lundi 17 mai 2010

Nous ne sommes pas des gens moraux...

Je me permets d'accommoder ce vieux slogan d'AF à la polémique sur le string et la mini-jupe qui fait rage sur ce blog, comme elle déchaînait déjà les passions aux beaux jours de Brigitte Bardot il y a... 40 ans !

Non les chrétiens ne sont pas des gens moraux au sens où ils ont été libérés de la loi par la foi. Relisez l'épitre aux Galates. Lisez le Traité de la Loi nouvelle dans la Somme théologique (Q. 108 de la IaIIae). Le Christ ne nous a pas donné un ensemble de prescriptions. Il a protégé la femme adultère que la loi punissait de mort par lapidation. Il a affirmé que "les publicains et les prostituées précèderaient bien des gens moraux dans le Royaume de Dieu" Il s'est fait traiter de glouton parce qu'il ne jeûnait pas comme Jean Baptiste. Le premier auquel il ait ouvert la porte du Ciel est un voleur crucifié qui, de son propre aveu, méritait son sort : "Ce soir tu seras avec moi dans le paradis".

Bien des prêtres dans les années 50 ont fait consister leurs prêches dans des recommandations morales de toutes sortes. Résultat ? On a oublié le mode d'emploi de la foi catholique. On a fait consister la religion en un certain nombres d'interdits ou d'observances... Comme si c'était le problème ! A l'arrivée : le vide.

On peut être tenté aujourd'hui de protéger la communauté déjà bien réduite des chrétiens, en accentuant les différences (en particulier vestimentaires bien sûr) entre les chrétiens et les autres, jusqu'à rechercher une sorte d'uniforme qui ne dit pas son nom. Ce communautarisme peut être efficace à court terme. Il n'en est pas moins contraire à la nature même du christianisme. Il mène trop souvent au pharisaïsme des bons et à la fermeture sur soi.

Pour aborder de façon précise la question de la mini-jupe (que Moreno appelle dans certaines circonstances la mimi-jupe si j'ai bien compris), je crois que la première chose que doit faire une jeune fille, ce n'est pas penser à ce que penseront les hommes, mais plutôt (d'abord) penser à son propre naturel. Qu'une jeune fille cherche à se mettre physiquement en valeur, selon les contextes dans lesquels elle évolue ou les circonstances qu'elle vit... c'est normal. Il y a de très beaux textes de saint François de Sales sur le sujet. Mais je pense qu'elle n'a pas forcément envie, si elle est bien née (je ne dis même pas : si elle est chrétienne) de passer pour une Marie couche toi là. C'est justement le souci de son image qui lui indiquera une manière d'être et une manière de s'habiller, selon les circonstances. Imposer un code vestimentaire a priori, cela ne me semble pas souhaitable, car cela condamne les jeunes filles au manque de naturel et au manque d'élégance (c'est souvent la même chose).

On me dira : "M. l'abbé, on voit bien que vous n'avez pas d'enfants et que vous ne savez pas ce que c'est que l'éducation". - Je crois qu'il faut savoir faire montre d'autorité, en particulier durant l'adolescence, où le seul "naturel", c'est ce que font ou ce que portent les copines (valable aussi pour les garçons d'ailleurs). Il me semble que la mère a un rôle très important pour former le goût et le tact de sa fille. Quant au père, il doit aussi intervenir ; même si c'est juste par une petite phrase bien sentie, ça a forcément du poids. Il faut surtout ne pas laisser certaines habitudes vestimentaires se créer cher les adolescents. Mais d'un autre côté, les bons réflexes dans ce domaines s'acquièrent vite et il ne faut pas non plus infantiliser ses enfants, au risque d'en faire des "adulescents". Si j'avais à résumer le maître mot pour les parents qui éduquent leurs enfants, c'est d'en avoir le souci constant, de fixer des limites infranchissables et d'être assez jeunes dans sa tête pour les conseiller discrètement et de façon crédible dans ce domaine.

Excusez moi de m'étendre à de tels détails. Je voudrais simplement désarmer la critique, après l'avoir un peu provoquée par mon titre.

Pour ce qui est non des adolescentes mais des femmes, je redis qu'elles ne doivent surtout pas se demander en permanence ce qu'elles font aux hommes (elles n'en savent rien et du reste les hommes non plus). On ne parle pas pour rien de surprise des sens. C'est qu'il n'y a rien de plus bête - et là je parle aux hommes - que l'organe qui fait leur fierté. C'est cette bêtise souvent qui est surprenante.

