mardi 17 janvier 2012

Martin Scorsese, c'est magnifique !

Hugo Cabret ? un film peut en cacher un autre. C'est que Martin Scorsese a plus d’une corde à son arc. Pour ceux qui douteraient encore du talent de ce réalisateur hors norme, allez voir d'urgence, s'il est encore à l'affiche, Hugo Cabret, un film pour enfants qui n’a d’enfantin que le rythme endiablé de la caméra.

Il y a un rapport qui doit faire réfléchir entre le vieux cinéma muet et les productions actuelles dites en Trois D. Lequel ? Dans un cas comme dans l’autre, on se passe des paroles. A l’image la toute puissance sur l’esprit du spectateur ! C’est ce que Martin Scorsese nous montre magnifiquement dans le long générique, muet et rempli d’effets spéciaux, de sa dernière production : Hugo Cabret. Son film est annoncé comme un film pour enfants. Ne vous y fiez pas. Et ne tardez pas à aller le voir, comme j’ai tardé moi-même. Même si il a été extrait d’un roman pour enfants de Brian Selznick, publié en 2007 aux Etat Unis chez un éditeur catholique, Scholastic press , même s’il nous conte l’histoire de deux orphelins Hugo et Isabelle, même s’il prend toutes sortes de licences avec les événements qu’il est censé raconter, ce petit chef d’œuvre est bien autre chose qu’un film pour enfants. C’est aussi un film sur le cinéma, c’est aussi un film sur la destinée humaine, qui renvoie de curieux échos métaphysiques : mais venant des enfants, toutes les questions sont permises, n’est-ce pas ?

Réflexion sur le cinéma, ce film est avant tout un hommage sensible à Georges Méliès, le premier véritable réalisateur de cinéma, dont il nous reste environ 200 courts métrages (sur les quelque 800 qu’il a dû produire). Disciple de Robert Houdin, fasciné d’abord par la prestidigitation, il a placé son oeuvre sous le signe de la farce et des trucages en tout genre. Méliès avait créé le premier studio cinéma à Montreuil, en banlieue parisienne ; et il avait dessiné et construit de somptueux décors. Pour lui, le cinéma était avant tout œuvre d’imagination. Il s’agissait de transformer la vie des hommes en un songe, plein de ravissement, d’étonnement et de rire. Il s’agissait de capturer les rêves qui nous traversent sans s’arrêter. Avec la 3D, on peut dire que le cinéma le plus contemporain revient à cette première vocation, quitte à déserter le statut d’Art majeur qu’il s’était acquis durant la deuxième moitié du XXème siècle. La dictature américaine et mondiale de l’entertainment retrouve par d’autres biais les anticipations du génial Georges Méliès.

Sur le fond, ce film, qui se présente comme une immense course-poursuite à travers le temps, offre une réflexion sur la place de chacun dans l’existence, sur ce que le vieux Platon appelait « l’œuvre propre » qui nous détermine comme un rouage seulement, mais un rouage irremplaçable de l’immense machine de l’univers. Le petit Hugo Cabret attend un message de son père – quelque chose comme un signe de Dieu – pour trouver sa place, lui l’orphelin dans le vaste monde. Il ne sera pas déçu et nous non plus !

 Il faut saluer la performance des deux enfants qui sont les héros de cette fable écrite en l’honneur du cinéma, Asa Butterfield, le jeune garçon absolument étourdissant de naturel dans les circonstances les plus variées et Chloé Moretz, qui fait une parèdre accomplie pour ce jeune prodige. De 7 à 77 ans, courez voir Hugo Cabret : vous ne regretterez pas ce film, qui se révèle vraiment tout public.

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