samedi 17 janvier 2015

Nous sommes un peuple

Si elle avait du avoir un slogan,
la foule du 11 janvier 2015
aurait plutôt scandé "CRS-SOS".
Qu'en penserait le grand Duduche?
Trois millions et quelque ont défilé en France. "Nous sommes un peuple" titre Libération. "Nous sommes la France" titre l'Express. Comment interpréter ces mots, beaux comme l'antique : nous sommes un peuple.

Le peuple de France n'est pas une nouveauté. C'est même, avec le peuple anglais seul dans son île, le plus ancien des peuples de l'Europe à prendre conscience de son unité et à la traduire à travers des formes politiques. Pourquoi écrire ainsi, après la manif : nous sommes un peuple ? Le "nous" est inquiétant parce qu'il n'est pas défini. Qui, nous ? Et on retrouve la mécanique du Contrat social : nous, c'est l'unanimité présumée du peuple français, la France s'identifiant à la classe dirigeante et aux idéaux révolutionnaires : Marianne tous seins dehors, la Marianne de Delacroix, est encore sur la Une de l'Express. C'est elle qui "guide nos pas".

Ce n'est pas forcément comme cela dans l'esprit des manifestants qui ont scandé "Nous sommes Charlie". La manifestation incluait vraiment tous ceux qui avaient peur, tous ceux qui étaient scandalisé que l'on puisse mourir pour un coup de crayon, dont quelques paroissiens du Centre Saint Paul, qui nous ont représenté, dimanche dernier, dans ce "tous". Un peuple est légitimement fier quand il parvient à se lever contre un danger. Le peuple français est ce vieux peuple auquel on a dit qu'il était mort ou qu'il était en train de se suicider et qui brusquement se sent vivre. C'est admirable de la part du pays réel. C'est un sursaut qui fait croire en l'avenir de la France. Je suis d'accord avec Michel Houellebecq sur ce point : dans la grande lessiveuse bruxelloise, où toutes les identités nationales sont délavées, le peuple français est l'un de ceux qui, ne serait-ce que démographiquement, a envie de vivre. Il ne faut pas désespérer de ce peuple versatile et fantasque. Il a encore les moyens d'épater le monde !

Ce qui est inquiétant, c'est la mécanique politique qui s'empare de ce sursaut vital. Ce qui est inquiétant c'est de ne pas savoir qui dit : nous. J'ai écrit plus haut : la France s'identifiant à la classe dirigeante. J'ai peur de me tromper. Il me semble que ce "nous", employé aussi bien par Libé que, avec retard par l'Express, c'est un "nous" médiatique. La caste médiatique, celle qui, au Point, a viré le pauvre Philippe Tesson, disant "le problème c'est l'islam", est vraiment celle qui s'est approprié la "manifestation que l'on ne compte pas" parce que tout le monde y était. Elle se l'est appropriée, puisqu'elle est la seule à en parler et à... la faire parler. Cette classe, marquée à gauche, est au fond ce qui reste d'un Mai 68 petit-bourgeois. Ceux-là, la tuerie de Charlie ne les a pas fait réfléchir sur la liberté d'expression, comme le montre le sort sans appel du chroniqueur Tesson. Plus que jamais, cette classe médiatique a l'impression de "nous" représenter. Elle est "nous", prenant occasion de l'unanimité civique pour s'autocensurer toujours d'avantage et pour mettre de côté, avec une morgue inentamable, les questions fondamentales, les questions religieuses, les questions de vérité religieuse, les questions civiques, les questions d'opportunité civique que posent la vague de ces attentats bricolés d'abord puis minutieusement organisés qui sévit du 21 décembre (souvenez vous l'attaque à l'arme blanche d'un commissariat à Joué les Tours et les voitures conduites par des déséquilibrés qui foncent sur la foule) au 9 janvier (quatre juifs dans une grande épicerie cacher).

