dimanche 22 décembre 2013

Réponse à Christine Tasin sur l'islam et l'athéisme

Chère Christine,

vous n'avez pas aimé que j'accepte de rencontrer un imam - Tarek Obrou - et de discuter publiquement avec lui. A Riposte laïque, vous en restez à une opposition totale à l'islam et aux musulmans, coupables de ne pas avoir les mêmes références culturelles laïques que nous. Je crois quant à moi (et je l'ai dit ce soir-là) qu'il faut distinguer l'islam, avec son apologie de la violence (en particulier dans la sourate 9 du Coran) et les musulmans qui ne sont pas tous violents et qui pour un certain nombre d'entre eux (que je souhaite de plus en plus nombreux) dépassent explicitement (en le disant) l'interprétation littérale du Coran. Cette dé-littéralisation du Coran évoque l'épisode des mutazilites et le calife al Mamoun. La persécution des mutazilites fut sanglante, sous le calife al Mutawaqil et sous la pression des asharites, les portes de l'interprétation (ijtihad), ouvertes par les mutazilites, furent fermées au profit du simple tawil (exégèse), qu'aujourd'hui les intégristes refusent à leur tour [exemple de tawil : la main de Dieu, c'est sa puissance]. Un moindre mal : ne faudrait-il pas rouvrir les portes non seulement d'une exégèse timorée, mais aussi de l'interprétation et revenir à l'ijtihad ?

Cela ne suffira pas. Bien sûr, au delà même de la question de l'interprétation, le drame tout archaïque de l'islam c'est la loi, la charia, qui interdit sous peine de mort la conversion à une autre religion que l'islam, qui fait de cette religion un projet politique et qui enferme cette communauté dans des pratiques stérilisantes. Pour les plus intelligents d'entre les musulmans (je pense à Averroès) cette prégnance de la loi était telle qu'ils ont dû développer l'idée d'une double vérité, une pour le peuple et une pour les gens instruits. Averroès était cadi : il a dû rédiger des fatwas (comme Tarek Obrou) mais en même temps il demeure l'une des grandes références de Thomas d'Aquin au plan philosophique. On peut dire d'ailleurs qu'en donnant raison à Aristote à propos de l'hypothèse d'un intellect agent unique, il s'écarte du vieux fond monothéiste biblique repris par le Coran. Pour Averroès, l'homme n'est pas un sujet face au sujet divin (comme Moïse face à "Je suis" dans le Buisson ardent). Son intelligence n'est qu'une petite étincelle qui rejoindra le grand brasier divin. En disant cela, force est de constater qu'intellectuellement Averroès préfère les Grecs au vieux fond sémitique personnaliste. Mais cela ne l'empêchait pas d'appliquer sévèrement la loi du Coran. Thomas d'Aquin, lui, n'est pas un homme de loi. Mais il est fidèle dans la doctrine et finit par critiquer Averroès qu'il admire par ailleurs, à cause de son panthéisme (cf. le Contra averroistas).

Quant à nous, chrétiens, le Christ nous a libérés de la Loi, en particulier explicitement des observances alimentaires (Marc 7). Saint Paul a tiré de ce fait toutes les conséquences théologiques, en bon taleb qu'il était, ayant fait ses classes aux pieds de Gamaliel : "Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté" disait-il aux Romains.

(à suivre)

9 commentaires:

  1. Je cite l'abbé Pagès s'adressant au pape François : "« Ne formez pas d'attelage disparate avec des infidèles. Quel rapport en effet entre la justice et l'impiété ? Quelle union entre la lumière et les ténèbres ? » (2 Co 6.14) ?… Aussi nous appartient-il de ne pas transiger avec l’islam. Nos Pères ne se sont pas battus pendant des siècles pour repousser ce malheur qu’est l’islam et pouvoir développer hors d’atteinte de sa mortifère influence l’admirable civilisation chrétienne dont le monde entier profite de nos jours, pour que nous ouvrions aujourd’hui nos portes à l’islam ! Ou alors l’islam aurait-il changé entre temps ? Non, il ne le peut pas, car « les coutumes d'Allah ne changent pas » (Coran 33.62 ; 35.43 ; 48.23)." Il ne faut pas toujours se croire plus malin que les autres.

