Nous avons célébré à Saint-Denis, dans une Basilique pleine, l'anniversaire de la mort du roi Louis XVI. Je célébrais ; l'abbé Laurent prêchait, il a prêché magnifiquement sur la paternité du roi. En coupant la tête de Louis XVI, disait à peu près Renan, la Révolution ne s'est pas rendu compte qu'elle coupait la tête de tous les pères de famille. La monarchie française était l'exercice d'une paternité spirituelle. Le roi-père du peuple était le garant de la continuité et de la prospérité politique du pays. Louis XVI reprend à plusieurs reprises, dans les moments terribles, cette image de la paternité royale.
Alors que je me prépare moi-même à prêcher demain à la Chapelle expiatoire pour la même circonstance, je crois que j'irai volontiers un peu plus loin : paternité ? Dieu est celui de qui toute paternité au ciel et sur la terre tire son nom, explique saint Paul. C'est la raison pour laquelle toutes les paternités humaines sont un peu virtuelles - paternité royale comprise. Dans l'ordre naturel, elles viennent de la confiance que l'homme a dans la femme qui lui donne un enfant. Dans l'ordre politique, de la confiance des sujets dans le rex. Certes aujourd'hui, je parle des familles mais aussi de certains cas d'héritages royaux difficiles, un test ADN peut suppléer à cette confiance... Il reste heureusement exceptionnel. Le fait est en tout cas qu'autant la femme ne peut jamais renier son oeuvre, autant donc la maternité a quelque chose de parfait et d'accompli, autant la paternité recèle une dimension virtuelle. Seul Dieu est vraiment et complètement "père". Le roi ? Je préfère dire avec saint Thomas qu'il est vicem populi gerens : il tient la place du peuple. Il est le résultat d'un processus d'identification. Qui t'as fait roi ? entendait Clovis. Il n'y a pas d'autorité humaine qui soit absolue. Même la légitimité monarchique, en ce sens, n'est pas un Absolu. Le roi n'est roi que quand ce processus d'identification est possible.
Notez au passage que saint Thomas ne parle pas du sacre lorsqu'il se pose la question du meilleur régime politique en IaIIae Q105 a1. Il met comme seule condition à la monarchie bien tempérée qu'elle soit "mixée" d'une sorte de démocratie immanente. Le roi représente son peuple. Cette représentation est concrète. C'est une personne qui représente des personnes. Telle est la faiblesse intime du principe monarchique : il est personnaliste. Mais telle est sa force et sa beauté. Son humanité.
La République, d'une certaine façon, est beaucoup moins démocratique que ne le fut la Monarchie française issue du Pacte de Reims. C'est avant tout une idée, "une certaine idée de la France", la représentation de ce que Jean Jacques appelait un "Moi commun". Sont exclus a priori tous ceux qui ne partagent pas cette représentation et ainsi la République n'est pas tant le gouvernement de la majorité des citoyens que de l'unanimité présumée de tous les Républicains, les autres ne valant rien et pouvant être bannis ou décapités le cas échéant. Qu'est-ce qui fait le Républicain ? L'adhésion à l'idéal commun. La République est une idéocratie. Aujourd'hui l'idée européenne doit être imposée au peuple, elle est obligatoire. Et puis l'idée de la Consommation comme mode de vie, l'idée de la permissivité comme priorité et j'allais dire comme impératif collectif font partie du Moi commun de cette conscience collective républicaine - hors de laquelle il n'y a pas de salut.
La Monarchie personnaliste aurait pu être aussi permissive, aussi européiste (et peut-être même plus, le roi suffisant à assurer, symboliquement, l'identité nationale). Mais elle n'aurait jamais fait de la permissivité un impératif catégorique de la bonne conscience collective. Si elle est tombée en 1792, si on a pu impunément couper la tête du roi (encore que ses trois avocats Sèze, Tronchet et Malesherbe aient chacun donné leur nom à une artère dans la Capitale), c'est parce que le pouvoir monarchique était faible. Monarchie = anarchie plus un, répétaient les jeunes du Quartier latin au début du siècle vingtième.