26 commentaires:

  1. "la tuerie de Charlie ne les a pas fait réfléchir sur la liberté d'expression,"? Voire. Taubira qui saute sur l'occasion pour annoncer un renforcement des lois liberticides a vite réfléchi.

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  2. Très bien, Monsieur l'abbé, mais où étiez-vous pendant ce temps-là?

    Vous analysez fort justement le "nous médiatique" auquel je ne m'associerai jamais, car il est incantatoire et violent. Il est violent vis-à-vis des éléments allogènes dont il a souhaité la présence en france avant de leur faire comprendre de plus en plus clairement qu'ils n'y seraient les bienvenus que s'ils s'assimilaient, s'ils renonçaient à leur identité (on parle depuis peu d'un "multiculturalisme tempéré"), s'ils entraient dans la beurgeoeisie et ne s'autorisaient pas à prendre la parole. Ce pouvoir a la violence du mépris. C'est la pire des violences et vous n'en êtes pas dénué.

    Il est encore incantatoire, c'est-à-dire qu'il continue à préconiser des mesurettes que, pour une part, il a déjà prises et il n'ira jamais plus loin. Il est responsable avant d'être incantatoire, donc "à gerber" avez-vous écrit. C'est indéniable, mais si les maurrassiens s'étaient faits la même réflexion pendant la Grande Guerre alors que les congrégations avaient été physiquement expulsées, il n'y aurait jamais eu d'union sacrée.

    Vous vous dites peut-être que nous n'en sommes pas là, j'en suis ravi, j'en suis rassuré. Mais il se trouve, pour votre propre cohérence, pas pour la mienne, je n'ai pas la même, que ce pouvoir vient sur vosidées. Avez-vous le droit de l'abandonner pendant ce temps-là? Sous prétexte d'attendre je ne sais quel peuple fantasmé comme le madi?

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  3. J'ajoute que vous avez un point commun avec ce pouvoir. Il est irresponsable et vous faites l'apologie de l'irresponsabilité. "Mourir pour un coup de crayon..." Si notre Seigneur avait raisonné comme ça! Vous parlez beaucoup de civilisation. Or être civilisé, c'est être responsable.

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  4. Réflexions en vrac:

    1. Mon intuition est que 'le peuple' qui a manifesté dimanche, à l'invitation des autorités, n'était pas 'le peuple' dans sa globalité, mais dans une large proportion 'le peuple de gauche'. Laquelle expression est un oxymoron, parce que 'le peuple', normalement, c'est justement 'le peuple' et pas juste telle ou telle de ses composantes.

    2. Ce que l'on nomme 'le peuple de gauche' est plus habitué à se mobiliser dans ce type de rassemblement. C'est une des raisons qui ont du reste courroucé le gouvernement et les médias lors de #LMPT: De grosses manifs 'de droite', cela leur semblait impensable, incongru, illégitime.

    3. Il y a deux générations, il y avait encore des rites collectifs: que l'on soit pratiquant ou non, chrétien ou non, la grande part des Français étaient encore chez elle (culturellement parlant) dans les églises, qui assuraient les rites. Tel n'est plus le cas, alors il faut inventer de nouveaux rites. Défiler, afficher que #JeSuisCharlie, acheter Charlie Hebdo ("C'est un seul exemplaire par personne, madame!"), voila le rite inventé pour l'occasion.

    4. Dans les manifestations, il y a le chiffre donné par les organisateurs, et celui donné par les autorités. Dans le cas présent, les organisateurs sont les autorités, et réciproquement.

    5. Peu importe ce que disent ou pensent les gens. Ce qu'ils ressentent en profondeur est bien plus marquant. Il est possible que les attaques de janvier 2015 aient brisé quelques réserves intérieures, fracturées quelques coquilles.

    6. L'employeur de Philippe Tesson (87 ans) n'est peut-être pas fâché d'avoir trouvé le prétexte de se débarrasser d'un collaborateur qui s'accrochait.

