mercredi 18 juillet 2012

Sacré corps !

Marc Levatois m'a fait le plaisir - et l'honneur - d'accepter mon invitation sur Radio Courtoisie pour que nous parlions ensemble de son dernier livre L'espace du sacré (aux éditions de l'Homme nouveau). L'émission qui est disponible en podcast, sera rediffusée samedi prochain, 21 juillet à 18H00 sur 95.6. Marc Levatois y aborde la question fondamentale du sacré. Allons, disons-le: la crise de la pratique religieuse correspond à des mouvements sociologiques profonds, à ce que j'appellerais une matérialisation de l'existence humaine, à une rationalisation, essentiellement comptable des rapports humains. Mais la désaffection des catholiques eux-mêmes pour la messe du dimanche renvoie à une insatisfaction profonde du public, qui est (en termes marketing) le coeur de cible vis-à-vis des messes qu'on lui propose. D'où provient cette insatisfaction sinon d'un déficit du sens du sacré.

La question : qu'est-ce qui est sacré? est fondamentale. Est sacré ce qui n'est pas profane. Est sacré ce qui se présente comme "en rupture" avec le profane, comme l'explique Levatois.

Cette rupture, qui exige "total respect" est de plus en plus difficile à faire admettre à une génération décervelée. Le respect est une valeur en berne, alors même que le terme a été intégré (et désintégré) dans le langage "jeune". Lorsqu'un jeune vous dis : Respect ! il vous impose un rapport de force. Et pourtant le respect est justement ce sentiment qui se manifeste en dépit du rapport de force ou de la rationalité comptable : respect pour les personnes âgées, pour les femmes, pour les enfants etc. Respect pour le sacré...

Marc Levatois explique très bien l'ambiguïté de la position de l'Eglise face au sacré, en distinguant trois phases dans les relations de la théologie catholique : à la fin du XIXème siècle, le vocable apparaît. C'est une invention de la sociologie (Emile Durkheim) ou de l'anthropologie (Rudolf Otto). L'Eglise est méfiante, elle ne veut pas mettre la religion chrétienne au même rang et dans le même bain que toutes les autres. Elle n'intègre pas le sacré dans sa théologie et en repousserait plutôt la notion. Beaucoup de traditionalistes aujourd'hui entretiennent cette méfiance vis-à-vis du sacré, pour ces raisons.

Deuxième phase dans les années Soixante du XXème siècle : c'est l'époque de ce que Michel Viot a appelé "les chrétiens sans religion" (ouvrage prémonitoire publié en 1975). On veut nous faire croire que "le christianisme est la religion de la sortie de la religion" et du "désenchantement du monde" (Marcel Gauchet)... Le sacré est... voué au gémonies ! On développe une "théologie de l'enfouissement" (référence à la parabole du levain dans la pâte). On veut faire "la messe de tout le monde sans secret ni sacré ni ségrégation" (selon le titre un peu long mais éloquent d'un ouvrage de Jean-Noël Bezançon, publié au Cerf en 2009, comme un acte de nostalgie)...

Il y a aussi une troisième phase, particulièrement intéressante, celle du mouvement liturgique à son origine, auquel participa immédiatement un certain Josef Ratzinger. Durant l'émission Marc Levatois insiste particulièrement sur le livre du Père Louis Bouyer, Le rite et l'homme (réédité au Cerf en... 2009). Cette troisième phase, qui remonte aux années 50 et revient en force en ce moment tente de récupérer le sacré et (mais là on va sans doute plus loin que Bouyer) de montrer son rapport profond à la sainteté.

Au fond, dans ce personnalisme intégral qu'est le christianisme, on peut dire que seules les personnes sont sacrées et qu'elles sont sacrées à proportion de leur rapport (explicite ou implicite) au Christ. C'est cette sacralité qui est comme la condition de possibilité de l'accomplissement spirituel, de la ressemblance assumée avec Dieu que l'on appelle sainteté.