Ce pouvoir monarchique compensait par sa légitimité (familiale et religieuse) ce qu'il perdait en force. Le roi ? C'était une autorité avant d'être un pouvoir. Et c'est cette autorité personnelle qu'il tenait de Dieu dans la cérémonie du sacre, de Dieu et du peuple insiste saint Thomas : Vox populi, vox Dei.
Aujourd'hui il y a de moins en mois de pouvoirs monarchiques. Même les entreprises sont souvent pilotées par des conseils d'administration, qui sont collectifs. Signe des temps. Mais le drame de toutes les gouvernances, c'est le conformisme, c'est-à-dire la conformité obligatoire. Quand on voudra vraiment remettre l'imagination au pouvoir, il faudra rompre en visière avec les gouvernances et revenir au gouvernement d'un homme. Mais pour éviter l'abus de tous les dictateurs, il faudra encore que cet homme s'identifie au peuple, selon la vieille logique monarchique, qui est chrétienne ou christique : "Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis".
+... et revenir au gouvernement d'un homme+
RépondreSupprimerAh oui? J'observe comment les Orléans ont géré leurs affaires au XXe siècle, et je me réjouis qu'ils n'aient pas été aux commandes de la France.
Merci monsieur l'abbé pour ce très beau texte. A une époque de médiocrité absolue, vous nous permettez de respirer un bon air de France.
RépondreSupprimerFrançois
Tout cela est excellent. Je transmets. Merci beacoup. JLP
RépondreSupprimerC'est le problème avec la monarchie absolue: une fois qu'on a dézingué le monarque (et sa famille), c'est terminé.
RépondreSupprimerC'est un peu comme avec le pape catholique: ses prérogatives sont tellement étendues que s'il basculait (mais la chose est impossible?) c'est tout l'édifice qui vacillerait.
Vous avez comprendu? Nan? je reprends!
Quand on dézingue, par exemple, un roi polonais, que se passe-t-il? Pas grand chose, car les grands seigneurs sont toujours les grands seigneurs, et les petits aussi. Tout au plus se réunissent-ils, contrariés (ou pas tant que ça), pour choisir un nouveau roi. Ils évitent soigneusement de prendre le plus puissant d'entre eux.
Maintenant, dans la sphère religieuse: s'il venait à l'esprit du patriarche de Constantinople de bazarder sa liturgie, il ne se passerait pas grand chose. Pourquoi? parce que les autres patriarches ne suivraient pas, et garderaient leur liturgie pour leurs Églises autocéphales.
Bref: les systèmes hiérarchiques et centralisés une une faiblesse, et cette faiblesse c'est leur coeur, leur centre, leur tête. Par contre les systèmes en réseaux (en nébuleuse, à plusieurs chemins) sont: quasi-indestructibles.
Dans cette optique, le pape Pie V a été un pape néfaste d'un point de vue liturgique (et non seulement). Il a tout aligné sur Rome: pour le meilleur à son époque... et pour le pire à celle de Paul VI.
Quelques Points ou Pistes:
RépondreSupprimer-La République est née d'un parricide; sa constitution et sa logique interne dépend d'une idéologie qui revendique ce parricide comme légitime et nécessaire.
-La royauté sacrale n'aurait pu survivre a l'ultramontanisme du 19e siècle pas plus qu'a l’athéisme du 18e.La théorie médiévale: le Roi, lieutenant du Père, tandis que les Évêques, ceux du Christ. Hugues de Fleury. Le 'gallicanisme' des Carolingiens.
-Ainsi la chute de la Monarchie Gallicane a fait le jeu de l'Ultramontanisme. Pio Nono v/s Roi Bourbon fort: 2e round Boniface v/s Philippe.
-L'alliance du trône et de l'autel, exploitée par la propagande ultramontaine, est un anachronisme. L'Alliance etait d'une nature autre sous l'ancien regime. . Tillemont. Hugues de Fleury.
ps: J'ai oublié ou je l'ai lu, mais je me souviens d'une notice relevant le fait que les Canons du Concile Quinisexte étaient reçus en France Mérovingienne.