Une femme chrétienne n'est pas une femme qui a adopté avec la foi un code vestimentaire, comme c'est le cas des musulmanes dites intégristes et aussi des juives ultra-orthodoxes. Par son élégance, elle rend hommage à la beauté que Dieu lui a donnée, mettant en valeur ses atouts et cachant éventuellement ses défauts (à propos de mini jupes, il y a vraiment des femmes qui DOIVENT impérativement s'en passer et qui malheureusement pour elles ne le comprennent pas forcément). Elle garde toujours son naturel, qui n'est ni celui de l'allumeuse ni celui de la traînée : c'est d'abord une question... d'éducation justement et aussi de fierté. Mais je m'arrête là par crainte du ridicule (déjà atteint peut-être).

Juste une remarque encore à propos de la tenue à l'Église. Là encore c'est une question de naturel, on ne s'habille pas de la même façon pour aller à l'église ou pour aller au bal. Les femmes le comprennent très vite. Alors pourquoi multiplier les prescriptions... sur le voile par exemple ? Concrètement, cela contribue à enfermer une communauté en elle-même, interdisant aux nouvelles arrivantes de s'y insérer. Mais surtout cela laisse penser que la vie chrétienne est une question de vêtement et que si on ne l'a pas ce n'est pas la peine, ce qui est absolument faux et mène souvent à confondre sociologie et religion [Ah Cyrillus !].

Je reviens sur ce que je disais en commençant : "Nous ne sommes pas des gens moraux". Péguy, dans ses Notes sur M. Descartes insiste en disant : "la morale enduit l'âme contre la grâce". Le christianisme n'est pas un ordre moral. Notre première fonction n'est pas de prêcher la morale pour obtenir la bonne conscience mais de prêcher l'éternité pour obtenir la conversion, metanoia, le changement d'esprit. Certes celui qui sait qu'il doit "se transformer" (I Co. 15) pour devenir éternel, pour accéder à l'éternité de Dieu cultive une très grande exigence morale. Mais c'est une exigence qui ne vient pas du catalogue des péchés-dans-lesquels-ne-pas-tomber. Éduquer dans cet horizon purement négatif [Tu ne feras pas...], c'est confondre un verni extérieur avec la réalité morale, qui est d'abord intérieure. On ne forme des êtres accomplis qu'en leur donnant des objectifs positifs. Que vaut la crainte de mal faire, s'il n'y a pas d'abord la passion de faire le bien ? Certes "la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse", pédagogiquement elle est nécessaire aux commençants (aux enfants par exemple et aux adultes un peu bruts de décoffrage), mais il n'y a pas de sagesse si l'exigence morale est purement formelle et vide. La morale chrétienne est l'action du Saint Esprit en nous, ou elle n'est rien.

25 commentaires:

  1. de l'abbé pur jus !
    pierre

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  2. Tout est dit dans votre conclusion:"...mais il n'y a pas de sagesse si l'exigence morale est purement formelle et vide. La morale chrétienne est l'action du Saint Esprit en nous, ou elle n'est rien."
    On ne trouve pas Dieu au rayon des soutiens-gorge ou des mini-jupes.
    "Honni soit qui mal y pense."
    Bravo, Monsieur l'Abbé!
    Willy

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  3. Merci enfin d'un discours clair et réaliste sur le sujet; cela rappelle de loin certes une discussion sur la circoncision entre St Pierre et St Paul, reprise par St Augustin et St Jérôme dans des échanges épistolaires houleux...St Augustin explique que l'attachement à certaines formes n'est pas nécessairement condamnables mais que cela ne garantit pas le salut!

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  4. Nous avons bien fait de nous écharper hier! Résultat: ce si beau texte, dont nous gratifie le Père GdT, décidément capable de s'emparer de n'importe quel sujet, soit-il futile en apparence, pour l'élever et le rendre riche d'enseignement chrétien: merci Père, c'est magnifique, ce que vous écrivez et je me sens réconcilié avec tous les "Anonymes" qui m'ont rétorqué que j'étais un être qui ne connaissait pas le mot "pudeur", moi qui considère si haute, cette vertu (merci, les copains! mais je ne vous en veux plus grâce au Père)!

