vendredi 13 mai 2011

Un petit pas de plus

Un journée sans pouvoir communiquer : c'était un vendredi 13 !

Je profite de ce qu'apparemment tout est remis en place sur Blogspot, Google ayant fait le nécessaire, pour dire quelques mots de Universae Ecclesiae, l'instruction sur la Lettre apostolique Summorum pontificum. Elle était attendue cette instruction. On peut dire que Benoît XVI a souhaité donner à ses collaborateurs les moyens d'aller jusqu'au bout de la logique libératrice du Motu proprio.

Jusqu'au bout ?

Disons que les pouvoirs de la Commission Ecclesia Dei sont précisés : "le Motu Proprio Summorum Pontificum, est-il écrit constitue une expression remarquable du magistère du Pontife romain et de sa fonction propre - régler et ordonner la sainte liturgie de l’Église - et il manifeste sa sollicitude de Vicaire du Christ et de Pasteur de l’Église universelle" (n°8). Vous l'avez compris : le Motu proprio n'est pas seulement un acte de tolérance vis-à-vis de quelques traditionalistes attardés (mais dont le nombre s'accroît comme le remarquent conjointement les auteurs du document et Jean Marie Guesnois dans le Figaro ces jours-ci). Il est un magistère remarquable. L'Instruction n'hésite pas à citer Grégoire le Grand et Pie V comme le fit le Motu proprio en 2007.

Bref, il s'agit, avec cette Instruction de graver le Motu proprio dans le marbre : plus moyen de faire machine arrière.

Il s'agit aussi d'en faciliter la mise en application "large et généreuse". Jusqu'à maintenant, le rôle de la Commission vaticane Ecclesia Dei, énoncé au n°11 et 12 de la Lettre apostolique, et qui devait être une instance de recours administratif en cas de blocage, n'avait pas été précisé dans les faits. La Commission n'intervenait pas de façon juridique. Elle reçoit ce pouvoir explicitement de Benoît XVI aujourd'hui - pouvoir d'accueillir un recours administratif qu'ont tous les dicastères, mais qui, dans son cas, n'était pas clairement octroyé : "La Commission pontificale exerce ce pouvoir, non seulement grâce aux facultés précédemment concédées par le Pape Jean Paul II et confirmées par le Pape Benoît XVI (cf. Motu-Proprio Summorum Pontificum, art. 11-12 : voilà pour le passé), mais aussi grâce au pouvoir d’exprimer une décision, en tant que Supérieur hiérarchique, au sujet des recours qui lui sont légitimement présentés contre un acte administratif de l’Ordinaire qui semblerait contraire au Motu Proprio". Et voilà pour le présent. D'une certaine façon, c'est vrai, Universae Ecclesiae n'ajoute rien. Universae Ecclesiae précise. Il n'y a plus possibilité de ruser ou de finasser avec la lettre de Summorum pontificum. C'est la Commission Ecclesia Dei qui est ici chargée de l'interprétation en cas de litige et, s'il le faut de la mise en œuvre d'une solution généreuse. Quelle charge !

D'autant que la situation de la liturgie traditionnelle n'est pas simple. Les fidèles reçoivent ici explicitement un droit, dans la mesure où ils s'organisent en groupes stables (même s'ils proviennent de paroisses différentes) à voir leur demande accueillie.

On me dira : les fidèles ont le droit d'attaquer un acte administratif de l'évêque, d'après le texte (n°10 a). Mais si l'évêque garde le silence. S'il ne produit aucun acte, il ne peut pas y avoir d'arbitrage de la Commission...
J'ai un ami canoniste de haute volée. Il m'a répondu sans hésiter : le silence administratif est un acte administratif...

Ce qui est clair c'est que, dans les cas les plus difficiles, il faudra de bons avocats-conseils : pas de faute de procédure, ça ne pardonne pas !

Il reste vrai qu'une procédure administrative donne raison en général au détenteur de l'autorité (voir le cas récent de l'abbé Michel de Thiberville). Mais, contrairement à d'autres instances comme la Congrégation du Clergé ou même le dicastère pour le culte divin, il faut souligner que les circonstances politiques au cours desquelles se trouvent rappelés et fixés les pouvoirs de la Commission Ecclesia Dei sont exceptionnels. Chaque décision (surtout les premières) sera médiatisée. Bref le peuple de Dieu, organisé démocratiquement en groupes stables, ainsi que le prévoit la Lettre apostolique, pourrait retrouver, à la faveur des circonstances, un lambeau de contre-pouvoir, non ? Qu'en pense Golias ? M'est avis que cela peut tourner à la petite révolution, une révolution pas méchante comme la révolution du jasmin, une révolution de velours... Le pape avait des choses à donner à la Fraternité Saint Pie X. Elle ne l'a pas voulu. A qui donnera-t-il ce qu'il voulait donner, quelle que soit la forme sous laquelle il fera ces dons-encouragements ?

Il faut reconnaître tout de même que dans ce système, les diocèses sont favorisés au détriment des communautés Ecclesia Dei, surtout celles qui sont composées de séculiers (FSSP ICRSP IBP etc.). Restent à encourager tous les évêques vraiment pontifes, faiseurs de ponts, qui acceptent ces communautés dans leur diocèse.

