vendredi 3 juillet 2015

A propos du modernisme

C'est une obsession direz-vous... Sont-ce les livres que j'ai apportés ici en Bretagne ? La logique des textes que je m'essaie à corriger ? Je suis retombé dans le modernisme (eh oui !) parce que cette hérésie, condamnée par le pape saint Pie X en 1907, est vraiment passionnante. Je l'ai retrouvé dans un livre posthume d'Emile Poulat, qui, étant son premier écrit pro manuscripto, constitue, augmenté d'une préface d'un entretien et de son testament spirituel, le dernier numéro de sa très abondante bibliographie, Le désir de voir Dieu (éd. DDB). C'est en soi un symbole extraordinaire que le livre qui ouvre et qui ferme l'oeuvre du plus grand spécialiste de l'histoire religieuse du XXème siècle porte sur cette question théologique du désir de Dieu que d'aucuns ont prétendue obscure.

La démarche de Poulat, autant que je puisse en juger par un survol rapide, n'est pas une démarche partisane, comme on en a vu beaucoup sur ce sujet : "pour" le désir naturel de voir Dieu, et "contre" ceux qui sont contre. En historien des doctrines, Emile Poulat tente d'évaluer les raisons des uns et des autres et conclut à la nécessité d'une ontologie renouvelée et d'un thomisme vraiment existentiel et débarrassé des miasmes du rationalisme suarézien. Je pense évidemment à mon Cajétan, en raison de son leitmotiv : Existentia substantiae inquantum substantia est substantia. L'existence de la substance en tant que substance, voilà la substance. Avec le recul, ce leitmotiv contribuerait plutôt à faire de Cajétan un penseur absolument moderne. Pas besoin de Jean-Paul Sartre pour comprendre que l'existence de la substance est la substance ! La pensée chrétienne avait déjà enseigné cela depuis longtemps.

Et le désir de Dieu dans tout ça, direz vous ? Si chaque être se conçoit avant tout comme un existant, alors il faut dire que son désir de Dieu est fonction de l'existence qu'il mène, de la culture qu'il développe et non d'une nature humaine qu'il est bien difficile de définir... Tout simplement. Le désir de Dieu est fonction de la connaissance - à la fois innée et acquise - que l'on a de Dieu. Et cette connaissance nous est donnée selon l'existence que l'on se choisit, au plus intime de sa conscience. La théologie ici rejoint la philosophie, lorsque finalement le comble de l'existentialisme, le moment où chacun pourra dire : "Je suis ce que je fais" ou "Je suis ce que j'ai fait", c'est le jugement dernier.... Dieu - Acte pur - est le premier des existentialistes ! "Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur".

Parenthèse renvoyant au dernier message : on retrouve aussi dans ce discours (qui s'en étonnera ?) le pape François et son écologie intégrale, avec cette idée simple que les Verts ne comprennent pas, parce que c'est une idée conservatrice et parce que les conservateurs sont sans doute, en définitive, les seuls écolos conséquents : la qualité de la vie, mais c'est la vie...

A travers Emile Poulat, je suis retombé sur le modernisme. Jetant un oeil sur le long entretien qu'il mène, dans Le désir de Dieu, avec Yvon Tranvouez, je découvre cette phrase que je cite de mémoire : "On ne dépasse le modernisme qu'en le traversant comme un feu". Cela m'a replongé dans ma dernière rencontre avec Emile Poulat : je n'étais pas du tout content de l'entretien que j'avais eu avec lui au cours duquel il me disait que tous les intellectuels chrétiens sont forcément modernistes. Je crois que cette phrase donne la clé de sa provocation d'alors... Le modernisme ? C'est l'esprit de l'époque. Peut-on y échapper ? Je dirais que l'on ne peut devenir vraiment chrétien, de tout son esprit, qu'en ayant conjuré le modernisme...

Ceux qui pensent que le modernisme, il vaut mieux ne pas y toucher... ils risquent, justement parce qu'ils ne cherchent pas à comprendre ce poison, de l'absorber sans s'en rendre compte. Un certain traditionalisme autoritaire et fidéiste est beaucoup plus moderniste qu'il ne le croit lui-même. Le modernisme ? Il faut en être revenus pour y échapper. Il faut l'identifier pour ne pas y tomber... inconsciemment.

