dimanche 22 juillet 2012

Le Corps sacré

Quant au post précédent, je retiens le message de Jean-Paul Mestrallet, ainsi formulé : "Vous oubliez totalement La CAUSE CENTRALE du sacré dans le catholicisme: le Corps du Christ substantiellement présent dans l'Eucharistie, donné par celui-ci "en mémoire de moi" dans le "Saint Sacrifice de la Messe" et entouré de bénédictions, processions, et viatiques hautement solennels: Les pratiques catéchétiques et liturgiques récentes n'ont guère entretenu la praxis ni la motivation doctrinale pour le "sacratissimum sacramentum" . svp Il serait élégant que vous réagissiez à ce commentaire". Jean-Paul

Vous avez raison de me rappeler à l'ordre sur un sujet aussi important. Je n'ai pas oublié le corps du Christ. Comment le pourrait-on ? Mais dans une rédaction un peu rapide, j'ai obliqué sur le corps de chacun, sur nos corps, temples du Saint Esprit. Je crois très important de rappeler qu'il n'y a nul respect du corps en christianisme, mais plutôt une vénération pour ce corps destiné à la gloire et qui ne doit pas se rouler dans la fange.

Pour ceux qui assistent à l'extraordinaire rite que la Tradition romaine nous a légué comme un trésor, je signale l'épître du 8ème dimanche, tout entière centrée sur "la chair" (hébreu : basar : l'être humain, l'humanité de l'homme). Dans le lectionnaire, on traduit chair par corps et l'on ne comprend plus rien : "Faire mourir les oeuvres du corps". Comme si le christianisme était un platonisme ou un gnosticisme ! Non ! Faire mourir tout ce qui en nous est "humain trop humain", tout ce qui, en ce sens est "charnel", car tout cela est évidemment promis à la mort. "C'est dans l'espérance qu'est notre salut" ainsi que le Père Spicq traduit le spe salvi de l'Epître aux Romains (8, 23), dont Benoît XVI a fait notre bannière claquant au vent du siècle. Le salut de la chair n'est pas en elle-même mais dans "la profession d'espérance" (Hébr. 10 23) que nous faisons chacun, parfois même avant de faire profession de foi.

Le Corps du Christ, qui nous est laissé sous l'apparence du pain, est plus que son corps charnel, c'est son corps ressuscité, glorieux, qui nous appartient à tous dans la mesure où nous le recevons pour le Bien : Sumit unus, sumunt mille, quantum isti tantum ille. Qu'un seule le reçoive, que mille l'assimilent, il se donne autant aux mille qu'à un seul.(saint Thomas, Lauda Sion). Ce Corps du Christ est Temple (Jean 2) où nous sommes non seulement abrités mais revitalisés, ce Corps du Christ est sanctuaire dans lequel nous sommes tous reçus, un sanctuaire "non fait de main d'homme" comme dit l'Epître aux Hébreux, dans lequel c'est "avec assurance" que nous avançons jusqu'à Dieu... que nous pouvons toucher Dieu.

L'eucharistie dans laquelle le Christ est présent avec son Corps, son sang, son âme (humaine) et sa divinité est l'incarnation continuée. Elle est le signe de notre Espérance. Elle est le Temple, comme le montrent tous les tabernacles du monde, temples dans le Temple, nouveaux Saints des saints.  Dans l'eucharistie le Christ est présent à tout l'espace-temps, non seulement comme Dieu mais comme Sacrifié, comme offert, comme Victime de propitiation, comme religieux de Dieu, qui nous rend Dieu favorable...

D'ailleurs, je m'en vais célébrer la messe à toutes vos intentions...

8 commentaires:

  1. Votre topo est très bien car compréhensible par le commun des mortels.

    Pourriez vous demander à vos adeptes de s'exprimer plus simplement, dans un langage simple et sans employer d'expressions extravagantes (cela me fait penser à ces critiques musicaux incapables de distinguer un ré d'un fa sur la clé de sol et qui multiplient les termes techniques ; mais celà n'abuse personne et parfois c'est à mourir de rire sur France Musique).

