mercredi 9 avril 2014

Définir l'homme... Pour Antoine et Julien

Les usages contemporains de l'Ego attirent votre sagacité et vos commentaire... Merci à ceux qui me remercient du post précédent, qu'ils l'aient fait par écrit ici même ou par oral à l'occasion d'une rencontre. Mais il n'y a pas que des félicitations.Julien m'exhorte à définir l'homme : c'est massif, je relève le gant. Antoine me trouve sévère, outrageusement soupçonneux envers la vie spirituelle qui, selon lui, dans la mesure où elle est spirituelle, ne peut pas être égocentrée. Mais alors qu'est-ce que saint Jean de la Croix appelait la concupiscence spirituelle ? Par ailleurs Antoine se demande "ce qu'il reste de la pensée catholique au XXème siècle siècle si l'on enlève Emmanuel Mounier".

- Ce qu'il reste ? - Mais tout ! Emmanuel Mounier est un penseur agréable, qui bénéficie de quelques bonnes intuitions, grâce (entre autres) à sa profonde méditation de Péguy. Et puis... Là je vous propose un scoop, appris des orthodoxes de la Rue Lecourbe. Son personnalisme ? Il vient de Berdiaev. Berdiaev assistait avec Mounier aux soirées de Meudon, organisées par Jacques Maritain. Et, à l'issue, ils rentraient tous les deux, bras dessus, bras dessous, à pieds. Direction : Clamart. La conversation des deux philosophes allait bon train. Sujet : la philosophie chrétienne, grand thème à l'époque. C'est au cours de ces conversations qu'à marche forcée, Berdiaev enseigna à Mounier son personnalisme.

Problème : le personnalisme de Berdiaev est foncièrement aristocratique, au sens où, affirme cet ancien marxiste, "l'aristocratie n'est pas une classe mais un principe spirituel". Le personnalisme de Mounier, tout occidental, imprégné de l'idée kantienne selon laquelle la personne est toujours une fin jamais un moyen, ne peut être que démocratique, c'est-à-dire, à l'époque, philo-communiste égalitaire et aujourd'hui consumériste (le petit consommateur est la fin de toutes les stratégies commerciales - y compris de celle qui a pour nom Vatican II). Je ne peux pas me retenir de penser que, dans l'évolution divergente de Berdiaev et de Mounier, nous voyons en germe toute la géopolitique actuelle. L'aristocratie a-t-elle encore un sens comme principe spirituel, à l'heure de la mondialisation ? Le Père de Broglie, naguère aumônier de l'ANF, avait eu ce mot étonnant, qui vaut bien l'explication de Berdiaev, ou en tout cas qui la crédibilise : "La noblesse n'est pas la classe qui dirige, mais la classe vers laquelle on se dirige". Si les prêtres avaient parfois cette idée que le sacerdoce est la classe vers laquelle tout chrétien se dirige, sans y arriver jamais qu'en Jésus Christ, qui est le prêtre universel, complétant par le sien le Sacrifice que l'humanité offre à Dieu.

Quant à définir l'homme... On peut dire bien sûr que "l'homme est un animal raisonnable". Mais quand on a dit ça... On n'a pas dit grand chose. On n'a pas dit l'essentiel. Et l'essentiel c'est que cette ratio n'est pas en l'homme une pure instance comptable, qui lui permettrait juste de s'orienter selon son intérêt. Elle est capable de Dieu, capable de le connaître, de le désirer et même de le devenir. D'où vient cette capacité ? - De l'esprit, qui comme le disait déjà Aristote est capable de... tout connaître. Quelle est cette capacité ? Une puissance active ? Impossible : l'homme n'a pas envie de Dieu, ce n'est pas vraie. Une puissance passive ? Non plus : l'homme n'est jamais purement passif devant Dieu, au sens où il serait juste fait pour Dieu comme l'oeil est fait pour voir. Cette capacité de Dieu en nous est purement spirituelle et comme tout ce qui est de l'esprit, elle est active : elle manifeste une double activité, une synergie : celle de Dieu d'abord qui se donne à connaître, celle de 'homme ensuite qui cherche à connaître.