N'oublions pas que Louis XVI se pensant plus malin que la maçonnerie. Détestant les anglais, il aimait bien frayer avec Benjamin Franklin afin de l'aider à faire sa révolution américaine. La révolution américaine triomphe..Le venin traversant l'atlantique le vent dans le dos se transportant sur le propre territoire du Roi. Probablement que sur l'échafaud Louis XVI aura eu le temps de penser un peu à son esprit de vengeance..
RépondreSupprimerETAT MERE… ET TON PERE ?
RépondreSupprimerDepuis ce jour maudit où le peuple de France,
Un vingt et un janvier, fut à Paris complice
Du plus affreux des crimes, scellant sa déchéance,
L’Etat père est bien mort sous les coups de ses fils.
Que la France était douce sous le sceptre du roi ;
Un roi éducateur et bon père de famille,
Protégeant les vertus, étant garant des lois ;
Il faisait s’élever et ses fils et ses filles.
L’homme était vraiment libre, riche de libertés :
Pas un individu, pas un fétu de paille,
Pas un conscrit soumis au nom d’égalité,
Pas un poilu, non plus, vaincu par la mitraille.
L’Etat décapité* en est devenu Mère.
Ayant abandonné ses pouvoirs régaliens,
Il ne sait que couver, nourrir d’un lait amer,
Et se faire providence pour maintenir le lien.
Romulus et Remus tétaient la louve antique,
L’état femelle donna et du pain et des jeux
L’Empire l’imita et notre république
Voudrait tous nous nourrir : elle ne fait pas mieux qu’eux.
L’homme en est devenu une femme ordinaire…
Castré et castrateur, il ne cherche qu’à plaire.
Quêteur de vérité, il rêve de chimères ;
Guerrier de l’absolu, il traque l’éphémère.
lundi 16 janvier 2012
*Il décapita son roi - Louis XVI - en le nommant Capet (la tête) du surnom de son ancêtre Hugues.
Pourquoi Louis XVI, si humain, si pieux, si catholique, bref! empreint de bien des vertus et qualités les plus éminentes, comme le superbe livre du professeur Jean de Viguerie, en a souligné récemment, bien des aspects, a-t-il subi de telles épouvantables souffrances morales, finalement jusqu'à ce qu'on lui otât tout simplement la vie, au cours d'une ultime torture, physique cette fois.
RépondreSupprimerPourquoi les Français ont-ils laissé faire, et se sont-ils laissés manipulés par quelques gredins sans foi ni loi, autre que l'îvresse du Pouvoir?
Si quelqu'un peut me donner une explication, merci d'avance.
Ou alors, c'est qu'il y a avait vraiment quelque chose de pourri, au Royaume de France...
+Ou alors, c'est qu'il y a avait vraiment quelque chose de pourri, au Royaume de France...+
RépondreSupprimerMon expérience est que quand un mur s'effondre, c'est de la faute de celui qui a tapé dedans. Mais cela indique aussi à quel point il était vermoulu.
Bravo à "Semetipsum" pour son poême !
RépondreSupprimerPour "Thierry" : en 1789, il n'y avait pas plus de 10 républicains dans Paris ! Si Louis XVI les avait fait pendre, nous ne serions pas, aujourd'hui, dans l'état de décadence effroyable qui est le nôtre ! Mais Louis XVI était trop bon, il ne voulait pas "faire couler le sang" ! résultat : c'est le sien qui a coulé et celui de centaines de milliers de malheureux ! La France, en une décennie (1790 - 1800) a perdu plusieurs millions d'habitants ! alors que nous étions le peuple le plus nombreux - et le plus heureux d'Europe - ce qui, évidemment, suscitait des jalousies !
Pauvre France !!!
Merci, cher Anonyme de 10h00, c'est toujours un début d'explication...Êtes-vous normand, cher métablogueur?...lol
RépondreSupprimer(et pardon pour la faute d'inattention, qui était également un lapsus linguae: "...laisser manipuler" (et non "manipulés", ce qui m'a fait mal aux yeux, à moi aussi, à la relecture, but it was too late, comme on dit sur RC...ah!ah!ah!)(heureusement, pas de ridicule tire-lire, sur le Métablog)!