    [A SUIVRE]

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  5. Moi ça m'a fait plutôt penser à : "ein reich, ein volk, ein führer". Ces gens-là se raccrochent à la moindre brindille pour se sauver du naufrage. Hier soir, sur BFM, le stalinien Askolovitch tentait de nous présenter Hollande comme un nouvel Aladin. A propos de staliniens, avez-vous vu la vidéo de l'hommage funèbre à Charbonnier dit Charb? Dans le genre nostalgique poussiéreux on pouvait difficilement faire mieux. Le problème c'est qu'il va falloir nous tenir en haleine pendant encore deux ans.

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  6. Bouffée funèbre

    La grande alliance Golo-Coco de la libération vient de se reconstituer. A l’injonction du gouvernement MRPS les maires UMP de Reims et PCF (ce sigle existe encore) de Gennevilliers ont procédé à l’enterrement des deux martyrs-héros de l’islam, de nuit et dans la plus grande discrétion (on pense à Mozart).
    Il était bien entendu que les sépultures seraient anonymes et indétectables afin d’éviter que ces 2 communes aient sur leur territoire un marabout, point fixe attractif pour tous les croyants européens.
    Une fois de plus l’honneur des 36.000 maires est sauf.

    Hommes de France, proclamez-le fièrement, le sol sacré de la patrie est accueillant et doux pour ses enfants.

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  7. Ah là cher pater Guillaume

    il me semble que votre lyrisme et vos penchants nationalo-populistes vous entrainent dans l'ornière du déni de réalité . Le déni d'une réalité qui ne vous convient pas .

    La démographie française , formidable , c'est ce qui va nous tuer plus surement que tout les attentats .
    Si on pouvait faire des statistiques ethniques on verrait qu'elles sont les populations qui se reproduisent le plus en France

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  8. La quadrature du cercle et la nécessaire Metanoïa
    Un peu de recul, est ce possible?
    Il n’y a pas un camp du bien ou du mal dans cette épouvantable mélasse, car ce camp du bien et du mal, nous traverse tous , si nous somme honnêtes , mais il y a le camp de ceux qui sont attachés à la paix civile et le camp de ceux qui par nihilisme profond sont attachés à la guerre civile. Bref le camp des constructeurs et le camp des destructeurs. Malheureusement il est toujours plus facile de détruire en un instant ce que d’autre ont mis parfois des générations à construire. L’homme qui commis l’attentat de Sarajevo, parfait symbole des destructeurs, mériterait une statue à ce titre « pour avoir lancé l’explosif qui détruit l’Europe par une terrible guerre civile en 1914
    Le problème aujourd’hui, c’est que si l’émotion légitime après le premier attentat a voulu se manifester, tous ceux qui légitimement attachés à cette paix désavouant e ces destructeurs, ici de fanatiques de l’Islamisme, n’ont pu se lever que dans l’ambigüité. tellement nous avons été prisonniers d’une réaction à chaud exploité par ce régime. Quelque que soit le respect que l’on doit aux victimes de la rue Nicolas Appert notre refus viscéral de rentrer dans ce jeu de guerre civile, il y a eu dans ce journal aussi des destructeurs affirmés, revendiqués. La liberté d e la presse n’abolit pas la liberté de conscience et ne permet pas de sanctifier, de graver dans le marbre toutes les dérisions, sur les religions, la catholique en particulier. Agir ainsi est une guerre contre des consciences blessées, une rupture du pacte implicite de la paix civile, un retour aux guerres de religions, un triomphe du camp des destructeurs. Avoir par un slogan réducteur fait d’eux un symbole de notre attachement à cette légitimité de la paix civile, ne passe pas, ne peut passer, le slogan récupéré par la presse et le pouvoir a été une faute voulue. On aurait pu croire que l’équipe de Charlie hebdo allait un peu réfléchir. Non, surfant sur la vague médiatique et people ils ont avec 5 millions d’exemplaires remis cela, même soft, ce qui est criminel dans les circonstances actuelles pour les des chrétiens en pays d’Islam. 3 morts déjà au Niger dus à ces gamins irresponsable. Ne parlons pas de la totale dérision de son directeur, incapable de ne pas ricaner, de respecter le caractère sacré de la mort à un enterrement/ On ne va pas à un enterrement pour cela, mais pour témoigner avec recueillement de notre vie d'homme, qui est alors transfiguré et non de notre vide. Ici on a atteint le point zéro de la piété C'est un phénomène de dé-civilisation. .