Dans cette perspective, on le comprend bien, il y a une délocalisation du sacré. Le sacré, dans le judaïsme, est enfermé en un lieu (que se disputent aujourd'hui encore juifs et musulmans, entre Mosquée d'Omar et Mur des Lamentations). Ce lieu c'est le temple de Jérusalem. Les chrétiens ne font pas partie de ce jeu. Le Christ, lui a bien souligné que les vrais adorateur n'adorent ni sur le Mont Garizim (en Samarie) ni sur le Mont Sion. Ils adorent "en esprit et en vérité" (Jean 4). Ainsi, note profondément saint Paul (I Co. 6) le Temple de Dieu, le Temple du Saint Esprit... c'est chaque chrétien, vivant en esprit et en vérité.

Plus précisément : le corps du chrétien est le Temple du Saint Esprit. L'insistance de saint Paul sur cette sacralité du corps montre bien que, selon la logique de l'incarnation, le sacré chrétien n'est pas une réalité purement spirituelle (comme est la sainteté) mais une réalité concrète, inscrite dans l'espace et dans la vie la plus quotidienne. Non seulement le chrétien respecte Dieu dans les autres, et jusque dans "Nos Seigneurs les pauvres", mais il respecte Dieu dans son propre corps, qui, malgré ou dans ses défaillances et ses faiblesses, peut devenir "hostie unie à l'unique hostie", offrande sacrificielle et principal lieu du sacré.

27 commentaires:

  1. C'est à dire que dans le langage jeune... mais que quels 'jeunes' parle-t-on exactement? Quand un 'jeune' de la rue d'Ulm vous parle de respect, il entend par là cette prise en compte du prochain, en ce qu'il est jusque dans son altérité un autre nous-même.

    Mais quand un 'jeune' de banlieue difficile parle de respect, cela veut dire "soumission". Exemple: Aziz a les nouvelles (baskets) rMax... respect!. Notez que ce sens n'est pas nouveau -- prenez une bonne vieille phrase à l'ancienne comme "Le père Martinaud avait cinq garçons auquels il enseignait le respect à coup de ceinturon."

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  2. Émission exceptionnelle qui mériterait d'être reprise point par point!
    Quant à votre auditeur qui ne ressent pas le sacré en mosquée, il aurait valu lui dire que le Sacré est bien au-dessus de la sensibilité. Bref "on ne ressent pas le sacré" Et la prière musulmane est du rite à l'état pur qui n'a guère que la messe pour le dépasser ( le canon )
    R.H.

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  3. La prière musulmane est du rite à l'état pur!
    Et on ne ressent pas le Sacré car il est au-delà de toute sensibilité. Il en génère et les gens s'y attache en oubliant le sacré géniteur. Un peu comme dans l'exercice de la sexualité!
    "Très excellente" émission
    R.H.

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  4. Excellent, mais difficile.

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  5. jean-paul MESTRALLET19 juillet 2012 à 17:31

    Vous oubliez totalement La CAUSE CENTRALE du sacré dans le catholicisme: le Corps du Christ substantiellement présent dans l'Eucharistie, donné par celui-ci "en mémoire de moi" dans le "Saint Sacrifice de la Messe" et entouré de bénédictions, processions, et viatiques hautement solennels: Les pratiques catéchétiques et liturgiques récentes n'ont guère entretenu la praxis ni la motivation doctrinale pour le "sacratissimum sacramentum" . svp Il serait élégant que vous réagissiez à ce commentaire. Jean-Paul

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    1. Je ne sais à qui s'adresse cette demande d'élégance, mais je me lance : a priori, vous n'avez pas lu ou mal ce post... car l'Abbé dit bien que la cause centrale c'est l'Incarnation !
      Donc il eût été préférable que vous lussiez avant de réagir, non ?

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  6. A vouloir commenter de manière exhaustive et parce que le sujet est complexe, je risque de mal m'exprimer.

    Tout d'abord, une question: en quoi les traditionalistes d'aujourd'hui se méfient-ils du sacré? Il me semble, d'une part, qu'incontestablement, leur liturgie respecte le sacré et d'autre part que des diagnosticiens de la décadence de notre société comme le souvent pénétrant georges dilinger, qui savent à leurs moments "mettre la plume (sociologique intuitive) dans la plaie" ne révèrent le chemin traditionaliste qu'autant qu'il est une tentative de resacralisation, ou qu'il n'a pas perdu le sens du sacré.