Et grand merci, Irène, de votre réponse à ma question. Dieu doit loué, il ne nous appartient pas de trancher ici, ce débat qui nous dépasse.
RépondreSupprimerJe note néanmoins, que pas plus que mon interlocuteur précédent, vous n'apportez de raison réelle, à la Cause de cet évènement inouï, que fut la Révolution. Je doute que pendre quelques mécréants ou faire réprimer dans le sang telle ou telle émeute populaire, eût épargné le martyre à la Famille Royale, et bien des tourments à la France.
Le mal vient de bien plus loin, de bien plus profond. Comment le peuple français, qui incarnait la "Fîlle aînée de l'Église", si irréductiblement christianisée, dès le IIIè. siècle, comme le faisait tout récemment remarquer, dans l'un des exposés dont il a le secret sur le Métablog,
Monsieur l'abbé de Tanoüarn, comment les Français ont-ils pu laisser massacrer leur Roi, leurs élîtes (ces dernières ayant d'ailleurs largement participé à la destruction de l'Ordre Ancien) et accepter l'avènement d'idéologues sanguinaires? Pour moi, cela reste inexplicable.
"Si Louis XVI les avait fait pendre, nous ne serions pas, aujourd'hui, dans l'état de décadence effroyable qui est le nôtre !"
RépondreSupprimerLien de cause à effet direct ? Ben voyons.
C'est un beau slogan de plus, mais c'est intellectuellement nul.
Allez, j'ai encore plus court : ah, si Adam et Eve n'avaient pas péché, nous n'en serions pas là.
L'histoire vue comme ça, c'est vraiment facile !
(Et, au passage, revoyez vos cours de morale : 2 siècles sans "décadence effroyable" (si on admet vos raccourcis) valent-ils 10 pendus -fussent-ils républicains ?)
ce n'est pas Clovis qui s'est entendu dire: "Qui t'a fait roi?" mais Hugues Capet qui avait été élu roi à la place d'un carolingien, avec l'aide des grands (laïcs et prélats). L'auteur de ces paroles: peut-être le comte de la Marche.
RépondreSupprimerbaudelairec2000
Qui t'a fait roi? est le titre d'un ouvrage d'Edmond Pognon sur Hugues Capet (Stock, 1987)
Ce cher, très cher Abbé de Tanouarn, vrai tradimondainrallié nous donne là un petit texte qui ravira tous les adorateurs de la tradition manquée! Comme toujours , ces gens ne sont catholiques qu'à 99%....
RépondreSupprimerConfondre l'assentiment populaire (vox populi) avec je ne sais quel concept du nom de démocratie me fait hurler de douleur!Monsieur l'Abbé aurait-il oublié que la démocratie moderne repose idéologiquement sur le concept blasphématoire de "souveraineté populaire"?
Et que le sacre agrège le roi à un véritable sacerdoce laïque?
Rappelons-nous chrétiens, que la royaute en FRANCE est de droit divin!Dieu l'a instituée pour défendre l'Eglise et instituer le règne universel du Sacré-Coeur et du Coeur Immaculé de Marie et du Saint-Esprit dans les intelligences.Ce qui explique entre parenthèses, que le Trône a été abattu AVANT l'Eglise dont il était le rempart naturel...!
Le souverain est roi par la grâce de Dieu et non par l'autorité du siège apostolique.
La République, en France, est donc réellement le pouvoir choisi par les puissances d'en-bas!
Retour de l'anonyme de 19h45
RépondreSupprimer"Pourquoi j'aime la monarchie", dites-vous Monsieur l'abbé. C'est très bien mais une fois de plus vous versez dans votre satané subjectivisme. Ainsi auriez-vous pu écrire de la même manière : "pourquoi je préfère la messe tridentine" (avec mes petites "améliorations" quand même : lectures en vernaculaire face au peuple, Canon à haute voix,...) ou encore : "pourquoi je trouve Vatican II sympa malgré toutes ses erreurs". Bref, on n'est pas sortis de l'auberge...
Meilleurs voeux de réveil quand même.
