jeudi 19 février 2015

La solution vient d'Egypte


« Le nom de Jésus est le dernier mot qui a effleuré leurs lèvres. Comme dans la passion des premiers martyrs, ils s’en sont remis à Celui qui peu après, les aura accueillis. Et ainsi, ils ont célébré leur victoire, la victoire qu’aucun bourreau ne pourra leur enlever. Ce nom susurré au dernier instant a été comme le sceau de leur martyre ». Ainsi s’exprime l’évêque de Gizeh Mgr Mina, à propos des 21 martyrs coptes libyens. Nous sommes dans la primitive Eglise, l’Eglise des martyrs. La photo des vingt et un martyrs coptes circule sur la toile. Il faut, sans crainte, regarder leurs visages. Ils sont habités, non pas détruits, non pas hagards, mais… Oui : heureux, dans la noblesse de leur attitude. 

Cette fois je crois que « Daech », l’Etat islamique a fait un mauvais calcul. Il croyait terroriser les chrétiens égyptiens et les faire partir, comme ils ont réussi à le faire ailleurs au Proche Orient. C’était le programme non-déguisé, de l’ancien président Mohamed Morsi et de ses Frères musulmans, au pouvoir en Egypte jusqu’en juillet 2013. Aujourd’hui, avec ce nouveau Nasser qu’est le Maréchal Sissi, un musulman authentiquement pieux mais non intégriste, la nouvelle de ce martyre ne sera pas reçu dans la terreur par la communauté chrétienne. C’est une victoire pour les chrétiens et, annonce Sissi, nous allons construire une église en l’honneur des « martyrs en Libye » dans la ville de Minya dont ils sont originaires. Il faut noter qu’à Minya en Moyenne Egypte, (où la population est chrétienne à 35 %) trois églises ont été incendiés par un commando de 200 islamistes le 16 août 2013, pour venger la chute du président Morsi. Cette construction nouvelle est donc un symbole de la liberté religieuse. Sissi se fait l’émule du président Nasser, qui avait fait construire de ses deniers dans le centre du Caire, la cathédrale Saint-Marc, en remerciement au pape des coptes, à l’époque, Cyrille VI, dont l’intercession, disait Nasser, avait guéri son fils. Miracle ou pas, Sissi marche sur les traces de Nasser avec un courage émouvant.

Qui est ce président égyptien ? En quelques mois, il a su conquérir non seulement le cœur des Egyptiens (fanatiques mis à part) mais la communauté internationale. Il s’est dévoilé, le 28 décembre dernier, en allant à la célèbre mosquée Al Azhar, symbole de l’islam enseignant dans le monde entier. Il y a déclaré : « Le problème n’a jamais été notre foi (Din). Il est peut-être lié à l’idéologie (fiq), une idéologie que nous sanctifions ». Fiq (le mot employé par Sissi) c’est le système juridique et politique de l’islam, celui que depuis des siècles les légistes affûtent et précisent sans cesse, celui au nom duquel sont produites les fatwas. Din, c’est le jugement d’Allah, la religion dans sa dimension la plus intérieure et personnelle. La distinction qu’opère Sissi entre fiq et dîn, exigeant une réforme du système idéologique islamique, est d’une importance capitale. Il met en cause rien moins que « l’ensemble des textes que nous avons sanctifiés depuis des siècles », « au point que les contester est aujourd’hui difficile » reconnaît-il. Mais, « on en est arrivé au point que cette idéologie est devenue hostile au monde entier. Peut-on imaginer qu’ 1, 6 milliard de musulmans tuent une population mondiale de 7 milliards pour pouvoir vivre [entre eux] ? C’est impensable ». Dans ce contexte, sa conclusion est forte : « Je le répète : Nous devons révolutionner notre religion. Honorable imam (le grand cheikh d’Al-Azhar), vous êtes responsable devant Allah. Le monde entier est suspendu à vos lèvres, car la nation islamique entière est déchirée, détruite, et court à sa perte. Nous sommes ceux qui la menons à sa perte ».

Dans un tel contexte, on comprend que la présence du président Sissi dans une église copte pour la Noël chrétienne le 7 janvier ne doit rien au hasard. Déjà à l’époque, son choix avait été symbolique : non pas la cathédrale Saint Marc, non ! Pour fêter Noël ce Président musulman avait voulu choisir une église encore debout, dans le gouvernorat de Minya, là même où les islamistes avaient sévi en août 2013, là où il a décidé aujourd’hui de construire une église nouvelle à la gloire des martyrs libyens.

