mercredi 3 juillet 2013

Ni progressistes ni conservateurs

Une suggestion des jésuites américains nous est transmise en français par Aymeric Christensen dans La Vie. Je crois qu'elle plaira aux lecteurs assidus de metablog. Il s'agit de bannir de son vocabulaire les termes de "conservateurs" ou de "progressistes", lorsque l'on parle de chrétiens véritables  (cf. lavie.fr). Non pas seulement parce que les étiquettes sont réductrices, mais parce que tous les chrétiens, dans la mesure où ils le sont, sont des révolutionnaires.

Juste une petite anecdote, avant d'aller plus loin. Alors que je faisais du stop sur l'autoroute (oh ! c'était autour de mes trente ans, un autre monde, une autre vie), les policiers veulent contrôler ce drôle d'oiseau en robe longue noire, qui tend le pouce sous un cagnard épouvantable. - "Rien à signaler ? Mais pourquoi ce drôle d'uniforme ?". Je leur explique que je suis prêtre (ou séminariste d'ailleurs peut-être), "traditionaliste"... Et comme je ne suis pas sûr qu'ils comprennent le terme, j'ajoute "conservateur". Mal m'en a pris. L'un d'entre eux me reprend du tac au tac : - Conservateur, vous ? J'ai plutôt l'impression que vous êtes un révolutionnaire". Cette petite histoire m'est resté, allez savoir pourquoi et il me semble qu'elle est de circonstance.

Mais pourquoi sommes nous des révolutionnaire ? Non pas parce que nous croyons à l'idée, non pas parce que nous nous définirions comme des idéalistes.
L'idéalisme est un mensonge ; mensonge aux autres auxquels on tente de vendre je ne sais quel miroir aux alouettes. Mensonge à soi-même finalement, et c'est peut-être le plus grave, lorsque l'on ment en connaissance de cause et je dirais : "en conscience", pour "ne pas désespérer Billancourt" au sujet de la non-existence de l'avenir radieux. Combien ne vivent que d'affirmations incantatoires sur le monde plus beau ou sur plus belle la vie. Sont-ils révolutionnaires ou plutôt conservateurs compulsifs de leurs propres mensonges, auxquels il ne faudra pas toucher ? Parce que l'idéaliste est un menteur, il n'est pas vraiment un révolutionnaire. Quand il a compris qu'il ne pourrait pas changer le monde (ce qui arrive plus ou moins vite), comme dit Sartre, il défend son mensonge avec toute la "mauvaise foi" d'un 'salaud'. Il devient "conservateur" comme le sont au fond les communistes français par exemple, malgré Budapest (1956), Prague (1968) et Gdansk (1984), malgré la Chute du mur (1989). Certains trouvent encore la force de conserver leur mensonge (dans le formol ?) et de lui rendre un culte, comme naguère à Lénine dans son Mausolée de la Place rouge.

Mais les mensonges meurent un jour ou l'autre. Bonaparte remplace les directeurs sans coup férir le 18 Brumaire. Eltsine se substitue à Gorbatchev sans effusion de sang. L'Union européenne passera la main quand elle aura ruiné l'Europe avec son libre-échangisme mondialisateur. C'est le destin des révolutions en toc : leur mensonge est découvert et bientôt connu de tous. "Une seule goutte de vérité peut changer le monde", disait Soljenitsyne en apprenant qu'il s'était vu décerner le Prix Nobel de la Paix.

Qu'est-ce que signifie la proposition de la revue jésuite America, suggérant de ne plus parler ni de "conservateurs" ni de "progressistes" ? Il me semble que cela signifie que les "progressistes" américains qui tiennent la revue America sont revenus des mensonges idéologiques en quoi consistent trop souvent les projets dits révolutionnaires. Non, l'avenir de l'Eglise ne tient pas à l'adoption de telle ou telle mesure mirobolante, sensée tout changer et qui servira de discriminant entre les vraies chrétiens (ceux qui s'en font les propagandistes) et les faux chrétiens (ceux qui la refusent). Non l'avenir de l'Eglise ne tient pas à l'idée qu'on s'en fait, mais à notre conversion : à notre entrée en révolution.