Au chapitre du passif, il y a cette interdiction d'ordonner les prêtres diocésains selon le rite traditionnel : cela donne une vraie spécificité aux Communautés ED. Notez d'ailleurs qu'il y a toujours moyen de tourner ce genre de clause. Je suis sûr que, dans certains cas, si un évêque en fait la demande à la Commission pour tel de ses sujets, il ne va pas obtenir un refus.

Je voudrais insister sur un point : l'article 19 sur lequel Nicolas Senèze dans La Croix insiste lourdement, comme s'il avait besoin de compenser quelque chose, me semble capital : "Les fidèles qui demandent la célébration de la forme extraordinaire ne doivent jamais venir en aide ou appartenir à des groupes qui nient la validité ou la légitimité de la Sainte Messe ou des sacrements célébrés selon la forme ordinaire, ou qui s’opposent au Pontife romain comme Pasteur suprême de l’Église universelle".

J'ai tout de suite remarqué le mot "légitimité" accolé au mot "validité" pour ajouter quelque chose. A ma connaissance, j'ai été le premier à l'employer et cela a fait, sur le FC au temps où XA n'avait pas peur de la contradiction, un beau grabuge. Je gage qu'aujourd'hui on va pouvoir dire que la liturgie rénovée est légitime, sans avoir à s'excuser. J'en suis ravi.

Qu'ajoute le terme de légitimité au terme de validité ? Il signifie que l'on n'a pas le droit d'étudier un rite de manière purement liturgique, sans tenir compte de la dimension ecclésiologique de la liturgie. La res et sacramentum du sacrement de l'eucharistie c'est l'unité de l'Eglise dans le Christ, ne l'oublions pas ! Alors un rite pourra être en lui-même plus ou moins bon, criticable, bonifiable, et parfois formellement condamnable. N'empêche ! S'il est promulgué par le pape, pasteur universel, "dont c'est la fonction propre de régler et d'ordonner la sainte liturgie de l'Eglise" (Universae Ecclesiae n°8)... ce rite est... non seulement valide, mais légitime.

Je me réjouis de l'utilisation de ce terme de "légitimité" dans cette instruction. Etre catholique, c'est reconnaître l'autorité du pape dans le domaine de définition de son pouvoir. Le Successeur de Pierre a pouvoir sur la liturgie. On ne peut nier la légitimité, la validité juridique d'une de ses réformes sans nier son autorité et ainsi détruire l’Église - ce qui est le propre du schisme.

Je crois que l'on n'a jamais le droit de sacrifier les principes de l'ecclésiologie universelle, qui sont les conditions d'existence à travers les siècles de l’Église catholique, aux principes de la théologie sacramentaire, fussent-ils solidement établis. Comme disait Pascal, "il faut tenir les deux bouts de la chaîne". Sacrifier l’Église à la messe ou la messe à l’Église, cela n'a pas de sens. Lorsque je parle de l’Église, je précise que je parle de l’Église universelle (le "seul bercail" de Jean 10, qui ne va pas sans l'unique Pasteur), je ne parle pas de sa petite Église à soi ! C'est si facile de construire pour un temps sa petite Église !

Je n'attaquerai personne nommément : qui se sent morveux se mouche. Quant à moi je n'ai pas l'habitude de cracher dans la soupe qui m'a nourrie. Il y a eu des moments cornéliens dans la crise de l’Église. Grâce à Benoît XVI et à son magistère liturgique, le dilemme se dénoue.

[Note du webmestre - Deux choses: Blogger a effectivement connu une panne mondiale vendredi 13, laissant des dizaines de millions de blogs sur le carreau. Ensuite: pour les articles cités dans ce texte, on se reportera à Google ou à TradiNews]

16 commentaires:

  1. Pour ma part, j'avais dès juillet 2007 fait une demande dans ma paroisse. Par le simple bouche à oreille, via quelques courriers et quelques coups de fils nous avons été 50 à signer une demande, qui représentait plus de 150 personnes en tenant compte des familles. La majorité résidait sur le territoire de la paroisse, les autres y étaient liés par une aumônerie ou leur pratique dominicale. Le curé a attendu un an pour faire savoir que ce n'était pas envisageable. J'ai contacté l'évêque qui a été plus rapide pour répondre que cette messe était déjà célébrée ailleurs dans le diocèse. -- J'en viens à l'actualité plus récente: J'ai contacté le Commission Ecclesia Dei (12 août 2008) en leur disant que nous étions un vrai groupe, que le curé ne souhaitait pas, et que l'évêque n'avait pas de solution locale à nous proposer. Pas de plainte ni de contestation mais une question: "Que faire?" -- Et depuis, j'attends la réponse. Je répète: nous avions un groupe. Un prêtre de la paroisse avait fait savoir son intérêt pour cette liturgie. Nous nous étions abstenus de toute retape agressive, comme de démarcher à la sortie de la paroisse. -- Nous étions complètement 'dans les clous', et nous n'avons seulement pas eu de réponse de Rome?! Je confronte cette expérience (un peu frustrante) au nouveau document, et je ne vois pas bien ce qu'il apporte de nouveau.