8 commentaires:

  1. Cela ne va pas arranger du tout la politique internationale des États-Unis et celle de leurs suiveurs Européens. Il faut donc prier pour ce président Sissi qui ne va pas avoir que l’État Islamique comme ennemi. Et prier pour qu’il continue son chemin très courageux.

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  2. Hélas, les médias français sont loin de partager votre opinion sur le Président Egyptien.C'est qu'elles sont très formalistes ces belles consciences. Un tyran doit être renversé démocratiquement ,Attendre qu'il remette son mandat aux électeurs .
    Ah les braves gens qui nous informent , des purs ! Ils ne craignent qu'une seule chose , , de perdre leur place.

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  3. Que Dieu protège le président Al Sissi !

    Voilà enfin un homme de paix qui cherche à résoudre les problèmes.
    Cette paix sera tôt ou tard menacée par les islamistes salafistes alors il faut que les Chrétiens prient pour ce président.

    Si l'Egypte se stabilise; c'est bon pour cette région à la croisée de l'Afrique et du proche-Orient.

    Pour que Al Sissi réussisse à tenir, il lui faudra vite des alliés.
    La France sera-t-elle loyale ? Elle qui va encaisser le gros chèque de la vente de mirages Rafales ?

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  4. ces martyrs coptes n'ont pas été "décapités", ils ont été égorgés. et Daesh est un mot inventé par les médias français pour ne pas dire "état islamique", ainsi qu'il se désigne lui-même.

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  5. Le regard de ce copte sur la photo est particulièrement touchant. Paix à leurs âmes. Le moins que l'on puisse dire est que le président Sissi est en effet courageux. Prions pour lui. Isabelle

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  6. Nous avons besoin de prier beaucoup, pour que de choses comme cela ( ces morts cruelles et injustes) ne se reproduisent plus.

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  7. la solution vient d'Egypte en effet : http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2015/02/25/toute-cette-barbarie-est-sacree-5566806.html

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  8. La solution vient-elle d'Egypte? Vient-elle de l'auteur d'un coup d'etat militaire qui s'es maintenu au pouvoir et dont la référence est moins Nasser que Sadate (on dit que le général - pas encore promus maréchal- a décidé d'en découdre avec le Président Morsi après avoir été invité par celui-ci à un dîner où était présent et traité avec honneur l'assassin de Sadate)?

    Quelle est l'autorité du Président Sissi sur l'université Al-Azar? Quelle est son autorité en matière islamique?

    Le Président Sissi a-t-il vraiment conquis le cœur des egyptiens?

    Si le Président Sissi n'est supérieur à son prédécesseur que du fait qu'il protège les coptes (l'épouse du Président Moubarak était elle-même copte), ne risque-t-on pas, en lui décernant un blanc-seing de ce seul fait, de juger de la politique en fonction du respect affiché par ceux qui détiennent l'autorité pour les chrétiens? Ce serait donner un fondement communautariste à nos préférences en matière de politique internationale.

    La politique doit-elle seulement lutter contre la persécution? Ce serait entretenir aussi bien le complexe de persécution que la volonté persécutrice. La politique est jugée à l'aulne de la persécution depuis la Libération. Cette focalisation déraisonnable sur la persécution est un fruit gâté du judéo-christianisme, du judaïsme parce qu'il a une fascination-répulsion pour l'extermination, depuis l'injonction d'exterminer tous les amaléscites jusqu'à la solution finale par antithèse ou en retour; du christianisme parce qu'il entretient le complexe de persécution jusqu'à s'enorgueillir que "le sang des martyrs est semence de chrétiens", en quoi la religion de la sortie du sacrifice par le martyre de Dieu perpétue la logique sacrificielle.

    Enfin, le Président Morsi et les frères musulmans désiraient-ils le massacre des coptes? On en a massacré en représailles de leur destitution, on en a massacré aussi sous Morsi, mais c'était la même chose du temps de Moubarak qui fermait les yeux quand les villages occis n'avaient pas assez d'appui pour que l'indignation de leur persécution remonte jusqu'à lui.

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