Antoine, dans le poste consacré à la prochaine livraison du Spiegel, me demande de vous parler de la vérité. Il rejoint sans le vouloir les vieux démons de l'analogie qui sommeillent en moi.
Analogie ? Qu'est-ce à dire ?
Le mot se trouve chez Aristote, qui, au Livre XII de sa Métaphysique (chapitre 5) définit l'analogie en cinq mots : "Autre dans les choses autres". Cette formule vaut particulièrement pour ce que les logiciens médiévaux appellent les Transcendantaux : l'être, l'un, le vrai, le bien.
Exemple d'application : la bonté. On emploie le même mot remarquait déjà Platon, misogyne à ses heures comme chacun sait, pour parler d'une belle femme et d'une belle casserole (voir Hippias majeur). On dit aussi bien : une bonne casserole, une bonne femme, un bon homme, le bon Dieu. C'est le même mot, "autre dans les choses autres". Il est impossible de donner une définition une du bien. Contre Platon, il n'y a pas d'idée du Bien. Ou bien encore : le bien (divin) est toujours un autre.
Cela vaut aussi pour l'être (il n'y a pas d'idée de l'être) pour l'un ou pour le vrai.
Mais dans le cas du vrai (celui que vous me mettez sous les yeux, Antoine), les choses se compliquent encore.
On peut en effet dire que telle ou telle chose est vrai, mais, explique mon cher Cajétan, dans ce cas, on n'emploie pas le mot 'vrai' au sens propre. La relation de vérité se termine toujours dans un esprit (cf. aussi, saint Thomas De Veritate, Q1 a2). Au sens propre, c'est l'esprit qui est vrai, lorsqu'il entre en relation avec tel ou tel objet.
On voit dès lors se dessiner le paradoxe : au sens propre, seuls les esprits sont vrais. Je ne connais que des esprits humains, et je peux mesurer chez les autres ce que je constate chez moi, avec quelle fragilité notre esprit s'attache à ce qui est. La relation de vérité est fragile : essentiellement subjective, elle suppose toujours d'abord l'expérience sensible, ensuite l'abstraction, la formalisation, le jugement, le raisonnement, autant d'opérations qui sont de nature à masquer au moins autant qu'à montrer la vérité. Chacune est en même temps l'instrument de la vérité et l'occasion de l'erreur.
Ces approximations successives supposent néanmoins quelque chose dont on s'approche, une vérité absolue, semblmance de toutes les ressemblances, qui ne soit pas un objet (puisque l'objet en lui-même n'est ni vrai ni faux comme nous venons de le dire), qui soit donc un sujet, le Sujet absolu : une vérité qui dit Je et qui soit totalement une autre par rapport à tous les esprits vrais que je peux croiser et qui sont tous dans l'effort d'approximation que je viens de décrire.
Cette vérité qui dit Je et qui se présente comme vraie absolument ("Je suis la vérité"), historiquement c'est le Verbe fait chair, à la fois semblable à nous et absolument un Autre, à la fois créature et Créateur, connaissant "les choses cachées depuis la fondation du monde", esprit vrai par antonomase, puisqu'il connaît cette vérité - qui est autre par rapport à toutes les approximations humaines et qui, en même temps contient le destin de l'humanité.
Cette vérité absolue, qui nous offre la clef de notre destinée, en proférant la parole qui nous fait échapper à la vanité essentielle de notre nature d'animaux pas très raisonnables, cette vérité qui est le Christ périme toutes les autres. Elle n'interdit rien cependant. A sa lumière, la recherche humaine visant toutes les vérités partielles, reste indéfiniment libre. Mais par rapport à ces vérités partielles, parce qu'elle est posée dans une Altérité irréductible à un concept humain (ce que l'on appelle la vie éternelle), cette vérité qui dit Je est toujours nouvelle.
Lorsque, comme prêtre ou comme évêque, on se met au service de cette vérité de manière irrévocable, comment peut-on comparer ce service, merveilleusement transcendant, toujours nouveau, avec une recherche humaine quelle qu'elle soit ?
Approximations que les vérités humaines, toujours défaillantes étant donné les esprits qui les portent.
