vendredi 29 janvier 2010

Je voudrais vous faire profiter...

... d'une très belle lettre de Henri, que j'ai reçu en privé, mais qui ne contient rien que de public et que je me fais donc un plaisir de relayer. Objet ? Le n°2 de Respublica Christiana sur Les catholiques et la Shoah. Je crois que la seule manière de ne pas donner raison au bourreau en laissant à la mort le dernier mot, c'est d'entrer dans une compréhension "messianique" (comme dirait Agamben dans son magnifique Le temps qui reste) ou chrétienne (comme je dirais moi) de la Shoah. Je crois que cette idée - messianique et chrétienne - de la Shoah comme apocalypse de la modernité va finir par faire son chemin. Voici le très beau texte d'Henri, qui se trouve comme renforcé et concrétisé par l'étrange rencontre dont il nous fait part :

Bravo pour votre dossier dans Respublicana Christiana sur les catholiques et la Shoah. Oui bravo d’avoir pris le problème à bras le corps et de nous délivrer d’une attitude compassée et gênée. Il me semble comme je l’ai déjà dit que : Le bourreau en tuant l’autre, en l’anéantissant, n’est ce pas son image d’enfant de Dieu qu’il veut anéantir au fond d’un désespoir absolu ? Perdre la foi en Dieu suite à la Shoah ne serait-ce pas l’ultime victoire e du bourreau ? En ce sens la Shoah et sa monstruosité ont bien été aussi prévues par les « Démons » de Dostoievski. L’assassinat de Chatov soude les conjurés dans un désespoir commun (même le sain athée Kirilloff y participe à sa manière en fournissant malgré lui un alibi aux x conjurés par son suicide effrayant) .

Il suffisait d’étendre l’échelle par une métaphysique hostile à toute spiritualité, pour réduire l’homme à un numéro , celui des camps ou celui de nos sociétés codifiés [c'est ce que dit magnifiquement Imre Kertesz, à propos de la société bloqué de la Hongrie socialiste derrière le Rideau de fer. GT]

La Shoah nous pose en tant que chrétiens et particulièrement en tant que catholique la nécessité de nous accorder avec nos frères juifs sur une vision du mal dit ce dossier. . Oui, et de relire Girard.. Oui.

Je vous signale que c’est au bout de 15 secondes de discussion quand j’avais fait connaissance avec un voisin avenue de Ségur (en jetant des bouteilles dans un conteneur), suite à son refus avoué de croire vraiment en Dieu, en raison des malheurs de sa famille polonaise pendant la guerre, et devinant alors qu’il était juif, je lui avais tenu de but en blanc les propos que j’ai soulignés au début (que m’avait inspiré Dostoïevski) Il a été étonné et il a tenu à me revoir souvent et nous avons amorcé un dialogue qui s’est poursuivi. L’ai-je rendu à la foi, celle de ses pères ou une autre ? En tous cas la question se pose. Pour nous deux…

Bien à vous et cordialement
Henri

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