vendredi 6 décembre 2013

Pourquoi la messe traditionnelle

Le Centre Saint-Paul édite un calendrier liturgique, commanditée par l'abbé Jean-François Billot, moyennant un travail considérable de David et d'Anne-Cécile. Il sera à la disposition de tous, gratuitement, le 15 décembre prochain, pour l'inauguration de notre nouveau point Accueil écoute. En voici la préface. Sa principale qualité est sa brièveté...

Dans notre attachement à la messe traditionnelle, il n’y a pas l’ombre d’une nostalgie pour des formes anciennes, pour « le vieux rite » [dixit le pape François] qui devrait à tout prix revivre. Quel passé faudrait-il garder ? Personnellement j’ai 50 ans, et je n’ai jamais connu le temps où cette forme du rite romain était célébrée partout. J’ai toujours été à « la messe en français » et c’est vers l’âge de 16 ans que j’ai découvert la messe traditionnelle. La nostalgie ? Connaîs pas.

Mais quels sont les points forts de ce rite ? comme on dirait en Communication. Sans chercher à opposer théologie à théologie, car il n’y a qu’une seule théologie du saint Sacrifice de la messe, je comparerais les deux liturgies et, de points forts, j’en donnerais trois.
  • « A la messe il s’agit simplement de faire mémoire » lisait-on dans les missels à fleurs de mon enfance. La messe traditionnelle ne renvoie pas seulement à une « mémoire » de la geste du Christ. Elle insiste particulièrement sur l’actualisation de cette mémoire. Elle est un PRESENT spirituel, au double sens où elle est DON gratuit de la présence du Christ au milieu de nous (tous les rites s’ordonnent autour de cette présence) et où elle représente ACTUELLEMENT quelque chose de la geste de salut du Christ vers l’humanité. Ainsi conserve-t-on sur l’autel les espèces eucharistiques après l’acte liturgique. Ainsi aussi les fidèles peuvent-ils offrir des messes pour leur bien spirituel ou temporel. La messe est la rédemption qui continue.
  • Un peu brutalement, lorsque j’ai fait le choix de la messe traditionnelle, j’opposais la messe-acte à la messe-texte, préférant la première à la seconde.
  • Enfin la ritualisation de la messe traditionnelle – c’est sa force et sa faiblesse – n’est pas fondée sur la bonne communication d’un message, mais sur l’attraction silencieuse de la beauté : beauté du Christ que l’on adore dans l’eucharistie par des gestes de prosternation ; beauté des objets que l’on utilise avec respect ; sobriété des rites, auxquels on se conforme sans les personnaliser.

18 commentaires:

  1. "il n’y a qu’une seule théologie du saint Sacrifice de la messe..."

    Oui, bien sûr! Mais l'on peut préférer, pour accompagner la forme extraordinaire de la messe, la "forme extraordinaire" de la théologie qui la sous-tend.

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  2. Oui, M l'abbé. Et, personnellement, je trouve un grand réconfort dans le fait de savoir que j'assiste au saint sacrifice de la messe comme l'ont fait avant moi des générations et des générations de catholiques. C'est comme un avant-goût de la communion des saints.

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  3. Serait-il possible que le calendrier liturgique soit édité en version numérique (pdf), téléchargeable sur Metablog (ou ailleurs à défaut) ? D'avance merci.

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  4. J´aime la messe traditionnel, et au contraire, elle me rappelle les jours de mon enfance. Mais je me sens bien aussi quand je vais à la messe dans ma propre langue. Rien contre...Mais les gens changent, et peu de gens apprécient la messe en latin. Si les rites de la messe traditionnel sont sobres et même beaux, ce n´est pas seulement la beauté qui mène à Dieu, mais aussi les paroles prêchées qui peuvent ou non toucher le coeur.
    Surtout ce qui mène à Dieu, c`est la foi e les prières. N´oublions pas que, dans les débuts du christianisme il n´y avait pas aucune messe traditionnel ou actuel, et les apôtres ne parlaient pas en latin, et il n´avait pas une « forme de messe. » La messe traditionnel seulement est venue des siècles plus tard.
    Donc, nous ne pouvons pas oublier que Jésus parlait en araméen, et il n´a pas suivi aucun rituel. Peut-être s´il vient aujourd´hui comment parlerait-il ? En araméen ?
    Peu probable. Il me semble qu´il parlerait la langue de chaque pays et sans se soucier des rites, mais avec la parole. Comme il l ´a fait lors de sa première venue.

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    1. J'ai bien peur qu'il parlerait en Anglais. D'ailleurs dans 20 ans la messe ne sera plus célébrée que dans cette langue. Ceux qui demanderont la messe en Français se feront traiter de "tradis".