    Concernant les jeunes dont, cédant à vos propres préjugés, vous incriminez avec une certaine injustice le sens du respect, il est vrai que le respect est accompagné chez eux de "soumission"; mais votre phrase a l'air de suggérer que "le rapport de force" est à leur avantage. Pas du tout: quand les jeunes vous disent: "respect", cela équivaut à dire: "Je m'incline". Je m'incline devant ton courage ou devant ta situation. Je m'incline en te reconnaissant mon supérieur, dans une humilité un peu démonstrative et chevaleresque , mais pas plus démonstrative, à bien y regarder, que la fausse humilité qu'arborent si souvent des catholiques qui la prennent pour le contraire de la fierté ; et le "respect" que savent parfois vous témoigner (et que réclament aussi pour eux-mêmes) ces jeunes a le mérite d'être une valeur moins froide que notre respect, tout de devoirs imprégné, respect, pour nous condition préalable à l'amour du prochain; pour eux, cet amour du prochain vécu dans sa forme la plus directe et la moins verbale. Je rappelle ce que m'a dit un historien talmudiste :
    "La bible n'est pas viable, prenez l'amour du prochain!"
    Cette pique donne un grand coup, je crois, à la confusion de "loi naturelle" avec la loi de la nature.

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    1. bravo! excellent!
      vous êtes un maitre de justice!
      merci.

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  7. (Suite)

    Mais le coeur de ce que je voudrais approcher n'est pas là. Ce qui fait le lien entre le sacré et la sainteté, c'est que "qadosh", saint en Hébreu, signifie "mis à part" Pour les juifs, "Dieu Seul Est Saint", ce que les protestants ont repris à la lettre en refusant que soient traités sous le même vocable que le dieu Saint de simples serviteurs de Dieu considérés en eux-mêmes, et non dans leur rapport avec tout le Corps... du Christ, c'est-à-dire de dieu, Qui Est l'Eglise. La sacralité est une simple transposition dans son genre de ce que dieu est par essence. Pour ce faire, le sacré dédie un espace (où l'on retrouve une analogie avec le "langage jeune: "Maximum respect et spéciale dédicace")..." Le sacré dédie un espace, une personne ou un corps. Ce corps peut être un peuple (c'est le sens de l'élection dans la "première (ou ancienne) Alliance", une portion de ce peuple (le corps sacerdotal et celui des sacrificateurs) ou le corps d'un serviteur de dieu distingué dès sa naissance (le plus emblématique étant peut-être le juge et prophète samuel, plus encore que le roi David). Nous autres, chrétiens, avons de tout temps repris cette consécration en la proposant, de "ceux qui se faisaient oenuques pour le royaume de dieu" ou des hermites aux "consacrés de nos jours".

    L'ambiguïté de notre relation au sacré me semble tenir au corps, avec et sans jeu de mot. Vous-même, quand vous qualifiez la désaffection de nos églises, parlez d'"insatisfaction du public (sic)", c'est-à-dire qu'en le sachant très bien, vous empruntez un mot au vocabulaire de "la société du spectacle" que vous fustigez par ailleurs en pensant le retourner contre elle, mais vous devriez savoir aussi qu'on ne gagne rien à utiliser le vocabulaire de l'adversaire.

    Est-ce à dire que le corps est essentiellement spectaculaire? Pas essentiellement, mais l'ambiguïté vient de ce que l'Eglise se soit définie comme un Corps-assemblée. Or qui assemble veut faire foule, veut rassembler encore et encore, du moins l'ambigûïté du vocabulaire porte-t-elle à le croire. L'Eglise devient "corps du christ" et... "Assemblée de dieu". L'Incarnation du Verbe-christ ou du Christ-fils est venue faire chair commune avec la glèbe d'humanité, ce qui renforce cette perception originaire du Corps-Assemblée. Or le sacré suppose que l'on parle d'un corps "mis à part", ce qui paraît exactement obéir à la démarche opposée. Et notre seigneur Jésus-christ a été précisément "mis à part", dans Son corps, Son âme et Sa divinité, pour conduire les foules dispersées et/ou les personn(alités)es disséminées, déstructurées, désunifiées, à la plénitude du Corps, de leur corps et du corps-Centre, dans une optique de divinisation où Dieu, en "voulant sauver tous les hommes", ne veut certes pas faire du "centralisme démocratique". En un sens, le Corps du christ-Médiateur pourrait être perçu comme un "Corps Intermédiaire". Nous, les chrétiens consacrés pour le service de Dieu, nous sommes "mis à part" pour rassembler, en commençant par nous rassembler et par nous faire la Maison de dieu où les autres puissent venir prier, déposer le fardeau secret de leurs souffrances ou de leurs péchés. Notre mission est difficile!