    Une question que je me pose depuis le lointain temps de mon KT : si Dieu est présent partout pourquoi serait-il plus présent dans le pain et le vin consacrés ? Cela fait 55 ans que j'attends une réponse claire et nette.

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    1. Sans aller jusqu'à "sa présence partout" ce qui pourrait nous conduire à quelque hérésie panthéistique...On peut plus simplement se référer à ce passage évangélique où le Christ nous dit que si nous nous réunissons en son nom, alors, il est présent parmi nous! Et moi aussi cela fait très longtemps que j'attends!

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    2. Au KT on m'a enseigné que Dieu était présent partout, et le prêtre avait précisé même dans des endroits qu'il n'est pas convenable de désigner et que le Seigneur voyait et entendait tout ce que nous faisions. Celà nous avait cloué le bec. Après on nous a dit que Jésus était présent partout où il y avait un homme ou ne femme qui souffrait.
      sur l'Eucharistie Jean Calvin dit que Jésus n'ayant qu'un seul corps celui-ci se trouve au ciel et ne peut donc se trouver dans le pain et le vin consacré, ce qui m'a toujours semblé logique.
      Maintenant je voudrais bien que l'on m'explique.

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    3. NB Si j'avais le talent d'Uderzo et Goscinny, j'écrirais une suite au Petit Nicolas intitulée "Le caté du petit Nicolas". avec un peu d'humour on pourrait expliquer bien des choses.
      Monsieur l'Abbé est-ce que vous pourriez nous concocter un tel ouvrage ? Je vois déjà la scène avec la bande des garnements au catéchisme qui serait assuré par une jolie religieuse du genre de Soeur Véronique Margron op dont Agnan serait le chouchou ; à la place du directeur de l'Ecole je verrais bien un prêtre que l'on appellerait par exemple Monsieur le Curé de T... qui viendrait périodiquement mettre un peu d'ordre dans les écuries d'Augias et préciser quelques points de doctrine. Bien entendu, la visite de l'inspecteur d'académie serait remplacée par une visite inopinée de Monseigneur accompagné de son Grand Vicaire. Avec en prime un chapitre "gratiné" : "Nicolas et les copains, enfants de choeur" (Rufus thuriféraire et Agnan cérémoniaire ?)

      Monsieur de Tanoüarn, je ne réclamerai pas de droits d'auteur, mais attention vous risquez des procès pour plagiat, alors avant que de remettre votre manuscrit à l'Editeur, donnez- le moi à lire : je vous indiquerai gracieusement ce qu'il convient de modifier ou de présenter autrement. la JP n'est pas toujours facile à interpréter.

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  2. Cher Anonyme du 22/07 à 23:53, je partage votre opinion sur le langage employé dans nombre de commentaires du metablog.
    Quant à la question que vous vous posez sur le pain et le vin consacrés, elle m'a conduit à me replonger dans la Bible (celle dite de Jérusalem, édition Mame-Cerf 2001). Dans l'Evangile selon Saint Marc, pour l'institution de l'Eucharistie,(14, 22-24), une clé de lecture en marge me paraît intéressante. De même dans Matthieu (26, 26-28) une note ik. Dans Luc (22, 15-18 et 19-20) une note el.
    "C'est sur des gestes précis du rituel juif (bénédiction à Yahvé prononcée sur le pain et le vin) que Jésus greffe les rites sacramentels du rite nouveau qu'il instaure." et "... l'agneau de la Pâque [juive] préfigure un autre Agneau, spirituel, et la brebis immolée, une autre Brebis...".
    Si je comprends bien, le pain et le vin renouvellent une tradition juive ancienne. Ce renouvellement illustre, me semble-t-il, la conclusion du Père Guillaume de Tanoüarn.
    Willy

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    1. Tout cela je le savais : la dernière Cène s'est dérouléee lors du repas pascal du Seder où le père de famille prononce la bénédiction sur le vin puis sur le pain non fermenté (Matsa). C'est un rite très ancien avec les symboles tres riches du pain et du vin employés lors des cérémonies du mariage encore de nos jours à la Synagogue.

      Mais votre réponse ne répond pas exactement à ma question qui portait en fait sur la trans-subtantiation.

      Merci quend même.