10 commentaires:

  1. "Le modernisme ? C'est l'esprit de l'époque. Peut-on y échapper ? Je dirais que l'on ne peut devenir vraiment chrétien, de tout son esprit, qu'en ayant conjuré le modernisme..."
    Je retiendrai ce passage très clair.

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  2. Toujours les mêmes discussions, sur le modernisme ou le traditionalisme...
    Personne ne voit pas que ce qui Dieu verra, sera le coeur de l ´homme, ses actions pour le bien ou pour le mal . Traditionalisme ou modernisme- peu importe.
    Dieu nous verra comme nous sommes nous-mêmes, notre intérieur, nos pensées, nos actions. Voilà ce qui est vraiment important...

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    1. Bien dit!!Je pense St François d'Assise aurait écrit une chose similaire,marre des joutes intello-theolo-politico qui font FUIR tant de gens qui pourraient se convertir...: vive le coeur!

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  3. "Le modernisme, peut-on y échapper? Peut-on échapper à l'esprit de son époque?"

    Encore faudrait-il que "l'hérésie de l'informe" (comme certains l'ont appelée) soit mieux formalisée. On n'a jamais vu dans l'Eglise qu'un "esprit" soit une hérésie. L'encyclique "Pascendi" n'a pas opéré cette formalisation, elle a décrit des tendances de la pensée moderne, et elle est intéressante pour comprendre l'évolution du sens religieux de notre époque. Elle est intéressante pour l'histoire des mentalités.

    que, par modernisme, on veuille désigner le subjectivisme o l'immanentisme; qu'on veuille dénoncer la liberté avec laquelle l'enfant de Dieu croit pouvoir participer individuellement au dynamisme créateur de son divin Père, qu'on veuille fustiger la manie égotiste de rapporter le monde à soi, de le décrire en faisant la part de la raison sensationnelle; que l'on critique l'excès de confiance que l'on fait à notre situation, notre intention, nos émotions et nos impressions, pourquoi pas? Cette critique n'est pas la mienne, mais elle est intellectuellement rigoureuse. Or pourquoi appeler cela "modernisme" en laissant planer le doute s'il s'agit d'une pensée tendancielle inclinée vers soi, ou d'une pensée temporelle: chacun croit vivre avec son temps et "dans une époque moderne", comme le disait Philippe Meyer. Chacun veut être, parfois par mimétisme, le contemporain de l'"époque moderne" dans laquelle il a vu le jour. Donc, pourquoi, après avoir formalisé l'"hérésie de l'informe" de façon qu'elle ne soit pas un pur esprit, ne pas démarquer le mot qui la désigne d'une équivoque temporelle?

    on critique les "valeurs floues" de la République avec des oukazes floues, en étant "antimoderne", antimoderniste ou contre le "politiquement correct". La république laïque française veut imposer au monde entier des "valeurs molles et floues" (Vincent Hervouët) auxquelles on s'oppose en refusant de céder au "politiquement correct", comme s'il était retenu que l'on ne devait pas penser droitement, régulièrement, correctement, en matière politique.

    Pourquoi ne se décide-t-on pas à refuser "la litote en politique" aulieu de s'opposer au "politiquement corect", comme il faudrait désigner "le modernisme" d'un nom qui renvoie à une tendance philosophique ou une tendance de l'esprit, en prouvant que cette tendance de l'esprit est intrinsèquement hérésiarque.

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  4. N'y aurait-il pas une volonté d'efficacité dans le modernisme ?
    Il parait qu'à la fin du XIX ème siècle les catholiques français furent impressionnés par l'apparence de cardinaux américains venus leur rendre visite . Débarrassés en quelque sorte d'un certain protocole de présentation qui rendit celui existant, "vieillot", à beaucoup des fidèles et des membres du clergé.
    L'Eglise catholique à l'époque restait les yeux fixés sur l'avant-révolution. Elle considérait comme une trahison d'accepter un autre régime que la monarchie , c'est pour cela que le Pape Léon XIII a secoué beaucoup de monde même s'il a clarifié la situation .
    Une césure s'est créee entre le sillon et les tenants de l'ancienne vision qui sera l'action française .En 1942 à Colombes , un groupe de prêtres désespérés de " pêcher les âmes à la ligne" voulurent ramener ces mêmes âmes à plein filets , considérant par ailleurs que l'assemblée actuelle des fidèles dans les églises étaient un obstacle au véritable apostolat .
    Ils créèrent les prêtres ouvriers et tout ce qui en découla de critiques et de résultats mitigés .Peut-on considérer Vatican II comme le dernier ( ?) avatar du modernisme avec le résultat contraire au but recherché ?
    Le modernisme c'est l'enfer des bonnes intentions .
    Que les chrétiens orthodoxes ont de la chance de maintenir leur liturgie loin des lubies du changement .