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  8. Moi j'aime bien ce que vous dites et "ça fait sens", M. l'abbé ! Objectivement, les tradis aiment bien le sacré, cher Julien, mais totalement désincarné, hiératique, normé, "rité"... Un sacré très éloigné de la vie de tous les jours et des contingences pratiques, relégué dans sa sphère en quelque sorte, extérieur à soi. l'abbé a parfaitement raison de souligner, de mon point de vue...
    Sinon, j'aime bien votre idée de "corps intermédiaire", ça a le mérite d'être drôle ! Pour les considérations théologiques, ça reste discutable, mais je comprends votre idée.
    PS : le point de vue de JPM est assez symptomatique de cette vision tradi du sacré qui s'oppose d'ailleurs à Vatican II : on limite le sacré à l'Eucharistie, en refusant le fameux "Par son Incarnation, le Christ s'est en quelque sorte uni à tout homme"...
    Mine de rien, sur un sujet complexe comme le sacré, on retombe au cœur même des différends sur le dernier concile, et celui-là est vraiment fondé sur une fort mauvaise appréhension théologique de la part des tradis, ce qui tend à démontrer le propos de l'abbé sur le sacré désincarné de ces derniers !

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  9. Dur, dur ! Je pige qu couic.

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  10. @Julien,
    Pardon Julien si je me trompe, mais parfois j’ai l’impression que votre conception du Christ n’est pas très catholique. Il me semble qu’il y a une véritable ambigüité : Le verbe-Christ, Christ-fils me paraissent des termes non seulement bizarres mais pleins d’un sens douteux. Le Christ de même nature que le Père…ça doit vous dire quelque chose peut-être ? La trinité : 3 Personnes, une même Substance… Le père s’engendre Fils de lui-même par l’Action du St Esprit ! Tout ça pour dire que Jésus-Christ est Dieu, qu’il ne fait pas « chair commune avec la Plèbe », car Il est homme certes, exempt de péché tout de même !! Il n’a pas non plus été mis à part comme le serait un prophète, Il est à part ! Etant vrai Dieu et vrai homme, il a pu par la Croix permettre la transfiguration de toute la matière et donc de nos corps, Transfiguration possible ici-bas qui mènera à la Résurrection ! Sur la Croix, c’est le Fils de l’homme intrinsèquement uni au Fils de Dieu qui meurt et ressuscite. C’est par cette Croix et uniquement par Elle que nous sommes nous aussi Corps du Christ ! Ce n’est pas « un grand maître » qui guide son peuple ! C’est la chair qu’il est venu endosser et qu’Il a emmenée avec Lui sur la Croix qui rend la nôtre sacrée ! Cette Transmutation qui nous est promise s’appelle Transfiguration, c’est le Mont Thabor. Les Apôtres et toute la création ont vu le Fils de l’Homme transfiguré : « Voilà ce que vous serez » semble montrer cette apparition. La Croix l’a réalisé ! Depuis, nous sommes « Temple » individuellement et collectivement, dans la Foi. Ce n’est pas une démarche politique, c’est une reconnaissance de Dieu Sauveur en chacun de nous ! Ce n’est pas le rassemblement de personnes qui fait de nous « la maison de Dieu ». Et puis ce terme est vraiment trop ambigu ! La Maison de Dieu, c’est Son Royaume, nos corps ne sont que des temples de l’Esprit.
    Il y a une différence tout de même !
    « Christ corps intermédiaire », soit ça ne veut rien dire, soit c’est une hérésie. Nous sommes appelés à devenir d’autres Christ, Corps et Esprit pleinement accomplis dans la Lumière de Dieu. Il n’y a rien d’intermédiaire ! Ombre ou Lumière ! Sur terre, nous oscillons encore, nous, pas le Christ !!
    Si notre corps a été rendu sacré par la Croix, par l’Acte suprême, notre sanctification s’opère aussi par des actes (de Foi, d’Espérance et de Charité). C’est en cela que nous pouvons être « des hosties unies à l’Unique Hostie » car cette dernière est l’action perpétuelle de la Croix ! L’Hostie continue à nous transformer et à nous transmuter à chaque fois que nous la prenons, en l’adorant.
    Benoîte

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  11. Tout celà me parait bien amphigourique. Et dire que je coyais que Jésus était venu pour les petits et pour les humbles. Bref, vous m'en direz tant. Madame Benoite tout votre jargon c'est du mauvais Claudel ranci.Ce coup là vous nous jouez les bigotes ridicules avec tous vos biaux discours.