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    1. Sauf que maintenant c'est la course à l'abîme, tout sauf se remettre en question.Cela ne date pas d'hier.Quand les boat people qui affrontaient une mort quasi certaine en Mer de Chine plutôt que rester dans le paradis communiste vietnamien, devant cette évidence les adorateurs parisiens de l'oncle Ho,pour garder le haut de l'affiche, ont versé spectaculairement des larmes de repentance ? non de crocodile.Tous ces " intellectuels " faisaient mine de découvrir la face sombre et réelle du communisme.Ils inventaient l'eau chaude ,les pôvres, depuis 1935 le Pape XI avait publié que le communisme est "intrinsèquement pervers"!Même en 2015 feu le PCF est toujours une référence pour ceux qui ont le droit de s'exprimer sur les médias d'Etat, et les autres.
      Alors quand l'aveuglement est ainsi entretenu,comment pouvez-vous croire qu'à un moment donné un vaste rassemblement puisse représenter autre chose que ce que les " maitres" veulent.Les racines chrétiennes de ce pays imprégnaient encore les esprits dont les derniers furent ces "soldats perdus" qui mettaient le respect à la parole donnée au-dessus de toute ambition personnelle.Tout l'opposé d'une "carrière politique"de Fance républicaine,depuis la 3 ème République et ses magouilles.

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  9. Henri suite
    Il aurait peut être fallu attendre la fin du dénouement de ces horribles journées pour sonner le glas,
    Le deuxième malaise de cette quadrature du cercle, c’est qu’il était difficile, pour ne pas dire impossible de manifester au nom d’un régime qui son ADN est destructeur de la paix civile, dès ses origines, n’oublions les libelles haineux, calomniateurs et scatologiques d’avant 1789, qui ont préparé ce climat, les horreurs de juillet 1789, de celle de l’assaut des Tuileries, de septembre 1792, de la grande terreur, jamais désavouées.
    . Un régime qui a basé sa légitimité sur l’assassinat légal de la famille royale, sans désaveu. L’union sacrée aujourd’hui, non(ou alors avec le seul GIGN). Elle pourrait avoir un sens, mais non avec ceux qui ont aussi délibérément tué le sacré par des lois sociétales de guerre civile de fait, avec provocations policières, mensonges, et polémiques déshonorantes avec médias à la botte, contre ceux qui s’étaient levées, faisant d’une femen , une icône de nos timbres., et qui préparent de nouvelles lois qui nous glacent. Non et non,; D’ailleurs la première union sacrée en 1914 a eu ses ambigüités puisqu’elle a donné un blanc seing à un régime incapable de préparer le pays à une guerre défensive et faire une vraie paix., qui ne soit pas sectaire, alimentant la montée aux extrêmes ». Le résultat fut brillant ! Une autre icône Clémenceau
    Que chacun dimanche dernier en conscience ait voulu manifester sa peine, ou non à la république certes. Pour moi et je n’étais pas le seul, je ne pouvais donner un blanc seing à ceux qui font viscéralement partie du camp des » destructeurs » et à cette réduction idéologique de l’homme. . Eh puis c’est bien la république qui se défait sous nos yeux, qui rend son encre noire, on la le droit de ne pas le voir.
    IA juste titre dans la « France catholique « Gérard Leclerc appelle à une Metanoïa. ; c'est -à-dire une conversion intérieure. Le moins qu’on puisse dire c’est ni le gouvernement ni les partis, ni les médias n’en prennent le chemin. De voir leur complaisance passée aux violences innombrables toujours excusées dans les citées, alimentant cette haine de tous pour tous par leur folle démagogie jusqu’a cette folle dérive dont là aussi, nous en récoltons les fruits empoisonnés. Dans les cités.
    Dans la confusion actuelle, en l’absence de vraie légitimité , d’une main de justice, nous sommes l’otage de cette quadrature du cercle qui nous empêche de nous rallier à ce qui nous détruit, il nous reste plus qu’à témoigner d’être « rouages actifs » et non passifs de notre histoire, pour retrouver le chemin de la paix civile, refusant ces lois sociétales destructrices, celui de la paix et avec les pays Musulmans, refus de la violence islamique importée, qui aussi un peu le miroir de notre secret nihilisme, mais aussi refus d’alimenter « une montée aux extrêmes, »
    Refus donc d’un pouvoir qui à défaut de vraie légitimité, veut éteindre ce qui reste de nos consciences. Luttons ou résistons !