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  5. Notre abbé est parti confesser Bécassine. Son esprit est libre. Du coup il nous donne un texte magnifique. Court et pourtant si plein.

    Le désir de Dieu est fonction de la connaissance, innée, acquise. Donc pas de modernisme. Jamais.

    L’homme « est » désir de Dieu.

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  6. Bonjour,

    Tout d'abord, merci infiniment pour cette excellente vidéo :

    https://www.youtube.com/watch?v=hYCYQa862mo

    Quelques aspects, qui n'apprendront presque rien à personne :

    1. A l'origine du modernisme, il me semble qu'il y a eu la prise de conscience d'un certain retard, cognitif et culturel, de l'Eglise catholique, vis-à-vis de certaines sciences humaines, et la volonté de rattraper ce retard, mais qu'il y a eu aussi

    - un complexe d'infériorité intellectuelle vis-à-vis de la philosophie allemande et de la théologie protestante,

    - un complexe de supériorité intellectuelle à l'égard de la théologie antérieure, "suarézienne", et à l'égard des papes, des évêques, des prêtres, des fidèles,

    - une volonté de faire faire des progrès au christianisme malgré lui, malgré ce que l'on trouve dans l'Ecriture, dans la Tradition, dans le Magistère, ou de transformer la religion du salut en une religion du bonheur ou en une religion du progrès, compatible avec la conception dominante des aspirations de l'individu et de de l'évolution de l'humanité.

    2. Je distingue fréquemment, à tort ou à raison, entre primo-modernisme (1893-1914), néo-modernisme (des années 1930 aux années 1960) et post-modernisme (des années 1970 à aujourd'hui), en pensant notamment à la coupure ou à la distance "épistémologique" qui existe, par exemple,

    - entre un Congar et un de Lubac, hier,

    - et un Geffré ou un Moingt, aujourd'hui.

    3. En ce qui concerne la situation actuelle, je crois pouvoir dire ceci : en théologie fondamentale, dans certains cas,

    - nous avons encore affaire, en théorie, à des théologiens de formation et de profession,

    mais

    - nous n'avons plus affaire, dans la pratique, qu'à des herméneutes, c'est-à-dire à des explicitateurs de l'actualisation d'un certain type de configuration et d'interprétation du christianisme, en fonction, et, si j'ose dire, en vertu, d'une perception restrictive et sélective des signes des temps, et d'une adhésion globale à la ligne (axiologique) du temps.

    4. Je vous renvoie par exemple à ceci :

    https://www.cairn.info/revue-recherches-de-science-religieuse-2008-4-page-567.htm

    Cette phrase, qui figure dans le même texte, ne manque pas de mettre en alerte :

    " Cette manière de poser, comme par principe, une sorte de « connaturalité » entre l’essence de la foi et les modes d’être et d’agir qui caractérisent la modernité socio-politique peut légitimement étonner. Je note d’emblée que cette convergence possible constitue une présupposition sans laquelle l’entreprise proposée serait d’emblée vouée à l’échec."

    5. Le devoir m'appelle, et je commence donc à terminer ce message, en pensant au lien entre ce qu'est devenu le (post)modernisme et ce qu'est devenu le consensualisme fraternitaire qui tient lieu, chez et pour certains, de christianisme catholique, car enfin soyons clair, ce qui importe ici, ce n'est pas tant le résultat obtenu, sur le plan intellectuel, que l'effet produit, sur le plan relationnel, en l'occurrence, par le (post)modernisme.