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  12. Bien sur bon Antoine

    "Les tradis" , comme vous dites, font ceci et pensent cela et c'est pas bien et moi , enfin vous, qui n'est pas "tradi" je pense , ipso facto , juste écoutez moi donc....!!

    Vous ne seriez pas un peu...."tradi" sans le savoir, c'est ce qu'il y a de pire, en véhiculant un prêt à penser et un prêt à croire et une petite traditionnette qui n'a rien à voir avec la Tradition catholique.

    Le Sacré et le Saint entre dans le monde par l'Incarnation qui est une initiative divine et dans votre citation du concile Vatican 2(qui ne saurait se comprendre sans toute la Tradition antérieure et...les Evangiles et une pensée théologique millénaire)vous devriez vous pencher un instant sur le "en quelque sorte" et sur la liberté de l'être humain d'accepter ou de refuser le Salut en J-C donné concrètement et réellement par les sacrements de l'Eglise

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    1. Théologie bien faiblarde, Hermeneias, car vous confondez l'incarnation du Verbe qui nous rend tous frères du Christ selon la chair, et la soumission au St Esprit qui nous rend fils de Dieu (voir Saint Paul aux Romains bien résumé dans Mystici Corporis). Donc le "en quelque sorte" ne vise pas votre amalgame douteux : relisez Gaudium et Spes, le concile évoque plus qu'une analogie, le partage d'une même nature humaine entre le Verbe et les hommes et ce partage est commutatif...

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    2. Ah mon cher Antoine, je vous soupçonne très fortement d'être "le loup protestant infiltré dans la bergerie catholique" ( lol ) vous me rappelez les pasteurs d'autrefois bien supérieurs en théologie aux braves curés qui n'en pouvaient mais...
      Vos propos, qui rapportent des choses que j'ignorais, me rendent le concile très attrayant tout d'un coup!Et çà me plonge dans la perplexité ( parce que, techniquement parlant, j’entrevois des connexions avec bien d'autres sujets restés brumeux et qui pourraient fort bien s'expliquer désormais )

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  13. Chère benoîte,

    Heureux de vous retrouver, même si je dois répondre à un message quelque peu offensif quoique merveilleusement écrit et développé. Par exemple, votre formule: "Dieu S'engendrant fils de Lui-même par le Saint-Esprit" est une belle définition de la trinité. C'est clair, limpide et concis, ça claque comme un aphorisme, c'est très bien.

    tout d'abord, ne prenez pas des analogies pour des hérésies. Le langage n'est définitoire que lorsqu'il prétend définir. Je ne prétends rien définir, j'essaie d'approcher. Quand je parle de l'Eglise, Corps du christ, comme d'un "corps intermédiaire", évidemment, comme l'a reçu antoine (que j'en profite pour remercier ainsi que roger), je fais un mot, mais au-delà du mot, j'essaie de dévoiler une réalité qui est la médiation de l'intercession qu'a pour mission l'Eglise dans le monde, "Corps Intermédiaire" dans l'humanité, mais si peu politique qu'elle n'est pas médiate. Si j'ai pu vous faire penser que je militais en faveur d'un christianisme politique, c'est que je me serai encore plus mal exprimé que je n'en avais fait monition, au début de mon commentaire.

    (à suivre)

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  14. (la suite)

    Ensuite, vous incriminez deux expressions. Je dois le "Christ-fils" à feu mon ami, le poète Yann guirec. J'avais aimé cette formule, je l'avais trouvée belle, , je ne crois pas quelle se soit voulue en rien théologique, mais plutôt contemplative. Yann Guirec n'était pas un spéculatif. Pire, il haïssait la spéculation.