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    2. Votre humeur est bienvenue ...met um sourire dans les situations difficiles. Merci.

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  5. Aimer la messe traditionnelle c´est une question de choix. Pas une obligation. Nous ne pouvons pas forcer les gens qui préfèrent la messe actuelle à penser différemment.
    Par ailleurs, le mot « obligation » serait un peu indigeste. La plupart des gens veulent la messe dans leur propre langue. Je crois que si l ´Église pouvait « obliger » seulement le rite tridentin, la plupart des catholiques iraient quitter l ´Èglise et chercher entre autres conféssionr chrétiennes pour entendre dans leur propre langue ce qu´ils ont besoin d´entendre : les mots du Christ. Mais je crois que les deux rites peuvent coexister pacifiquement, avec humilité e respect uns avec les autres.

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    1. +si l ´Église pouvait «obliger» seulement le rite tridentin+

      Soyons sérieux. Pour le moment, il n'est pas question d'+obliger+ le rite tridentin, mais bien de cesser de l’empêcher. Alors bien sûr, il y a le Motu Proprio Summorum Pontificum. Certains évêques appliquent avec générosité, d'autres jouent le jeu a minima, et d'autres encore l'ignorent. Je regarde l'ordo du diocèse de Paris, je n'y trouve ni la FSSP, ni le Christ Roi, ni l'IBP. Il est vrai que Mgr Chauvet n'a été saisi de demandes que par "19" ("dix-neuf") fidèles seulement.

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    2. Cher anonyme, de 19.53 je suis d´accord avec vous, moi aussi je pense que le rite tridentin doit être permis, qu´on doit cesser de l ´empêcher. Ce que j´ai voulu dire, c´est qu´ on ne peut ni empêcher ni obliger, d´accord ? C´est porquoi j´ai écrit cette phrase :
      « Mais je crois que les deux rites peuvent coexister pacifiquement, avec humilité e respect uns avec les autres. » Vous pouvez croire, si un jour l ´Église est revenu à l´ancien rite, le nouveau rite serait poursuivi ! C´est cela que ne peut pas arriver. Mais avoir le respect les uns avec les autres. Merci.

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  6. Les prestations radiophoniques de l’ab se suivent mais ne se ressemblent pas. Cette fois nous eûmes droit à un charmant jeune homme, propre sur lui, qui fait dans le cinéma et qui venait vendre sa dernière œuvre : un beau cadeau pour Noël.

    A la question qui tue il répondit sans hésiter Sunset Boulevard - ce qui fut immédiatement traduit par Boulevard du crépuscule par peur du flic de la station (*). S’ensuivit un long panégyrique sur Billy Wilder, le plus exécrable représentant de l’humour juif américain, doublement lourdingue.
    Le lendemain il remit ça chez la rombière où l’on rit, où l’on rit. On parla de Guitry, le fils, qui se comporta très bien pendant l’occupation – celle qui ne dura que 4 ans. On passa ensuite au dernier naveton commercial, qu’il faut absolument aller voir, dans lequel un brillant comédien de 35 ans « performe » en interprétant successivement sa maman à 60 ans et lui-même à 15 ; il pourrait s’agir d’une question sur les déviances sexuelles ; why not ?

    Si l’on me demandait mon avis, hypothèse saugrenue, je conseillerais d’offrir « L’annonciation Italienne » du regretté Daniel Arasse, format 27×32, 366 pages, 3,5 kg avec son emboitage, 695 FF.
    On trouve dans cet ouvrage un renseignement précis sur le corps physique du Christ. Sa consultation éviterait à notre chère Benoîte et à quelques autres d’attraper une méningite.


    (*) Boulevard du crépuscule n’est pas plus signifiant pour un français que Parvis Corentin Celton pour un agriculteur du Middle- West.

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    1. D'accord pour Daniel Arasse, pas d'accord pour Gallienne qui a réalisé un excellent film.Ceci dit je n'écoute plus RC depuis belle lurette tant les rombières en sont exaspérantes.

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  7. Cher Abbé

    J'hésitais à vous écrire tant votre post est provocateur.

    Etes vous sür que les deux messes partagent la même théologie ? La Messe Tridentine est en réalité la codification de la Messe enseignée par le Christ lui même aux apôtres, elle codifie le sacrifice rendu par l'Eglise à Dieu. Ce sacrifice enseigné par Jésus remplace le sacrifice rendu au Temple.

    Comme vous l'expliquez vous mêmes, la Messe Paul VI est une assemblée commémorative. Ce n'est pas la même chose, d'ailleurs ce blog l'atteste, combien reste t'il de paroissien se rendant à l'Eglise, pour ne pas dire assistant à la Messe et qui croit encore que Christ se fait hostie pendant la consécration ?

