samedi 9 mai 2009

Pour Cécile et Martin

Cécile, vous priez pour moi (voir votre commentaire au post précédent), je vous en remercie du fond du cœur, j'en ai besoin. J'ai eu une tante carmélite à Pondichéry, dont je sais qu'elle s'est longtemps acquitté sur la terre de cet office et à laquelle j'attribue... la bonté de Dieu pour moi. Si vous voulez l'aider là où elle est...

Martin, je ne crois pas que votre inquiétude à tous deux (comme si vous vous étiez donnés le mot) soit digne d'un chrétien. Il faut dénoncer le mal et démasquer les périls lorsqu'on les aperçoit. Mais il ne faut pas prendre une attitude de repli et de suspicion dès que l'on ne connaît pas ce que l'on se sent devoir juger. Il ne faut pas oublier que la peur est une passion (l'une des plus fortes qui soient dans l'homme). Elle doit être combattue comme les autres passions et pour les mêmes raisons, pour laisser la place à un vrai jugement, c'est-à-dire à la prudence, choix des moyens qui permettent d'atteindre l'objectif poursuivi. (à suivre)

8 commentaires:

  1. Monsieur l'Abbé, je lis les messages de Cécile et Martin, ils me rassurent et je suis surprise de vote réponse. Moi aussi je suis une fidèle indéfectible, bien qu'ayant longtemps mangé du curé, et je vous ai pisté jusqu'au Centre St Paul. Vos homélies, vos conférences sont pour moi la lumière de la semaine car vous mêlez intelligence, rigueur, fraîcheur, foi profonde, méditation et approche mystique. Mais, comme Cécile et Martin, j'ai été surprise de vous voir emboîter le pas à Ennéagramme. Le développement personnel est très à a mode - voir le nombre de groupements, de propositions de formations et de stages, de livres... Je connais bien le problème car je suis médecin avec une longue pratique derrière moi et une collaboration sur le terrain avec des psychiatres, psychanalystes et pédopsychiatres. Si séduisantes et apparemment intelligentes que paraissent ces approches il faut s'en méfier - et il ne s'agit pas de peur... Dans mon métier on est blindé ! La structure, les motivations, les apparents fondements scientifiques sont de type sectaire et constituent un bon fonds de commerce.
    Alors, ni peur ni ignorance, mais de grâce, monsieur l'Abbé, restez tel que vous êtes! Eclairez-nous et apprenez-nous à voir en nous comme vous le faites, avec votre foi, la source est en vous par la présence divine. Peu de prêtres peuvent le faire. Ne partez pas ailleurs, car cette piste est vraiment un ailleurs...
    Très fidèlement à vous et très reconnaissante,
    anaïs

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  2. Je ne comprends pas ces réactions. Je suis philosophe de formation. J'ai un peu jeté un oeil sur l'ennéagramme... Pour moi, c'est une caractérologie comme il y en a d'autres, plus "dynamique" peut-être, plus fine, que d'autres. Cela contribue à la connaissance de soi, d'une certaine façon, je ne vois pas ce que cela peut avoir de sectaire. Il y a quelques années, l'aumonier de mon lycée ne jurait que par la classification primaire-secondaire, actif, etc. On ne lui reprochait pas de faire du "développement personnel"; il s'agissait de connaissance de soi, ce qui me semble la base même d'un examen de conscience lucide. Quelqu'un, s'il-vous-plaît, peut-il me dire ce qui n'irait pas dans l'ennéagramme?
    Merci.

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  3. Bonsoir M. l'abbé
    Je rejoins globalement l'avis d'Hubert...Ayant quelque compétence en sciences humaines, je sais que l'ennéagramme est une caractérologie parmi d'autres...Il y en a de meilleures... mais je les garde pour moi ! (je plaisante!). Pas de quoi se traumatiser a mon humble avis! la question de fond étant la légitimité du choix de cette méthode et de son enseignement au CSP. A titre personnel je trouve cela plutôt intéressant mais je comprends les interrogations des uns et des autres (même si je n'en partage pas les peurs... vous me connaissez suffisamment pour savoir que je suis l'homme des "liaisons dangereuses" ...quoique prudentes...au nom de Jésus Christ)
    @u plaisir de vous lire et vous entendre
    Bruno P.

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  4. Mon Père,

    Merci d'avoir pris le temps de me répondre. Comme je vous le disais, je ne suis qu'un catholique de base. Comme vous le dites très justement, je ne suis probablement pas "digne d'un chrétien". Et oui, vous avez raison mon Père, d'ailleurs je le dis chaque jour, par deux fois trois fois:
    Domine, non sum dignus...
    Domine, non sum dignus...
    Domine, non sum dignus...