    PS - J'ai appris ensuite qu'un prêtre étudiant rattaché à la paroisse se tenait prêt, dès 2007, à célébrer sous la forme extraordinaire, si le curé acceptait de le lui demander. Pour lui aussi ce fut une déception.

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  2. après l'herméneutique de vatican 2, l'interprétation du Motu... Jusqu'où n'accumulerais-je pas des tonnes de prier, pour rivaliser avec les gloses de gloses de gloses de nos "aînés dans la Foi"?
    je reviens d'un petit périple où j'ai vu de nouvelles variantes encore de la "messe rénovée": en latin( partiellement ou totalement) en français face à l'est, en latin face au peuple...
    Communion sur les lèvres ou dans la main ( avec toujours cet onanisme eucharistique des hosties qui échappent et tombent à terre ..)
    C'est beau comme une édition critique ( christique?) des variantes d'un manuscrit ..

    Mais c'est BYZANCE...un peu avant la chute...qui elle s'accélère...au même rythme que l'incurie des élites...Ouverts au monde, nous en suivons les danses et les cadences ( obscènes) : "peuple de Dieu structuré en groupes stables"( on appelait cela des "communautés de base, à l'époque de la Révolution démocratiste, voire conseilliste, catéchisme vidé de connaissance comme l'école laïciste, subjectivité croyante au centre...du vide, comme l'élève est au centre de la subversion scolaire,néant actif satanoïde non-autorité des bergers, masses abandonnées errantes , à la merci des ex-mercenaires recyclés en gourous , maintenant que les ex-pasteurs se sont faits mercenaires..

    Supplions

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  3. Désolé, mon Père, mais quand on forme un groupe, ça ne se passe pas comme ça.

    Dans un groupe de demandeurs, il y a des gens très divers. Il y a ceux qui aimeraient tellement… mais qui ne veulent pas fâcher monsieur le curé. Au premier froncement de sourcil, ils laissent tomber. Ils sont pétris de respect pour l’autorité ecclesiale, et comment leur reprocher? Et puis dans leur univers mental, on ne demande pas, en tout cas pas dans le sens où ce serait dû (ils laissent cela à la CGT). Pour eux, on reçoit - et c’est différent.

    Il y a aussi ceux qui viennent... encore méfiants. Ils en ont soupé et se sont repliés sur des chapelles traditionalistes. Ils préfèreraient, bien sûr, avoir la messe à côté de chez eux, y retrouver des voisins et des parents. Et puis Rome tend la main: comment ne pas la saisir? tout de même, ils en ont soupé, et voici qu’en guise d’accueil monsieur le curé leur demande de s’engager sur la légitimité du sacrement célébré selon la forme ordinaire... le terme ‘légitime’ ayant ici un sens autre que dans le langage courant. Bref, ceux-là non plus ne s’accrocheront pas trop.

    Une fois que vous aurez ôté les uns et les autres, il vous restera… moins de gens. Or les groupes se font par agglomération de gens qui en parlent les uns au autres. Si vous ôtez un bout à droite, un bout à gauche, vous perdez aussi cette dynamique.

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  4. Bonjour M. l'abbé,
    Je pense que je suis visé dans votre message...Je me permets de vous rappeler que je m'étais déjà en grande partie ravisé ici :
    http://archives.leforumcatholique.org/consulte/message.php?arch=2&num=457682

    Je remarque aussi avec satisfaction que vous dites aussi qu'on ne peut envisager un rite de manière "purement" liturgique. Ce qui me laisse un petit bout de quelque chose, passé la promulgation.

    Bien cordialement à vous.
    Justin

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  5. Monsieur l'abbé,

    Comme j'ai essayé de l'expliquer sur Le Forum catholique (http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=595257), votre position ne tient que si vous vous en tenez au sens premier de "légitime" : conforme à la loi - en l'occurrence à celle de l'Eglise.
    Accepter le deuxième sens ("justifié") revient à admettre qu'il était "juste et bon" d'imposer à l'Eglise la messe nouvelle, qu'elle a apporté du fruit, qu'elle est complémentaire de la messe grégorienne et que tout cela n'est qu'une affaire de spiritualité. Tant d'évêques voudraient nous le faire dire, ou alors nous vouer aux gémonies ! J'ai bien peur que cet article 19 ne vienne les conforter.

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  6. L'Eglise de France est en train de sombrer et vous vous battez sur la signification à donner au mot légitimité.

    C'est à en pleurer.

    signé : un catholique libéral qui n'est pas conre l'emploi de l'ancien rite en langue françaiseb qui a une grande force tellurique.

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  7. Bonjour à tous et à toutes,

    Tout ce qui concerne le Motu proprio me passionne et le Métablog n'est pas pauvre en développements sur lui, entre autres sujets capîtaux.

    Quoique n'étant pas intîmement concerné comme les intervenants, ici, permettez-moi de vous faîre part d'une impression et vous demander, en retour, quelques éclaircissements éventuels, dont je vous remercie d'avance, le cas échéant.

    Si je me permets d'intervenir, c'est que le post de minuit 26, m'a beaucoup frappé. Bonjour "catholique libéral": votre superbe pseudo est déjà tout trouvé.