Je dirais donc pour répondre à Julien que l'homme est défini par son désir, que ce désir peut, en lui, relever de l'envie (désir sexuel, désir de consommer : c'est le même, un désir qui est une puissance active). Ce désir pourrait être purement passif (comme un sommeil... en Dieu), mais cela ne conviendrait ni à Dieu qui est Acte pur, ni à l'homme qui, en tant qu'esprit est activité et liberté. Il faut donc concevoir une autre puissance, la puissance obédientielle du savoir en nous. Puissance obédientielle ? Puissance obéissant à un Objet qu'elle découvre. L'homme désire Dieu en tant qu'il le connaît.

Tous les hommes le connaissent de manière plus ou moins innée expliquait déjà Platon... ou Descartes (Etienne Gilson jusqu'à la fin se souvenait parfois qu'il fut cartésien. On en voit trace dans L'athéisme difficile, petit ouvrage dans lequel il tient plus ou moins cette position d'une connaissance innée de Dieu). Ensuite, selon leur culture et leur chemin de vie, les hommes développent cette connaissance innée de Dieu, créant en eux, au fur et à mesure que cette connaissance se développe, un désir transcendant à la matière et transcendant au monde, désir de vérité que l'on peut faire correspondre, à cause de ce caractère transcendant justement, à une puissance obédientielle, comme l'avait bien vu Cajétan. Qu'appelle-ton puissance obédientielle ? Une puissance active mais soumise à son Objet dans son être même, puisqu'elle naît de la connaissance qu'elle en prend.

Dans ce contexte anthropologique, le péché apparaît ainsi comme la déformation par excellence de la destinée de l'homme. Au lieu de vivre dans le champ de l'Autre, au lieu de s'ouvrir à l'Infini, l'homme se referme sur lui-même, il se recroqueville sur les désirs qui, actifs ou passifs, sont en lui naturels et il oublie purement et simplement la vérité, sa transcendance, son invitation à un ailleurs ("Mon enfant, ma soeur songe à la douceur d'aller là bas vivre ensemble, au Pays qui te ressemble..." A-t-on vu le platonisme de Baudelaire dans cette expression : pays de la ressemblance ?) L'homme pécheur ne cherche plus qui il est ou à quoi il ressemble (la "formatio"). Il a peur de le découvrir et il se contente de vivre au gré des puissances actives et passives qui le traversent et le déforment en le faisant sortir de lui-même en l'asservissant à ses passions ou à ses addictions au point qu'il n'imagine qu'une chose : post eas ire dit saint Augustin en son latin, courir après elles, sortir de soi pour aller après elles. Le péché ? C'est ça. La regio dissimilitudinis, région de la dissemblance. Sortir de soi pour goûter des choses qui... ne nous ressemblent pas.

Où l'on voit qu'Antoine n'avait pas entièrement tort sur le fond de défendre l'intériorité - région de la ressemblance.

16 commentaires:

  1. Mais pourquoi Dieu a-t-il créé l'homme ?
    Intuitivement je dirais pour le sauver, mais il y a une insolence folle dans cette supposition.
    Les anges ont une intelligence immédiate, les hommes ont une intelligence "soumise" à la matière. Les hommes ont donc une "excuse" de pécher, que Dieu peut accorder. C'est le seul intérêt que je vois à cet être compliqué esprit+matière qu'est l'homme.