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  2. "Quant à nous, chrétiens, le Christ nous a libérés de la Loi, en particulier explicitement des observances alimentaires (Marc 7). Saint Paul a tiré de ce fait toutes les conséquences théologiques, en bon taleb qu'il était, ayant fait ses classes aux pieds de Gamaliel : "Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté" disait-il aux Romains."
    "Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté", Monsieur l'abbé, faites-le savoir à votre ami l'Imam : qu'il devienne par le baptême notre frère en Christ au lieu qu'il est aujourd'hui prisonnier d'une religion qui ne reconnait pas la liberté de conscience, qui se mêle de lui prescrire ce qu'il peut manger quand bien même tout ce qui est comestible est un cadeau du Bon Dieu partout sur cette terre, quel que soit le climat ; une religion qui impose aux convertis à l'islam (les convertis, c'est à dire les non Arabes) la loi archaïques des seuls Arabes, une religion qui rêve d'imposer cette loi au monde entier, qui rêve de faire du monde entier l'ouma; cette collectivité des "soumis", soumis non pas à Dieu, mais à l'Islam.
    Si cet Imam est votre ami, c'est le moins que vous puissiez faire pour lui. Ne me dîtes pas que je suis primaire: je le sais déjà.
    Joyeux Noël, Monsieur l'Abbé !

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  3. Je suis né et j'ai passé 30 ans de ma vie en terre d'Islam, et quand de retour d'Algérie en 1962 mes frères en religion m'ont rejeté, ce sont les musulmans qui m'ont offert l'hospitalité. J'ai toujours eu avec eux des rapports fraternels respectant leur foi comme ils respectaient la mienne. J'ai peut-être eu de la chance, mais c'est ainsi. Alors où est le problème ? Il nous faut comprendre qu'après un long sommeil, les musulmans sont passés du Moyen-Age au XX° siècle, et le choc culturel est considérable, entraînant repli et radicalisation, d'autant plus que nos moeurs devenues païennes les choquent profondément. Cela étant la violence de nombre d'entre eux est inacceptable, surtout quand ce sont des chrétiens qui en font les frais. Alors il y a une mesure simple que nous devons exiger, y compris le clergé : que tous les imams résidant sur notre sol se prononcent officiellement contre les persécutions des chrétiens en pays musulmans, et condamnent officiellement les violences envers eux. C'est certainement le plus grand service que nous pourrions rendre à nos frères dans le malheur et serait plus efficace que toutes les palabres diplomatiques et autres toujours sans résultats. L'Eglise s'honorerait en demandant une stricte réciprocité religieuse à ces représentants officiels de l'Islam sur notre sol.

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  4. Je crois qu´il doit arriver le respect entre les réligions. Dans les dialogues, le pape devrait demander ce respect, cette réciprocité. Mais nous, chrétiens nous devrons toujours nous rappeller des paroles du Christ: "Si vous aimez les uns les autres, tout le monde saura que vous êtes mes disciples." Donc, le commandemant de notre Seigneur est l ´amour. Pas la haine.

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  5. La foi chrétienne est une liberté selon Dieu et pas une liberté selon les hommes. Cette liberté est balisée par les 10 commandements,par les sacrements et la lutte contre le péché. Ce n`est pas le laxisme de bien de biens des chrétiens actuels qui veulent faire ce qu`ils veulent et non pas ce que Dieu commande.