C'est dans cette perspective déjà que le pape Benoît XV, un peu après la Guerre de 14, avait proscrit les vocables d'intégristes et de modernistes. L'Eglise est trop grande pour s'organiser autour d'une idée humaine si bien intentionnée soit-elle. Elle offre sa propre révolution, qui est forcément spirituelle d'abord et non politique. Mais qu'est-ce que la Révolution chrétienne ?

Pour le savoir, il faut se demander ce que le christianisme apporte au monde. Je crois que l'on peut dire classiquement : trois choses, qui sont la foi, l'espérance et la charité.

La foi, c'est-à-dire l'aptitude en tout domaine (y compris celui de la vie sentimentale) à parier pour le bien, quoi qu'il en coûte. L'espérance, c'est-à-dire le refus obstiné du néant et l'aptitude à vivre devant et pour l'Infini divin. La charité, c'est-à-dire la maîtrise des désirs au nom du désir de ce qu'il y a de meilleur, bref l'amour de Dieu.

Voilà quels sont les trois agents de la Révolution chrétienne. Voilà comment nous dépassons notre humanité, et voilà la seule manière - spirituelle d'abord - de le faire. Voilà ce qui nous unit et devrait nous interdire de nous diviser en clans ou en chapelles. Voilà ce qui aurait dû et ce qui devrait permettre à ceux qui se réclament de la Tradition catholique de demander une liberté entière de culte et de théologie. Non pas pour entretenir la polémique mais pour utiliser tous les moyens pour la grande Révolution qui est celle de notre propre conversion.

J'ai intitulé ce papier "Ni conservateurs ni progressistes". Il faudrait sans doute conclure de cette échappée belle que nous autres chrétiens, en tant que chrétiens, nous sommes tous et conservateurs et progressistes... C'est la raison pour laquelle à Metablog comme dans America, nous nous efforçons de citer qui est intéressant et non qui se revendique de notre "parti", en espérant qu'un jour ces "partis" qui déchirent la Tunique sans couture du Christ se révèlent pour ce qu'ils sont : des inventions humaines trop humaines lacérant de considérations pseudo-intellectuelles l'unité divine qu'en tant que fils et filles de Dieu nous avons tous reçue en héritage.

16 commentaires:

  1. Je suis d`accord avec ce que vous avez écrit. Mas éliminer les expressions n´éliminera pas le problème. Le probléme c`est que les "integristes" ou" tracidionalistes" pensent qu´ils ont la vérité, et da même façon pensent les "modernistes". Je pense que l`important c`est vivre l`èvangile du Christ, c`est aimer notre prochain. Jésus n´a jamais prêché la désunion, au contraire, il a prié le Père: "Que tous soient un." Donc, peu importe si la messe est en Latin ou en Français, si le prêtre porte une soutaine ou non, etc. On disait autrefois en mon pays: "L`habit ne fait pas le moine", cela veut dire: L`important ne sont pas les apparences, mais le contenu. Quand les hommes abandonnent leurs idées purement humaines, tout changera , le problème va disparaître. Ce qui m´étone c`est que je peux y réfléchir , et que beaucoup de prêtres et d´évêques ne puissent pas. Peut-être que c`est une obsession d´entre eux, discuter pour le plaisir de discuter... ou est-ce l ´orgueil pur? Dieu seul le sait... Je vous dis, Monsieur l`abbé, qui en mon pays, je vais à la messe traditionnel, de la fsspx, et je vais aussi à la "nouvelle messe", parce que je cherche Jésus, pas le format de la messe. Et quand les prêtres me disent qu´ils ne comprennent pas ma façon de penser, je leur dis: moi aussi, je ne comprend pas la vôtre, car vous êtes tous frères qui agissent comme des ennemis. Car en mon pays, les prêtres de la fsspx (tradicionalistes) ne peuvent pas célébrer dans les églises, ils célébrent dans les maisons privées ou dans leus chapelles; et les prêtres "modernistes" ils aussi ne peuvent pas célébrer aux chappeles de la fsspx, parce qu´ils sont de la "nouvelle messe". Tous vous, tradicionalistes et modernistes, devriez avoir honte de ce comportement anticrhétien... pardonnez ma franchise....
    (Plus une fois, éxcusez mon français, s´il vous plaît).