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  10. Nous connaissons notre compatriote Ahmed Merabet autant que si nous avions été de ses proches dès son enfance. Ceux que l’Abbé désigne pudiquement « la classe médiatique » nous ont éclairés.
    Ahmed est ce fonctionnaire de police qui a été assassiné Bd Richard Lenoir. Son assassinat – auquel nous avons assisté en différé – s’est déroulé en deux phases. Il a d’abord été abattu puis dans « un deuxième temps » achevé.

    Ce moment, pendant lequel le destin de Ahmed a basculé, instant d’éternité sur lequel Dieu et Allah sont probablement en désaccord, ce « deuxième temps » nous amène à formuler une question qui m’angoisse personnellement (les grands penseurs officiels autoproclamés ont peut-être déjà donné leur réponse ?).

    J’aimerais vous la poser ; pour prendre connaissance de votre réponse, pour faire partager mon désarroi. Comme elle est probablement p-incorrect, elle va devoir être soigneusement examinée par RF ; pour une fois j’accepte sa décision sans réserve et sans ressentiment.

    La question elle-même se présente sous une forme binaire classique – cf. la grande question vitale posée par Philippe Noiret dans « Coup de torchon » :
    Ahmed a-t-il été achevé parce qu’il était flic ou parce qu’il était Arabe ?

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    1. A mon avis, pour le tueur, c'était un Arabe-flic, dont un traître pour l'Islam.
      Dans le même style de question, pourquoi la dessinatrice Coco n'a-t-elle pas été dezinguée comme les autres ?

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  11. Je suis Bouffée

    Il a 86 ans et se porte comme un chêne. Le secret de sa longévité tient toute dans cet exercice qu’il s’impose quotidiennement, après le diner, d’aller faire un somme (profond) dans un théâtre parisien où, en vérité, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire étant donné la nullité des textes, l’extravagance des mises en scène, les costumes comparables à ceux que l’on voit dans une rame de métro et le marmonnement des acteurs qui n’ont jamais appris à prononcer de manière audible.
    Depuis plus d’un demi-siècle ce sympathique personnage nous a vendu le p.correct sous toutes ses formes. On l’a lu, vu, entendu à satiété. C’était un professionnel : il allait toucher ses émoluments à la fin du mois, il n’avait pas le choix. On ne lui en veut pas.
    Mais voici qu’en fin de parcours, en quelque sorte retraité, libéré des contraintes alimentaires, il s’avise de parler libre, de racler la langue de bois jusqu’au cœur et de proférer une évidence première. Condamné sur le champ.
    Va-t-il par cet ultime acte « héroïque » se dédouaner de toute une carrière, retrouver son honneur.
    La réponse est non.