Servir Dieu, c'est avant tout comprendre que sa vérité ne fait nombre avec aucune autre, qu'elle ne peut se comparer à aucune autre. C'est comprendre également que cette vérité qui dit Je n'est pas réductible à la représentation que nous pourrions nous en faire.
Pour cette raison, on peut dire que la Vérité divine, toujours une Autre, ne s'oppose pas aux vérités partielles et autres approximations que sont les représentations scientifiques humaines. Elle est d'un autre ordre. Ainsi la science, en régime chrétien, même à l'époque de Galilée, a toujours été parfaitement laïque.
Dans cette perspective, il n'est pas permis de dire : en cherchant la vérité botanique, archéologique, historique etc. c'est directement le Dieu vrai que je cherche. Non ! Pas immédiatement Lui (sur ce point je ne serais pas tout à fait en accord avec certains accents du discours des Bernardins, malgré la beauté et l'audace de ce discours).
Mgr W., qui s'est établi pour longtemps précise-t-il, dans la recherche de la vérité concernant les chambres à gaz n'a pas le droit de dire que, vérité pour vérité, il est dans son office. La vérité divine périme toutes les autres. Qui veut la servir comme prêtre ou comme évêque est tenu de la préférer à toute autre. Ou alors il abandonne ce service. Lorsqu'une recherche humaine met en danger le service divin, il n'y a pas à balancer, il faut choisir. Mgr W. ne veut pas choisir ? Il est en train de choisir sa recherche plutôt que son ministère.
Dans le spectre de l'analogie, il me semble que l'on peut aller jusque là. S'adressant au Spiegel, Mgr Williamson le fait avec préméditation. Il cherche le scandale le plus grand. Il me semble donc qu'il a passé les bornes de l'admissible pour un évêque. Se prévaloir d'une comparaison en acte entre sa "vérité recherchée" et la vérité divine, pour se croire autorisé à ce scandale, cela signifie concrètement avoir troqué l'une pour l'autre.
Mais si l'on se détourne de ce spectacle navrant, pour contempler le spectre étincelant de l'analogie, on doit constater la puissance de ce modèle logique et métaphysique, qui est capable de nous dire, en toute rigueur intellectuelle, deux choses apparemment antithétiques :
1- la recherche de la vérité, dans l'ordre humain, est absolument laïque, puisque chaque réalité se donne à l'esprit qui la pense par le truchement de l'abstraction, de la formalisation, du jugement, du raisonnement, sans qu'interfère aucune forme d'absorption dans une vérité majusculaire, qui serait cannibale. ("la vérité est autre dans les choses autres").
2- L'irruption de la vérité divine dans le langage humain par le truchement de la Révélation périme toutes les vérités approximatives issues de la recherche humaine et les équipare en quelque sorte à des non-vérités. (Parce qu'elle se tient dans le champ de l'Autre, la vérité qui dit Je est proprement in-comparable).
Cette défense simultanée de l'immanence (position 1) et de la transcendance (position 2) a pour beaucoup quelque chose que Cajétan lui-même appelait ironiquement "un blasphème".
Mais en réalité, le blasphème consiste à refuser le champ de l'Autre et à mettre sur le même plan toutes les vérités divines et humaines, au risque de confondre les genres en un cocktail dégueulatoire, que l'on se paiera le luxe d'appeler : le vrai.
Je m'excuse auprès de mes lecteurs de cette fantaisie métaphysique inaboutie...
Analogie ? Qu'est-ce à dire ?
Le mot se trouve chez Aristote, qui, au Livre XII de sa Métaphysique (chapitre 5) définit l'analogie en cinq mots : "Autre dans les choses autres". Cette formule vaut particulièrement pour ce que les logiciens médiévaux appellent les Transcendantaux : l'être, l'un, le vrai, le bien.
Exemple d'application : la bonté. On emploie le même mot remarquait déjà Platon, misogyne à ses heures comme chacun sait, pour parler d'une belle femme et d'une belle casserole (voir Hippias majeur). On dit aussi bien : une bonne casserole, une bonne femme, un bon homme, le bon Dieu. C'est le même mot, "autre dans les choses autres". Il est impossible de donner une définition une du bien. Contre Platon, il n'y a pas d'idée du Bien. Ou bien encore : le bien (divin) est toujours un autre.
