samedi 25 août 2012

A propos du fascisme...

Même notre cher webmestre avait trouvé ma comparaison du dernier post entre fascisme et intégrisme un peu hasardeuse ; j'avais d'ailleurs revu ma copie sur ses instances. Benoîte renchérit et argumente aujourd'hui. Elle insiste avec raison sur le fait que le fascisme historique n'a pas le monopole du nihilisme. Désespoir. Apathie. Inertie... Les régimes fascistes ont voulu conjurer ce travers et non y tomber. Je cite : "N’est-ce pas justement cette apathie généralisée que nous vivons en ce moment dans notre pays, apathie qui forme autant de brèches où s’engouffrent des pouvoirs, des forces qui sont contraires à notre nation".

Je sais que la personnalité de Benoîte est en ce moment "controversée" (pour parler comme les journaux). Il faudrait dire plutôt que la personnalité qui se cache sous le pseudonyme de Benoîte fait l'objet d'une controverse. Qu'elle soit homme ou femme, je dirai à Benoîte qu'elle ne craigne pas de faire son coming out. J'ai personnellement un pseudonyme féminin dans l'excellente revue Monde et Vie et cela m'amuse beaucoup. Ecrire sous un nom de femme, cela permet (quand on y pense) de voir et de sentir le monde autrement. Ne sommes nous pas tous un peu masculins et féminins ? Si Eve est née de la côte d'Adam, comme nous l'explique la Genèse, cette ambivalence est bien compréhensible. Il manquera toujours quelque chose comme les couleurs de l'existence aux gros phallocrates qui ne veulent pas reconnaître cette dualité en eux. Quant aux femmes enfants ou aux femmes objets qui ne veulent pas entendre Thérèse d'Avila leur dire : Soyez viriles mes soeurs ! qu'elles ne s'étonnent pas de la cruauté du monde à leur encontre.

Mais revenons au fascisme et à la citation de Benoîte plutôt qu'à son identité.

Le nihilisme européen est essentiellement et d'abord libéral (au sens philosophique et systématique de ce terme). Le libéral est celui qui pense qu'il n'y a rien à penser et que tout se vaut. Mais si tout se vaut, évidemment rien ne vaut. Et l'on découvre que seul vaut le rien.

Attention : j'entends par libéralisme, la vision du monde qui considère que la liberté de l'individu est la seule valeur et que sa seule limite est la liberté des autres individus. Je pense que cette manière de voir est potentiellement nihiliste. Pour revenir aux Années folles, ces années qui ressemblent tellement à notre époque, il suffit de regarder La Règle du jeu de Jean Renoir pour comprendre quel nihilisme se cache derrière les éthiques libérales. En parallèle, on peut regarder Le triomphe de la volonté pour voir comment se pensent les Allemands à la même époque.

Le nazisme se présente comme détenant la clé d'une renaissance de l'Allemagne après la crise de 29 et la République de Weimar. Le témoignage admirable de August von Kageneck dans Notre histoire (écrit conjointement avec Hélie de Saint-Marc) montre bien, cependant, quelle est la folie du peuple allemand, qui s'abandonne au nouveau Chancelier. Oui ils rêvent de gloire et de grandeur, eux, alors que le Français boit son pastis et danse au son de l'accordéon (voyez les tableaux d'Auguste Renoir)... Mais en même temps, une famille de junker prussiens comme les Kageneck, avec leurs traditions et leur esprit laisse enrégimenter leur quatre garçons dans cette organisation militante, païenne et revancharde qu'est la Hitlerjugend de l'époque, alors que la Grande Guerre avec ses terribles séquelles est encore toute proche.

Je ne parle là que de ce nazisme d'Avant guerre, qui a littéralement sidéré toute la société allemande. Est-ce autre chose que le nihilisme français ? Au fond, derrière les gesticulations, la violence des propos et déjà la volonté d'utiliser les juifs comme boucs émissaires des malheurs de l'Allemagne, y a-t-il autre chose que le nihilisme ? Le culte de la jeunesse et le culte de la mort monstrueusement conjugués ? la Chute, ce film qui raconte les derniers jours de Hitler dans son Bunker montre bien cette fascination pour la mort (en particulier bien sûr chez les Goebbels qui suicident leurs quatre enfants consciemment avant de se donner la mort).

La fascination libérale pour la mort est passive, elle relève sans doute de ce que Freud lui-même appelait, entre Eros et Thanatos, le Principe du Nirvana - la Modération avec un M majuscule.
La fascination nazie est active au contraire. Hitler commande cette totale indifférence devant la mort des autres, qu'il accorde monstrueusement à un culte de la vie et des forces vitales.