    Il m'a vraîment interloqué. Tout à coup s'éclaîrait peut-être pour moi, qui ai du mal à vous suîvre, l'une des facettes de ce problème si ardu: un rîte immémorial, jûgé désuet pour des raîsons qui n'ont rien à voir, fînalement, avec la Religion mais bien plutôt avec la politique, voire la sociologie.

    Sous la soutane, une armure de combat? pour un côté. En guîse de guîtares pour chants à l'eau-de-rose, des mousquets fort bien pourvus, pour l'autre partie? Fais-je fausse route? Me trompè-je?

    Pour moi qui vénère d'instinct la messe de nos aïeux, je ne parviens toujours pas à comprendre pourquoi ceux qui la désîrent telle quelle, dans toute sa splendeur (Vous avez vous même, cher Catholique Libéral, bizarrement invoqué sa "force tellurique", tout en adhérant à l'ancien rîte mais..."en français": vous ne pouviez mieux exprîmer combien cette question nous taraude, puîsant sa source au plus profond de ce l'on nomme parfoîs " l'inconscient collectif " d'un peuple, d'une nation...) sont en butte aux plus pénîbles avanies, dans l'expression de leur Foi, sauf si on se prend à songer que c'est bien la politique et ses enjeux subalternes, qui se sont juxtaposés, en quelque sorte, à un ordre théologique qui lui est non seulement bien supérieur mais quasîment étranger, par sa nature même, plus encore qu'en degré.
    Pardonnez-moi le manque de clarté.

    Pour résumer: des enjeux politiques (les Droîts de l'Homme, la Démocratie, la Révolution en un mot, qui exige que tout soît en mouvement permanent, là il faudrait parler de Hegel, je croîs mais je ne suis pas de taîlle...) se sont subreptîcement mêlés aux questions les plus élevées, touchant à l'immuabîlité d'une célébration sacrée et d'ordre dîvin.

    Les attaques, les ressentîments, les souffrances qui se déploient si vîvement, (avec l'âme à vif aussi!) autour de cette question centrale, dans une petîte fraction d'un peuple autrefois chrétien, ne sont-elles pas surtout la preuve, que c'est notre ancienne religion toute entière, qui a été blessée par le "Modernîsme"...?

    L'importance de prononcer - ou non - les Paroles sacrées en latin, ne recouvre-t-il pas le profond rejet, ou au contraîre la soîf et la curiosîté pour un avenîr censé s'améliorer pour les créatures humaînes, qui séparent les nouveaux Modernes, des toujours Anciens pour lesquels "Nihil nove sub sole"?

    Questîon secondaîre: est-il envisageable de comparer avec la nôtre, comment d'autres religions (l'Orthodoxe, par exemple), ont-elles fait face à ce défî, entre la Réaction, que d'aucun jûge archaïque, et la dilution programmée, une sorte d'évaporation assistée, en quelque sorte, pour cause de conformité à l'esprît du temps?

    Et en vous souhaîtant vraîment un bon Dîmanche, et peut-être une messe qui vous apporte sérénité, et qui soît prononcée selon le rîte qui vous convîent le mîeux...pour l'instant!

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  8. D'étranges contreparties autour de la lettre apostolique Summorum Pontificum :

    Notre Seigneur en envoyant ses apôtres prêcher l'Evangile leur fait un certain nombre de recommandations. Il leur dit entre autres : " Prêchez et dites : le royaume des Cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons ; vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. ( St Matt 9,5,38 ) .

    La gratuité de l'acte religieux est donc fondamentale. D'ailleurs toute la générosité et la sincérité de l'acte en découleraient directement.

    Or, qu'est-ce qui se passe ? : Le pape dans un esprit de réconciliation , soi-disant, reconnait enfin les droits de la messe de toujours mais exige étrangement des contreparties à la restauration d'un droit pourtant absolu et inaliénable lequel droit, il faut le rappeler a été sans motifs valables, frauduleusement et d'une manière complètement illégitime renié, bafoué et remis en question depuis l'avènement du concile Vatican II. Donc l'injustice devait être réparée d'autant plus par une autorité qui est vue comme une référence morale dans ce monde immoral. L'acte de réparation ne pouvait donc être que gratuit donc sans condition ni contrepartie.
    Mais la réalité en est tout autre :
    Les fidèles désirant assister à la messe de toujours doivent premièrement justifier de la constitution d' un "groupe stable". On peut naturellement supposer que des autorités conciliaires sont elles-mêmes amenées à vérifier ce critère de stabilité et en être juges. Compte tenu de leurs réticences viscérale et idéologiques concernant le rite extraordinaire, on peut légitimement douter de leur impartialité et de leur bonne foi dans cette affaire.
    Deuxième condition aggravant la première exige que des demandeurs selon les propos de Mgr Lombardi ne fassent pas partie des structures qui " critiquent le Concile" ou "mettent en cause la validité de l'élection de Benoit XVI comme pape". En gros il faut montrer pattes blanches pour pouvoir avoir droit à la messe de toujours dans sa paroisse !!!