Cela vaut aussi pour l'être (il n'y a pas d'idée de l'être) pour l'un ou pour le vrai.
Mais dans le cas du vrai (celui que vous me mettez sous les yeux, Antoine), les choses se compliquent encore.
On peut en effet dire que telle ou telle chose est vrai, mais, explique mon cher Cajétan, dans ce cas, on n'emploie pas le mot 'vrai' au sens propre. La relation de vérité se termine toujours dans un esprit (cf. aussi, saint Thomas De Veritate, Q1 a2). Au sens propre, c'est l'esprit qui est vrai, lorsqu'il entre en relation avec tel ou tel objet.
On voit dès lors se dessiner le paradoxe : au sens propre, seuls les esprits sont vrais. Je ne connais que des esprits humains, et je peux mesurer chez les autres ce que je constate chez moi, avec quelle fragilité notre esprit s'attache à ce qui est. La relation de vérité est fragile : essentiellement subjective, elle suppose toujours d'abord l'expérience sensible, ensuite l'abstraction, la formalisation, le jugement, le raisonnement, autant d'opérations qui sont de nature à masquer au moins autant qu'à montrer la vérité. Chacune est en même temps l'instrument de la vérité et l'occasion de l'erreur.
Ces approximations successives supposent néanmoins quelque chose dont on s'approche, une vérité absolue, semblmance de toutes les ressemblances, qui ne soit pas un objet (puisque l'objet en lui-même n'est ni vrai ni faux comme nous venons de le dire), qui soit donc un sujet, le Sujet absolu : une vérité qui dit Je et qui soit totalement une autre par rapport à tous les esprits vrais que je peux croiser et qui sont tous dans l'effort d'approximation que je viens de décrire.
Cette vérité qui dit Je et qui se présente comme vraie absolument ("Je suis la vérité"), historiquement c'est le Verbe fait chair, à la fois semblable à nous et absolument un Autre, à la fois créature et Créateur, connaissant "les choses cachées depuis la fondation du monde", esprit vrai par antonomase, puisqu'il connaît cette vérité - qui est autre par rapport à toutes les approximations humaines et qui, en même temps contient le destin de l'humanité.
Cette vérité absolue, qui nous offre la clef de notre destinée, en proférant la parole qui nous fait échapper à la vanité essentielle de notre nature d'animaux pas très raisonnables, cette vérité qui est le Christ périme toutes les autres. Elle n'interdit rien cependant. A sa lumière, la recherche humaine visant toutes les vérités partielles, reste indéfiniment libre. Mais par rapport à ces vérités partielles, parce qu'elle est posée dans une Altérité irréductible à un concept humain (ce que l'on appelle la vie éternelle), cette vérité qui dit Je est toujours nouvelle.
Lorsque, comme prêtre ou comme évêque, on se met au service de cette vérité de manière irrévocable, comment peut-on comparer ce service, merveilleusement transcendant, toujours nouveau, avec une recherche humaine quelle qu'elle soit ?
Approximations que les vérités humaines, toujours défaillantes étant donné les esprits qui les portent.
Servir Dieu, c'est avant tout comprendre que sa vérité ne fait nombre avec aucune autre, qu'elle ne peut se comparer à aucune autre. C'est comprendre également que cette vérité qui dit Je n'est pas réductible à la représentation que nous pourrions nous en faire.
Pour cette raison, on peut dire que la Vérité divine, toujours une Autre, ne s'oppose pas aux vérités partielles et autres approximations que sont les représentations scientifiques humaines. Elle est d'un autre ordre. Ainsi la science, en régime chrétien, même à l'époque de Galilée, a toujours été parfaitement laïque.
Dans cette perspective, il n'est pas permis de dire : en cherchant la vérité botanique, archéologique, historique etc. c'est directement le Dieu vrai que je cherche. Non ! Pas immédiatement Lui (sur ce point je ne serais pas tout à fait en accord avec certains accents du discours des Bernardins, malgré la beauté et l'audace de ce discours).
