, mettez-vous en relation avec le Centre Saint-Paul puisque vous avez le numéro de téléphone. Vous savez que rien n'est le fruit du hasard : vous avez écrit sur ce blog et l'on vous a répondu. Vous trouverez au Centre une écoute et une aide très précieuses, en plus des homélies.
    Je continue quant à moi à vous porter dans mes prières et vous souhaite une journée pleine d'espérance.

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  6. Cher anonymes en détresse.

    Je n'ai jamais le temps de mettre des commentaires, mais cette fois j'en mets un .
    Je prie pour vous. (je ne vous promets pas tous les jours, à cause de mes coquins d'enfants (j'ai un fils TED) qui parfois m'épuisent), mais Jésus est tout-puissant et, je suis sûre qu'il vous aidera avec sa très Sainte Mère, la Vierge Marie.

    Très bon courage.
    Que Dieu vous garde et vous aide !

    Dieu et le Ciel vous aiment et ne vous abandonneront jamais.

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  7. Et quand on a + rien si ce n'est subir des violences conjugales, des enfants à qui on a tout donné et qui vous méprisent, une mère de 90 ans à gérer et qu'on était à la Fraternité Saint Pie X où tous les bons paroissiens et les saints prêtres vous ont tous tourné le dos, les uns ne voulant pas voir, les autres ne sachant que vous dire de subir encore et toujours, on fait quoi ?

    Ironie suprême, on habite en province, et bien on se suicide !

    non pas qu'on ne voulait + vivre, mais parce que la vie est devenue insupportable à cause de l'entourage. excusez moi d'être victime, on sait que les victimes n'ont rien fait pour s'en sortir, c'est bien connu....

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  8. Anonyme, est-ce que vous avez une amie près de chez vous où aller un peu vous reposer?
    Une cousine, une soeur en province? quelqu'un pour aller au moins 3 jours dormir un peu et souffler?
    Quelqu'un à qui parler? Il faut parler, y a-t-il une écoute pas trop loin? (psychologue, assistante sociale, religieuse ou même à la gendarmerie si le conjoint est violent, au Tribunal d'instance) n'ayez pas peur de les ennuyer, vous n'êtes pas seule dans votre cas.
    Vous ne devez plus vous croire seule. Vous ne devez plus rester seule. Il y a des numéros de tél. Appelez!!
    Regardez sur internet vous avez tous les numéros.
    ► "La violence conjugale est un phénomène qui touche toutes les catégories sociales, toutes les cultures."
    (Extrait de la charte de la fédération Nationale Solidarité Femmes)
    En 2000: pour une femme sur dix, vivant en couple et âgée de 20 à 59 ans, le foyer est un lieu de tous les dangers.

    Faites valoir vos droits
    Vous pouvez entreprendre des démarches auprès:
    - de la police ou de la gendarmerie
    - d'un médecin
    - d'un avocat
    - d'associations spécialisées

    Vous pouvez porter plainte
    - au commissariat ou à la gendarmerie le plus proche de votre domicile
    - ou au procureur de la République,
    soit par écrit, soit en vous rendant directement au service du procureur:
    par ex:Tribunal de Grande Instance de Nanterre
    179 - 191 avenue Joliot Curie
    92 000 Nanterre

    Vous avez tout intérêt à déposer plainte tout de suite après les faits, ce qui permet à la justice de prendre des mesures immédiates pour assurer votre sécurité et celle de vos enfants.
    Cette démarche enclenche une action judiciaire.
    Si vous ne souhaitez pas porter plainte immédiatement, faites au moins consigner les faits:
    - au commissariat de police sur le registre "main courante"
    - ou auprès d'une brigade de gendarmerie sur un "procès verbal de renseignement judiciaire"
    Conservez-en la date et le numéro d'enregistrement.
    Attention, cette démarche n'entraînera pas de poursuite judiciaire.

    Faites pratiquer un examen médical
    Faites pratiquer un examen au service d'urgence de l'hôpital le plus proche de chez vous ou chez un médecin.
    Cet examen permet:
    - de faire constater les traces de coups, les blessures et le traumatisme psychologique.
    - d'établir un certificat d'arrêt de travail précisant une éventuelle incapacité totale de travail (ITT) que vous exerciez ou non une activité professionnelle.

    Au moment des faits: appelez le 17 (police secours)
    si nécessaire le 15 SAMU

    Vous pouvez vous adresser à une association
    Dans les Hauts-de-Seine, Femmes victimes de violence 92 s'adresse aux femmes victimes de toutes sortes de violences, conjugales, agressions sexuelles, viols, violences intra-familiales, harcèlement sexuel au travai. Le dispositif propose, depuis octobre 2000, un numéro unique d'écoute, de soutien et de prise en charge rapide et efficace des femmes battues.