    Pour le Verbe-Christ, c'est autre chose et volontiers, je défendrai ma trouvaille. Je vais me lancer dans un bref développement qui demanderait des compétences et des ajustements théologiques, mais je me risque!

    L'idée est que, d'abord, il n'est pas de nécessité dans la "Nature de Dieu" d'être le christ. Etre le christ est une fonction, plus, une mission salvifique que S'est Imposée le Dieu trinitaire. Savoir si dieu a créé le monde en vue de le sauver est un débat qui n'a pas été tranché par les Pères de l'Eglise. Il y a donc, dans le fils, une différence entre nature et fonction. Sa nature est d'être le fils, Sa fonction est d'être le christ, ce qui justifie en passant l'expression "christ-fils".

    Sauf que... y a-t-Il une Nature de Dieu comme il y aurait une nature humaine? Le dire serait frôler l'hérésie. On a certes parlé de "deux natures" pour le fils. Mais ceux qui l'ont fait ont embarqué l'Eglise dans des chismes, des hérésies et des massacres invraisemblables. Les traditionalistes soulignent à juste titre que la traduction française "de même nature que le Père" serait avantageusement remplacée par "consubstantiel au Père", car ce vocable de nature n'est valable que dans l'Incarnation, qui n'est qu'une des modalités de la vie divine, mais non pas de Son Etre.

    Si l'on ressent le défaut de cette expression de "nature" (double dans le Fils, et qui n'est valable que dans le registre de l'Incarnation), alors on trouvera que la nature divine du Fils, ou, si vous préférez, pendant qu'on y est, Sa fonction dans la trinité, est d'être le verbe; et sa nature humaine est d'être le christ; d'où mon expression de "Verbe-Christ", qui n'est pas sans conséquence pour nous et pour nos prétentions : nous croyons être le verbe, mais nous ne sommes que le Christ. Notre vie, qu'elle le veuille ou non, porte sa Croix. Nous croyons parler, définir, alors que nous n'avons qu'à nous sacrifier. Comme le dit ici même Monsieur l'abbé, le christianisme n'est pas la religion de la sortie du sacrifice. Mais il est la reliigion d'un changement de paradigme de la logique sacrificielle: notre sacrifice doit devenir un "sacrifice du coeur". Notre "coeur" doit se "briser" pour aimer, car l'amour est une blessure. Soit c'est le repentir qui brisera notre coeur, soit c'est la vie qui s'en chargera.

    Quant au fait que nous serions promis à la Transfiguration, vous êtes en-dessous de la réalité espérée, car c'est à la divinisation que nous sommes appelés !

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  15. C'est merveilleux tous ces gens qui en savent plus sur Dieu que dieu lui-même. Mais le coup du "paradigme de la logique sacrificielle", là c'est génial. C'est fou ce que cela fait chic, vous ressortirez ça dans les salons du 7ème arrondissement.

    Toute cette logomachie à deux sous est à vomir. Comme disait l'autre: c'est à laisser pantois les théologiens de métier.

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  16. Vous manquez de charité mais il faut reconnaitre que ceux que vous condamnez vous le rendent bien! Non, je pense qu'il faut considérer la théologie comme "discours sur dieu", expression logomachique? mais qui sert à la différencier de la connaissance de dieu. Les théologiens sont des intellectuels qui parlent de dieu comme d'autres intellectuels parlent d'autres choses. Peut-être qu'après avoir vu dieu ( theoria ) ils sont pris de logorrhée? En tout cas c'est de cette façon là qu'il faut voir ces choses. Comme des poètes aussi. Je ne sais s'il existe des théologiens de métier mais vous comprendrez, à cette aune, qu'ils sont la fiente du "métier" (si tant est que s'en soit un!)
    Quant au changement de paradigme c'est très important. Cela veut dire ( à la grosse ) que sans changer de vocabulaire ni de pratique, le sens des choses change et c'est souvent après coup qu'on s’aperçoit que "votre" fameux paradigme est changé!

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  17. C'est ça roger bien sur !