Mgr W., qui s'est établi pour longtemps précise-t-il, dans la recherche de la vérité concernant les chambres à gaz n'a pas le droit de dire que, vérité pour vérité, il est dans son office. La vérité divine périme toutes les autres. Qui veut la servir comme prêtre ou comme évêque est tenu de la préférer à toute autre. Ou alors il abandonne ce service. Lorsqu'une recherche humaine met en danger le service divin, il n'y a pas à balancer, il faut choisir. Mgr W. ne veut pas choisir ? Il est en train de choisir sa recherche plutôt que son ministère.
Dans le spectre de l'analogie, il me semble que l'on peut aller jusque là. S'adressant au Spiegel, Mgr Williamson le fait avec préméditation. Il cherche le scandale le plus grand. Il me semble donc qu'il a passé les bornes de l'admissible pour un évêque. Se prévaloir d'une comparaison en acte entre sa "vérité recherchée" et la vérité divine, pour se croire autorisé à ce scandale, cela signifie concrètement avoir troqué l'une pour l'autre.
Mais si l'on se détourne de ce spectacle navrant, pour contempler le spectre étincelant de l'analogie, on doit constater la puissance de ce modèle logique et métaphysique, qui est capable de nous dire, en toute rigueur intellectuelle, deux choses apparemment antithétiques :
1- la recherche de la vérité, dans l'ordre humain, est absolument laïque, puisque chaque réalité se donne à l'esprit qui la pense par le truchement de l'abstraction, de la formalisation, du jugement, du raisonnement, sans qu'interfère aucune forme d'absorption dans une vérité majusculaire, qui serait cannibale. ("la vérité est autre dans les choses autres").
2- L'irruption de la vérité divine dans le langage humain par le truchement de la Révélation périme toutes les vérités approximatives issues de la recherche humaine et les équipare en quelque sorte à des non-vérités. (Parce qu'elle se tient dans le champ de l'Autre, la vérité qui dit Je est proprement in-comparable).
Cette défense simultanée de l'immanence (position 1) et de la transcendance (position 2) a pour beaucoup quelque chose que Cajétan lui-même appelait ironiquement "un blasphème".
Mais en réalité, le blasphème consiste à refuser le champ de l'Autre et à mettre sur le même plan toutes les vérités divines et humaines, au risque de confondre les genres en un cocktail dégueulatoire, que l'on se paiera le luxe d'appeler : le vrai.
Je m'excuse auprès de mes lecteurs de cette fantaisie métaphysique inaboutie...
Cher M. l'abbé
RépondreSupprimerSuite à notre discussion de ce soir je vous envoie un lien vers un site très complet et très à jour sur la réfutation du négationnisme, particulièrement du rapport Leuchter (avec réfutations argument par argument)
http://www.phdn.org/negation/leuchfaq.html
Amitiés
Bruno Pottier
Bonjour Mr l'abbé
RépondreSupprimerJe n'ai pas de connaissances particulières en théologie, encore moins en philosophie et je ne me prévaudrai pas en rapport de vos brillanys doctorats dans ces deux disciplines. Cependant, il me semble que votre concert de la vérité s'intègre dans une intellectualisation exacerbée d'une vérité factuelle simple. Tout le monde aura compris que vous parlez de l'affaire Williamson. Dans ce cadre, cet évêque a répondu clairement en donnant son opinion sur des faits historiques et il en a parfaitement le droit. Le concert de "vérité humaine" que vous définissez se trouve pleinement remplie et il ne s'agit là en aucun cas d'une "Vérité divine". En ce cas, cette déclaration, même si elle est maladroite, ne doit d'aucune manière s'insérer dans le cadre de la levée de l'excommunication des quatre évêques consacrés par Msgr Lefevbre. De surcroit, je ne vois pas pourquoi, Msgr Williamson devrait renier ce qu'il a affirmé en toute sincérité et bonne foi selon le concept très juste " de la vérité historique" et non pas de l'émotionnel. D'ailleurs au moment ou il a répondu à cette interview, il était excommunié. C'est à dire que l'Eglise ne le considérait pas dans son sein. Pourquoi aurait-t'il dû se prévaloir d'une réaction des médias à l'encontre du pape Benoit XVI? Il convient ici de plutôt mettre en avant le concept de liberté d'expression qui en l'occurence me parait bafoué. Msgr Williamson, étant citoyen britannique a aussi une liberté d'expression et a eu raison d'exprimer ce qu'il lui semble en toute sincérité une vérité historique. Tout ce qui nous semble vrai est bon à dire et il est coupable de ne pas le faire. Si l'on en reste à votre définition qui consiste à penser que la seule vérité divine existe, alors pourquoi Dieu nous aurait-t'il donné le libre arbitre?? En cette matière, le prélat britannique n'a pas parlé de dogme, ni de vérité divine. En cela et au nom de la liberté d'expression, je le soutiens totalement même si je n'ai pas moi même de certitude sur le sujet évoqué. En clair, la vérité n'a pas de sens sans la liberté de pouvoir la définir et la proclamer.