    6. Je termine ce message sur une dernière remarque : il y a un lien

    - entre la non résistance au (post)modernisme, expert en ouverture sur la déconstruction et en ouverture sur l'altérité,

    - et la non résistance à la transformation de l'Eglise catholique en une gigantesque Eglise de Laodicée ;

    je le formule de cette manière pour ceux qui comprennent l'allusion au début du livre de l'Apocalypse selon Saint Jean, mais pour les autres aussi, bien sûr...

    Bonne journée et excellente continuation.

    ...

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  7. Bonjour,

    1. Il y a aujourd'hui des tendances,

    - plus herméneutiques que théologiques, d'autant plus qu'elles sont carrément d'inspiration anthropocentrique et d'orientation évolutionniste,

    - plus consensuelles que pastorales, car une vraie pastorale peut porter sur des aspects et des enjeux dissensuels, et être néanmoins pleinement évangélique.

    2. D'aucuns croient que l'Eglise et le monde souffrent avant tout, voire seulement, d'un manque de solidarité, dans l'ordre de l'agir de l'homme dans le monde, alors que je suis de ceux qui savent que l'Eglise et le monde souffrent avant tout, mais pas seulement, d'un excès de relativisme, dans l'ordre du croire de l'homme en Dieu.

    3. Cette croyance, gaudium-et-spiste, selon laquelle la réponse au manque de solidarité est bien plus importante, plus légitime, que la réponse à l'excès de relativisme, a plutôt tendance à ne pas opposer grand chose

    - au déferlement du relativisme et du subjectivisme, en religion et en morale,

    - à la théologie partisane et promotrice du pluralisme moral et religieux, qui attribue à la diversité, à la pluralité, des croyances religieuses et des pratiques morales, une inspiration ou une orientation "évangélique",

    a) même quand ces croyances sont aux antipodes de la Foi catholique,

    et

    b) même quand ces pratiques sont en contradiction avec la loi naturelle.

    4. C'est cela, aujourd'hui, la tournure mentale axiologiquement et chronologiquement post-moderne, toujours bien plus hospitalière qu'immunisante, si l'on veut bien se souvenir du fait qu'une bonne théologie doit être à la fois bienveillante ET vigilante.

    5. C'est cela qui contribue le plus, aujourd'hui, à un mémoricide et à un pneumaticide :

    - une perte de mémoire, sur ce que sont vraiment les trois vertus théologales, chacune de ces trois vertus portant en elle le Logos divin, de l'ethos humain, mais aussi du topos ET du nomos, donc une part de théonomie, dotée d'une identité et d'une intégrité remarquables et spécifiques, et qui comporte réellement une différence de nature, et non seulement une différence de degré, avec telle autre "foi", "espérance", ou "charité",

    - une mise à mort du caractère contra-positionnel de l'Esprit de Dieu, alors que l'esprit du monde, qui se manifeste de bien des manières

    a) religions séculières, volontés de puissance, apostasie, athéisme, idolâtrie, incroyance,

    b) religions et traditions non chrétiennes, en ce qu'elles sont "parfois" des idéo(théo)lâtries, qui doivent "parfois" bien plus à l'imagination humaine qu'à l'inspiration divine,

    n'est pas apposé à l'Esprit de Dieu, mais est opposé à Lui, et n'est pas un instrument de l'Esprit de Dieu, mais est un obstacle, contre Lui.

    6. Face à cette recrudescence, de deux choses l'une :

    - ou l'Eglise catholique renoue avec une exigence d'aléthéiologie et de théologalité contra-positionnelles, libératrices et responsabilisantes, face au monde contemporain,

    - ou l'Eglise catholique se laisse faire, donne raison à presque tout le monde et tort à presque personne, à grands coups d'incantations plus consensuelles et sociétales que courageuses et théologales.

    7. Quand je parle d'aléthéiologie, je parle d'une aptitude et d'une aspiration à expliciter la religion chrétienne en tant que la seule vraie en plénitude, et à expliciter ce qui éloigne d'elle ou ce qui oppose à elle, y compris dans l'ordre du croire non chrétien, avant tout en tant qu'erroné, et non avant avant tout en tant qu'injuste.

    8. Et quand je parle de théologalité, je parle de la nécessité de se remettre à parler davantage de la Foi, de l'Espérance, de la Charité, surnaturelles, théologales, et de se mettre à parler "un peu" moins de la dignité, de la liberté, de la solidarité, du croire-ensemble et du vivre-ensemble.