N'y aurait-il pas un certain parallèlisme entre
RépondreSupprimerD'une part :
Louis XVI, à travers sa passion et sa mort, comme un bon berger, a donné sa vie pour son peuple.
D'autre part :
Le Christ qui, à travers sa Passion et sa Mort, comme le seul Bon Berger, a donné sa Vie pour le salut de tout son Peuple.
La France a une Vocation à l'universel (pour le meilleur et le pour pire).
Elle retrouvera le chemin de cette Vocation.
A chacun de nous d'y croire et d'y travailler.
Vous êtes dans le vrai. Le Roi Très-Chrétien, un des seuls rois de France qui méritait cette qualité, avec saint Louis (bien sûr) et Louis XIII, a, comme le Christ, donné sa vie pour son peuple. "Que son sang retombe sur nous" : ce sang, ce n'est pas celui de la vengeance et de la haine, c'est celui de l'amour et du pardon (voir son admirable testament). Et du salut. Je suis certain que le sang du roi martyr apportera le salut à la France éternelle. Quand ? Dieu seul le sait.
SupprimerPS L'Eglise orthodoxe russe a canonisé la famille impériale martyrisée par les soviets. Qu'attend l'Eglise de France pour canoniser la famille royale martyrisée ?
Un prêtre anonyme
Je crains hélas! cher Anonyme de 07:40, que "la France a une Vocation à l'universel" soit une formule aussi creuse que "la Chine est l'Empire du Milieu" ou encore 'le Royaume-Uni, celui sur lequel le soleil ne se couche jamais".
RépondreSupprimerSi jamais vous sortez de Saint-Germain-des-Prés ou du XVIè. arrondissement, je vous suggère de prendre conscience de "la Vocation (avec un V, comme vous écrivez) à l'universel de la France" dans le concret, pas dans les grandes théories de bobos-cathos, fussent-ils Tradi.
Le pauvre Louis XVI a été massacré, ne croyez pas que je sois le dernier à le plaindre, bien au contraire mais enfin, ce n'est ni le premier, ni le dernier d'une suite ininterrompue de monarques, depuis le début des Temps, à être ainsi la cîble de ses rivaux.
Trois fois hélas! il était le garant des libertés et du bonheur de ses sujets (nos aïeux) qui semble-t-il, avaient tout à perdre à l'effondrement de sa Couronne. Je crains que tout le reste ne soit que littérature.
Petite note tardive d'outre-Atlantique!
RépondreSupprimer21 janvier 1793: exécution du roi Louis XVI.
21 janvier 1948: le gouvernement du premier ministre Maurice Duplessis décrète que le fleurdelysé sera désormais le drapeau officiel de la province de Québec. À cette époque, le Canada n'a même pas encore de drapeau national (on utilise une version de l'Union Jack britannique), et il se passera encore 17 ans avant que le parlement d'Ottawa adopte l'unifolié (la feuille d'érable) comme symbole canadien.
Au fait, la coincidence des dates était-elle un hasard ou pas? Duplessis ne s'en expliquera jamais. On peut noter que c'est également lui qui fit placer un crucifix au-dessus du siège du président à l'Assemblée nationale, oû il se trouve encore aujourd'hui malgré tous les délires et dérives des 50 dernières années. Quant à l'origine du drapeau québécois, l'anniversaire de son officialisation est souligné (modestement) chaque année, mais très peu nombreux sont ceux qui font le lien avec la royauté française. D'ailleurs, les souverainistes sociaux-démocrates n'ont aucun complexe à arborer le fleurdelysé lors des célébrations du 24 juin, fête nationale du Québec. Nationaliste mais prudent, il se peut que Duplessis n'ait pas voulu irriter les Canadiens anglais en soulignant explicitement le symbolisme de la date qu'il avait retenue. Cette discrétion qui n'empêchait pas ceux qui savaient de lire entre les lignes (la province était massivement catholique et le clergé très dominant à cette époque) a pour conséquence que même des gauchistes peuvent aujourd'hui s'identifier à son drapeau.
http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-557/Drapeau_du_Qu%C3%A9bec_:_le_fleurdelis%C3%A9.html