C'est en ce point que l'on comprend ce qui rapproche le libéralisme et le nazisme : ce sont deux sous produits du nihilisme européen : l'un (la nazisme) un peu plus complexe que l'autre, il met la force au dessus de tout et fait profession de mépriser les faibles. L'autre (le libéralisme) peut par la seule force de ses lois positives légaliser toutes les sauvageries. S'il suffit d'une loi...

16 commentaires:

  1. Cher Monsieur l'abbé,

    Si je vous comprends bien, le fascisme est un nihilisme viril.

    A chaud, me viennent deux remarques paradoxales:

    Si l'on suit la "morale de l'action" qui n'est jamais très loin de votre apologie du choix, vous devriez conclure qu'un nihilisme actif est de toute façon préférable à un nihilisme passif. Les anarchistes espagnols eux aussi criaient "viva la moerte"; Hitler et les musulmans ne sont pas seulement indifférents devant la mort des autres, ils intègrent la mort comme une donnée de leur propre vie, ils sont prêts à donner leur vie en donnant la mort. Ils ne se distinguent des martyres chrétiens qu'en ceci que les chrétiens sont prêts à doner leur vie et à recevoir la mort des autres, jamais à donner la mort aux autres. C'est d'ailleurs une différence de taille. Mais, pour revenir à nos sanguinaires ou kamikazes nipons, anarchistes espagnols, nazis, islamistes ou fascistes, nous pouvons garder dans l'oreille ce que disait Mohamed Merah au policier qui faisait le siège de sa fenêtre et qui était chargé de négocier avec lui:
    "La différence entre toi et moi, c'est que moi, j'aime autant la mort que la vie". Autrement dit, je n'ai pas peur de la mort parce que la mort fait partie de la vie et que j'ai une espérance... Une mauvaise espérance à nos yeux, soit, mais une espérance qui interdit de qualifier ce meurtrier de nihiliste. Lui et ses épigones ont encore une autre qualité que vous nous apprenez à cultiver: ils mettent la collectivité à laquelle ils appartiennent au-dessus de leur propre vie. Ils ne sont donc pas suicidairement individualistes à notre mode. Si donc vous suivez votre pente naturelle, vous devez les préférer aux nihilistes passifs qui ne consentent à faire aucun choix.

    Or j'arrive à mon contre-point paradoxal: il y a quelque chose de gênant, c'est que le fascisme est une antienne commune à vous et à vos adversaires. Vos adversaires vous diabolisent en vous traitant de fascistes. On est là dans "la diabolisation de l'autre" dont vous avez assez bien montré qu'elle était antichrétienne (bien qu'une piqûre de rappel ne serait pas superflue). Mais vous leur prêtez le flanc parce que beaucoup de "traditionalistes" s'intéressent à l'héroïque fasciste. Vous faites vous-même la recension d'une biographie de Jean de fontenoy. Pourquoi pas, mais pourquoi cette préférence? N'y aurait-il pas moyen de sortir de la dialectique libéralisme-fascisme? N'est-ce pas cette voie alternative que vous feriez mieux de vous employer à nous enseigner? Ne serait-ce pas plus utile que de "se souvenir du fascisme" ou s'enfoncer dans le libéralisme?

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  2. Vous me choquez, monsieur l’abbé. Votre expression : « les Goebbels qui suicident leurs quatre enfants ».
    1/ les enfants étaient six et non quatre ;
    2/ ils sont drogués à la morphine avant d’être empoisonnés (cyanure) ; vous dites « ils suicident » à propos des monstrueux parents; or il s’agit de meurtres, les parents Goebbels sont des assassins ; désolé d’avoir à vous le dire mais « suicident » est louche : l’enfant serait-il, d’après vous, un tel prolongement du père et de la mère, propriété de ses géniteurs, qu’il n’aurait pas d’existence et de personnalité propre ?

