La triple invocation à "l'agneau de Dieu" juste avant la communion marque que cette communion justement n'est pas seulement compréhensible à travers l'image du simple banquet divin mais que ce banquet est lui-même sacrificiel, qu'il anéantit le péché et qu'il donne la joie éternelle. Comme dans les sacrifices païens, la consommation de la victime est le dernier acte de ce sacrifice. Nous sommes autour de l'agneau de Dieu, comme les Hébreux en Egypte. A chaque famille, Moïse avait prescrit de le manger, avec des herbes amères, pour se protéger de l'ange exterminateur. Ce repas d'Ancien Testament est un repas pénitentiel, c'esst bien l'un des aspects de la messe.
Mais nous sommes autour de l'agneau de Dieu, comme en ce festin de noces, entrevu par Jean dans l'Apocalypse : "Heureux les invités au repas des noces de l'Agneau" (Apoc. 19, 10). Formule extrêmement insistante, écrite comme l'ultime béatitude, à laquelle l'ange ajouta : "Ce sont les paroles authentiques de Dieu" comme pour sceller d'un sceau définitif ce qui est dit. On a repris cette formule dans la nouvelle liturgie, Belle initiative ! Hélas on se contente de traduire : Heureux les invités au repas du Seigneur, en oubliant les noces de l'agneau. Dans la nouvelle édition italienne du missel de Paul VI, on vient de rajouter "les noces de l'Agneau", pour citer plus exactement le texte de l'Apocalypse.
Il est vrai que cet usage du mot "agneau" est énigmatique, cette expression "noce de l'agneau", cette formule "agneau de Dieu" sont difficile à comprendre. Il faut se rapporter au chapitre 1 de l'Evangile de Jean, dans lequel Jean Baptiste désignant Jésus s'écrie : "Voici l'agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde". Le Précurseur du Messie remplissait ainsi sa mission en discernant miraculeusement le messie et en exposant sa mission.Il pique la curiosité et il allume la flamme dans le coeur de ceux qui seront les premiers disciples de Jésus : Pierre et André, Jacques et Jean. Ces hommes ne s'y trompent pas : seul le Messie attendu peut être désigné par de tels termes.
L'Agnus Dei, à la messe, reprend cette annonce de Jean-Baptiste : elle est placée avant la communion. Voici ce que vous recevez : l'agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. Son sacrifice est propitiatoire, c'est purquoi l'on répond deux fois ; "Ayez pitié de nous". Comme à l'Offertoire de la messe, comme à la consécration, l'offrande de l'agneau nous rend Dieu propice. Enfin, la dernière invocation "Donnez-nous la paix" nous rapppelle que nous n'avons pas à nous inquiéter de savoir si Dieu nous aime puisqu'il s'est donné qu'il s'est livré à nous dans l'hostie et que ce don de soi est le gage d'un amour infini. La paix ? C'est cet amour infini de Dieu qui nous la donne, c'est parce que nous savons que Dieu nous aime jusqu'à se livrer lui-même, comme homme, sur une croix, qu'un tel amour est à couper le souffle et que c'est cet amour qui nous est donné à la communion, voilà ce qui fait notre paix.
Dieu est le grand pardonneur et pas un flic qui cherche à nous prendre en défaut pour nous mettre une amende. La communion n'est pas comme la récompense de nos mérites supposés, mais"le gage de la vie éternelle" comme dit saint Thomas dans l'Office du Saint Sacrement.
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