    Et ça s'appelle comment lorsque l'on change le contenu sans changer l'emballage ? Ce n'est déjà pas très joli dans le commerce mais dans le domaine intellectuel et le domaine théologique, qui n'est pas un domaine de la connaissance "comme les autres",et qui implique l'intelligence et l'amour au service de la foi , c'est bien pire .
    Changer de paradigme ? Evitez la langue de buis ou de bois bien cirée , ça ne marche pas.

    Oui il y a des théologiens de "métier" car ils ont travaillé toute leur vie , pour pas cher , et avec passion , remettant sans cesse l'ouvrage sur le métier . Ces théologiens là , les précieux ridicules de salons virtuels , les bourgeois gentilhommes de la théologie , devraient leur cirer les pompes et leur baiser les pieds et les écouter...
    Mais ils se font rares ou discrets !

    A l'heure de la comm et de la pub , des journalistes savants et des "artistes" de pacotille qui savent tout sur tout ou qui ne savent rien et qui diront tout , on n'est pas étonné de certaines incontinences verbales narcissiques et satisfaites

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  18. Cher Julien,
    Je me doutais bien en vous répondant, que je n’avais pas compris entièrement votre pensée. C’est que vous avez une façon toute germanique de vous exprimer, avec l’intelligence qui lui correspond : Profondeur et sérieux dans la réflexion ! La forme est toutefois un peu déroutante même si, aimant beaucoup l’esprit allemand, tout cela n’est pas pour me déplaire !
    A part ça, je ne suis pas d’accord avec toutes vos précisions, ce qui n’a aucune importance en soi !
    Par exemple, je ne crois pas que la nature du Christ soit différente de sa fonction…
    Par contre, comme vous expliquez ce que vous entendez par : « Verbe-Christ », de cette façon, ça me plait !
    Je comprends aussi quand vous dites que l’amour est une blessure, si c’est celle de se rendre compte que l’on est rien, absolument rien sans Dieu. La réconciliation avec Lui, nous apporte tout de même « Sa » Paix, qui panse cette même blessure…
    La dernière chose concernant la Transfiguration. Je n’ai jamais voulu dire que c’était le but final… car, à la Résurrection, nous serons d’autres Christ, bien évidemment ! Non, ce que je voulais dire, c’est que la Croix de N.S.J.C. nous a « déjà » transfigurés ou plutôt qu’Elle a « déjà » transmuté cette chair vouée à la divinisation (mais je n’aime pas ce terme, il me paraît tendancieux). Sans l’Eucharistie (et les autres sacrements) cette transfiguration s’atrophie jusqu’à disparaître… peut-être… Il faut la nourrir, cela est certain, mais elle existe bien déjà, hic et nunc !
    Benoîte

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  19. Je m'incline devant votre éblouissante théologie ô Antoine !

    Car elle brille de ce faux éclat de la pseudo science ostentatoire et superficielle.

    Bref si vous évitiez de ressasser , répétant des leçons de mauvais prof qui eux-mêmes répétaient..., et commenciez à penser par vous même vous pourriez questionner pour essayer de comprendre. Le paysan et l'enfant qui s'étonnent et interrogent ont plus de vitalité que bien des fonctionnaires de la pensée automatique et toute prête. Et il faut de la vitalité pour remonter à la source...au lieu de descendre le fleuve.
    Je ne vois pas , dans ma théologie faiblarde , en quoi l'incarnation du Verbe me rendrait immédiatement , de soi , "frère" du Christ en dehors de toute notion de filiation , de Rédemption et d'effusion de l'Esprit Saint ....

    Si vous voulez faire passer ni vu ni connu un christianisme contrefait et édulcoré , libre à vous .
    Moi, le donné brut m'intéresse d'avantage avec ses aspérités et ses curiosités que la bouillie prémachée pour bébé .

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  20. Cher anonyme de je ne sais quelle heure ni quel jour, j’ai beaucoup ri en vous lisant et je veux bien volontiers passer pour du « mauvais Claudel ranci » ! je suis certainement aussi une bigote ridicule. On est tous des bigots ridicules, infirmes, éclopés, mauvais, vaniteux etc !
    Par contre, je ne trouve pas très courageux de votre part d’être si anonyme que, comme dirait Anisvert (je crois ?), vous vous fondez dans un anonymat tellement pluriel qu’il en devient impersonnel. Un tout informe ! Pourtant, si ma mémoire est bonne, quelqu’un, peut-être vous ou votre frère, traite toujours mes propos d’amphigouriques ! Continuez, mon cher, je trouve ce mot ravissant, exquis même !
    Mes salutations à tous vos frères anonymes !
    Benoîte