    Et merci aussi à notre cher Webmestre, qui a supporté ça, avec tant de patience et sagacité, doigté allais-je même dire, que nous lui
    connaissons, d'ailleurs.

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  5. "On ne trouve pas Dieu au rayon des soutiens-gorge ou des mini-jupes" dixit supra.

    Certes, mais...pas davantage au rayon des jupes sac de patates et collants fripés couleur chair dans des sandales bien plates.

    L'article de M.l'abbé est remarquable, il serait dommage que les commentaires cassent cette excellente variation sur le ton vestimentaire!

    Il y a mini-jupe et mini-jupe, tout dépend du contenu (ligne des jambes, la démarche de la femme etc); si l'on se tient comme un poteau, avec jambes en dedans et les bourlets apparents, bon, passons... Mais toute vulgarité est évitée si la femme sait bouger (une démarche de ballerine, raffinée et distante), a une ligne irréprochable et la jupe assortie au reste de la tenue. Les petites robes courtes, si la morphologie le permet, sont d'une élégance exquise d'ailleurs - si l'on sait les porter.

    Ceci pour les tenues de ville, il n'est pas question de la messe dans ce propos.
    Pour la messe, on mettra une jupe plus longue, il y en a de très belles, les très longues surtout (le 3/4 hideux à mi-mollet à éviter, pourquoi s'enlaidir pour Dieu, la messe est un rendez-vous d'amour en quelque sorte). Un beau pantalon peut être également très élégant, même un jean avec une belle veste longue et chemisier assorti font très bonne figure. De toute façon l'essentiel n'est point là, c'est à l'intérieur de l'âme que ça se passe, bien que l'on puisse se faire belle pour le Christ à l'extérieur aussi, tant qu'au plus profond de notre "demeure".

    Remarque très juste sur le communautarisme vestimentaire, anti-catholique dans son principe.

    D'une manière générale, les "vertueux" de tout bord (dont vestimentaire) sont tant imbus de leur "vertu"(ah, la "chasteté", comme ils aiment ce mot!) qu'ils n'ont plus de place pour Dieu dans leur coeur qui déborde d'eux-mêmes.
    On dirait que la foi leur sert de paravent pour ne pas être "obligés" d'avoir une relation personnelle et amoureuse avec un autre être humain. Et sans pour autant qu'ils soient prêtre (ou religieuse, mais plus rare)!

    Peut-on prétendre d'aimer Dieu que l'on ne voit pas, si l'on est incapable d'aimer le prochain que l'on voit ?

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  6. Merci, pour ce bel article, Monsieur l'abbe.
    Quand vous dites "Je crois qu'il faut savoir faire montre d'autorité", je me permets, en tant que femme et maman, de completer "faire montre d'amour".
    Par l'exemple et par l'amour, il est facile d'apprendre a l'enfant (car tout commence des les premieres annees) et a l'adolescent(e)ensuite, que la beaute d'une ame n'est jamais aussi bien mise en valeur que dans l'ecrin de l'elegance de l'etre et du paraitre : de belles pensees, un beau langage, une belle apparence.
    Je me suis laissee aller a imaginer des tableaux de peintres classiques, representant des scenes de femmes, avec mi-jupes, jeans, etc... pardonnez-moi si cela vous provoque un cauchemard... BTK

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  7. Monsieur l'abbé,

    Juste une remarque sur le voile à l'église. Pourriez-vous développer ce qui a porté l'Eglise à légiférer là-dessus et ce qui le rend tout aussi indifférent à vos yeux aujourd'hui?

    L'époque n'est pourtant pas si lointaine où une femme se devait de se couvrir, ne serait-ce que d'un mouchoir, pour passer ne serait-ce qu'un instant à l'église.

    Merci.

    Leopardi

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  8. Merci Monsieur l'Abbé de m'avoir fait courir ainsi mon imagination..Lâcher un peu les cordons de la morale ne nous fait-elle pas un peu de bien..
    Nous savons que la lettre tue et que c'est L'Esprit qui vivifie. Nous devons voir la morale dans le même sens.