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  2. Il me semble que, pour arriver à connaître quelque chose du péché originel, il faille parler du péché tel qu’on le connaît, hic et nunc et « noster ». C’est comme la démarche de l’astrophysique sur l’atome. En le décortiquant, on arrive à l’origine de la matière et aussi à entrevoir une matière hors espace-temps. Donc, MAG2T je saute sur l’occasion et je rebondis (on voit la danseuse) sur votre idée du mal (pas encore lu votre livre, mais c’est programmé) : « le mal, c’est tout ce qui s’arrête à soi ». Si j’essaye de trouver encore une métaphore au péché originel, je dirais que c’est comme un Big-Bang : Une étincelle, un embrasement et une dégringolade…La première étincelle du péché, je pense quelle est la même aujourd’hui qu’au début des temps : Un arrêt sur image, un arrêt sur « soi » (comme vous le dîtes). Puis, vient la sortie du Royaume de Dieu et la dégringolade qui de violence en violence donne le monde que nous connaissons. De toutes les façons, parler du mal sans aller à son origine n’a aucun sens et parler de l’homme sans le penser dans le « Sein de Dieu » n’en a pas non plus. Car il semblerait que nous n’allons pas vers un « futur » (nous ne sommes pas hégéliens) mais vers notre passé d’enfant de Dieu. Prenons le verbe « exister » qui veut dire « sortir de ». Une fois dit que l’on est sorti du Royaume, on peut se demander comment ou plutôt de quelle manière on le fait, quelle est la nature de ce mouvement ? N’est-ce pas justement en sortant du « champ de l’autre » et de soi par la même occasion ? Car effectivement, l’égocentrisme et l’égoïsme prennent naissance dans ce premier arrêt sur image mais également la distance à soi-même. En effet, en sortant de Dieu, nous sommes devenus étrangers à Dieu, à autrui et à nous-mêmes. « Etrangers », infestés par la peste collective selon Camus ou « aliqua déformatio » selon le docteur angélique. C’est pourquoi la vie chrétienne est cette quête insatiable qui va en même temps :
    1-vers Dieu
    2- vers l’autre
    3-vers soi-même.
    Le centre, en Dieu, c’est tout cela et ne sommes-nous pas décentrés ?
    Les ratés, les erreurs sont donc effectivement très tentatrices. On peut en fait n’aimer que soi (égocentrisme) ou que l’autre (activisme social) ou que Dieu, dans la prière uniquement (danger de retomber dans ce dialogue avec soi-même). St Paul nous donne t-il pas la solution : « malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile » ? (C.9-16) Prier et aimer (1er et 2ème commandement) et annoncer la Bonne Nouvelle : Etre témoin, sinon rien !
    Lorsque vous définissez l’homme comme un être désirant, idée chère à toute la psychanalyse, ne parlez-vous pas justement de l’âme ? D’ailleurs vous faites bien la différence avec l’Esprit. La nature spirituelle connaît Dieu. On a tendance à tout mélanger, âme et esprit. On pourrait faire une distinction entre le corps/âme et l’esprit/chair ressuscitée, car dans l’Esprit, il n’y a plus aucun désir. Il y a la vie : St Paul parle du désir de la chair en opposition à celui de l’esprit. Pourtant la vie en plénitude ne désire plus. « Mais si par l’Esprit, vous faîtes mourir les œuvres du corps (le désir), vous vivrez ». (R. 8-13). Il y aurait encore des tas de choses à ajouter mais je terminerai en vous disant MAG2T, que je ne comprends pas votre référence aux 2 textes conciliaires cités dans le premier billet et je soupçonne que là aussi, cela demanderait une ou plusieurs relectures.




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  3. Nous sommes tous des consommateurs de quelque sorte, car on ne peut pas vivre sans l ´argent....donc, le problème est l´exagération dans ce que nous consommons.
    Ce qui manque dans le monde moderne, c`est l ´amour, la pratique de la charité, d´une manière spontanée, naturelle et vraie. Sans autres intérêts cachés.
    Pratiquer les préceptes évangeliques n`est pas si facile. L ´homme s´aime lui-même d´abord, et sortir un peu de soi n´est pas aussi facile. Jusqu´ici, il semble commun.
    Le problème aujourd´hui c`est que l´égocentrisme a dépassé toutes les mesures, et c´est là que nous voyons la politique pourris dans tout le monde, la cupidité, le désir de puissance et d´autres maux... Proclamer l´Évangile et prier, mais pour vivre dans la pratique ce que nous croyons. Donner l´exemple, dans la pratique des actions concrètes...avec la transparence, sans crainte de paraître ridicule. Et surtout, croire que tous les hommes sont de la même argile, tous pécheurs, faibles.
    Quelqu´un a dit : « Admirez les personnes qui confessent leurs faiblesses, et prenez préccautions supplémentaires avec ceux qui vivent présentant sainteté. »
    Donc, demandons à Dieu le don de l ´humilité, de reconnaître notre fragilité, pour améliorer un peu chaque jour...
    Merci pour les textes! Intéressants!...

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  4. PASSAGE DU DESIR (I)


    Cher Monsieur l'abbé,

    Comme je vous l'ai déjà écrit ici même, je vouos pardonne tout, mais ne vous passe rien, et j'espère que vous agissez de même envers moi, même si je n'aurais peut-être pas la force de le supporter.