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    1. (La première partie de ce commentaire s'est perdue dans les sables de Blogger et déniait entre autres à la très laïque Madame tazin une égalité avec averroès que votre partialité semble lui reconnaître de droit alors que la laïcité qu'elle professe est la quintescence du vide spirituel dont meurt "l'école de la République"... Je continue avec ce que j'en avais sauvegardé:


      3. Vous avez une vision bien "alimentaire" de la religion (péché de gourmandise?) si vous pensez pouvoir prouver que l'affranchissement des interdits alimentaires est le dernier mot de cet élargissement législatif, en lequel Saint-Paul fait consister la liberté chrétienne. Or cet élargissement n'est pas si entier que les chrétiens puissent consommer comme indifférents des aliments qui ont été sacrifiés à des idoles pourtant inexistantes, sacrifice vis-à-vis duquel le christianisme devrait pouvoir manifester une condescendance hautaine qui dénie toute valeur à ce sacré...

      4. L'islam serait une religion tellement archaïque qu'est puni de mort quiconque prétend changer de religion. Il y a certes des "intégristes chariatides pour appliquer ce châtiment à la lettre, et les laïques tiennent pour sectaire toute religion qui récuse le pouvoir du libre arbitre de renier une appartenance ou un conditionnement religieux imposé par des parents; c'est pourtant oublier que le baptisé est métaphysiquement embrigadé dans une secte, au sens laïque du terme, puisque, voudrait-il renier son baptême qu'il n'aurait pas le pouvoir, quoique n'y ayant pas adhéré consciemment, d'invalider le Sacrement qu'il a reçu. Les musulmans sont-ils seulement coupables d'affirmer à la face du monde une vérité que les catholiques préfèrent tenir cachée aux baptisés renégats, qui ne sont que plus responsables de ne rien faire de la Foi qu'ils ont reçue dans le baptême? A part cela que les musulmans auraient le monopole de la ruse, nous à qui le Christ a demandé de "se faire des amis avec l'argent trompeur", à l'exemple du gérant sans scrupule...

      5. Et comme chacun sait de surcroît, l'islam seul est et fut violent, et les "conversions de force" au christianisme, pour lesquelles, peu ou prou, jusqu'au XIXème siècle, les missionnaires ont été dans le bagage civilisateur des colonisateurs, avec l'assentiment du Père de foucauld qui conseillait de faire ainsi, étaient des accidents de l'histoire.

      6. Mais surtout, la peste soit des musulmans qui persécutent les chrétiens puisque la persécution est une violence! Or que faire de l'argument apologétique de tertullien, selon lequel "le sang des martyrs est semence de chrétiens"? Or l'argument de ce zélote est bien peu de choses en face de "la béatitude des persécutés", qui est une canonisation pour le moins antinaturelle de la "vertu (maladive) de paranoïa", quand bien même ce serait "à cause de Moi" que le "Père Noël" (de cocacola et de tino rossi) aura bien froid sur son traîneau de Mercure des cadeaux commandés par l'enfant consommateur ou du dévot "moulin à prières"! Dans la logique du raisonnement de "la béatitude des persécutés", si le musulman n'est pas violent, pas de chrétiens persécutés; et sans la béatitude des persécutés, pas de christianisme témoigné et prouvé jusqu'à la fosse aux lions des martyrs, triomphateurs édifiants des apostats infâmes!

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  6. Amusant ou plutôt très injuste, votre charge, Monsieur l'abbé!

    1. Vous tenez pour un fait accompli de disputer de l'exégèse coranique (ou de l'incapacité exégétique prétendument consubstantielle à cette religion archaïque qu'est l'islam ) avec une laÏque athée, comme si Madame christine tazin était de plain-pied versée, par je ne sais quelle supériorité ou Grâce infuse, dans la scholastique d'un des plus éminents (quoiqu'hérétique) savants musulmans, averroès, alors que ce dont "l'école de la République" est en train de crever, c'est de la laïcité dogmatique d'une Mme tazin: plus précisément, sous la férule du ministre Peillon, c'est de ce que la laïcité, que l'Etat, ivre de neutralité, prétend opposer à l'islamisme, est une coquille vide, quand l'islam, lui, porte une alternative sacrée, satisfaisante pour l'intelligence ou l'instinct moyen de l'"animal religieux" humain, l'islam, qui brandit, contre le légalisme inbécile du laïcisme nihiliste et haineux, sa loi qui se fait fort d'être viable, à la différence des commandements (et de la morale surnaturel) du christianisme.