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    1. Vous avez tout compris.
      Comme beaucoup de paroissiens en France et qui se désolent de voir le manque de charité chrétienne entre les pour et les contre, comme si l'Eglise de France était un marigot que se disputent deux crocodiles.
      Pour les sectaires de VII , il y en a , il est plus important d'écraser et de railler ouvertement ceux qui les ont précédés, fût-ce au risque de choquer les ouailles et de vider les églises.
      Quelle tristesse.

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    2. Mario,
      C`est triste vraiment...vous avez utilisé une bonne métaphore: .."un marigot que se disputent deux crocodiles..." Ici, au Brèsil, où j´habite, c`est la même chose. Les deux crocodiles, c`est à dire, les trad e les "modernistes", s´ils pouvaient, ils se tueraient... Et ici, (comme en France, je pense) il y a encore un autre fléau: les ultra radicaux, (sortis de la fsspx) que veulent qu´ils seulement ont la raison... Ceux-ci, sont encore pires, parce que fous. Personne pour eux ne vuat rien.Ils sont d`une folie complète et total. Je déteste le fanatisme. Pour moi, toutes les parties ont des torts, mais ils s´asseyent sur sa propre queue pour parler sur la queue d`dutre...

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    3. je ne veux pas faire de generalites, mais chez moi, petite ville du Texas, j'etais tres heureuse de faire la connaissance de 'tradis' (FSSPX); je leur ai dit que je priais pour qu'ils 'acceptent humblement' de re-integrer Rome.. depuis, je suis tres serieusement tenue a l'ecart, pour 'le risqué que je represente de contaminer quelques personnes, notamment des jeunes..'(sic) - ALORS que j'avais precise que mon coeur de fidele etait a la FSSP..
      je continue a prier pour l'Unite dans l'Eglise Catholique..

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    4. M.btk :Moi aussi, je vais aux tradis, et je prie aussi pour la réintégration. (Que la volonté de Dieu soit faite). Mais je n´aime pas le fanatisme, ni des trad, ni des modernistes. Cela est beaucoup triste.

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  2. Bien sur supprimer les mots étiquettes ne supprime pas les réalités des différences de pensées , d'opinions et l'important est que le débat , un vrai et sain et stimulant débat , continu !
    Le problème de ces mots-étiquettes est qu'ils sont devenus des étiquettes simplistes et quasi injurieuses ou , en tous cas péjoratives.

    Pour être exact il faut dire que les médias mainstream , dominants ou dans le courant , on réussi à imposer en une opposition dialectique un amalgame entre conservateur-réactionnaire-mal-obscurantiste....

    Cette proposition des jésuites américains est à prendre avec prudence. C'est d'explication , de sens et dc d'intelligence que nous avons urgemment besoin dans une Eglise livrée à tout vents de doctrines.
    Il n'y a pas de vrai progrès viable sans conservation des richesses et connaissances transmises par les générations antérieures et le progrès n'est pas inéluctable et automatique , il existe des régressions , et demande notre implication au plan individuel et collectif

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  3. Merci, monsieur l'abbé !

    Voilà maintenant quelque temps que je me dis que ces oppositions sont stériles... Pour une raison fort simple : nous devons être unis, mais non pas tous semblables. Chacun a reçu de Dieu son être propre, ses soucis premiers... Et j'ai souvent été scandalisée d'entendre (je caricature un peu, à dessein) des "tradis" moquer des progressistes se préoccupant de la faim dans le monde, et des "progressistes" traiter de fascistes les "tradis" qui rappelaient qu'il y a tout de même une vérité.

    Quand au fond, les premiers devraient recevoir des seconds ce que, peut-être, ils pourraient avoir tendance à oublier, et vice-versa. L'amour et la vérité ne devraient pas s'opposer, mais se féconder l'un l'autre, et chacun a à grandir en écoutant ce que dit l'autre.