    Autrement dit une véritable chasse aux sorcières des tradis est officiellement lancées !!!. Pour refuser le rite tridentin dans sa paroisse, il suffirait donc de prouver ou même de supposer que les fidèles demandeurs seraient de près ou de loin liés à des structures "critiques". Cela constituerait vraisemblablement un motif facile et pratique pour ne pas accéder aux demandes de la liturgie ancienne.

    Moralité :

    L'esprit de réconciliation se traduit en réalité comme par le passé à exclure et à rejeter un certain nombre de fidèles en occurrence ceux proche de la Fraternité Saint Pie X , de la Contre Réforme Catholique ou les sédévacantistes. Donc les anathèmes sont implicitement jetés !.

    Mais Cela témoigne avant tout du totalitarisme structurel qui règne dans l'Eglise du Concile Vatican II , pour laquelle aucun droit n'est accordé à ceux qui oseraient penser différemment. Cette conception des libertés humaines est digne des pires systèmes totalitaires que le monde a connu au cours du siècle dernier.

    Matthieu-Michel

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  9. D'étranges contreparties autour de la lettre apostolique Summorum Pontificum :

    Notre Seigneur en envoyant ses apôtres prêcher l'Evangile leur fait un certain nombre de recommandations. Il leur dit entre autres : " Prêchez et dites : le royaume des Cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons ; vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. ( St Matt 9,5,38 ) .

    La gratuité de l'acte religieux est donc fondamentale. D'ailleurs toute la générosité et la sincérité de l'acte en découleraient directement.

    Or, qu'est-ce qui se passe ? : Le pape dans un esprit de réconciliation , soi-disant, reconnait enfin les droits de la messe de toujours mais exige étrangement des contreparties à la restauration d'un droit pourtant absolu et inaliénable lequel droit, il faut le rappeler a été sans motifs valables, frauduleusement et d'une manière complètement illégitime renié, bafoué et remis en question depuis l'avènement du concile Vatican II. Donc l'injustice devait être réparée d'autant plus par une autorité qui est vue comme une référence morale dans ce monde immoral. L'acte de réparation ne pouvait donc être que gratuit donc sans condition ni contrepartie.
    Mais la réalité en est tout autre :
    Les fidèles désirant assister à la messe de toujours doivent premièrement justifier de la constitution d' un "groupe stable". On peut naturellement supposer que des autorités conciliaires sont elles-mêmes amenées à vérifier ce critère de stabilité et en être juges. Compte tenu de leurs réticences viscérale et idéologiques concernant le rite extraordinaire, on peut légitimement douter de leur impartialité et de leur bonne foi dans cette affaire.
    Deuxième condition aggravant la première exige que des demandeurs selon les propos de Mgr Lombardi ne fassent pas partie des structures qui " critiquent le Concile" ou "mettent en cause la validité de l'élection de Benoit XVI comme pape". En gros il faut montrer pattes blanches pour pouvoir avoir droit à la messe de toujours dans sa paroisse !!!

    Autrement dit une véritable chasse aux sorcières des tradis est officiellement lancées !!!. Pour refuser le rite tridentin dans sa paroisse, il suffirait donc de prouver ou même de supposer que les fidèles demandeurs seraient de près ou de loin liés à des structures "critiques". Cela constituerait vraisemblablement un motif facile et pratique pour ne pas accéder aux demandes de la liturgie ancienne.

    Moralité :

    L'esprit de réconciliation se traduit en réalité comme par le passé à exclure et à rejeter un certain nombre de fidèles en occurrence ceux proche de la Fraternité Saint Pie X , de la Contre Réforme Catholique ou les sédévacantistes. Donc les anathèmes sont implicitement jetés !.

    Mais Cela témoigne avant tout du totalitarisme structurel qui règne dans l'Eglise du Concile Vatican II , pour laquelle aucun droit n'est accordé à ceux qui oseraient penser différemment. Cette conception des libertés humaines est digne des pires systèmes totalitaires que le monde a connu au cours du siècle dernier.

    Matthieu-Michel

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  10. 'Le Successeur de Pierre a pouvoir sur la liturgie.' C'est faux, comme nous rappelle le Catéchisme:

    '1088 " Pour l’accomplissement d’une si grande œuvre " – la dispensation ou communication de son œuvre de salut, – " le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques. Il est là présent dans le Sacrifice de la Messe, et dans la personne du ministre, ‘le même offrant maintenant par le ministère des prêtres qui s’offrit alors Lui-même sur la Croix’ et, au plus haut point, sous les espèces eucharistiques. Il est là présent par sa vertu dans les sacrements, au point que lorsque quelqu’un baptise, c’est le Christ Lui-même qui baptise. Il est là présent dans sa parole, car c’est Lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures. Enfin il est là présent lorsque l’Église prie et chante les psaumes, Lui qui a promis : ‘Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux’ (Mt 18, 20) " (SC 7).

    ….