    Le moment où vous avez adressé ce poste a croisé celui où je postais un commentaire fulminant et tumultueux pour m'indigner de votre silence à propos d'un certain objet que vous savez et dont vous ne me dites rien, ni oui, ni non, ni m... On peut jeter pudiquement le manteau de Noé sur la faiblesse humaine, mais on peut aussi quelquefois assumer ses actes. C'est la première fois que je crois vous avoir manqué. C'est afin d'assumer ce commentaire que je vous adresse des excuses publiques sur (et non pas pour) la forme véhémente que n'aurait pas dû prendre ma plume furibonde. Vous n'êtes évidemment responsable de la mort de personne, vous vous êtes simplement trouvé, si je puis dire, à l'épicentre de quelques-uns des drames de ma vie – et il est vrai que j'aime dramatiser -. Il me peine d'avoir toujours été aux premières loges et au cœur des événements, sans jamais trouver ma "place dans le trafic", au risque de passer, parce que je suis résonnance, pour un témoin gênant et un "vacarme inutile". Je ne sais entretenir avec autrui que des relations passionnelles, et vous êtes homme à inspirer des passions contrariées.

    Voilà pour la forme. Sur le fond, j'essaie de dire maladroitement que le catholicisme, cette religionsublime, qui a eu le génie de construire pour abriter l'homme une triple pyramide, temporelle (de l'inné à l'éternité) cosmogonique (de la Création à l'apocalypse) et spatio-familiale (chaque famille a son arpent de terrain, et, louant un bengalo au paradis, nous habitons déjà dans l'Eglise du ciel avec celle de la terre) ; cette sublime religion pyramidale, a tendance à nous enfermer dans ses pyramides à momifier l'homme et à le cloisonner, parce qu'elle ne fait pas cas de la nature humaine, ne superpose pas la nature et la grâce, mais suppose que "tout est Grâce" . A trop faire l'ange, le catholicisme fait la bête. Il sort si constamment l'homme de lui-même que sa charité devient condescendance, nous momifions même nos vertus. Le catholicisme fait tellement crédit à la transcendance divine qu'il oublie que l'amour est d'abord la transcendance del'autre. Le catholicisme postule un dieu plutôt transcendant et les autres plutôt immanents alors que, si ça se trouve, c'est le contraire : ce sont les autres qui nous sont d'une transcendance adultérine alors que Dieu est d'une immanence utérine, Porte et chambre royale et secrète de notre intériorité. (Je tiens à préciser que tout ce que j'écris là concerne la religion catholique, et non pas la foi catholique, que je tiens pour immaculée).

    Dans cet article même, il vous faut absolument distinguer le désir et l'envie. Rien à la libido, tout à la Connaissance ontologique d'un Dieu-Loi. Pourquoi puis-jel'affirmer ? Parce que votre "désir" est de vérité ; le mien, désir d'artiste, est de beauté. Vous voulez que la beauté soit vraie, et je veux que la vérité soit belle, c'est pourquoi je crois que la vérité est relative comme Dieu Est trinité. La vérité n'est pas un Absolu, parce que Dieu Est Relation.

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  5. PASSAGE DU DESIR (II)

    Je pourrais m'arrêter là, considérant que tout est dit. "In coda venenum" ? Dieu m'en garde !

    Vous vous attachez servilement les services de la psychanalyse pour faire haro sur le désir. Freud a été présenté à tort comme le maître du désir. En fait, il ne s'y intéresse que pour en chercher la sublimation. Vous et lui présumez de l'insatisfaction grâce à laquelle il nous modifie, nous mobilise et nous fait évoluer, pour condamner la libido et vous enliser dans des combats d'arrière-garde. Les catholiques retrouvent du punch pour protester contre le mariage gay, alors qu'ils feraient bien de dépenser la même énergie, par exemple, à repenser le mariage et à recomposer la famille. A propos du mariage, voici ce que nous avons trouvé cet après-midi, Nathalie et moi (à qui je suis marié puisque nous nous sommes donnés l'un à l'autre le Sacrement d'un amour indéfectible):
    "Le mariage, c'est être l'un à l'autre et s'offrir la liberté". Je crois au mariage, beaucoup moins à la fidélité conjugale. A vrai dire, Aucune de ses conditions dirimentes n'est indispensable au Sacrement du mariage. A force de dirimer, on finit par annuler le réel.

    Laissez-moi pour finir vous raconter une anecdote à propos du désir (encore une, allez-vous me dire).