    Il me revient une explication des Béatitudes par le père Varillon, qui expliquait que les doux étaient les "tradis" qui lisaient Témoignage chrétien pour comprendre les "progressistes" et les "progressistes" qui faisaient de même avec l'Homme Nouveau... Bref, ceux qui ne réduisaient pas leur voisin sous une étiquette qui suffisait dans leur esprit à expliquer tout un comportement par un ensemble choix autre que le leur (donc mauvais), mais qui cherchaient à comprendre les choix et leurs raisons.

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  4. "... les vrais amis du peuple ne sont ni révolutionnaires, ni
    novateurs, mais traditionalistes." ("Notre charge apostolique")

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  5. Encore un petit effort, Monsieur l'abbé! Ne vous perdez pas en paroles, conseil que je devrais suivre, moi, le premier. Ne faites pas semblant d'assimiler conversion et révolution sous prétexte de révolution intérieure, comme il y aurait une "guerre sainte" intérieur et un djihad extérieur. Ne puisez pas vos sources dans la politique, jetez vos oripeaux maurrassiens, le "spirituel d'abord" ne fait rien à l'affaire, votre référence première est politique encore et d'abord. Or la religion (je sais que, comme les évangélistes, vous n'aimez pas ce terme) ne fait pas de bonne politique et réciproquement. Ne vous perdez pas en politique, vous finirez par y perdre la foi. J'exagère à peine. De plus, votre conversion révolutionnaire revient à dire qu'en politique, pour que tout change, il faut que rien ne change, comme l'avait très bien compris le héros du "guépard", à l'assaut duquel une "nouvelle société" venait présenter les armes. C'était de l'habile politique que d'y répondre en faisant semblant de changer. Mais la conversion ne consiste pas à faire semblant... de changer pour revenir au point de départ. La conversion chrétienne ne croit pas au conservatisme, qui reste sous-entendu chez vous, du très nietzschéen "éternel retour du même". La conversion n'est pas un retour à l'envoyeur et la révolution non plus, même si les masses soulevées finissent par retomber, vaincues par la force d'inertie, mais quand même un pas plus loin; de même que le chrétien converti finit par faire retour au créateur, mais buriné, transformé par la vie, dans laquelle il aura creusé sa trace et charroyé son sillon pour la marquer de l'empreinte de son âme.

    Je vous le redids avec une solennité un peu forcée, ne perdez pas votre âme en politique, et évitez si possible d'y perdre celle de vos ouailles. Car les saillies d'un journal comme "Minute" peuvent être roboratives pour qui aime la polémique et la plume trempée dans le vitriole, je ne sais pas en quoi elles peuvent tenir de la charité politique. Un exemple entre mille, ces derniers temps, la une qui invitait à "se payer NKM" insinuant ni plus ni moins que cette femme politique était une p... Où avez-vous vu un chrétien parler comme ça, mais pourquoi ce coq à l'âne? Parce que ce type de violence verbale appartient à votre combat précédent ou en sommeil contre le mariage gay.

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    1. L'expression "se payer quelqu'un" fâche Julien; il demande "Où avez-vous vu un chrétien parler comme ça?".

      REPONSE: Sur "le talk" du Figaro, le 20 mars 2013. Le cardinal Vingt-Trois parle 'comme ça', et qui plus est il parle du pape.

      COMMENTAIRE: Et en plus, il a raison de parler comme ça.