Pour répondre à maesegui : que savez- vous de la sincérité ou de la bonne foi de Mgr Williamson alors que tout porte à croire que sur l'extermination des Juifs il ne connait à peu près rien (de son propre aveu il n'a pas lu le livre de Pressac)? Il a fait ses déclarations (ineptes et non pas "maladroites") à dessein, de façon préméditée. Et puis je vais vous dire ceci : il n'y a pas de liberté d'expression qui tienne concernant l'extermination des Juifs ! Vous, accordez-vous cette liberté concernant Dieu ? Puis-je en toute sincérité (comme vous dites) insulter Dieu sans réactions de votre part ?
RépondreSupprimerLiberté d'expression s'arrête où l'on s'exprime d'une certaine "hauteur", p.ex occupant une fonction de gouvernement, d'enseignement, de guide spirituel, de conducteur de consciences etc. Dès l'instant où l'on risque d'entraîner dans nos propos et "certitudes" ceux qui nous ont été confiés (un évêque, même avec des guillemets, a une fonction pastorale!) on pèse ses mots, surtout si l'on n'a pas d'expertise dans le domaine (Williamson n'étant pas un historien expert de la 2nde GM ayant visité et étudié de visu l'ensemble des camps, parlé avec des survivants de la Shoah, interviewé des témoins etc).
RépondreSupprimerEn plus, dans le cas précis, sa "vérité" n'avait aucun objectif à être exprimée en dehors de nuire, de diviser, de semer la discorde, ...inconsciemment (??) Peu importe, à son niveau il aurait dû savoir.
Comme croyants, nous en connaissons un, des "diviseurs" !
Essentiel maintenant est que Mgr Fellay et ce qu'il y a de meilleurs à la FSSPX donnent leur aval à BXVI à sa demande de reconnaîssance du magistère de l'Eglise catholique et romaine dans son integralité et qu'ils reviennent dans la succession apostolique qui a été rompue par leur prédécesseur, quitte à laisser les "gédéons" dans les limbes.
Ce n'est pourtant pas difficile à comprendre. Supposons que Mgr Williamson aurait exprimé son opinion sur un autre sujet ouvert à la libre dicussion et qui n'engage pas la foi ou les moeurs. Exemple: il se prononce pour les républicains de George Bush à l'élection de 2004. Eh bien, il mériterait tout autant d'être rabroué que pour ses idées sur les chambres à gaz. Pourquoi donc, direz-vous? N'a-t-il pas le droit à ses propres opinions politiques? Est-ce péché ou hérétique d'appuyer Bush? Non, certes; seulement, ce n'est pas obligatoire pour un catholique pratiquant d'épouser ce point de vue. Il a donc le droit d'avoir cette opinion mais pas celui de se prononcer publiquement pour un candidat contre un autre. Parce que d'autres catholiques ont tout autant le droit de former leur jugement de manière indépendante (à condition de s'appuyer sur la doctrine de l'Église en ce faisant) et leurs pasteurs n'ont pas le droit de mélanger leur office de chef (chefs de TOUT le troupeau) avec leurs préférences personnelles. Bref, dans l'exercice de son ministère il est clair qu'un évêque se doit de garder une certaine réserve en dehors des questions religieuses et morales, ou à la rigueur sociales et politiques dans la mesure oû les secondes se rattachent aux premières. Mgr Williamson, lui, affiche ses particularismes. Désolé, mais il n'est pas évêque pour ça et je ne trouve rien d'estimable dans cette façon qu'il a de réclamer le droit à l'expression de son originalité. S'il veut pouvoir dire tout ce qu'il pense sur tous les sujets, qu'il demande sa réduction à l'état laic.