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  3. A l'anonyme du 22 : Alors que la présence au monde de Dieu est une présence réelle mais spirituelle, la présence eucharistique est une présence matérielle, substantielle : sensible, accessible aux sens humains.

    Lire Paul VI, Encyclique Mysterium Fidei : "Cette présence, on la nomme "réelle", non à titre exclusif, comme si les autres présences n'étaient pas "réelles", mais par excellence ou "antonomase", parce qu'elle est substantielle, et que par elle le Christ, Homme-Dieu, se rend présent tout entier.
    Ce serait donc une mauvaise explication de cette sorte de présence que de prêter au Corps du Christ glorieux une nature spirituelle ("pneumatique") omniprésente; ou de réduire la présence eucharistique aux limites d'un symbolisme, comme si ce Sacrement si vénérable ne consistait en rien autre qu'en un signe efficace "de la présence spirituelle du Christ et de son union intime avec les fidèles, membres du Corps Mystique". […]
    Le Concile de Trente, appuyé sur cette foi de l'Eglise, "affirme ouvertement et sans détour que dans le vénérable Sacrement de la Sainte Eucharistie, après la consécration du pain et du vin, notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme, est présent vraiment, réellement et substantiellement sous l'apparence de ces réalités sensibles". Notre Sauveur est donc présent dans son humanité non seulement à la droite du Père mais en même temps dans le Sacrement de l'Eucharistie "en un mode d'existence que nos mots peuvent sans doute à peine exprimer, mais que notre intelligence, éclairée par la foi, peut cependant reconnaître et que nous devons croire fermement comme une chose possible à Dieu".

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  4. @ Anonyme en recherche…
    Cela fait 55 ans que vous vous posez la question.
    En lisant les réponses, je m’aperçois qu’on ne vous répond pas ! On vous explique ( Antoine) parfaitement et on le prouve par les textes, que l’Eucharistie contient la Présence Réelle sans vous dire ce que c’est exactement, ni pourquoi il en est ainsi. Pourtant il n’y a rien de plus simple. Dieu est partout, dites-vous. Peut-être, mais laissons ce thème de côté car il prête à confusion. Revenons à l’Eucharistie :
    A la messe, depuis l’Offertoire jusqu’à « Ite Missa » (la fin), se déroule devant nous fidèles, la Passion du Christ : De Gethsémani jusqu’à la Crucifixion et la Résurrection, en passant par la flagellation, le couronnement d’épines, Pilate, enfin tout ce qui s’est passé, tout défile devant vous. Cela n’est pas du théâtre ! Cela est vécu réellement par le Prêtre qui, revêtu du Christ, a le pouvoir d’officier ce « mémorial de la passion ». C’est pour cela que l’on dit qu’il le fait « in Persona Christi »
    Donc, pendant la Consécration, le pain et le Vin deviennent Corps et Sang du Christ, mort et Ressuscité.
    La raison de ce miracle perpétué quotidiennement dans toutes les Eglises catholiques du monde, c’est que le Christ, qui est Dieu tout de même, l’a dit et voulu ainsi. Il a instauré ce mémorial la veille de Sa Passion, lors de la dernière Cène avec ses Apôtres. L’hostie contient donc le Fils de l’Homme, mort et ressuscité. Sa passion est sans cesse renouvelée ! Dans et par ce Pain, Elle nous nourrit, c’est à dire qu’Elle nous transfigure : Elle transforme notre chair et notre esprit. Normal, puisque c’est la Croix qui nous délivre du péché originel ! Le Christ nous a laissé cette CROIX VIVANTE dans chaque Hostie que nous prenons parce que sans cela, il est probable que nous nous serions détruits, corps et âme, encore une fois et éternellement. Vous voyez que c’est autre chose que de voir la Lumière de Dieu partout : Ici c’est la Croix et la Résurrection du Christ qui nous embarquent avec notre corps et notre Esprit vers notre propre Résurrection. C’est à la fois très physique et très spirituel. Allez chercher ça dans une autre religion. Vous ne trouverez jamais .
    La suite, c’est une histoire de Foi : On y croit ou on y croit pas.
    Benoîte

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