mardi 31 janvier 2012

Pierre Magnard lecteur de Montaigne

Mardi 31 janvier - 20H15 - Conférence au centre St Paul - P.A.F : 5 €  - 2 € pour les étudiants et petits revenus - Un verre de l'amitié prolonge la conférence.

Mardi, au Centre Saint Paul, à 20 H 15, nous avons l'honneur et la joie de recevoir Pierre Magnard, qui fut titulaire de la chaire de philosophie médiévale à la Sorbonne et grand prix de philosophie de l'Académie française. Spécialiste du XVIème siècle, il vient nous parler de Montaigne. Une chance! Avez-vous lu Montaigne? il est à la fois très facile à comprendre parce qu'il parle comme un honnête homme et pas comme un prof de philo et très difficile à fréquenter car sa langue, fleurant bon l'archaïque, reste un peu difficile d'accès. Voilà l'occasion de le découvrir et de découvrir le plaisir qu'il y a à le lire.

On lui fait des misères parce qu'il a découvert la potentialité littéraire des cannibales, inventant les "bons sauvages" deux siècles avant Jean Jacques. Mais lui, il avait l'excuse de la nouveauté absolu ! Un siècle plus tard, encore, Pierre Nicole s'interrogera gravement sur "le salut des Américains", c'est-à-dire sur ces fameux cannibales, abandonnés à leur archaïsme moral et qui n'avaient pas reçu le Christ. Montaigne n'est pas un pessimiste. Il ne cède pas aux sirènes de l'ultrachristianisme calvinien. C'est qu'à sa manière il croit en l'homme ou plutôt il croit à la nature ("Nature est pour moi doux guide") et à Dieu créateur de la nature. C'est ce Dieu-là qu'il essaie de retrouver dans ses sauvages.

Je ne sais ce qu'en dira Pierre Magnard, spécialiste du Dieu des philosophes et grand connaisseur des XVIème et XVIIème siècle, en particulier dans l'ordre religieux (voir son Pascal, la clé et le chiffre), mais moi j'ai un grand ploaisir à lire l'Apologie de Raymond de Sebond, c'est-à-dire le long chapitre 12 du IIème livre des Essais. Cette théologie me va! J'aime le sens du mystère que garde Montaigne. J'aime que son naturalisme évident se double d'un surnaturalisme. Comme il parle avec éloquence du surnaturel!

Un exemple ? Voici : "Quoi qu'on nous prêche et quoi que nous apprenions, il faudra se souvenir que c'est l'homme qui donne et l'homme qui reçoit. (...) Les choses qui nous viennent du ciel ont seules autorité de persuasion ; seules, marque de vérité. Laquelle aussi ne voyons nous pas de nos yeux, ni ne la recevons par nos moyens. Cette sainte et grande image ne pourrait pas en un si chétif domicile, si Dieu ne le reforme et fortifie par sa grâce et faveur particulière et supernaturelle. Au moins devrait notre condition fautière [le péché originel !] nous faire porter plus modérément et retenuement en nos changements". C'est déjà tout Pascal!

1 commentaire:

  1. L'ultrachristianisme de Calvin. Curieuse expression. Pourriez-vous préciser ? (Je suppose que vous ne lui reprochez pas un 'excès' de christianisme ?)
    Robert Neboit

    RépondreSupprimer