vendredi 8 mars 2019

«Je suis troublé avec vous tous»: un évêque parle

Le diocèse de Rouen publie ce message de Mgr Lebrun:         
Je suis troublé avec vous tous
Message de l’archevêque aux fidèles 
Le cardinal Philippe Barbarin vient d’être condamné pour « non-dénonciation de mauvais traitements envers un mineur ». Je ne commente pas cette décision de justice. Elle s’ajoute à d’autres révélations et condamnations de prêtres, d’évêques, de religieux ou religieuses qui ont abusé d’enfants ou de personnes fragiles, crimes terribles. En raison même des processus psychologiques, on peut penser que les victimes n’ont pas toutes parlé. À cela se sont ajoutés des comportements de la hiérarchie et des proches des victimes qui ont étouffé des paroles. 
Il y a de quoi être troublé. Je le suis avec vous tous. Nous apprenons de Jésus qu’il n’y a pas d’impasse pour les pécheurs. Nous découvrons des péchés graves, aggravés parce qu’ils ont été cachés. Le chemin passe par l’acceptation de notre péché. Je n’imaginais pas à quel point il y a de la pourriture au sein de notre Église catholique. Est-ce par aveuglement ou par orgueil ? Est-ce par protection plus ou moins consciente de l’Église ou des personnes ? Je ne sais pas répondre. Je m’examine moi-même, et chacun a sans doute sa réponse. En tous les cas, nous avons maintenant à accueillir la lumière qui éclaire ces ténèbres. 
Notre espérance n’en est pas moins grande. Par avance, Jésus a interrogé l’Église qui critique si facilement la société : « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? » (Mt 7,3). Chacun peut accueillir cette question, surtout au temps du carême. Accueillir humblement la question est déjà chemin de salut. 
Combien de temps encore cette purification va-t-elle durer ? Je n’ai pas de réponse. Je demande seulement au Seigneur de ne pas nous tenter au-delà de nos forces, comme il l’a promis. Je le supplie aussi de regarder tout le bien que nos communautés avec leurs prêtres, leurs religieux et religieuses, leur évêque font en vivant l’Évangile.  
Oui, Jésus continue de dire à son Église comme à Pierre : « Arrière Satan, tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu » (Mt 16, 23) et de l’interroger « Pierre, m’aimes-tu ? » (Jn 21, 15) pour lui redonner sa confiance. Oui Jésus continue de nous « faire de vifs reproches » (Mc 8, 32) en nous disant aussi : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15). Puisse le carême être vraiment un temps favorable. Avec beaucoup d’amitié et en communion. 
À Rouen, le 8 mars 2019.
Dominique Lebrun
Archevêque de Rouen

4 commentaires:

  1. Je préfère l'humilité de cette parole épiscopale à la communication complètement cafouilleuse du diocèse de Lyon et de mgr Emanuel Gobillard que le cardinal Barbarin envoie au charbon sur RCF pour expliquer qu'il avait décidé de démissionner avant le verdict et pris rendez-vous avec le pape quinze jours auparavant, parce que "les victimes ont trop souffert, le diocèse a trop souffert", ce qui n'empêche pas le citoyen Philippe Barbarin, blessé dans son honneur, de faire appel du jugement.

    "L'Église qui critique si facilement la société", dit mgr Lebrun, dont un témoignage personnel donné de lui par un futur séminariste qu'il avait accueilli pour une année de discernement attestait auprès de moi qu'il pense comme il parle, pieusement, mais sans être sur la défensive. Mgr Lebrun met en cause la posture moralisatrice de l'Église, aujourd'hui complètement démonétisée, et à laquelle l'Église ne renonce que quand elle est "acculée", adjectif qu'osa employer l'interviewer de mgr Gobillard et qui n'est pas si malheureux à bien y réfléchir. Pourquoi l'Église s'y enferre-t-elle alors qu'elle porte l'annonce d'une bonne Nouvelle qui porte l'affranchissement de l'obligation morale ou légale au profit d'une morale conséquentialiste, et conséquente par rapport à la foi libératrice et pourvoyeuse d'élan vital?

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  2. Ph. de Labriolle9 mars 2019 à 20:15

    Il est fort triste que Mgr Lebrun n'ait pas compris que le monde occupe l'Eglise, depuis que l'Epouse du Christ idolâtre le monde et en adopte les moeurs, après avoir renié le combat contre lui. Son trouble est donc parfaitement factice. Il n'a rien compris au film. Il se dit troublé pour se protéger. Si Mgr Lebrun avait compris et professé que l'Eglise est malade du Concile Vatican II, il n'aurait pas été nommé évêque puis archevêque. Bref, il s'opiniatre, comme un aveugle conducteur d'aveugles. Merci pour cette information. Bien cordialement, Ph. de Labriolle

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  3. Visiblement l'évêque de Normandie" comme l'avait appelé de façon drolatique François Hollande, ne sait pas que le mal existe. Il faut croire que l'assassinat d'un prêtre dans son diocèse a été vécu par lui comme un simple "accident".
    Ce n'est pas tant tous les scandales dans l'Eglise complaisamment étalées dès le réveil et ce, jusqu'au coucher qui sont surprenants mais les réactions des chrétiens et surtout du personnel ecclésiastique à commencer par ceux qui sont en principe gardiens du dogme et de la foi.
    Non le vrai scandale, c'est l'effondrement intellectuel, culturel et surtout religieux de l'Eglise qui l'empêche de répondre. De la pourriture, il y a en eu dès les premiers temps, voilà un archevêque qui devient une rosière. On attendrait un Bossuet ou mieux un saint Bernard appelant à la conversion et non à la purification.
    Pendant la période de carême, je relis Bernanos : ce sera plus vivifiant que le message de "l'évêque de Normandie".
    Patricia

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  4. L´´eglise ferait bien d`expulser ceux qui commettent de graves erreurs.
    Ne faisant pas cela, perd l´autorité pour réprimander les laics quand ils pèchent aussi sur des questions graves...

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