    1124 La foi de l’Église est antérieure à la foi du fidèle, qui est invité à y adhérer. Quand l’Église célèbre les sacrements, elle confesse la foi reçue des Apôtres. De là, l’adage ancien : "Lex orandi, lex credendi " (ou : " Legem credendi lex statuat supplicandi ", selon Prosper d’Aquitaine, ep. 217 : PL 45, 1031) [Ve siècle]). La loi de la prière est la loi de la foi, l’Église croit comme elle prie. La Liturgie est un élément constituant de la sainte et vivante Tradition (cf. DV 8).
    1125 C’est pourquoi aucun rite sacramentel ne peut être modifié ou manipulé au gré du ministre ou de la communauté. Même l’autorité suprême dans l’Église ne peut changer la liturgie à son gré, mais seulement dans l’obéissance de la foi et dans le respect religieux du mystère de la liturgie.'
    Le pape n'a pas de pouvoir sur la sainte tradition, qui fait partie de la donnée révélée.
    La grande question pour le Novus Ordo est; comment discerner la frontière entre tradition et oeuvre humaine dans la liturgie? Le Novus ordo a-t'il transgressé cette frontière? On ne peut passer cette question de côté en disant que le Novus Ordo fut promulgué par le pape, qui a le pouvoir sur la liturgie, donc tout va bien au fond.

    John Lamont

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  11. Bonjour M. l'abbé,

    Je vous remercie car dans votre texte j'y ai décelé l'amour pour l'Église, la fidélité envers le Pape, un attachement profond envers la liturgie traditionnelle, ainsi qu'une compréhension juste de l'instruction qui, selon moi, est vraiment un pas de plus dans la bonne direction.

    L'instruction Universae Ecclesia apporte effectivement de belles clarifications au sujet du Motu Proprio qui, au cours des dernières années, avait déjà été très bien compris par des évêques de bonne foi (ainsi que par des prêtres et des fidèles nombreux). On peut donc dire que c'est l'obstination de certains clercs imbus de l'esprit du Concile (et non des textes du Concile interprétés à la lumière de la Tradition) qui a conduit la Commission Ecclesia Dei a publié cette instruction qui ne fait que réaffirmer ce que les gens de bonne foi savaient déjà.

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  12. Pour Thierry qui a la gentillesse de s'adresser à tous et à toutes:
    Oui, vous avez raison le problème, l'enjeu, l'attachement ou non à la Messe tridentine en latin, dépasse la question du rite dans la célébration du saint mystère de l'Eucharistie.
    Peut-on cependant s'en tenir à l'interprétation que vous apportez: il s'agirait d'une querelle d'Anciens et de Modernes? l'enjeu serait finalement plus large pour vous et serait de nature politique.
    Pour ma part, il me semble que l'enjeu est plus profond que large et les réactions exacerbées, passionnelles mais aussi les critiques,argumentées, construites et permanentes, démontrent que l'identité chrétienne elle-même est touchée, blessée assez durablement.Pourquoi?
    Si ce n'était qu'un problème politique, bien sûr les esprits s'échaufferaient, bien sûr la bataille ferait rage, mais y aurait-il cette tristesse profonde? et parfois ce désespoir? Il ne s'agit pas non plus d'une simple querelle d'Anciens et de Modernes comme en Littérature ou en expression artistique. Pas non plus encore d'une querelle de "sensibilité", pas seulement de "libéraux" farouches ou de "rétros" émotifs.
    Il me semble qu'il s'agit de plus profond et qui touche le coeur de notre foi. Le coeur de notre foi c'est le Christ Lui-même, c'est Lui qui nous semble touché, son visage nous semble défiguré. C'est un problème touchant l'identité du Christianisme et donc l'identité du Christ et donc encore notre identité propre de Chrétien. Voilà pourquoi les "Traditionalistes" sont blessés mais êtes-vous sûrs qu'ils soient les seuls ? Je les crois beaucoup plus nombreux que cette "petite fraction d'un peuple autrefois chrétien" car justement il y avait ce peuple autrefois chrétien, or il ne l'est plus, où est-il passé? N'a-t-il pas été blessé lui aussi?
    Et s'il ne s'était tout simplement PAS RECONNU dans la nouvelle liturgie? ou plutôt dans les nouvelles liturgies? et pourquoi? parce que peut-être n'y a-t-il pas reconnu le visage de son Christ?
    C'est la religion toute entière que très souvent l'on ne reconnaît plus lorsque la nouvelle liturgie fait l'impasse sur le 'sacrifice", sur la croix, sur le rachat, la rédemption, la résurrection de la chair, la confession des péchés, le péché qui fait mourir l'âme, le démon, le combat spirituel, la présence réelle et substantielle de la Personne du Christ dans l'Eucharistie, etc. Si le problème s'est cristallisé autour de la célébration de la Messe, c'est parce qu'elle est au centre de la pratique de notre foi, mais la problématique est bien plus vaste et touche à la foi elle-même et que retrouve-t-on derrière toutes ces impasses ? toujours la même depuis que le Christianisme existe : Le Christ est-Il vraiment Dieu et vraiment Homme ?
    Pour illustrer ce que je vous décris, voici un exemple
    à travers un texte tout récent (à l'occasion de Pâques) publié par un de nos éminents théologiens du moment,le Père Louis-Marie Chauvet, curé de la paroisse de Deuil-la-barre(95) à propos de la résurrection de la chair:

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  13. "La foi à la résurrection de la chair a depuis longtemps fait difficulté,...or que veut dire cette formule ? rien d'autre que ceci: "Moi, je serai vivant en Dieu"...il faut comprendre cette expression à partir de la culture juive....La "chair" ne désigne pas les cellules biologiques de l'être humain mais la personne humaine tout entière....dire donc chair ou corps "signifiant", "parlant" c'est parler de ce qui est le plus spirituel en moi, les relations qui m'ont tissé dans ma singularité, les marques de tendresse, les services rendus...et dire que ma ”chair” est promise à la résurrection, c'est dire par conséquent que ce qui est appelé à vivre en dieu, c'est moi en tant que tissé par ce riche et complexe réseau de relations à autrui et à l'univers. Cela n'a rien à voir avec la représentation grossièrement matérialiste d'une réanimation de mes cellules biologiques.”
    Voyez-vous la difficulté? Voyez-vous sa difficulté à lui, avec la chair?
    Le Christ ressuscité n'a-t-il pas dit à ses apôtres ”un esprit n'a pas d'os comme vous voyez que j'en ai.”? N'a-t-il pas fait toucher ses plaies à Thomas qui doute? Tous les Pères apostoliques se fondant sur les Evangiles et saint Paul n'ont-ils pas défendu la résurrection de la chair d'une façon très réaliste et parfois très crue (cf:Tertullien; Ignace d'Antioche.On peut tout consulter sur Internet.)
    ”Il n'est pas de sang qui ne provienne des veines, de la chair, de la substance-même de l'homme, que le Verbe de Dieu a véritablement assumée(..) comme l'écrit le bienheureux Paul aux Ephésiens (5, 30):”nous sommes les membres de son corps, de sa chair , et de ses os.” Il ne fait pas allusion ici à un homme spirituel et invisible. Car l'Esprit n'a ni os ni chair. Il parle du corps de l'homme réel, composé de chair , de nerfs et d'os, et qui se nourrit de la coupe, sang du Christ, et se fortifie du pain, corps du christ(...) ainsi nos corps, nourris par elle, et ensevelis dans la terre, s'y dissolvent, mais ils ressusciteront en leur temps par la Parole de Dieu pour la gloire de Dieu le Père, qui dispense au mortel l'immortalité et donnera gratuitement l'incorruptibilité à son corps corruptible : la Puissance de dieu s'accomplit dans notre faiblesse.” Irénée de Lyon.
    Le problème est bien de savoir ce que nous proclamons dans le credo à chaque Messe? de savoir à quel corps nous communions? à quelle foi nous adhérons? à quel visage du Christ nous croyons? à quelle identité nous sommes appelés?
    Par ailleurs, comment ce prêtre célèbre-t-il la Messe?
    Organise-t-il des adorations du Saint-Sacrement dans sa paroisse?
    C'est là que le Latin prend tout son sens et son importance dans la proclamation de notre foi : cette langue morte maintient la foi dans son authentique, elle n'évolus plus et la sémantique demeure.. Cette langue universelle nous unit dans l'Eglise et dans la foi. Cette langue harmonieuse et riche rend parfaitement compte de la profondeur et du sens des mystères. Quant à la Messe Tridentine, c'est un catéchisme complet et magnifique.
    C'est une paroissienne de paroisse de rite ordinaire qui vous parle.
    Bien fraternellement.

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  14. @ Chère Anonyme de 10h56 et 11h03, hîer matin, je lis et je relis vos deux longs posts, comme c'est beau! Je ne me lasse pas de ce que vous écrîvez et si j'ai une raîson de plus de m'en réjouîr, c'est qu'ils peuvent toucher chacune et chacun ici et n'en suis poînt le seul à m'en délecter, quoique vous m'eussiez fait l'honneur de vous adresser à moi, tout en nous donnant à toutes et à tous ce bonheur de votre intîme conviction, de votre intîme sincérîté, comme l'autre jour, lorsque vous avez dialogué avec Julien et que nous fumes transportés dans un autre monde...
    Oh! Merci d'avoir pris la peîne d'écrîre tout cela, qui va réjouir tant d'entre nous.

    Oui, c'est exactement cela! Mille fois mieux que moi, vous savez expliquer combien nous sommes trîstes, blessés dans notre îdentîté chrétienne. Cette messe trîdentîne en latin, comme nous la chérissons, au plus profond de nous-mêmes, combien il nous est cruel qu'elle soit cantonnée, comprimée, reléguée, peut-être même haïe par certains, alors qu'elle est notre chaîr, comme vous l'avez expliqué d'une manière merveîlleuse, que je n'avais jamais lue auparavant.

    Cette messe, ce rîte sacré, fait partie de nous-mêmes, nous en prîver, c'est presque nous tuer..."force tellurique" dîsait l'un d'entre nous.
    Nous sommes pris de vertîge, devant ce renversement ontologique (j'espère ne mas utiliser ce grand mot, à mauvais escient): les temps présents écrasant tout, sur leur passage...mais nous aussi, sommes sous le rouleau compresseur. L'Histoîre Sainte a enflammé l'univers, tant de cathédrales, tant de basîliques, et notre messe cent millions de fois et plus prononcée, le Nouveau Monde découvert et les Indiens d'Amérique, gravîssant à genoux des escaliers d'or, pour vénérer la Sainte Vierge, seulement munîs de leur pauvre chapelet, aussi bien que les steppes d'Asie parcourues au galop, et atteîntes les côtes du Japon et les confins africains...et maintenant, c'est que l'on pourrait à peîne parler latin, après tant de dures chicanes, pour faîre monter les prières du peuple chrétien, qui s'est vu déposséder de ses trésors et de sa foi, avant même d'avoir compris que c'est bien à lui, que l'on versait quelque verroterie, en échange de sa parure de feu et de diamants.