    Des professionnels (psychologues, travailleuses sociales) spécialisées dans la prise en charge des femmes victimes de violences proposent :
    - un accueil téléphonique
    - des permanences sans rendez-vous dans plusieurs points du Département (au nord, au centre et au sud)
    - des entretiens conseils sur rendez-vous
    - des groupes de parole, des rencontres avec d'autres femmes vivant les même situations


    Un numéro: 01 47 91 48 44.
    Les services d'écoute des quatre associations se relaient du lundi au vendredi de 9 h 30 à 17 h 30.

    Les associations du dispositif:

    + ADAVIP 92
    Association D'Aide aux Victimes d'Infractions Pénales des Hauts-de-Seine
    Tél : 01 40 97 14 90

    + AFED
    Association pour les Femmes en Difficulté
    Tél : 01 47 78 06 92

    + L'Escale
    Centre d'accueil et d'hébergement pour femmes victimes de violences conjugales
    Tél : 01 47 33 09 53

    + Le centre Flora Tristan
    Lieu d'accueil et d'hébergement pour femmes victimes de violences conjugales
    Tél : 01 47 36 96 48

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  9. Chère amie persécutée, il y a des moments où effectivement on ne doit plus se laisser malmener de la sorte.
    J'ai plusieurs fois hésité moi-même à quitter mon foyer tant les menaces étaient fortes ; à diverses reprises j'ai demandé à mon curé de prier pour convertir mon mari, je lui ai fait promettre de me faire une belle messe d'enterrement si je venais à succomber sous les coups. Et depuis des mois, je m' endors avec une petite croix dans la main, une petite croix que j'ai fait bénir et que je cache sous l'oreiller ; et dès que je m'éveille la nuit, je recherche fébrilement cette petite croix. J'ai pris l'habitude d'offrir ces souffrances à Jésus dont je sais ce qu'il a souffert pendant son chemin de croix comme humiliations et comme sévices jusqu'à la torture de l'exposition sur la croix ; cela me permet de relativiser tout ce que je subis et atténue ma révolte, mais le jour où cette force que me communique le Saint-Esprit ne sera plus suffisante pour faire face à la puissance de la méchanceté et de la bêtise, alors je partirai pour me protéger et protéger mes enfants.Pour l'instant, je loue le Seigneur tous les jours car Il me permet d'aller discrètement à la messe où je peux offrir tout ce que je possède, et que je dois à la bonté divine. C'est ainsi que je peux prier tous les jours pour vous, espérant que les persécutions que vous subissez vont vous laisser le répit nécessaire pour reprendre le dessus. Pour ce qui est du suicide, j'y ai souvent pensé mais cela m'a paru une fort mauvaise solution dans la mesure où il pouvait être ce que précisément recherchait le mari violent, pousser l'autre à bout jusqu'à l'acte de désespoir, l'acte irrémédiable ; et je n'aurais jamais voulu lui offrir une victoire aussi facile, une victoire qui en plus aurait été une insulte à Dieu qui nous a donné la vie.
    Je continue à prier pour vous depuis que je vous l'ai promis ce dimanche matin, où votre message m'a affolée. J'ai été la première à vous répondre ; ce n'était donc pas un hasard puisque il y a quelques similitudes dans nos destinées. Je vous embrasse bien affectueusement et vous encourage de tout mon coeur.

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  10. Le suicide n'est pas une solution. Sachez que ce geste ne culpabilisera nullement votre persécuteur. Tout simplement il se dira : "de toute façon, c'était une faible, c'est pour ça qu'elle s'est suicidée".
    Jamais vous ne punirez quelqu'un de cette façon, sachez-le. C'est vous que vous aurez punie.
    Si vous souffrez, offrez certes votre souffrance MAIS PAS A VOTRE PERSECUTEUR.
    Lui, ne peut accéder à la pitié. Ce n'est pas dans sa mentalité. Sa mentalité c'est qu'il est le dominant et que dans cette vie il faut se défendre et qu'il vaut mieux être un dominant qu'un dominé. C'est la seule façon qu'ils ont appris d'entrer en relation, ces gens : les rapports de force.
    Ne vivez pas dans cette optique-là si ce n'est pas la vôtre. Sortez de là.
    Si vous n'y arrivez pas, faites-vous aider.
    Le Christ ne vous demande nullement de laisser ce dominant vous écraser lentement. Ce n'est pas aimer ce dominant que de le laisser dans son aveuglement et dans son péché. Votre dominant a besoin d'une sacrée raclée. Une bonne pénitence!
    C'est la seule façon de le cadrer. Et si un soir vous l'accueilliez avec le rouleau à pâtisserie à la main en hurlant un bon coup sur lui??? Vous feriez bien d'essayer! Transformez-vous donc en mégère une bonne fois. Faîtes venir votre frère, ou un cousin, un ami un peu costaud et vous l'engueulez très fort. Allez courage! votre loup, c'est la seule façon de le changer en agneau tremblant. Collez-lui la frousse de sa vie.
    SINON, PARTEZ ! C'est lui qui doit être puni. Et pas qu'un peu.

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