Dans sa deuxième prière avant la communion, le prêtre invoque le Fils de Dieu qui donne la vie et délivre du mal. "Par ta mort tu as donné la vie au monde". C'est le paradoxe inaugural du christianisme. La vie nous vient de la mort. Il ne faut pas en avoir peur. Nous ne participons à la résurrection du Christ, que parce qu'à un moment ou à un autre, d'une façon ou d'une autre, nous avons traversé (ou nous allons traverser) sa mort.
Croire au Christ, c'est croire en la vie à toute épreuve, c'est croire que la vie aura toujours le dernier mot, malgré les apparences. Croire au Christ, c'est toujours d'une manière ou d'une autre parier pour la vie. Ceux qui s'imaginent que le pari de Pascal ne concerne que les libertins à l'attention desquels il aurait été écrit ne mesurent pas qu'à l'origine de l'acte de foi se trouve toujours un incoercible appétit de vivre, on découvre cet ardent désir qui saisit toute la création d'après saint Paul (Rom. 8) et aussi cette curiosité dévorante, cette volonté de se survivre pour comprendre le mystère de l'univers. C'est tout cela qu'autorise et qu'exauce l'acte de foi.
Notez que la prière ne dit pas : "par ta mort, tu m'as donné la vie". Là encore ce serait prétentieux. Ce qui est dit ? "Tu as donné la vie au monde". Le monde ici signifie d'une part l'ensemble des humains qui ont la grâce suffisante et parient pour la vie, parient pour l'ordre, parient pour le bien, ayant reçu des graces que Dieu connaît. Mais le monde signifie aussi notre terre, notre univers, tout ce qui est marqué par l'esprit divin et que Dieu ne peut abandonner au néant. Dieu ne peut abandonner au néant l'univers matériel qu'il a voulu. Nous nous dirigeons vers les cieux nouveaux, vers la terre nouvelle, vers la nouvelle et définitive création, où tout ce qui a été créé trouvera un sens pour toujours (Apoc. 21, 4-7 voir II Pierre 3, 13 cf. Is. 65, 17 ; 66, 22. Ez. 36, 26). Il faut entendre la vie du monde en ce sens tout littéral. Ni le néant, ni la corruption ne l'emporteront sur l'être.
Cette formule "par ta mort tu as donné la vie au monde" signale la délivrance et l'accès enfin à la paix de Dieu. Si un tel destin est offert au monde, je ne peux en être exclu : "Délivre moi de toutes mes iniquités et enfin de tous les maux". L'iniquité c'est le péché contre Dieu. Les maux c'est le marasme ordinaire dans laquelle la créature se débat. Nous demandons , chacun à la première personne du singulier, d'être libéré des péchés et de tous nos maux. En communiant à l'autel, nous découvrons en nous un nouveau désir et une nouvelle vie. Celle qui nous portera à toujours.
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