    La nouvelle salle de musique vient d’ouvrir (pas loin de 400 M pour ceux des Parisiens qui payent des impôts). L’intérieur superbe, la philharmonie de Berlin en mieux, une acoustique inégalée, paraît-il.
    Mais il y a l’extérieur. Les mots ne viennent pas pour exprimer l’horreur ressentie. Qui a dit que l’architecture reflétait l’âme d’un peuple, d’une civilisation ?
    Sous Mitran les amateurs d’opéra durent aller à la Bastille dans un bâtiment type centrale nucléaire. Sous son successeur les auditeurs de concert devront aller encore plus loin à l’est dans quelque chose pour l’instant innommable.
    Un officiel de la mairie, de la région, de la culture, présentait la chose. Campée au bord du périf, comme un beffroi vu de tout le 9-3, elle sera un attracteur universel qui amènera les populations déshéritées à cet art le plus subtil et ineffable qui soit, la musique.


    Houellebecq, je ne l’ai pas lu. La vie est trop courte. Je l’ai écouté à la télé l’autre jour. Propre sur lui, on n’allait pas se plaindre. A fait des remarques intelligentes, notamment qu’on n’a jamais vu un roman changer la face du monde.
    Son roman donc. D’après ce qu’on en dit, me paraît plutôt une fable. Or il faut se méfier des fabulistes. De tous ceux qui imaginent des mondes autres, des mondes fous : Moore, Rabelais, Fourier, Wells, Orwell, même Voltaire avec son Candide. Car l’imagination des tyrans réels est toujours plus dévastatrice ; ils prennent appui sur ces œuvres de fiction pour construire des réalités terrifiantes inimaginables.
    Finalement Houellebecq – que je ne lirai pas – est un gentil garçon.


    A propos d’Orwell, une nouvelle étonnante qui va le faire remuer dans sa tombe. L’ENA, cette école de cancres suffisants, vient de le choisir comme parrain de la nouvelle promotion.
    Aucun commentaire. Contentons-nous de rigoler sur la cocasserie des temps sans dents.

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    1. Rectificatif

      J’ai fauté. Me trouvant hier à la librairie du Bon Marché je me suis laissé aller à me saisir d’un exemplaire de « Soumission » qui traînait sur un étalage. Trop faible pour résister, après m’être installé sur un canapé, j’en ai lu une quarantaine de pages puis l’ai remis dans la pile avec soin.

      C’est pire, bien pire que ce que j’imaginais. Tout penaud, je suis donc amené à modifier mon jugement sur l’auteur : c’est un enfant.

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    2. Rectificatif

      Je me suis parjuré. Le hasard a voulu que je tombe sur un exemplaire de "Soumission". Je n’ai pu résister. J’en ai lu une quarantaine de pages.
      C’est pire, bien pire que ce que j’imaginais. Tout penaud, je suis donc amené à modifier mon jugement sur l’auteur : c’est un enfant.

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  12. Vous avez raison MAG2T, tous ces derniers attentats sont certainement liés, politiquement, j’entends… Par contre, vous avez tort si vous croyez que la démographie française est positive. Les françaises « de souche » ne font pas plus d’enfants que leurs consœurs européennes : 1,7 ou 1,8 enfants par couple, le reste est issu de l’immigration. Non, depuis Waterloo (dirait Zemmour) la démographie française ne remonte guère ! Un peuple qui ne se reconnaît pas dans son destin ne se reproduit plus.
    Ce qui me frappe ce sont ces vagues de manifestations qui ressemblent à des troupes se préparant pour un affrontement. Les tensions montent car la fracture entre ce monde gauchiste 68ard libéral-libertaire qui ne veut pas mourir (mauvais jeu de mot !) et le réveil national et identitaire qui pointe à l’horizon, se fait de plus en plus sentir. Cette manifestation est une fausse alliance. Celle-ci n’existe pas. Elle n’avait que l’émotion en commun. Rien de plus facile que de manier l’émotion des foules et rien de plus commun que de la manipuler (médias, gouvernement etc.). Le réveil va être brutal !