    Le seul cours de psychanalyse auquel j'ai assisté de ma vie m'a été dispensé par Thieirry Piras, psychanalyste-chamane parisien, et, comme vous, un homme au demeurant fort estimable. Il était fier de parler sans notes. Il a dit beaucoup de choses brillantes sur le désir, que j'ai toutes oubliées. Mais à la fin de sa conférence, il concluait ainsi :
    "Aufond, le désir mène toujours à un constat d'impuissance. Chaque fois qu'on parle du Désir, on en arrive à parler d'impuissance parce que le Désir, c'est l'impuissance."

    Donc vous me parlez tous les deux du Désir pour forcer sur mon impuissance ? Beau programme, je n'en veux pas ! Je ne sais pas s'il faut "sortir de soi" pour "aller vers soi" ; mais ce que je sais, c'est qu'à force d'insatisfaction, on finit par être frustré.

    "La fabrique à névroses : les névroses, l'Eglise catholique, elle est là pour ça, elle est là pour les fabriquer", a dit un jour Philippe Sollers. Permettez-moi de souhaiter plus de bien à mon Eglise que ce dandy désabusé. Le catholicisme est là pour mener virilement la complétude humaine à la plénitude de Dieu. Peut-être avons-nous le même port, mais nous n'avons manifestement pas le même chemin. Ca ne fait rien, je continue de ne pas vous suivre, et j'aimerais que vous en fassiez autant : continuez… à ne pas me suivre pour me montrer le chemin!

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  6. PASSAGE DU DESIR (I)


    Cher Monsieur l'abbé,

    Comme je vous l'ai déjà écrit ici même, je vouos pardonne tout, mais ne vous passe rien, et j'espère que vous agissez de même envers moi, même si je n'aurais peut-être pas la force de le supporter.

    Le moment où vous avez adressé ce poste a croisé celui où je postais un commentaire fulminant et tumultueux pour m'indigner de votre silence à propos d'un certain objet que vous savez et dont vous ne me dites rien, ni oui, ni non, ni m... On peut jeter pudiquement le manteau de Noé sur la faiblesse humaine, mais on peut aussi quelquefois assumer ses actes. C'est la première fois que je crois vous avoir manqué. C'est afin d'assumer ce commentaire que je vous adresse des excuses publiques sur (et non pas pour) la forme véhémente que n'aurait pas dû prendre ma plume furibonde. Vous n'êtes évidemment responsable de la mort de personne, vous vous êtes simplement trouvé, si je puis dire, à l'épicentre de quelques-uns des drames de ma vie – et il est vrai que j'aime dramatiser -. Il me peine d'avoir toujours été aux premières loges et au cœur des événements, sans jamais trouver ma "place dans le trafic", au risque de passer, parce que je suis résonnance, pour un témoin gênant et un "vacarme inutile". Je ne sais entretenir avec autrui que des relations passionnelles, et vous êtes homme à inspirer des passions contrariées.

    Voilà pour la forme. Sur le fond, j'essaie de dire maladroitement que le catholicisme, cette religionsublime, qui a eu le génie de construire pour abriter l'homme une triple pyramide, temporelle (de l'inné à l'éternité) cosmogonique (de la Création à l'apocalypse) et spatio-familiale (chaque famille a son arpent de terrain, et, louant un bengalo au paradis, nous habitons déjà dans l'Eglise du ciel avec celle de la terre) ; cette sublime religion pyramidale, a tendance à nous enfermer dans ses pyramides à momifier l'homme et à le cloisonner, parce qu'elle ne fait pas cas de la nature humaine, ne superpose pas la nature et la grâce, mais suppose que "tout est Grâce" . A trop faire l'ange, le catholicisme fait la bête. Il sort si constamment l'homme de lui-même que sa charité devient condescendance, nous momifions même nos vertus. Le catholicisme fait tellement crédit à la transcendance divine qu'il oublie que l'amour est d'abord la transcendance del'autre. Le catholicisme postule un dieu plutôt transcendant et les autres plutôt immanents alors que, si ça se trouve, c'est le contraire : ce sont les autres qui nous sont d'une transcendance adultérine alors que Dieu est d'une immanence utérine, Porte et chambre royale et secrète de notre intériorité. (Je tiens à préciser que tout ce que j'écris là concerne la religion catholique, et non pas la foi catholique, que je tiens pour immaculée).