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  6. (Suite)
    Je suis en train d'achever la lecture de l'ouvrage de mgr doré, "à cause de Jésus". Son tort comme le vôtre est de croire beaucoup trop aux institutions, lui en centriste, en démocrate chrétien, et vous à la droite de la droite sur l'échiquier politique. Les deux attitudes peuvent être reçues comme des sensibilités légitimes, mais elles ne sont pas chrétiennes à proprement parler. Certaines périgrinations que j'ai faites dans la semaine m'incitent d'autre part à penser que le retour au monde réel devrait vous conduire, les uns et les autres, à réapprendre un prosélitisme intelligent, une annonce de la foi ou une évangélisation si vous voulez, face au prosélitisme islamiste prolétarien, bien armé et bien intentionné, auquel notre société occidentale ne résistera pas, parce qu'elle n'a en fait de valeurs que l'ambition de persister, non plus dans son mensonge idéologique, mais dans le confort de son mensonge identitaire et consumériste, dans sa "confortable way of life". N'abandonez pas le terrain du prosélitisme aux seuls évangélistes qui ont compris la modernité, quand vous continuez, près d'un siècle après que benoît XVI eut proscrit leterme, de fustiger en pure perte le modernisme, cette exégèse qui garde la Foi en changeant le contenu des textes, mais qui le sait et qui le comprend! Parlez simple et franc aux hommes de votre temps sans les égarer dans vos propres prêts à pensder politiques, si vous voulez que l'evangile continue d'imprégner le monde de demain. Si vous ne consentez pas à cette conversion de vos catégories mentales, votre discours est vain. L'arbitraire culturel a changé, des choses doivent changer en politique comme en chacun de nous, mais ceci est une autre histoire où sont sondés nos reins et nos coeurs, la politique, ne modifiant parfois les institutions que pour les adapter à ce que nous devenons. La politique peut être un indice de conversion, mais la révolution conservatrice n'est pas et ne sera jamais la conversion. La révolution joue sous votre plume le même rôle que l'attrape-couillon du bonheur, cette "idée neuve en europe", chez ceux qui se réclament des Lumières

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  7. Notre ami Julien est fort remonté il me semble, mais je me demande toutefois s’il ne fait pas une erreur d’interprétation. En effet, je ne vois pas dans ce billet, de référence au politique. Toute révolution n’est pas politique. Il y a aussi celle de la science que l’on dit Copernicienne qui justement pousse l’homme à se repenser différemment. La terre n’est plus le centre du monde mais le nombril de l’homme ne l’est pas non plus. Son Moi, sa Raison tout ça c’est du vent. Nous savons aujourd’hui que l’humain n’est pas le centre de l’univers que notre cosmos avec ses nombreux systèmes solaires n’est pas le nombril du monde. La conscience humaine se décentre parallèlement aux découvertes scientifiques. Notre fameux continuum d’espace temps n’est plus une donnée absolue. Cela ne fonctionne pas de la même façon au niveau atomique. Toutes nos assurances dans ce domaine s’arrêtent au début des temps (Big-Bang). Plus aucune loi physique n’est valable. Cela remet en question notre vision de nous-mêmes. Si l’homme n’est plus le centre de l’univers, il reste cependant la cause de la chute dans ce cosmos. Puisqu’il a été fait plusieurs fois référence à Sartre, j’ajouterai que sa thèse est tout affait réaliste : Notre monde, ici-bas n’est qu’une boursouflure de Néant. L’existentialisme prône l’existence des choses comme si c’était du néant et rien d’autre. Tout est de trop dans ce cas là. Rien n’existe réellement, ni les choses, ni les valeurs humaines (comme l’humanisme par exemple). En faisant cet état des lieux, Sartre fait aussi voler en éclat la Raison comme valeur religieuse. Il ne reste donc plus rien, sans le Christ. Tout autour de nous n’est que fumée. Seul le Christ redonne la vie aux êtres et aux choses. Sartre n’a pas voulu de ça. Cela n’empêche que sa vision du monde déchu, est juste. Il est allé jusqu’au fond de ce monde sans Dieu et a éprouvé l’angoisse qui y correspond. Très Ignacien (Quelque part, il fait référence aux Exercices). Si j’ai fait ce détour c’est aussi pour montrer que la conscience du néant qui nous habite et qui habite notre monde est aussi une prise de conscience nécessaire. Sans le Dieu Sauveur nommé Jésus Christ, nous ne sommes rien, pas même des poussières d’étoiles ! C’est aussi une révolution copernicienne, un décentrage. L’humanisme qui se basait sur la Raison est mort et enterré (d’ailleurs je crois bien que Sartre l’avais prédit). Il est bon qu’il n’y ait plus rien d’humain sur lequel se reposer. Il fallait que toutes ces boursouflures idéologiques se cassent la figure et que l’homme soit nu avec ses bassesses et ses appétits féroces de pouvoir. Car c’est vraiment tout ce qu’il reste aujourd’hui. Les humains se montrent vraiment tels qu’ils sont, avides de puissance et dévastateurs. Il fallait en arriver là. Les conséquences de toute cette mise à nu seront lourdes. C’est pourquoi il est urgent de continuer notre révolution copernicienne « chrétienne » que l’on appelle la Conversion. Les cathos en premier, trop sûrs qu’ils sont d’êtres sauvés parce qu’ils appartiennent au bon Parti. Non c’est plus profond que cela, les Evangiles, plus exigeant, infiniment plus exigeant et, dans les temps qui bientôt nous feront tous trembler, ce sera notre seul passeport.