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    1. Benoîte, vous écrivez: +Les françaises «de souche» ne font pas plus d’enfants que leurs consœurs européennes: 1,7 ou 1,8 enfants par couple, le reste est issu de l’immigration.+

      Que les françaises de souche soient à 1.8 enfants, c'est bien possible. Que les 'consœurs européennes' soient à ce taux, c'est bien improbable. En effet, dans les autres pays aussi, les chiffres sont tirés vers le haut par l’immigration. Prenez l'Allemagne: ils sont entre 1.3 et 1.4 enfants par femme mais si l'on ne comptait que les femmes allemandes de souche, on serait bien plus bas. idem pour le RU, la Belgique, ou l'Italie.

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  13. Nous sommes un peuple....
    Je préfère écouter louis XIV lorsqu'il affirmait : mes peuples...
    Un certain 21 Janvier, une partie de ce peuple n'avait pas du tout scandé : Nous sommes Louis XVI ..

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  14. Envisagerait-on d'avoir (d'accueillir) des enfants pour la nation, pour un concept ? On comprend mieux les chiffres... La France abandonne ses enfants.

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  15. à Henri 19 janvier 2015 11:05

    La liberté de la presse n'a rien à voir avec la liberté de conscience. La liberté de la presse est une forme codifiée de la liberté d'expression à l'usage des médias. La liberté de conscience est une liberté collective qui me permet de vivre publiquement selon le système de valeurs, l'éthique personnelle, la religion que j'ai choisi consciemment en faisant usage de ma liberté. Si ma liberté de conscience me permet éventuellement, si c'est mon choix en terme de système de valeurs, de pratiquer la dérision, le sarcasme ou l'insulte à l'égard des croyances, respectables au nom de la dignité personnelle de ceux qui sont animés par une foi, et que ces pratiques entraînent des dommages, peut-être mortels pour d'autres hommes, il me semble que c'est ma responsabilité qui est engagée.

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    1. Je n'ai jamais dit que a liberté de conscience s'identifiait avec la liberté de la presse ou que la liberté de la presse devait être irresponsable. ou un absolu.

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    2. Dans votre billet, vous dites : "La liberté d e la presse n’abolit pas la liberté de conscience et ne permet pas de sanctifier, de graver dans le marbre toutes les dérisions...".

      Le sens de mon intervention est seulement de faire observer que ce n'est pas ma liberté de conscience qui va m'empêcher de pratiquer l'insulte, mais mon sens de la responsabilité.

      Si je vous ai mal compris, excusez-moi.

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  16. Ce blog est divisé. Charlistes, anticharlistes. Désolant.
    Mais les événements survenus ces derniers jours dans divers pays étrangers nous font espérer une heureuse réconciliation.
    L’affaire a été annoncée par Mr Christophe Barbier qui est présentement ce que Mr Alain Duhamel était dans les années 70 et 80.
    Notre Barbier de Paris a fait savoir à tous les Bartolo de France qu’une rédaction ayant été malmenée de la pire des façons il convenait qu’elle se rebiffât sans délai.
    Celle de Charlie Hebdo s’exécuta promptement et tira à 5 M d’exemplaires des caricatures de celui qui est grand et de son prophète.
    Les réactions ne se firent pas attendre. Quelle leçon ! Tout le passif millénaire asséné d’un seul coup. L’ennemi - on ne le choisit pas – s’est découvert. Les Français savent, le pays va se mobiliser ! Unité nationale, grâce à qui ?
    Merci Barbier. Merci Charlie.

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  17. 1. Si Houellebecq est un "gentil garçon", Zemmour n'est qu'un petit garçon. Cette remarque n'a qu'une importance et une intention polémique un peu facile.