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  3. « Stooop ... ! » lui dis-je en anglais… Monsieur l’Abbé, vous n’allez pas vous y mettre vous aussi ! Arrêtez je vous en prie la controverse sur mon sexe !! Je fais partie du sexe faible et vous devez le savoir puisque vous avez mon adresse e-mail (prénom, nom). De plus, je vous avouerais franchement que cela me fait honte que l’on se préoccupe de ces choses qui, somme toute, ne sont pas très intéressantes. Je croyais le sujet « aux oubliettes » et j’espère qu’il y retournera aussi sec. Par ailleurs, J’aime beaucoup sainte Thérèse d’Avila parce qu’elle a savamment combiné l’action et l’oraison, mais ce n’est pas ma patronne. La mienne c’est la patronne des philosophes…
    Votre billet va me faire réfléchir et j’en suis fort heureuse. La seule chose que je peux dire aujourd’hui, c’est que pour le nazisme, il n’y a pas besoin de chercher midi à quatorze heures ! C’est l’anéantissement d’une race par une autre. Sans plus, pas moins. Le führer avant sa mort a eu le sentiment du « devoir accompli ». Qu’il ait utilisé pour rallier la population aryenne à sa suite, le romantisme et le nihilisme, c’est certain. La manipulation était facile, les Allemands étant un peuple (et un grand peuple) romantique par excellence.
    Merci de nous donner matière à réflexion !
    Benoîte

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  4. Je suis libéral mais mon libéralisme s'arrête là où commence la liberté d'autrui. Grosso modo je suis d'accord avec les thèses de l'Ecole de Chicago mais je reconnais le droit à l'Etat de réguler les excès d'un "capitalisme sauvage".

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  5. il me semble que "viva la muerte" était un cri de guerre attribué aux phalangistes, pas aux anarchistes. à moins qu'on range ceux-ci dans ceux-là. ce slogan, vrai ou faux, complet ou incomplet, leur fut reproché, parce que trop nihiliste justement.

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  6. J'ai du mal à suivre...il me semble que la phrase controversée était "tout est foutu".. alors je vais être à mon tour hors sujet. La phrase en question m'a fait revenir à Nietzche et à la fameuse phrase citée par De gaulle lors de son voyage en Irlande "rien ne vaut rien, il ne se passe rien et cependant tout arrive mais cela est indifférent". Ce vertige devant la mort, la décadence, monsieur l'abbé, a permis d'écrire les plus belles pages de la littérature française (Chateaubriand, Barrès, Malraux, etc..). Cette vision tragique est souvent le début du redressement : je pense au livre de Pierre Citti "contre la décadence, histoire de l'imagination dans le roman 1890-1914): on assiste à l'époque à une réaction à mettre en parallèle avec la génération d'Agathon contre la mort omniprésente chez tous les grands auteurs. "Tout est foutu" ne conduit donc pas au fascisme et au nazisme qui sont en fait des religions de substitution mais au contraire peut marquer le début du refus. Cette expression en effet a conduit nombre de grands esprits avant-guerre et pendant la guerre à la démission mais aussi à la résistance. Toute action commence donc par ce constat ou ce vertige auquel d'ailleurs se joint une forme de fascination. Je vais être plus polémique, on aimerait que ce genre de phrase soit le signe avant-coureur de la révolution spirituelle que l'on attend en France et en Europe, mais je crains que cela soit une phrase de repli sur soi "tout fout le camp alors replions nous nous les purs et les justes dans le bastion de Saint-Nicolas du Chardonnet qui sera bien sûr épargné par la providence reconnaissante et qui abattra tous ses ennemis et en premier lieu, je suppose Babylone/Rome et l'Eglise coupable d'apostasie. C'est toujours finalement le même discours depuis deux mille ans, la Réforme s'est rebellé au nom de la tradition aussi. Vous perdez un peu votre temps, monsieur l'abbé, les intégristes ne deviendront ni des fascistes ou des nazis mais tout simplement une petite église de "parfaits" qui prend le relais d'autres et qui ne sera sans doute pas la dernière petite église.
    Si seulement, le tout est foutu nous donnait un Bernanos !!
    Alors pour finir et être complètement hors sujet, pourrait-on me parler de l'orphisme, car j'ai l'impression que c'est un sujet récurrent et on assiste à la TV et dans des publications à une campagne sur le thème : le christianisme est né de l'orphisme ? comme rien n'est innocent, c'est une manière d'attaquer encore notre religion et j'aimerai avoir une bibliographie sur ce thème.