    Je vous faisais part de mon inquiétude, qui n'est pas une attitude de repli et de suspicion, mais au contraire basée sur l'observation que plus d'un, et je parle pas de cul-terreux comme moi, s'est perdu dans ces méthodes de "connaissance de soi" et autres techniques de "caractérologie" du même bois.

    Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il nous faudrait aller chercher des méthodes de "connaissance de soi", d'aspect sinon de texture franchement gnostique (voire païen), alors que nous avons déjà tout ce qu'il nous faut dans le trésor de la Tradition.

    Enfin, vous savez probablement mieux que moi. Comme vous le disiez si justement... je ne suis pas digne. Merci de me l'avoir rappelé.

    Dans le Christ Roi
    Martin

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  5. @ Martin
    Je comprends votre question mais je crois que vous faites l'impasse sur un point important. C'est que la surnature se greffe sur la nature pour la perfectionner... Et que l'on ne peut pas faire l'impasse sur la NATURE au nom de Dieu et de la Tradition dont vous parlez. En d'autres termes ce n'est pas parce que vous êtes tradi que vous vous dispensez de prendre des médicaments quand vous êtes malade. Il en est de même de la psyché humaine et du caractère (qui relèvent avant tout de la nature). La faiblesse psychique ou comportementale ne se soigne pas qu'à coup de prières...Attention au surnaturalisme ...je vous renvoie à Thibon (et à M. de Corte) qui ont écrit des pages très éclairantes sur cette question
    In Christo
    BP

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  6. Bruno,

    Merci pour votre réponse. Merci aussi de m'éclairer quant aux impasses dans lesquelles je pourrais me fourvoyer.

    Ceci étant dit, j'ai du très mal m'exprimer, car loin de moi l'oubli, pas même la volonté d'oubli, de la nature. Ma propre faiblesse, insondable, me le rappelle chaque jour.

    La faiblesse ne se soigne pas qu'à coup de prières, certes... j'ai d'ailleurs eu l'occasion de remarquer que ma vieille sensibilité aux angines répondait plutôt mieux aux beta-lactamines qu'au Pater Noster.

    Mais, en matière de "faiblesse psychique", il ne m'a pas paru que l'art psychiatrique eut apporté des solutions bien concluantes, à part la prescription large de drogues (légales, celles-ci) calmant parfois (pas toujours) sans rien soigner. À moins que vous ne vouliez parler des élucubrations psychanalytiques, pour soigner ces maux, avec les résultats que l'on connait ?

    Donc, non, je n'ignore pas la nature. Ceci n'implique pas (A=>B n'implique pas B=>A) que je pense que toute méthode _prétendant_ résoudre les maux de notre nature... les résoudrait en réalité.

    Revenons à l'analogie du départ : imaginons qu'un "formateur" en Ennéagramme prétende que sa technique soigne le cancer du cerveau. Bien. Vous lui ririez probablement au nez, sauf si la charité vous en empêchait. Ceci vous ferait-il tomber dans l'impasse "surnaturaliste" dans laquelle vous me voyez perdu ?
    A contrario, doit-on accepter n'importe quel charlatanisme psycholo-machin, de peur de se faire rabrouer comme "surnaturaliste" ? Si c'est le cas, vous m'avez égaré en route. Je ne dois vraiment pas être digne d'être chrétien.

    Dans le Christ Roi
    Martin

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  7. Martin
    Contrairement aux apparences (peut- être) je ne suis pas un adepte de l'ennéogramme que je trouve pour ma part réducteur...
    Par contre, et c'est là où je ne vous suis pas, c'est que je constate que des MALADIES comme la dépression sont curables médicalement (et facilement!) car si on regarde les choses en face, sans parler des causes qui peuvent être multiples, il s'agit d'abord et avant tout objectivement d'un simple problème CHIMIQUE : un déficit en sérotonine... Et contrairement à ce qui est véhiculé dans le milieu tradi (dont je fais partie), les molécules actuelles, sous réserve que l'on trouve les bonnes, s'avèrent plus efficaces pour cette pathologie que les neuvaines, pour une raison simple : il s'agit d'une pathologie NATURELLE au même titre qu'une angine ou la grippe....
    Pour résumer je ne crois pas loin de là.... que la psychiatrie résolve tout (vous parlez de psychanalyse...ce qui est différent... et je vous dirai que je ne crois pas qu'elle ait soigné la moindre personne...donc on est d'accord au moins là-dessus !;-))... Je ne vous fais pas de procès d'intention cher Martin, je vous dis juste qu'on ne peut jeter la psychiatrie (qui est une spécialité médicale) aux enfers... avec l'eau du bain (la psychanalyse)...Et pour dire les choses de manière abrupte, il vaut mieux prendre un antidépresseur et assister à la messe du dimanche, que finir aux urgences psychiatriques ou pire... à la morgue de St Anne...
    In Christo Rege et Maria Immaculata
    Bruno