    2. Je crois avoir tapé dans le mil en parlant de responsabilité et de civilisation. Je ne connaissais pas l'existence du bandeau où "Charlie" s'annonce comme un "journal irresponsable". Mais encore l'irresponsabilité de civilisation est-elle une autre de ces idées chrétiennes devenues folles. Je m'explique: tout chrétien confesse que son Seigneur est mort pour répondre de lui. S'il est conséquent, il manifestera sa reconnaissance à son Sauveur en voulant répondre de ses actes. Si c'est un quiétiste inconséquent sans l'ascétisme de Madame Guyon, il déclarera en passant par-dessus l'épître de Saint-Jacques que les œuvres ne comptent pas si l'on est justifié par la foi. Cette tension existe au sein du catholicisme, le protestantisme n'en a pas le monopole. Il en résulte que la responsabilité est une matière à option dans la civilisation chrétienne. Et qu'un chrétien aura naturellement tendance, soit à défendre des irresponsables comme les journalistes de "Charlie hebdo", soit à participer en toute bonne conscience à un déséquilibre mondial en appuyant le dominant hégémonique du moment qu'il est compatible au moins en paroles avec ses valeurs qui sont le contraire de l'identité, je répète cete nouvelle antienne à laquelle je tiens. Donc l'irresponsabilité est la force exploratoire et aventurière de la civilisation chrétienne, mais elle en est aussi la faiblesse morale.

    3. Henri, J'espère de toute la bonne volonté qui est en moi être un combattant de la paix civile. Mais je crains que celle-ci se soit mise dans un mauvais pas, confronté au dilemme suivant (ceci soit dit en ayant conscience que les dilemmes sont toujours simplificateurs: ou bien on sauve quelques années de paix civile avec un pouvoir, la [ou cette] République, chose de son oligarchie, qui fait la guerre mondiale à tout ce qui ne lui ressemble pas; ou bien on donne quittus aux nationaliste contre qui le peuple auquel ils ne s'agglomère pas, la "foule" innombrable... des manifestants pro Charlie, fera la guerre civile. En mobilisant à l'avant-garde et par démagogie de fausse bienveillance les immigrés auxquels elle fait la guerre mondiale en feignant de les accueillir à condition qu'ils s'assimilent à leur "standard" humain. Comment sortir de là ? Les questionneurs ne font pas toujours les bons répondeurs.

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    1. Oui, Julien, Comment sortir de là: C'est très simple en refusant la fuite en avant des uns set des autres et en revenant à un pouvoir légitime, c'est à dire accepté et donc conforme à sa vocation de médiation. Ce n'est pas le cas actuellement et de très loin, ni pour le pouvoir en place, ni pour ses valeurs, son régime auquel il se cramponne pathétiquement, tournant à vide. La guerre civile nait et se nourrit du refus idéologique --aujourd’hui venant essentiellement d’un camp, pas celui que dénoncez en premier- de se rallier à une légitimité. Rappelez-vous 1589, la mort du Roi Henri III assassiné, et l’entrevue secrète d’Henri III et du futur Henri IV sous l’égide de Montaigne. et du le rôle du parti des » Politiques ». Il faut une Metanoïa.

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  18. Je ne suis pas Julien Machin

    Que Houellebecq soit un gentil garçon - ou un enfant - en inférer que Zemmour ne soit qu’un petit garçon, ou n’importe quoi d’autre, me paraît extrêmement réducteur.
    Ce serait reprendre la méthode houellebecquienne. Affirmer, par exemple, que l’islam est la religion la plus con sans présenter le moindre élément de démonstration.
    Quant à Zemmour je n’en ai pas parlé dans mon dernier lâcher de bouffées car j’avais senti, par prémonition, que vous alliez l’assassiner rapido presto.

    Rectificatif des rectificatifs

    Non seulement j’ai fauté et me suis parjuré – ce qui n’est pas grand chose aujourd’hui – mais j’ai menti pour cacher une réalité proprement honteuse. J’ai trouvé l’exemplaire que j’ai parcouru dans la table de nuit de mon petit fils dont j’ai la garde pendant l’année scolaire. J’ai réalisé sur le champ pourquoi ce malheureux enfant avait, depuis quelques jours un teint de papier mâché, des yeux dans le vague aussi larges que des soucoupes et une ouïe déficiente.

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