    Cordialement

    Patricia

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  7. Vous évoquez avec raison "la folie du peuple allemand, qui s'abandonne au nouveau Chancelier", vous parlez de sidération de la société allemande, ce qui n'est pas inexact. Pourtant, peut-on réellement croire que l'un des peuples les plus cultivés et les plus religieux d'Europe - j'entends déjà ricaner les vieux germanophobes maurrassiens - ait pu aussi facilement basculer dans le néant et la mort ? Je vous suggère de lire ou relire Tolkien : non pas le "Seigneur des Anneaux" ou l'une de ses oeuvres d'invention, mais ses "Lettres". Il y exprime toute la répulsion que lui inspire Hitler, qui a, à ses yeux de vieil Européen (sujet britannique, origine allemande) épris de la culture du Nord et admirateur de la Chrétienté médiévale, commis un crime irrémissible en saccageant, polluant, abimant, dévastant toutes les belles valeurs auxquelles nous croyons - Famille, Honneur, Patrie, etc. ... les rendant - pour un temps - impropres à l'exaltation des plus hauts sentiments et à l'éducation de notre jeunesse. Abandon, oui, sidération, certes : mais sous le charme des plus beaux attraits, et non des hideurs de la destruction et de la mort.

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  8. « La passivité c’est de l’entropie, du désordre qui s’accroit… »
    Hier soir, dimanche, je voulais renchérir sur le sujet en disant que la pensée, depuis la Renaissance, commençant à rompre avec l’ordre du monde chrétien a inventé les utopies. Erasme et d’autres… Puis arrivèrent les utopies des Lumières et juste après les utopies marxistes-Léninistes. Pour aller vite, les fascismes occidentaux (le nazisme n’étant pas un fascisme, il est à part) ont lutté contre ces utopies. Celles-ci, même faussées dans leurs fondements parce qu’elles omettent Dieu, ont cherché « de travers », mais cherché quand même, à réaliser le bonheur de l’humanité. Sans le divin elles ne pouvaient que produire son malheur. La Renaissance porte en germe cette « négation » qui s’amplifiera au cours des siècles. Cette négation poussée dans ses extrêmes ne pouvait que remplacer la Liberté chrétienne par un totalitarisme d’état comme le bolchévisme. Sans avoir le temps de développer ici, je dirais simplement que maintenant que celui-ci a été presqu’éradiqué, une autre forme de totalitarisme est né et cette fois-ci, sans aucune utopie sous-jacente. J’affirmerai que tout le problème est là, dans cette forme de totalitarisme inconnu jusqu’à lors et qui n’a ni Foi, ni Loi. Ce n’est pas une idéologie, c’est la volonté toute diabolique d’une infime partie de l’humanité d’asservir le reste de la planète. Je crois que le libéralisme économique devance le libéralisme philosophique (école de Salamanque ?). Ses idées de régularisation naturelle des richesses sont obsolètes. Les lois ont toutes été détournées pour l’avantage de certains et l’appauvrissement des autres. La mondialisation, le libre échange des marchandises mais encore plus de la monnaie (de la spéculation qui elle, n’a aucune frontière et aucune loi qui la régule) ont permis à 1% de la population de chercher à appauvrir les 99% restant. Vol des souverainetés nationales et de leur pouvoir, vol des ressources, vol des informations. C’est un pouvoir occulte qui possède toutes les médias et qui ne désire pas se faire connaître. C’est ce totalitarisme conjoint à la bêtise ambiante « gauchiso-athéeo-mollassone » qui nous entraine tout droit vers la mort politique, économique et culturelle.
    Si je n’ai pas envoyé ce post hier soir, c’est que j’ai appris de Julien que son amie Nathalie allait assez mal ! Tout à coup, mon commentaire m’a paru futile devant cette souffrance. J’en profite donc pour demander à toutes les âmes charitables de ce blog et surtout aux clercs de prier pour cette personne. Quelquefois, la providence nous envoie des épreuves qui sont à la limite de ce que nous pouvons supporter et le danger, c’est d’y laisser sa vie ou sa santé mentale.
    Prions donc.
    Benoîte


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  9. Bonsoir, est-ce que toutes les interventions de celui ou celle qui signe "Anonyme" sont de la même personne ? Qui se ferait des questions, des réponses, et en fin de compte presque toute la conversation.
    Amusant

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    1. Figurez vous que je me suis posé la même question... nous concernant! qui est ce type qui poste sous le nom de 'webmestre'? Suis-je Anisvert, ou suis-je un autre? Tantôt, je me suis posé la question, ce qui fait que j’ai réfléchi, j’ai réfléchi tant que j’ai pu et finalement, j’ai pris le taureau par les cornes: et j’ai décidé que je ne savais fichtre pas ce que je pourrais bien penser.