    Je crois que la morale dans le cheminement, il nous faut la voir en aval,(pas en amont), puisque c'est une attitude que l'on doit s'imposer par devoir. (Après, pas avant). Il faut pas prendre une balise pour un étau non plus. Nous voyons parfois des gens qui n'ont aucune foi possèdant un sens aïgue de morale.
    Ils le font par leurs propres dignités. Je dirais même qu'ils sont parfois pour certains chrétiens des modèles..

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  9. Monsieur l'abbé,

    Bravo et mille mercis. Tout ce que vous avez écrit devrait être appris par coeur par les mères, les filles, les pères et les jeunes hommes...

    Pour votre titre, je me souviens d'avoir entendu Mr. Lustiger à la messe de 18 heures à ND de Paris, commencer ainsi un sermon : je n'ai pas de morale et j'espère que vous non plus !

    Continuons donc tous à laisser la morale à ceux qui n'ont ni coeur, ni amour ni charité.

    Merci, Père.

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  10. Si nous sommes des gens moraux. Sinon nous tombons dans la casuistique. Je vous conseille de relire les Provinciales.

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  11. Sur le voile que faites vous de la recommandation très précise que est faite par Saint Paul, en personne, à ce sujet?

    Gogader

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  12. Bravo et merci.
    Puisque vous parlez du voile islamique, je vous renverrai à notre ami Serge de Béketch qui avait dit, réflexion frappée au coin du bon sens, en substance:
    quand nous, chrétiens, voyons une fille provocante et à moitié nue, nous trouvons ça beau si ça le mérite, même si c'est ridicule et indécent.
    Cela suffit: nous n'enfermons pas nos femmes dans des sacs à patates pour les cacher, car nous ne sautons pas sur toutes les femmes indécentes pour les violer. Qui sont les barbares?
    Saint-Georges

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  13. Bravo M. l'abbé
    Comme me l'a fait remarquer un jour notre excellent ami commun C.H., la modestie du vêtement est l'avant dernier degré de la perfection dans la règle bénédictine. Commencer par édicter des règles en matière de vêtement, c'est commencer par où l'on doit finir.;.. Et c'est au sens fort une INVERSION anti apostolique...
    Merci pour ce beau texte
    Amitiés
    Bruno P.

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  14. Deux très bonnes questions d'anonymes sur St Paul, le voile à la messe et la (les) position(s) de l'Église à ce sujet. Nul ne doute que cela nous vaudra une réponse aussi excellente que l'article qui les a provoqué!
    JD 31

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  15. Tanoüarn, vous êtes de plus en plus ahurissant. après nous avoir enfermés dans le philo-semito-sémitisme (burqo-chouchouah)de la 3 ème guerre mondiale ethnique civile, , voilà que vous partez en guerre contre le communautarisme( qui n'existe quasi pas) avec des références de famille et de littérature plus étroites que tout communautarisme passé ou à venir.
    Mais dans quel monde vivez-vous?
    ayant du , à la fin de ma" carrière" de prof dans les zones de non droit, passer une grande partie de mon temps (hors enseignement strict) à apprendre aux filles et aux garçons un minimum de tenue (dans le contexte des battes de base-ball, des cutters, les coups de boule des viols et des bastons, je reste abasourdi du petit monde dans lequel vous vivez...
    Moi aussi j'ai lu le catholicisme non-moral( les Bloy, Bernanos, Claudel et autres Péguy) , que j'admire toujours ...mais le glissement de terrain, le cataclysme dela "décolonisation" suicidaire et meurtrière, de Vatican 2 confusionniste et des révolutions (philosophiques, morales, politiques, historiques, artistiques) nous fait vivre dans un boxon et une hideur permanents...
    Un ordre moral serait une thérapie homéopathique dans le déferlement actuel !!!
    alors foin des nuances si l' on veut sauver quelques corps( je ne parle même pas des âmes!!!) l'ane onyme idiot inutile

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  16. Cher âne onyme, hier vous nous avez plongés dans une fulgurance "à rebours" avec cette histoire d'oie trucidée du Capitole! Ce soir, vous nous faîtes une poussée à la Jean Parvulesco, le tout sur fond des conférences internétiques du Père GdT que Normale Sup. pourrait nous envier, ils n'ont pas mieux sinon moins bien, et en plus ils ont avalé leur parapluie, alors que le Père est plein d'humour et de joie de vivre!

    Moi, je me régale! Culture et plaisir d'apprendre: "le top", comme on dit sur RC...lol!