    Mgr Bugnigni l'inventeur de cette affaireI voulait en effet "qu'aucun obstacle ne puisse empêcher la pleine communion avec nos frères réformés, la même Messe pouvant être célébrée par un prêtre Catholique ou un Pasteur". Il a réussi au delà de ses espérances puisque L'Eglise Catholique est devenue Calviniste ! Lex orandi lex credendi prophétisait Mgr Lefevre.

    Discuter des goûts et des couleurs pour justifier tel ou tel rite est attristant, Comment peut on discuter d'un héritage que le Christ nous a enseigné lui même ? N'est ce pas une dérive de l'orgueil tout puissant de ce Siècle où tout un chacun ajuste plus ou moins le Christ à son goût?

    Préférer le latin parce que cela fait plus chic, parce que la musique est belle ou au contraire introduire une dose d'anglais et de rock an roll pour faire in me semble d'une telle vacuité !

    Quelle inconscience devant le trésor des mots, des gestes, des ornements des paroles, des siècles de judaïcité et qui se sont accomplis dans le Christianisme ! Tradition qui ne s'est plus transmise et qui est aujourd'hui méconue. Qui sait encore que le tabernacle est sur le modèle du saint des saints, justement parce que c'est le temple de la nouvelle Jérusalem ?

    C'est un abandon, une vraie mutilation, un abandon de la transcendance que nos aieux et tant de saints nous ont transmis pendant tant de siècles.

    Tout à vous

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  8. @Alain P.

    Le fait que le prêtre suive le missel de Paul VI ou celui du Bx Jean XXIII ne change rien à ce qu'est la messe. Ni à ce qui est enseigné à son propos.

    La traduction française du missel de Paul VI est... un brin "progressisante", dirons-nous.

    Elle parle pourtant de la messe comme du "sacrifice de toute l'Eglise", offert "pour la gloire de Dieu et le salut du monde" (et encore n'est-ce là qu'une sous-traduction d'une prière directement tirée du missel de Jean XXIII, le Suscipiat).

    La messe est toujours (en latin) "Nuptiae Agni", le festin des noces de l'Agneau, quoique la traduction française actuelle du missel laisse à désirer...

    Quant au terme de mémorial, il est souvent mal compris... Il signifie qu'on rend de nouveau présent l'événement qu'on célèbre, et par conséquent il n'empêche pas la foi en la présence réelle, ni le fait qu'il s'agit d'un sacrifice !

    Quant au fait que le tabernacle soit sur le modèle du saint des saints... C'est relativement récent : pendant longtemps, on conservait les Saintes Espèces suspendues dans une colombe eucharistique, au-dessus de l'autel. Qui, par définition, avait la forme d'une colombe, pas du Saint des Saints. Pour ce qui est de savoir que le corps du Christ est le véritable Temple, beaucoup de cathos (non-tradis) le savent : on n'a pas arrêté en 1970 de lire le texte où le Christ annonce la destruction et le relèvement du Temple en parlant de son corps...

    Un pasteur calviniste pourrait peut-être dire les rites du missel Paul VI, à lui de voir avec sa conscience. Mais comme il le ferait sans vouloir faire ce que fait l'Eglise, et comme surtout il n'est pas prêtre, c'est comme s'il pissait dans un violon. Je me fous éperdument de ce que pensent les calvinistes ; je sais que la messe à laquelle j'assiste tous les dimanches n'est pas calviniste, quel que soit le bien (ou le mal) que ces derniers puissent en penser.

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  9. Pas de nostalgie dans votre choix de vous dévouer à la célébration de "la messe traditionnelle"? J'ai du mal à le croire, non que je vous dénie de n'avoir jamais assisté à cette messe pendant votre enfance: si vous le dites, c'est que c'est vrai; mais le changement de rite devait constituer un traumatisme dans le milieu dont vous veniez et qui était trop bien élevé pour s'affirmer liturgiquement contre-révolutionnaire, si j'imagine mal vos parents, tels que vous nous les avezs décrits au détour d'articles de ce blog, avoir eu des complexes à ne pas s'afficher nationalistes et catholiques.

    pas d'attachement déraciné à "la messe traditionnelle", ce serait antinomyque; j'aurais jeu trop facile de vous supposer un attachement maurrassien à la messe ancestrale, dussiez-vous ne l'avoir connue qu'après la séduction qu'exerça sur vous le MJCF dans un très bon lycée. Pour être sensible à l'accroche du MJCF, il fallait être culturellement ancré à ce qui pouvait par la suite vous attirer à l'ancienne forme du rite latin de la messe Comme cet ancrage ne faisait pas partie de mes prérequis culturels, la "messe traditionnelle" m'est toujours demeurée exotique et cela reste vrai jusqu'à aujourd'hhui.