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    2. Il eut été plus simple, Webmestre, de répondre la vérité à Anisvert : il y a beaucoup d'Anonymes ici; J'en suis un(e) qui, pourtant, cette fois, n'ai pas pris part à la discussion.
      Je ne vois pas l'intérêt que trouverait un anonyme à se faire des questions et des réponses !
      Par ailleurs l'abbé et le webmestre auraient du temps à perdre à se revêtir ainsi de personnalités multiples à longueur de blog tout ça pour donner "du volume" au blog. Ça n'est pas une choucroute à la B.B., ça n'est pas une meringue, ça n'est pas un montage ici. Ça se sent, voyons, Anivert ! Confiance et simplicité font plus et mieux que calcul et complications.

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    3. Ben voyons, puisque vous le dites... En tous cas j'ai bien ri.
      C'est tout de même plus pratique que les pseudonymes soient différenciés, car la lecture de la conversation serait plus aisée.

      Derrière mon loup, devinez qui je suis... Peut-être le webmestre ?

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  10. Chers amis du métablog,

    Tout d'abord, je tenais à remercier Benoîte pour sa demande d'intercession pour mon amie Nathalie, mais aussi à rassurer ceux que cette intention a touchés sur le fait qu'elle est prise en charge par un service compétent, et que j'ai bon espoir qu'elle me revienne, débarrassée des images et traumatismes qui lui rendent la vie impossible, à croire qu'ils vont se perpétuer et réactualiser, bien que sa douceur, sa bonté, sa sensibilité, voire sa lucidité ne se départissent jamais. Je suis un peu confus de la publicité que j'ai provoquée autour de cette hospitalisation qui m'a pplongé d'abord dans un certain désarroi, d'autant que la personne dont il s'agit est des plus discrètes et tient à vivre d'une certaine forme de vie cachée, contrairement à moi qui parle trop et me déverse trop torrrentiellement. Mais si cela peut aboutir à une prière et une chaîne d'intercession, j'en suis heureux, c'est ce que nous devons rechercher en tout temps!

    La vie semble bien souvent frappée au coin du Mystère d'iniquité qui fait que "celui qui a recevra encore et qu'à celui qui n'a rien, il sera ôté même ce qu'il a". Je crois qu'énonçant cette loi, le Christ ne donne pas seulement une indication métaphysique éventuelle sur les fins dernières, mais dénonce en même temps ce qu'Il énonce en combattant ce "Mystère d'iniquité" au plan naturel. La réalisation de ce Mystère, c'est que la misère reproduit la misère, l'homme est enfoncé dans ses schémas répétitifs, et cela sert de terreau à ceux qui profitent de la misère.

    Le fascisme antichrétien a voulu combattre des utopies achrétiennes, en ce qu'elles ne se souciaient pas que leur rêve de bonheur pour l'homme fût en prise avec ce qui était politiquement réalisable, étant donné une espérance qui ne se limitait pas à ce monde. Le jeu des utopies et des totalitarismes a déréalisé l'homme occidental et sa domination dans ce que benoîte décrit très bien comme un totalitarisme qui peut s'interpréter comme l'aboutissement du matérialisme. Un signe nous en est donné du fait qu'un quart de l'humanité (à travers la Chine) continue de vivre théoriquement sous domination marxiste en phase intermédiaire d'accumulation, donc le monde n'est pas autant "aux ordres d'un cadavre". que Maurice druon a pu le diagnostiquer pour la france: je veu dire que la face du matérialisme communiste n'est pas morte même si elle est mortelle ou mortifère et si elle conduit à la spoliation des masses, à la fois sidérées et aliénées à force d'exaspération, au point qu'elles en perdent toute faculté de réagir.

    Seulement la nature (humaine) a horreur du vide et le danger est que face à cette abdication de l'esprit de l'homme occidental démembré par son matérialisme, on assiste à un sursaut légaliste islamisterévolutionnaire, qui est animé à la fois par une demande de justice et un souci de vengeance. Face à ce totalitarisme islamiste dont l'énergie renoue avec celle des totalitarismes passés, dont il était prédit d'autre part qu'il ressurgirait en effaçant le communisme dont Jules Moneroe prétendait que celui-ci n'était qu'un avatar réservé au XXème siècle, quel réveil chrétien peut-on espérer, dans la mesure où le christianisme ne veut pas perpétuer la violence au nom du sacré et où la guerre, qui semble malheureusement une issue plus que probable, est très largement un impensé du christianisme? "Heureux les artisans de Paix, ils seront appelés fils de dieu !" Mais concrètement, comment peut-on être "artisan de paix" dans un monde qui semble vouloir en découdre? Je pose cette question avec crainte et tremblements, conscinet que l'homme occidental est devenu parkinsonien.