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  8. Bruno

    Merci pour votre réponse. Et toutes mes excuses, je n'avais pas vu hier que vous aviez répondu sur ce même fil.

    Psychanalyse, maladies, etc., nous sommes donc d'accord.

    Là où nous divergeons est sur votre certitude que les bonnes molécules soigneraient la dépression. Le problème est que la proposition est mal posée (au sens logique). En effet, la "dépression" est une entité clinique définie au moyen d'un argument circulaire (tautologie). Je vous renvoie au DSM-IV pour les détails, que je pourrai élaborer ici un autre jour. Mais le plus important ici est de noter qu'il n'y a pas de marqueurs objectifs de la dépression (que l'on pourrait par exemple mesurer au moyen d'un dosage sanguin). Votre argument invoquant la sérotonine est depuis longtemps considéré comme dépassé, et d'ailleurs, les "anti-dépresseurs" les plus récents (et soi-disant -- je vais revenir sur ce point plus loin -- les plus efficaces) agissent aussi sur la recapture de la norepinephrine et/ou de la dopmamine, dont certains prétendent (sans davantage de preuves objectives) que leurs rôles seraient au moins aussi importants que celui de la sérotonine.

    Donc nous avons mentionné deux problèmes
    1. celui d'une entité clinique définie tautologiquement;
    2. celui d'un modèle biochimique contestable et d'ailleurs contesté.
    Mais il y a un problème plus directement lié à ce que vous développez, à savoir celui de la prétendue efficacité. Tout d'abord, il faut savoir que les traitements les plus efficaces contre ce qu'il est convenu d'appeler la dépression... demeurent les vieux tricycliques... dont le mode d'action n'est toujours pas élucidé.

    Les raisons pour laquelle les SSRIs, ainsi que les encore plus modernes SNRIs et leurs autres cousins plus "tendance" encore, sont autant prescrits sont:
    1. qu'ils assurent des revenus colossaux aux laboratoires qui les produisent; et
    2. qu'ils ne font pas trop de mal, contrairement aux TCA ou au MAOIs, ces derniers ayant la fâcheuse tendance de tuer les patients (ce qui présente toutefois l'avantage de leur éviter de se suicider).

    En revanche, en ce qui concerne l'efficacité... et bien le tableau est bien moins rose que ce qu'annoncent laboratoires ainsi que prescripteurs. Si vous êtes intéressé, les méta-analyses ne manquent pas, mais vous pouvez commencer ici :
    http://www.plosmedicine.org/article/info:doi/10.1371/journal.pmed.0050045
    ou encore, un peu moins technique :
    http://www.newscientist.com/article/dn13375-prozac-does-not-work-in-majority-of-depressed-patients.html
    mais qui nous rappelle en particulier que GSK a truqué les résultats pour pouvoir placer sa poudre de perlimpinpin (aussi connue sous le nom de Prozac).

    C'est d'ailleurs bien là ce qui plait tant à BigPharma : des médicaments peu efficaces, voire totalement inefficaces, pour une entité clinique mal définie mais de toutes façons s'inscrivant en général dans un contexte de chronicité; en d'autres termes, le rêve pour un potard, celui de la prescription ad vita æternam. Le corps médical étant souvent mal informé quant à ce qu'est exactement un test clinique (avec une compréhension en moyenne à peu près nulle de ce qu'est un test statistique) et manipulé par les autorités de régulation, elles-mêmes corrompues par leurs rapports incestueux avec BigPharma, on ne peut pas (trop) en vouloir aux généralistes (premiers prescripteurs de psychotropes, ne pas l'oublier) de se donner bonne conscience en renvoyant Madame Lamentation chez elle avec une boîte de Prozac, au terme d'une visite expédiée en deux minutes 30 montre en main.

    Quant aux psychiatres... "spécialité médicale"... oui, charlatanisme reconnu par la Faculté.

    In Christo Rege

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