    2. L'islam, immobilisé par certains littéralistes coraniques, serait condamné pour jamais à un immobilisme exégétique alors que le principe de l'abrogation législative y a été enseigné antérieurement à l'imprescriptibilité canonique du dogmatisme catholique (voyez avec quelle inflexibilité avance l'idolâtrie morale du magistère qui sévit dans les milieux traditionalistes, et voyez comme la papauté se refuse à séparer dans sa prétention d'infaillibilité ce qui relève de la Foi et des moeurs!


    (à suivre)

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  7. (Suite, je croyais cette première partie perdue dans les sables et inexpédiée):




    3. Vous avez une vision bien "alimentaire" de la religion (péché de gourmandise?) si vous pensez pouvoir prouver que l'affranchissement des interdits alimentaires est le dernier mot de cet élargissement législatif, en lequel Saint-Paul fait consister la liberté chrétienne. Or cet élargissement n'est pas si entier que les chrétiens puissent consommer comme indifférents des aliments qui ont été sacrifiés à des idoles pourtant inexistantes, sacrifice vis-à-vis duquel le christianisme devrait pouvoir manifester une condescendance hautaine qui dénie toute valeur à ce sacré...

    4. L'islam serait une religion tellement archaïque qu'est puni de mort quiconque prétend changer de religion. Il y a certes des "intégristes chariatides pour appliquer ce châtiment, et les laïques tiennent pour sectaire toute religion qui récuse le pouvoir du libre arbitre de renier une appartenance ou un conditionnement religieux imposé par des parents; c'est pourtant oublier que le baptisé est métaphysiquement embrigadé dans une secte au sens laïc puisque, voudrait-il renier son baptême qu'il n'aurait pas le pouvoir, quoique n'y ayant pas adhéré consciemment, d'invalider le Sacrement qu'il a reçu. Les musulmans sont-ils seulement coupables d'affirmer à la face du monde une vérité que les catholiques préfèrent tenir cachée aux baptisés renégats, qui ne sont que plus responsables de ne rien faire de la Foi qu'ils y ont reçue? A part cela que les musulmans auraient le monopole de la ruse, nous à qui le Christ a demandé de "se faire des amis avec l'argent trompeur", à l'exemple du gérant sans scrupule...

    5. Et comme chacun sait de surcroît, l'islam seul est et fut violent, et les "conversions de force" au christianisme, pour lesquelles, peu ou prou, jusqu'au XIXème siècle, les missionnaires ont été dans le bagage civilisateur des colonisateurs, avec l'assentiment du Père de foucauld qui conseillait de faire ainsi, étaient des accidents de l'histoire.

    6. Mais surtout, la peste soit des musulmans qui persécutent les chrétiens puisque la persécution est une violence! Or que faire de l'argument apologétique de tertullien, selon lequel "le sang des martyrs est semence de chrétiens"? Et l'argument de ce zélote est bien peu de choses en face de "la béatitude des persécutés", qui est une canonisation pour le moins antinaturelle de la "vertu (maladive) de paranoïa", quand bien même ce serait "à cause de Moi" que le "Père Noël" (de cocacola et de tino rossi) aura bien froid sur son traîneau de Mercure des cadeaux commandés par l'enfant consommateur ou du dévot "moulin à prières"! Dans la logique du raisonnement de "la béatitude des persécutés", si le musulman n'est pas violent, pas de chrétiens persécutés; et sans la béatitude des persécutés, pas de christianisme témoigné et prouvé jusqu'à la fosse aux lions des martyrs, triomphateurs édifiants des apostats infâmes!

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  8. Là, Julien, vous n’avez aucune fulgurance, vous êtes totalement à côté de la plaque. Cette thématique ne vous vaut rien. L’Islam, comme il fut conçu, n’est pas une religion, c’est une idéologie de vengeance enrobée de religiosité. Un vieux « truc » utilisé à chaque âge de l’humanité. Pure idéologie

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