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  17. A tous les âno-nymes crispés sur leur tartufferie (pour se protéger de leurs propre perversité) : tout excès vient de la peur. Tout extrêmisme vient de la peur.

    En opposition directe avec l'Evangile où Jean nous dit "n'ayez pas peur!".
    Nos Papes bien aimés nous ont suffisamment rappelé ce passage de la Bonne Nouvelle. Mais le fondamentalisme s'est toujours opposé au message du Christ, lire Dostoïevski.

    Le Père de Tanouarn a remarquablement développé le sujet. Merci.

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  18. Si le catholicisme n'est pas une morale, alors qu'est-ce que c'est ?

    Mgr Lefebvre insistait sur l'obéissance aux 10 commandements sans lesquels il n'y a plus de société.

    St Paul également insiste contre le meurtre, la rapine et les infractions sexuelles.

    j'ai l'impression que vous faites une religion bien éthérée.

    Le catholicisme est au contraire la colonne vertébrale d'une société et d'un Etat policés ainsi que Napoléon l'avait bien compris : pour lui le prêtre était le meilleur soutien de l'ordre social.

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  19. A Anonyme 20h44 :
    Les 10 commandements sont un héritage des trois religions monothéïstes, dont toute la Chrétienneté (catholiques, protestante, orthodoxe). Qu'est-ce que "Mgr Lefebvre" vient faire là-dedans ?

    Pour le reste, relisez l'Evangile.

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  20. vous avez raison: le christianisme est un immoralisme et, à votre exception et à celle du professeur Philippe le Vilain, je connais peu de gens qui osent le dire. un immoralisme n'est pas un amoralisme. Mais que faire de sa liberté morale une fois reconquise? voici que l'angoisse luthérienne nous ressaisit: la grâce suffit-elle au point qu'on puisse se dispenser d'agir de manière moralement droite? Ou la grâce ne supplée-t-elle pas l'effort à fournir pour sortir de la condition de pécheur? faut-il en sortir par ses mérites ou laisser le rédempteur nous en sortir? J'avoue que, parfois, j'ai envie de déclarer forfait au combat spirituel et je n'ai plus envie de "me battre pour en sortir ni de lutter pour réussir: balivernes que tout cela", comme me le disait un ami éprouvé (franck bourel).

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  21. Cher monsieur l'abbé, merci pour ce beau texte. Une phrase m'y chagrine toutefois : "je crois que la première chose que doit faire une jeune fille, ce n'est pas penser à ce que penseront les hommes, mais plutôt (d'abord) penser à son propre naturel." Phrase qui me paraît un peu trop aller dans le sens de l'époque, qui valorise le naturel pour mieux minimiser l'éducation. Certes, l'éducation ne doit pas détruire le naturel, elle doit le couronner, le conduire vers le meilleur de lui-même, le spiritualiser peut-être. Mais puisque dans les rapports entre gens de bonne compagnie, la naturel doit avoir conscience de ses limites et être tempéré par la bonne éducation, qui consiste justement à garder à l'esprit que nos paroles et nos attitudes ont un effet sur les autres, et prendre garde à ne pas les froisser par un naturel débridé qui pourrait facilement tourner à l'impropriété, je ne vois pas pourquoi l'attitude des femmes (je préfère élargir la question à l'attitude plutôt que la restreindre au vêtement) échapperait à ce principe. Or il me semble que trop de jeunes filles, à l’âge où comme vous le dites si bien les parents peuvent aiguillonner leur raisonnement d’une phrase bien placée, n’ont pas été averties de l’effet que leurs attitudes pouvaient avoir sur les hommes. Cet effet est avant tout un effet de la bêtise masculine, dites-vous ? Je vous l’accorde sans vaine résistance aucune. Mais cette bêtise, monsieur l’abbé, est une réalité solidement enracinée que ni vous ni surtout moi ne sommes en mesure de changer, et il serait étrange que le partisan du réalisme spirituel que vous êtes veuille l’ignorer. Alors je serai tenté de conclure : parents, éveillez vos filles à l’idée qu’elles ont, à leur insu, un pouvoir sur les hommes, et que ce pouvoir, il s’agit de le domestiquer pour en bien user. Et éveillez vos garçons à mépriser leur orgueil mal placé ! Et pour le reste, bien d’accord avec vous, point de code, si ce n’est la liberté pour chacun d’user ou de mésuser de son naturel, d’ignorer ou de comprendre ce qui fait sa dignité de créature.