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  8. Merci Benoîte. Je n'aurais pas mieux répondu...

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  9. Chers amis,

    Je persiste et signe.

    1. @Cher webmestre, mgr Vingt-trois aime souvent user d'un style familier et relâché, ça ne lui donne pas raison d'évoquer des gens qui "veulent se payer" le pape. et, de toute façon, "se payer un homme", fût-il le pape, ne charrie pas les mêmes sous-entendus que "se payer une femme". Le sous-entendu est abject, bien entendu; chacun l'a compris au premier coup d'oeil moi comme un autre, qui reçoit ces "unes" par mail, et excepté ceux qui ont des raisons de ne pas vouloir le comprendre.

    2. @benoîte,

    Quel que soit l'illustre "placet" que vous venez de recevoir:

    a) J'applaudis à votre raccourcis d'un sartre ignatien, j'aurais voulu le trouver, c'est profondément juste: les attermoiements des héros de ses romans et même de "L'existentialisme est un humanisme" vont volontiers jusqu'à la casuistique. Un héros soldat des "Chemins de la liberté" appelle ces attermoiements de "l'enculage de mouches"...

    b) Admettons que l'on puisse appliquer "la révolution copernicienne" à la conversion chrétienne. Il n'en demeure pas moins que l'emploi du mot "révolution" est politique. Il intervient à la suite detrop d'articles ayant un contexte politique pour que son intention puisse tromper quiconque serait de bonne foi.Là encore, un exemple valant mieux qu'un bon discours, laissons le combat contre le mariage prétendument dénaturé, comme si une institution venait de l'éternité et devait durer jusque dans le Royaume. des cieux! Un article plus récent de l'abbé a voulu faire du pape un "conservateur" sous prétexte qu'il faisait figurer Saint-Joseph au canon de toutes les prières eucharistiques. Eh bien non, un gardien n'est pas un conservateur. Garder est plus que conserver, c'est veiller sur.S'il fallait trouver une intention qui tordît la décision du pape, il suffisait de montrer en quoi cette insistance aggravait le caractère franciscain de ce pontificat d'un jésuite, puisque les "supérieurs" des franciscains sont appelés des "frères gardiens". Et qu'on n'aille pas me dire que l'emploi du mot "conservateur" n'est qu'accidentellement politique!

    c) Plus profondément, la critique que je vous ferai, ainsi qu'à Monsieur l'abbé, est qu'il vous plaît d'avoir des nihilistes pour adversaires. Mais ce n'est plus que l'enjeu du crépuscule de l'Occident non encore transformé au contact des islamistes (j'emploie ce mot sans intention péjorative, en incluant les islamistes moraux -ou salafistes- et les islamistes politiques, qui n'ont perdu qu'une bataille en Egypte. Aux nihilistes par nous déclarés, il est facile de répondre qu'ils ne sont rien et qu'ils périront dans leur néant. C'est la suggestion apologétique qu'on peut faire à leur rencontre bien qu'elle ne soit guère efficace. Mais aux islamistes, il faut répondre pied à pied, et ils ont des arguments capables de faire flageoler, non vos convictions ou votre foi, mais votre rhétorique. Je vous assure qu'elle sera un peu plus difficile à réviser que vos réponses à ceux que vous convaincrez de néant, ou dont vous vous convaincrez du néant.

    P.S.: Je ne suis pas fâché, remonté, pas plus que d'habitude, mais choqué, oui, par une analogie qui excuserait les amalgames, et par une complaisance que je n'approuve pas dans quelques incohérences majeures.

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  10. que votre language soit oui oui: non non.... tout le reste vient du diable.

    puisque vous etes ni chauds ni froids ..................................................

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