L’apôtre saint Paul a mauvaise réputation. Les femmes le taxent volontiers de misogynie (ce qui tend à devenir un crime pendable) ; les pseudo-savants lui attribuent un vaste détournement d’héritage, en l’accusant d’avoir recomposé le christianisme à sa manière ; et tous lui reprochent une certaine… obscurité. Cela ne date pas d’hier, puisque saint Pierre lui faisait déjà ce grief dans sa deuxième Epître. Dans ce contexte, la décision de Benoît XVI de consacrer un an à saint Paul, en déclarant, le 29 juin dernier, une année pauline prend une dimension particulière. Il s’agit de redécouvrir le 13ème apôtre.
Paul est mort en 64, durant la persécution de Néron, à Rome, parce qu’en tant que citoyen romain, il avait fait appel à l’empereur, alors qu’il était poursuivi par ses frères judéo-chrétiens. Clément, son compagnon, futur pape, dira dans sa lettre aux Corinthiens, que c’est « par jalousie » qu’il est mort. On ne connaît pas précisément sa date de naissance, on la situe entre 6 et 10 de notre ère. En coupant la poire en deux, l'année 2008 marque donc le deux millième anniversaire de sa naissance.
Les fouilles menées à la basilique romaine Saint-Paul-Hors-les-Murs, depuis 2002 par Giorgio Filippi, responsable du département épigraphique au Musée du Vatican, ont permis d’identifier de manière irréfutable les reste de l’apôtre, selon une inscription du IVème siècle, très facilement lisible, découverte sur une plaque de marbre conservée sous l’autel majeur : Paulo apostolo Mart. A Paul, apôtre et Martyr. La plaque est munie de trois orifices, qui, selon le responsable des fouilles, permettaient de fabriquer des reliques par simple contact. C’est la présence de ce sarcophage à cet endroit qui explique la construction de la Basilique au début du IVème siècle, par l’empereur Constantin. Avant la conversion de l'empereur, un édifice beaucoup plus modeste (un édicule disent savamment les archéologues) existait déjà en ce lieu, qui se trouvait sur le passage de la célèbre Voie appienne.
Les résultats de la Campagne de fouilles qui s'est achevée en 2006 n’ont pas encore été publiés. Nul doute qu’ils nous aident à mieux découvrir le vrai visage de saint Paul. Dans le même souci d’authenticité historique, des chercheurs allemands ont été jusqu’à offrir au pape ce qu’ils pensent être le portrait robot de saint Paul (voir photo). Ce genre de projection est souvent trompeuse. Elle signifie peut-être cependant que, sous l’égide de Benoît XVI, accordant aux fidèles l’indulgence plénière pour le pèlerinage à Rome, chacun va s’astreindre à mieux connaître saint Paul, au-delà de sa légende noire. Dans le texte des Actes des Apôtres, qui raconte son histoire. Et dans ces vertigineuses Epîtres, où apparaît, en liberté, sous le soleil de Dieu, l’un des plus grands génies de l’histoire de l’humanité.
Au Centre Saint Paul (12 rue Saint-Joseph, 75002 Paris), chaque dimanche à 18H00, à partir du 21 septembre prochain, je donnerai une conférence sur un aspect de la vie ou du message de saint Paul.
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