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  22. Les filles un pouvoir sur les garçons ?? Ouvrez les yeux, aujourd'hui c'est le phénomène inverse qui prend de l'ampleur : ces malheureuses sont prêtes à toute souffrance et tous les incomforts pour attirer l'attention du sexe opposé !

    Talons incroyables au risque permanent d'une foulure, les chaussures à bout tellement pointu qu'elles évoquent le cilice, les maquillages voleurs de temps (au moins 1h/jour) et qui piquent (beaucoup) les yeux le matin (jamais le temps de nettoyer le soir), les jeans serrés à ne pouvoir plus respirer, les petits hauts par vent et tempête-pour plaire au risque des rhumes et angines, les pillules bourrées d'estrogène nocives à la circulation sanguine (monsieur trop comfortable pour s'embarrasser du préservatif, bien sûr!), des heures de perdues devant les facebooks et autres webs 2.0 à placarder ses murs avec soi-même (souvent en petite tenue, combien d'énergie pour le réussir hors du contrôle parental) pour "exister", combien de sms envoyés désespéremment et sans réponse aucune, générant stress et angoisses avant l'âge, combien de régimes draconiens pour gagner quelque miligrammes et autant d'attention de "lui" etc etc;

    La vie d'adolescentes et d'"adulescentes" (20-30s)d'aujourd'hui. Quel homme serait-il prêt à tant de sacrifices ??

    Si l'on parle du pouvoir, il n'est pas là où l'on croit; et certainement pas du côté de ces malheureuses.

    Quant à l'attraction physique, il est temps d'en finir avec ce mythe de la femme non attirée sexuellement par les hommes - cela existe de la même façon de deux côtés ! Les hommes ont le même effet sur les femmes normamelent constituées qu'elles-mêmes produisent sur eux, quel intérêt de se faire accroire le contraire ?

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  23. Cher Anonyme,

    je déduis de votre commentaire que les filles n'ont aucun pouvoir sur vous... et je vous plains.

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  24. Les jeunes filles que je croise ne portent pas de tenues extravagantes : elles n'en ont pas les moyens. Elles doivent travailler dur pour un petit salaire et se loger dans des conditions difficiles à des prx exorbitants. Alors arrêtez vos délires ; pour les petites gens, la vie est difficile. Le matin dans le métro je vois toutes ces jeunes femmes parfois enceintes déjà fatiguées et qui doivent bosser dans des boulots pas marrants ; courir toute la journée et récupérer les gosses le soir à la crèche.
    Bien sur, les bonnes âmes diront que je fais du misérabilisme ; on disait aussi cela de Zola, de Gorki ou de Jules Romains qui a si bien décrit la vie des humbles dans les Hommes de bonne Volonté.
    Bref, la vie n'est pas drôle (sans compter la maladie).

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  25. Monsieur l'abbé, malgré tout le respect que je vous dois... ne sous-estimeriez-vous pas un petit peu la créativité féminine ? Les contraintes stimulent l'imagination ! :-)
    Le vicaire de notre paroisse nous exhortait l'autre jour à conserver soigneusement cette fameuse limite de la jupe "couvrant les genoux une fois assise*", mais à ne pas se laisser enfermer dans des codes grincheux et dépassés, style Cyrillus automne-hiver 52 rouge-gris-bleu marine. De la couleur, de la gaieté, de l'originalité ! Les chrétiennes ne sont pas des rabat-joie ! ... mais de la décence, c'est le minimum, et ce qui peut apparaître à certain(e)s comme une contrainte est bien plutôt une libération : finis les casse-tête en boutique pour savoir si vraiment c'est assez long, et là si je me baisse, et là si je m'assois, et là si...

    * ce qui n'arrive pas souvent (et c'est une paroisse de la FSSPX...)

    Au commentateur qui prend les désirs des femmes pour ceux des hommes : si c'était le cas, on vendrait la crème fraîche et les voitures avec des affiches d'hommes en maillot de bain, et non pas de femmes dénudées. Avez-vous remarqué comme la presse érotique à destination des femmes est faiblement développée ? (je ne suis même pas sûre que cela existe, en fait...)
    Une différence de sensibilité entre hommes et femmes qui répond, de plus, à une nécessité reproductive assez évidente...

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