    ...

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  8. Bonjour,

    Certains disent : "Peu importe les oppositions entre intégrisme et modernisme, ce qui compte c'est l'authenticité individuelle du croyant chrétien, la qualité de la relation morale et spirituelle avec Dieu et avec les autres hommes, c'est là dessus que nous faisons du bien et que nous serons jugés."

    Ceux d'entre nous qui s'imaginent qu'une option fondamentale,

    - plutôt en faveur du modernisme, ou plutôt en faveur de l'intégrisme,

    - plutôt en faveur de l'irénisme, ou plutôt en faveur de l'intégrisme,

    est sans incidences non négligeables sur l'authenticité individuelle du croyant chrétien, ou sur la qualité de sa relation morale et spirituelle avec Dieu et avec les autres hommes, se trompent gravement et lourdement, notamment parce que le christianisme n'est pas réductible à une religion de l'authenticité individuelle, mais est LA religion

    - de l'adhésion à Jésus-Christ, Fils unique du seul vrai Dieu, Père, Fils, Esprit,

    - de l'abandon de ce qui éloigne ou oppose à Lui, non seulement dans l'ordre de l'agir, mais aussi dans celui du croire, y compris dans celui du croire non chrétien,

    - de la bienveillance, mais aussi de la vigilance, voire de la résistance, en présence de tout ce qui n'est pas explicitement ni spécifiquement inspiré par Lui, ou orienté vers Lui.

    La religion chrétienne n'est pas seulement bonne, en plénitude, elle est aussi la seule vraie, en plénitude ; or, selon que l'on est plutôt "intégriste" ou plutôt "iréniste", on dit plutôt oui, ou plutôt non, dans son esprit ET dans sa vie, à cette affirmation relative à l'identité remarquable de la religion chrétienne.

    Seul un point de vue catholique non opposé au traditionalisme, mais opposé au rénovationnisme, constitue un point de vue lucidement ouvert, dans le Christ, sur l'un des signes des temps les plus préoccupants : la tendance croissante de l'humanité à aller en direction

    - de toujours plus d'aléthéphobie, de toujours plus d'appréhension négative de la vérité objective, notamment dans le domaine de la religion,

    - de toujours plus d'aléthéclastie, de toujours plus de détestation agressive de la vérité objective, notamment dans l'ordre du croire.

    Le point de vue catholique opposé au traditionalisme, et partisan du rénovationnisme, n'oppose presque rien au déferlement du relativisme et du subjectivisme, dans l'ordre du croire comme dans celui de l'agir, qui règne aujourd'hui dans le monde, et sévit aujourd'hui dans l'Eglise, et ce n'est pas sans conséquences négatives sur l'authenticité individuelle, la qualité de relation morale et spirituelle avec Dieu et avec les autres hommes, de bon nombre de catholiques.

    Formulé autrement : le catholique traditionnel sait qu'il a vocation à accepter en lui un complexe d'infériorité surnaturelle, théologale, vis-à-vis de Jésus-Christ, tandis que le catholique rénovateur croit qu'il a vocation à surmonter en lui un complexe d'infériorité axiologique et intellectuelle, à l'égard de l'esprit du monde et de la ligne du temps : que l'on ne me dise pas, une fois que l'on a compris ce que sont ces deux complexes d'infériorité, que l'option fondamentale entre "intégrisme" et "irénisme" est dépourvue de conséquences sur l'authenticité individuelle du croyant chrétien et sur sa qualité de relation avec Dieu et avec les autres hommes...

    Il s'est agi ici de faire comprendre une différence fondamentale entre deux types d'état d'esprit, l'un plutôt intégriste, donc opposé à l'esprit du monde, l'autre plutôt iréniste, donc apposé à l'esprit du monde, ou préposé à l'intégration de l'esprit du monde dans et par l'Eglise.

    Bonne journée.

    ...

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  9. Vous tous faites du modernisme une théorie, un corpus alors que c'est un phénomène sociétal!
    La condamnation du modernisme fut avant tout la condamnation de ceux qui 'supportent" ( sens anglais ) ce phénomène ./ En y revenant sans cesse comme vous faites vous donnez une réalité quasi essentielle à un phénomène contingent.

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