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    1. Il faudrait peut-être prendre en note un jour que la guerre froide est loin derrière nous et que le communisme est mort et enterré depuis belle lurette.
      Pour information, la chine n'a de communiste que l'organisation totalisante de sa bureaucratie gouvernementale et son tropisme pour la surveillance et la répression policière. Sa politique économique est ultra-libérale de part en part, ce qui ne me semble pas s'inscrire dans l'orthodoxie marxiste. Cette fixation sur le communisme dans "nos milieux" me semble vraiment tenir de la lubie qu'il faudrait un jour savoir dépasser pour affronter les menaces qui elles sont bien contemporaines.
      En ce qui concerne l'islam, bien que particulièrement exaspéré par le développement du culte mahométan dans notre pays et de la complaisance avec laquelle ses rites exotiques sont plébiscités dans nos médias officiels, je me permet de souligner qu'il est (pour l'instant du moins) un peu abusif de leur attribuer la responsabilité des maux qui frappent actuellement notre pays. J'en veux pour preuve la quasi-absence totale de musulmans parmi les sphères décisionnaires qui nous gouvernent et décident de l'orientation politique, économique, sociale et sociétale de notre pays.
      En revanche, d'autres communautés ou "obédiences" sont confortablement représentées.

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  11. Strictement comparés, nazisme et fascisme d'un côté, et libéralisme de l'autre, sont deux idéologies contraires. Le nazisme, en particulier, est en bien des aspects l'exact opposé du libéralisme. En ceci, ce mouvement est unique dans les deux siècles qui ont suivi le triomphe initial du libéralisme. Il me semble donc inapproprié de tenter un rapprochement ou une analogie ; nous avons affaire à deux animaux extrêmement différents.

    La situation du communisme met, par contraste, cette opposition en évidence. Depuis la Révolution elle-même, les frontières entre les différents courants se réclamant de la Révolution, puis du socialisme, ont toujours été extrêmement fluides, et les alliances multiples. Un Thiers a pu passer par toutes les couleurs du spectre, du républicanisme dur au conservatisme bourgeois, en se réclamant toujours de la fidélité aux même grands principes.

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  12. Julien, avez-vous bien saisi le sens de cette phrase du Christ ? : « Je vous le dis, à tout homme qui a, l’on donnera ; mais à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a. » Il n’y a pas, ici, de mystère d’iniquité mais de Justice : Le serviteur en question, qui n’a pas fait fructifier l’argent de son maître dans cette parabole, savait que la justice de son maître est implacable et qu’elle ne souffre pas de demi-mesure.
    Ces pièces d’argent ( les mines) c’est le Royaume de Dieu et qui ne le fait pas fructifier dans sa vie et dans celle des autres « n’est pas digne de Moi… »
    Cette parabole assez dure est à rapprocher de celle du figuier stérile qui ne donna pas de fruit pendant trois ans et que le Christ voulait couper…
    En effet, trois ans de stérilité, c’est comme ne pas croire au Père, au Fils et au Saint Esprit. Dieu Sauveur, l’Emmanuel, est trinitaire ou rien et, qui n’y adhère pas avec Foi et Charité… « n’est pas digne de Moi… »
    Si la misère reproduit la misère, sur cette terre, Dieu n’y est pour rien. Il ne la combat même pas comme vous le dites. Il propose le chemin qui mène à Lui et à toute justice. Ce n’est pas la même chose.
    Pour les schémas répétitifs dans lesquels nous sommes tous enfoncés, je crois qu’il y a moyen d’en sortir et Augustin nous l’explique bien. Il faut chercher ses conseils dans ses écrits et surtout se nourrir de la Lumière de Dieu qui se trouve dans Sa parole (les Evangiles), et, dans les Sacrements. Le Christ délivre de tout…Augustin le dit. Il dit aussi que c’est Dieu qui donne le discernement. J’aime bien sa façon de dénoncer l’imposture sur le « cogito » qui en réalité ne signifie pas la « pensée » mais plutôt une sorte de rassemblement d’idées. L’être humain a tendance à croire que sa pensée est créatrice et malheureusement c’est souvent le cas. S’il n’avait pas cette prétention, il aurait le discernement envoyé de Dieu, il ne penserait plus, mais gagnerait en intelligence.
    Benoîte
    PS : Dès que je reçois le livre de Chouraqui, je vous tiens au courant. Bon courage et à bientôt.



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