mardi 19 mai 2009

Quid ergo erit nobis ?

C'est de Rome que j'envoie le 201ème message de ce Blog. De Rome où je prêche à trois sous diacres et à un futur prêtre une retraite sur l'intimité divine. J'aime ces retraites, qui ne sont pas, comme trop souvent les fameuses "retraites annuelles", des moments d'excitation spirituelle par acquis de conscience, mais qui représente le moment qui précède un engagement total, un don total. Ces retraites où l'on ne prie pas avec des mots (que sont les mots sur l'abîme de l'Infini qui nous sépare de Dieu ?). Ces retraites où, avec sérieux, on prie avec sa propre vie.

L'intimité avec Dieu ? C'est ce qui reste quand on a voulu tout donner. Dieu ne peut pas manquer à ceux qui se donnent à lui de manière si forte. Dieu cette Personne infiniment bonne ne peut pas mépriser le don que des personnes créées à son image lui font de leur vie. Je dois dire qu'en bientôt vingt ans de sacerdoce, je puis témoigner de cette proximité de Dieu, qui ne m'a jamais manqué.

"Nous qui avons tout quitté et qui vous avons suivi, qu'est-ce qui sera pour nous ? quid ergo erit nobis ?" La présence effective de Dieu aux côtés de son ministre.

Quand on y réfléchit, une vocation, c'est cela : la volonté de tout donner pour que nous reste TOUT, pour que nous reste Dieu. Admirable échange. Tu donnes à Dieu tes soucis, tes raisonnements, tes ambitions et tes désirs, et c'est de lui que tu reçois toute satisfaction.

Le célibat des prêtres n'a pas d'autre sens que cette logique du don. Sans le célibat, un prêtre, ne connaissant pas de la même façon le vertige du don total, risque fort de n'être qu'un fonctionnaire de Dieu, selon la formule heureuse d'un certain Eugen Drewermann.

Pour prendre une image très contemporaine, on ne peut pas vivre cette aventure chrétienne qu'est le sacerdoce aujourd'hui, si l'on n'a pas d'abord investi tout ce que l'on possédait. C'est l'histoire de la perle cachée dans un champ. Celui qui a compris que la perle était cachée, celui qui a entrevu la perle cachée est capable de tout vendre pour acheter ce champ.

Un serviteur du Christ, ce n'est pas un docteur en Israël, un savant ou un fonctionnaire efficace. Un serviteur du Christ, c'est quelqu'un qui s'est endetté pour acheter ce champ et qui doit y travailler nuit et jour pour retrouver la perle cachée.

Merci à Antoine, Jean-Vincent et quelques autres pour leurs contributions passionnantes autour de Vatican II, pour caractériser ce que j'ai appelé sa "religion". Je crois qu'il faudra que nous publiions tout cela sur papier. Alors que la maquette du premier numéro de notre nouvelle revue Respublica christiana, enfin achevée, me parvient à Rome par la magie d'Internet, il me semble que nous pourrions publier sur papier dans le numéro 2, à paraître en octobre, les pièces importantes de ce débat sur lequel je me réserve de revenir très bientôt.

1 commentaire:

  1. De vous à moi, je sais depuis longtemps qu'il y a deux Tanouärn. Il sont frère jumeaux comme le "mad squirrel" de Tex Avery et ils ont l'habileté de de jamais se montrer ensemble, seul moyen qu'ils ont de faire croire qu'il possède cette qualité de bilocation qui lui permet de se montrer en même temps à Rome, à Paris et ailleurs... don de bilocation qui caractérise notre cher abbé.

    Philippe Bornet

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