    Connaissez-vous le père Castiglione, qui passa, au XVIIIè. siècle, cinquante années de sa vie en Chîne et fut l'amî, honneur insîgne, de l'empereur Quianlong? De lui "cent coursiers" plus vivants que nature, s'ébattent tout au long des huit mètres de soie, de lui Jardins impériaux et palais d'été si fameux. Comme on les imagîne bien en conversation passionnée, avant qu'il ne commençât tel ou tel portrait de l'un des chevaux préférés de l'empereur....C'était du temps que l'Église envoyait ses fils et ses fîlles, aux quatre coins de l'Univers, du temps que ceux qui la gouvernaient n"avaient qu'une pensée, qu'un souffle: pour la plus grande gloîre de Dieu.

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  15. Chère paroissienne de rite ordinaire,

    En effet, comme vous posez bien le problème! Je vous cite:
    "Le problème est bien de savoir ce que nous proclamons dans le credo à chaque Messe? de savoir à quel corps nous communions? à quelle foi nous adhérons? à quel visage du Christ nous croyons? à quelle identité nous sommes appelés."

    Quel visage du christ vénérons-nous? Il y en a plusieurs. Je me suis souvent ri naguère de ceux qui se plaignaient qu'on leur avait changé la religion. Or ils ne formulaient pas si mal le grief qu'ils avaient contre les temps nouveaux. Le fait est qu'on vénère plusieurs visages du christ au sein de la même Eglise, qui se voudrait un seul corps. On met cela sur le compte d'une différence de spiritualités, et je ne suis pas le dernier à me réjouir à l'envi qu'il y ait plusieurs demeures spirituelles dans la maison du Père. Mais cela peut-il aller jusqu'à laisser penser que nous sommes un Corps à plusieurs visages alors qu'il y a un fils unique? Je crois que la réticence des évêques à appliquer le "motu proprio summorum pontificum" vient en grande partie de ce qu'ils ne veulent pas laisser croire que l'Eglise serait un corps à plusieurs visages, traduisez à plusieurs idéologies en langage profane. Ils voudraient conduire l'Eglise à une certaine homogénéité dont ils nous indiquent quelle elle est à leur gré. Qu'on ne soit pas d'accord avec le visage du christ à la vénération Duquel ils nous conduisent, cela peut se discuter; mais leur souci d'homogénéité les honore. Simplement, ils tombent dans le travers des démocrates, qui ne tolèrent que ce qui leur ressemble.

    Derrière ce "changement de religion" qu'a représenté le concile aux yeux de beaucoup de fidèles, il y a cette longue histoire qui me pousse, dans la roue de votre commentaire, à poser cette question qui, pour moi, est la seul qui vaille, la plus importante dans ce débat: est-ce que toucher à l'identité du christianisme, c'est toucher à l'identité du Crist? La réponse paraît évidente, et pourtant elle n'est pas certaine. Derrière cette question, il y a le soupçon très moderniste bien que déjà ancien, que le christianisme ne s'est peut-être pas développé conformément à l'evangile. Une preuve que ce soupçon est fondé, c'est que l'Evangile ne tient qu'une toute petite place dans le kérigme. De plus, l'Evangile n'est pas vraiment traditionaliste, c'est le moins qu'on puisse dire. Il est aussi peu traditionaliste que les épîtres sont peu moralistes, bien qu'elles aient abouti au respect scrupuleux d'une stricte morale. Donc admettons que le traditionalisme soit de la même manière sécrété par l'evangile. Il n'en demeure pas moins, comme vous le relevez vous-même, que c'est le latin, "langue morte", qui est gardien de l'authenticité de la foi. Le latin, la langue de l'occupant, promus en langue sacrée, comme l'Hébreu pour les juifs, comme si le christianisme était impérialiste par essence. Du reste, n'est-il pas né à césarée, ville qu'Hérode fit construire pour rendre hommage au césar qui l'avait investi? Question douloureuse, mais que nous devons agiter, par honnêteté intellectuelle autant que spirituelle.

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  16. La soupe qui vous a "nourrie" ou "nourri"? Je suppose que c'est la soupe qu'on vous a servie (et pas servi) à la cantoche d'Ecône. L'intérêt du mot "légitime" c'est qu'on peut l'adapter à ses propres désirs. Le général de Gaulle "incarnait la légitimité française depuis 1940". C'est lui qui le disait. M l'abbé Aulagnier, votre collègue de l'IBP, a longuement tartiné sur la légitimité de la nouvelle messe. Selon vous, c'est légitime puisque cela vient du pape. L'homoousios aussi dans ces conditions. C'est ce qu'on peut appeler de la légitimité à géométrie variable.

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