RépondreSupprimerTardivel
Ce que je trouve intéressant et symptomatique dans cette affaire W., c'est qu'elle est justement révélatrice d'une certaine légèreté dans la recherche de la vérité, légèreté consubstantielle malheureusement au milieu de la Tradition. Il ne suffit pas d'avoir lu 3 ou 4 opuscules pour critiquer Vatican II...Il ne suffit pas d'avoir lu quelques bouquins orinetés et malhonnêtes pour s'ériger en spécialiste de la 2de Guerre Mondiale... Le travail de fond est nécessaire. Vous l'avez fait M. l'abbé pour Vatican II. Si Mgr Williamson se sent aujourd'hui une âme d'historien, je ne doute pas qu'il comprenne que les allégations de Leuchter ne tiennent pas la route... Mais, de vous à moi, les âmes attendent la Vérité Incarnée, pas le détail de l'ingénierie de la mort ... Là est le monstrueux de la situation !
RépondreSupprimerMerci, Monsieur l'Abbé, pour cette dissertation qui nous éclaire ! je vais la relire, pour être bien sûr de tout comprendre, ce n'est pas évident !
RépondreSupprimerJe vais re-relire le discours aux Bernardins pour comprendre ce qui vous y chagrine... Personnellement, j'avais trouvé ce discours brillant au delà des mots... et je ne pense pas en &avoir saisi tous les sens... Mais ce qui est dit sur la Parole me semble tout à fait fondamental pour un catholique car cela revient à dire qu'il ne peut y avoir de catholicisme pérenne sans magistère de l'Eglise pérenne... D'où la suite de ma remarque sur le post précédent, concernant le rôle du magistère dans la transmission de la Vérité...
M. l'Abbé, votre propos suscite une somme de réflexions et de considérations...
RépondreSupprimerMais une domine les autres : si le Vrai est toujours autre ou toujours nouveau, on voit le risque pour les chrétiens : c'est d'en avoir autant d'expression que de bouches qui la profèrent et finalement, d'aboutir à une division totale des esprits...
Comment peut donc se faire l'unité des catholiques autour de cette Vérité ? Est-ce une unité des cœurs, convergeant dans sa recherche ?
Ou n'est-ce pas plutôt une unité autour du Magistère, chargé de l'expression authentique de la Vérité ?
Et cela m'amène à une considération polémique dont je ne peux m'empêcher : c'est ce qui me semble être un dévoiement de la notion de magistère opéré par la FSSPX : si la Tradition est ce qui a été cru toujours et par tous selon le canon de St Vincent avec une adhésion diachronique aux vérités énoncées, cela ne s'oppose-t-il pas directement à cette notion de Vérité toujours nouvelle que vous exposez ? Cette note de "diachronisme" obligerait à figer en qq sorte l'expression de la Vérité dans le temps, et priverait le magistère vivant de tout rôle dans l'expression renouvelée de la Vérité ?
Mais jusqu'où peut aller le renouvellement de l'explicitation de la Vérité ? Non nova, sed nove, disait Grégoire XVI... Mais le magistère a-t-il des limitations dont nous-mêmes pourrions juger ?
Ou plutôt, n'est-ce pas la mise en œuvre de la phrase de St Paul qui peut nous éclairer : la lettre tue mais l'Esprit vivifie. Et seul le magistère de l'Eglise est en mesure de bénéficier de l'Esprit conformément aux promesses du Christ ?
Bref, je pose des questions orientées, mais il me semble que le fond du pb, de la crise, c'est une vision défaillante du magistère, tant du côté moderniste que traditionaliste, et bien souvent on préfère s'en remettre à sa propre interprétation plutôt qu'à la seule autorisée, avec en conséquence des divergences fondamentales puisque la Vérité est toujours autre ?
Et puis, je ne suis pas certain d'avoir totalement compris vos propos : en fonction de mes questions, vous pourrez me remettre dans le droit chemin ! Merci d'avance, M. l'Abbé.