    Vous écrivez (et c'est un autre problème) que la messe traditionnelle se met entièrement au service de la Présence du christ. En ce cas, c'est à travers une Présence-absence, puisque toutes les barrières sont mises pour que le peuple n'ait plus accès à la Cène:barrière de la langue et délégation du prêtre agissant "in persona Christi", mais de plus loin que le christ n'a jamais agi dans Son Apostolat, comme s'il fallait reconstituer le Saint des saints au sein du cénacle. C'est ce que fait la messe traditionnelle, indépendamment de la pseudo-calvinisation du rite qui lui a succédé, et même si l'on peut regretter que, du fait du modernisme, les prêtres qui célèbrent le rite nouveau (ou la forme nouvelle du rite) aient perdu le sens du sacrifice de la messe.

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    1. Comment peut-on dire que le peuple n'avait pas accès à la Cène avant le Concile ou ne l'aurait plus aujorud'hui avec la messe traditionnelle ? . Je me rappelle dans mon enfance ( 1953) tout un village alsacien de paysans, chanter avec ferveur avec ma nourrice le Credo en latin et ils n'étaient pas ancrés dans une culture maurassienne! Attention le débat n'est pas entre messe traditionnelle ou non, , il y en a aussi de ratées, il est entre ceux qui vivent le sacrifice , son mystère dans sa plenitude, et la certitude inébranlable, que derrière la Messe, ses participants rentrent dans un msytère, et qu'elle est aussi soutenue par un pilier invisible. .
      Une Messe post-concilaire peut être insupportable quant il y a trop de bavardage, quant l'effusion sentimentale dissout le mystère, elle peut ausssi être très belle, quand la ferveur sait approcher le mystère, une messe traditionelle peut aussi poser problème si ses particpants resnte dans une posture de supériorité figée, elle peut aussi réveiller notre approche du mystère par le respect qu'elle témoigne sans ostentation au renouvellement de la présence réelle.
      ENcore une fois Julien nous n'avons , nous catholiques de tout rite aucune nostalgie du passé , mais bien une nostalgie de l'avenir , enracinée dans la Communion des Saints

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  10. Em tant que musicien, je dois dire un petit mot: la beauté de la musique classique, même dans la musique sacrée, comme nous le voyons dans de nombreux compositeurs, c´est admirable, et parfois ces lettres sont en allemand... en russe... etc sans perdre le sens du sacré.

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  11. Le pape François élu "personne de l'année" 2013 par Time Magazine. Et vous n'en dites mot sur votre blog ? Depuis Jean XXIII c'est la première fois qu'un pape est aussi populaire. Sûr qu'il n'attendra pas 50 ans après sa mort - que je souhaite la plus lointaine possible - pour être canonisé. C'est le pape du renouveau. Il y en avait assez de ces papes européens qui se prenaient pour le centre du monde tout englués dans leur problèmes européens dont on se contrefiche à Douala, à Séoul ou à Sucre. François est vraiment un pape catholique c'est à dire UNIVERSEL ; il en a rien à battre des palais du Vatican, lui qui a vécu dans de pauvres masures. Contrairement à ce que certains osent énoncer, c'est un homme d'une grande culture qui connaît très bien la littérature française qu'il a découverte dans les collèges jésuites. Mais ne prenez pas sa bonté pour de la faiblesse : c'est tout le contraire.

    Adios Amigos.

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  12. Cher Henri,

    Me sens en plein accord avec votre réponse qu'on pourrait résumer par l'article plus récent reprenant "bd voltaire", où M. l'abbé distingue, avec ou sans la caution de Pascal, la manière charnelle et la manière spirituelle de vivre le Mystère chrétien, entre autres pour nous, qui devons le porter pour le salut du monde dans ces fragiles amphores que nous sommes.

    Servir le Mystère de la Présence du christ, c'est ce que je me sens physiquement (et humblement honoré de) vivre, chaque fois qu'il m'est donné de tenir l'orgue. Je sens Dieu descendre sur nous avec Son sacrement et les anges se pencher sur moi pour que je soulève les participants à ce Mystère de la manière la plus conforme à l'enthousiasme contemplatif que doit susciter cette ineffable Présence.

    Bravo enfin pour avoir trouvé cette formule, "nostalgie de l'avenir", car elle est conforme à l'étymologie du mot nostalgie, "la douleur du retour". L'espérance chrétienne est en ce sens nostalgie, parce que douleur du retour à venir de l'epoux de nos âmes consolées et délivrées quand Il viendra.

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