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  21. De très brèves mises au point face à ce qui devient une foire d'empoigne et qui devrait rester une méditation partagée autour de Mystères qui ne supportent pas l'agressivité chronique de certains, même si la forme de nos propos, aux uns et aux autres, est discutable, et si le fond est susceptible qu'on le corrige et le reprenne:

    A Hermeneas tout d'abord: il me semble que, ce que veut vous dire antoine, c'est que la spiritualité qui découle du kérigme est l'union avec le dieu trinitaire et que vous n'en apercevez qu'un versant.

    A benoîte: oui, la germanité, c'est la marque de ma naissance et de mon maniement de la langue, j'aimerais mieux que ce ne soit pas celle de mon esprit, mais je n'y peux rien. A mon tour, je vous avais mal lue lorsque je supposais que vous posiez la transfiguration comme finalité, je m'en suis aperçu après avoir posté mon message en relisant plusieurs fois le vôtre, qui est vraiment stimulant sur le plan spirituel et presque mystique, lorsque notamment, vous nous invitez à communier en adorant, pour être "unis à l'Unique hostie" afin de participer à ce Mystère de "l'Incarnation continuée" à travers cette forme très privilégiée de la "Présence réelle", pour reprendre ce que dit Antoine.

    Après réflexion aussi, je ne comprends pas ce que vous trouvez à redire à l'expression "christ-fils" de mon ami poète, dans la mesure où la deuxième Personne de la trinité, si du moins ç'a un sens de le dire comme ça, est à la fois Fils de dieu et le christ en Sa qualité de "fils et Rédempteur de l'Homme".

    Bien entendu, quand je parle de fonction pour l'opposer à la nature, j'essaie de souligner une certaine insuffisance de tout ce vocabulaire dans lequel on a essayé de circonscrire le Mystère de dieu.

    Bien sûr qu'il vaut mieux que des "théologiens de métier" s'expriment plutôt que des explorateurs en "théologie spectrale et sauvage" comme nous sommes. Encore faut-il que ces théologiens se montrent et sachent ne pas rendre dieu rébarbatif. Encore faut-il qu'ils n'aient pas un esprit universitaire qui se met à l'abri de la moindre innovation de vocabulaire ou fulgurance poétique. Avec grand-faim, j'attends qu'ils s'invitent ici et ailleurs, l'abbé de tanoüarn nous donnant déjà beaucoup. Et pour finir de vider la querelle, ce n'est pas parce qu'on a une tournure d'esprit complexe que l'on fréquente des salons. Moins mondain que moi, ça se peut difficilement. Je ne fréquente aucun salon, mais je ne refuse aucune invitation, car j'aime les rencontres, et Dieu m'a fait la Grâce de m'en avoir accordé beaucoup, déjà, mine de rien, malgré une vie relativement obscure.

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  22. Merci Julien pour vos mises "au point" torrentielles

    Mais ça n'est pas tout à fait au point votre mise au point.
    Vous êtes assez flou dans l'expression et les mots importent ici comme ailleurs ou bien autant se contenter d'émissions radios ou télés où ts le monde dit n'importe quoi sur tout.
    Le kérygme c'est l'annonce ramassée de la réalité,la RES, du Salut donné et opéré en Jésus-Christ qui nous fait fils adoptifs dans le Fils quand nous le recevons dans la foi, l'espérance et l'amour théologales.
    L'union à Dieu ainsi opérée en acte REellement suppose la foi et la suite du Christ , la fameuse sequella Christi....

    Bref la théologie bisounoursesque d'un salut collectif et universelle que certains prétendent tirer de Vatican 2 me semble très très capillotractée... C'est le christianisme cool concocté en loges diverses et variées et ds les agences de pub(car c'est meilleur pour le commerce la coolitude)

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  23. "Je ne fréquente aucun salon"
    Vous seriez bien en peine mon cher ami vu que ces fameux "salons" n'existent plus depuis longtemps ( avant guerre )
    C'est un cliché que j'aimerais bien voir disparaitre. Le "paradigme" a changé ( lol )

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