    Dans cet article même, il vous faut absolument distinguer le désir et l'envie. Rien à la libido, tout à la Connaissance ontologique d'un Dieu-Loi. Pourquoi puis-jel'affirmer ? Parce que votre "désir" est de vérité ; le mien, désir d'artiste, est de beauté. Vous voulez que la beauté soit vraie, et je veux que la vérité soit belle, c'est pourquoi je crois que la vérité est relative comme Dieu Est trinité. La vérité n'est pas un Absolu, parce que Dieu Est Relation.

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  7. @Julien,
    Ne vous fatiguez pas trop à chercher la petite bête dans la religion Catholique. Il n’y en a pas. A chaque fois qu’on la critique, c’est notre propre faiblesse que l’on nomme. Elle est la religion parfaite : celle de l’Incarnation. Dieu fait homme pour que l’homme soit divinisé (autre Christ), et cela par pure Miséricorde. Elle est tout de même aussi, la seule à parler de la résurrection de la chair ! Elle ne se contente pas non plus d’un bavardage spirituel, elle s’incarne dans les actes. Elle inclue tout l’univers donc par voie de conséquence, toute la matière. Que voulez-vous de plus ? Si par le terme de « nature », vous faites référence à la morale, alors vous parlez du désir. Au risque de choquer, je dirais volontiers que ce n’est pas la mission de l’Eglise de se mêler de ces choses. Elle est là pour nous parler de l’Esprit, du Royaume, du Christ. Le reste, ce n’est pas son affaire et si elle le fait encore c’est que l’humanité est en demande d’une Loi. C’est une sorte d’infantilisme. Il faudra bien que cela cesse un jour ! Sérieusement, il vaut mieux chercher la petite bête en soi-même et enfin, ne mélangeons pas l’Eglise et les hommes qui la composent (nous tous) !

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  8. «… nous avons l’obligation religieuse de sentir. Notre sensibilité, comprenez-vous, est la force virile qui éveille la vie. La vie somnole. Elle veut être éveillée pour les noces ivres avec le sentiment divin. Car le sentiment est divin. L’homme est divin dans la mesure où il est sensible. Il est la sensibilité de Dieu. Dieu l’a créé pour sentir à travers lui. L’homme n’est rien que l’organe par lequel Dieu accomplit ses noces avec la vie réveillée et enivrée. S’il manque à la sensibilité, il manque à Dieu, c’est la défaite de la force virile de Dieu, c’est une catastrophe cosmique, une terreur inimaginable… »

    Mann, Montagne magique, Ch. 7, Mynheer Peeperkorn (suite)

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  9. Je comprends pourquoi je ne suis jamais arrivée au bout de cette « montagne magique ». C’est du Lacan pur ! Le « Phallus » aurait-il dit ! (à comprendre dans le sens psychanalytique). On pourrait aussi dire le KAIROS (grec), enfin tout un tas de bazar qui ne correspond en rien au Dieu catholique. De plus, on n’est pas loin du "surhomme" de Nietzsche. Si l’homme est le « Phallus » de Dieu, il faut revoir votre copie, cher anonyme… Moi je vous mettrais volontiers un zéro pointé ! Y a du boulot sur la planche. Cela tombe bien, la semaine Sainte sert à se convertir !

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  10. Notre ami Benoîte, à force de se dépenser vient de se prendre les pieds dans …la descente de lit. Elle nous avait déjà beaucoup étonnés il y a quelques jours en déclarant, sans nuances, préférer Pâques à Noël. La voilà maintenant confrontée à des visions phalliques envoutantes alors qu’on lui parle de la sensibilité, laquelle est, avec l’intelligence, la voie d’accès à Dieu.

    Serait-elle atteinte d’une affection que feignait de soigner le plus haut bouffon français du XXème siècle qu’elle semble par ailleurs bien connaître ?
    Comble de l’ironie, ce dernier aurait à coup sûr détecté dans le « Moi je vous mettrais volontiers un zéro pointé » une tendance perverse-dominatrice indubitable.

    Demeure tout de même une interrogation fondamentale. Elle appelle le cher anonyme à la conversion. Que doit-il faire s’il est catho de stricte obédience, tendance plutala ? Doit-il devenir mahométan ?

    Reste Mann et son imposant et illisible massif de sa montagne magique. A son sommet il situe la scène la plus émouvante entre son héros et la seule femme de sa vie, leur unique échange. Curieusement ces deux-la se parlent en français et passent insensiblement au tutoiement au cours de leur ineffaçable nuit.
    Eh bien, chère Benoite, je te souhaite de bonnes fêtes de Pâques.

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  11. Les sentiments ? Hum, dans la religion, suis très septique !… Je préfère cette phrase tirée du même livre : « la passion, c’est l’oubli de soi ». (p.643. Fayard) . Je n'ai jamais dit préférer Noël à Pâques. C'est parfaitement idiot. J'ai dit que la Messe était la répétition de la Passion et de la Résurrection et non de la nuit de Noël. Quant au tutoiement et à la nuit ineffaçable, mon cher, vous y allez un peu vite en besogne!

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  12. Le problème avec Benoîte ce n’est pas qu’elle écrive beaucoup mais qu’elle oublie ce qu’elle écrit.
    Je la cite :
    Ah non alors, «c’est pas tous les dimanches Noël », mais « c’est tous les dimanches Pâques » !! Le Christ y ressuscite et nous fait passer le la mort à la Vie. A Noël, la Passion, la mort et la Résurrection n’ont pas encore eu lieu. Bref, il doit y avoir des clercs complètement illettrés ! Et, si un tel événement ne se commémore pas, alors effectivement, c’est que l’on en a pas conscience. Pauvre humanité !
    Benoîte 13 mars 2014 15:08
    Le débat est ouvert sur l’Incarnation et la Passion. A l’évidence l’une précède l’autre, l’une contient l’autre. Tout est dit.

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    1. "Le problème avec Benoîte ce n’est pas qu’elle écrive beaucoup mais qu’elle oublie ce qu’elle écrit"

      --> C'est rude, mais ce n'est pas faux. C'est rude... *parce que* ce n'est pas faux.

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  13. Benoîte et l’anonyme de 14 heures 35 se permettent d’échanger des déclarations osées. Ils se croient sur Attractive World. C’est intolérable. Le Webmestre doit sévir.

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  14. Comme cela tombe bien ! Voilà ce que j’ai trouvé aujourd’hui dans la dernière lettre de « paix liturgique » : Extrait du sermon de Mgr Fernando Arêas Rifan, Ordinaire de l’Administration apostolique personnelle Saint-Jean-Marie-Vianney de Campos (Brésil), qui a eu le privilège de célébrer la fête du Christ-Roi dans la Basilique de Sainte-Marie-sur-la-Minerve, sur l’autel majeur renfermant la châsse de sainte Catherine de Sienne :
    « La Sainte Messe, la célébration du sacrifice eucharistique, est une des plus importantes professions de foi. Et si nous aimons, si nous préférons, si nous conservons la Sainte Messe dans la forme traditionnelle du rite romain, c’est parce qu’elle est précisément une claire profession de foi des dogmes eucharistiques : le dogme de la Messe comme sacrifice, renouvellement non sanglant du sacrifice de la Croix ; le dogme de la Présence réelle ; celui de la transsubstantiation opérée par les paroles du prêtre qui agit in persona Christi capitis et non par la foi du peuple ; le dogme enfin du ministère sacerdotal, distinct du ministère commun des fidèles... ».
    Je peux, comme tout le monde, oublier ce que j’écris mais par contre, oublier le contenu de ma Foi est une chose qui n’est pas possible. Donc… mes amis… si je me souviens bien du sujet de ces commentaires, il s’agissait d’un prêtre qui excusait un fidèle de n’être pas allé à la messe de Noël en lui disant que « c’est tous les dimanches Noël » !! C’est ainsi que je me suis insurgée, sans doute aussi contre le laxisme de ce prêtre et aussi sur le fait que la Sainte messe est ce que j’ai dit et ce que Mgr Rifan confirme dans la citation ci-dessus. Mais comme le thème du billet n’était ni Noël, ni la Messe, je n’ai pas non plus pris la peine de développer, car, bien évidemment la naissance du Christ contient déjà sa Croix en puissance. Cela n’est non seulement pas « osé » mais tout à fait catholique !



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  15. Le Cardinal de Retz disait toujours « Pour sortir d’une polémique mal engagée il n’y a que la charité ».

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