Une assistance nombreuse, 60 personnes environ. Beaucoup de têtes nouvelles, dont un certain nombre venues par ce blog, que je salue. Puisque c'est moi qui ai pris le crachoir, je ne peux rien ajouter, mais j'étais ravi des questions et de la patience de l'assistance, qui... en redemandait.
L'enjeu ? La littérature comme démarche de vérité. Houellebecq n'a sans doute pas un style somptueux, comme le remarquait quelqu'un dans la salle. Mais il va au fond des choses. Oui ou non, la vie est-elle une maladie sexuellement transmissible sur fond de néant ? Oui ou non, la vie n'est-elle pas une dégradation permanente, ne menant à rien d'autre qu'à la vieillesse et à la mort ? L'un des zoïles de Houellebecq dit : ces questions sont banales. Sans doute. Encore faut il avoir le courage de les poser dans un monde ou résonne partout la bonne nouvelle... oui le nouvel évangile du sexe.
Comment sort-on du nihilisme ? Houellebecq n'est pas le premier à se poser la question. il est en revanche l'un des seuls qui évite les faux fuyant et assume la radicalité vraie de sa perspective.
Comment sort-on du nihilisme ? Notre auteur a plusieurs réponses, qui sont pour lui plusieurs natures. Il propose d'abord, avec son auteur fétiche Lovecraft, les livres et les films d'horreur. Ca rassure explique-t-il. Après, on a tendance à trouver que ce qu'on vit est... moins horrible.
Deuxième réponse : Auguste Comte, les Rahéliens ou les Elohimites : il faut créer une religion qui resocialise l'homme après l'échec du christianisme, une sorte de phalanstère sexuel où chacun est libre en principe mais finalement docile en pratique (c'est le tableau qu'il fait dans La possibilité d'une île de la secte des Elohimites). Dans cette perspective très "romantique" finalement (au sens de Muray, au sens d'une fusion cherchée entre sciences et spiritualité), tous chercheront docilement l'immortalité, que les progrès de la médecine ne manqueront pas de nous apporter sur un plateau.
Troisième réponse : H. critique la notion de réel et montre dans La possibilité d'une île, comment la vie "néo-humaine" devient virtuelle, en se délestant de la sexualité, du rire, de la souffrance. Allons-nous, dans une sorte d'euphorie pilulisée, gratuite et obligatoire, vers cette virtualisation ?
Quatrième réponse : le christianisme. il y a des textes solides pour étayer l'idée que Houellebecq est aussi crédible en chrétien qu'il ne l'est en rahélien.
Mais le propre du romancier, n'est-ce pas justement d'être plusieurs personnes en une seule ? Dans cette perspective le "romantisme" scientiste de Houellebecq devra se transformer en un profond sens du tragique... pour disposer au christianisme. On voit poindre quelques prémisses de cette évolution-conversion dans son dernier roman : la Carte et le territoire.
L'enjeu ? La littérature comme démarche de vérité. Houellebecq n'a sans doute pas un style somptueux, comme le remarquait quelqu'un dans la salle. Mais il va au fond des choses. Oui ou non, la vie est-elle une maladie sexuellement transmissible sur fond de néant ? Oui ou non, la vie n'est-elle pas une dégradation permanente, ne menant à rien d'autre qu'à la vieillesse et à la mort ? L'un des zoïles de Houellebecq dit : ces questions sont banales. Sans doute. Encore faut il avoir le courage de les poser dans un monde ou résonne partout la bonne nouvelle... oui le nouvel évangile du sexe.
Comment sort-on du nihilisme ? Houellebecq n'est pas le premier à se poser la question. il est en revanche l'un des seuls qui évite les faux fuyant et assume la radicalité vraie de sa perspective.
Comment sort-on du nihilisme ? Notre auteur a plusieurs réponses, qui sont pour lui plusieurs natures. Il propose d'abord, avec son auteur fétiche Lovecraft, les livres et les films d'horreur. Ca rassure explique-t-il. Après, on a tendance à trouver que ce qu'on vit est... moins horrible.
Deuxième réponse : Auguste Comte, les Rahéliens ou les Elohimites : il faut créer une religion qui resocialise l'homme après l'échec du christianisme, une sorte de phalanstère sexuel où chacun est libre en principe mais finalement docile en pratique (c'est le tableau qu'il fait dans La possibilité d'une île de la secte des Elohimites). Dans cette perspective très "romantique" finalement (au sens de Muray, au sens d'une fusion cherchée entre sciences et spiritualité), tous chercheront docilement l'immortalité, que les progrès de la médecine ne manqueront pas de nous apporter sur un plateau.
Troisième réponse : H. critique la notion de réel et montre dans La possibilité d'une île, comment la vie "néo-humaine" devient virtuelle, en se délestant de la sexualité, du rire, de la souffrance. Allons-nous, dans une sorte d'euphorie pilulisée, gratuite et obligatoire, vers cette virtualisation ?
Quatrième réponse : le christianisme. il y a des textes solides pour étayer l'idée que Houellebecq est aussi crédible en chrétien qu'il ne l'est en rahélien.
Mais le propre du romancier, n'est-ce pas justement d'être plusieurs personnes en une seule ? Dans cette perspective le "romantisme" scientiste de Houellebecq devra se transformer en un profond sens du tragique... pour disposer au christianisme. On voit poindre quelques prémisses de cette évolution-conversion dans son dernier roman : la Carte et le territoire.
Monsieur l'Abbé,
RépondreSupprimergrand merci tout d'abord pour votre conférence à laquelle je suis venue par l'intermédiaire d'un de vos amis (Henri).
Comme promis, quelques passages de l'ouvrage de Houellebecq-BHL, "Ennemis Publics", qui reprennent ce que vous avez évoqué pendant cette conférence.
A propos de votre conclusion où vous disiez (en gros): "Je me demande si dans les prochains romans, Houellebecq ne va pas revenir à la tragédie et imaginer une vraie lutte possible contre la puissance du Mal et donc sortir de ces possibilités éphémères." Cette citation de Houellebecq que je trouve merveilleuse :
"Ce qui est en jeu, c'est la reconnaissance qu'un mal a été commis dans le monde; et que, d'anneau en anneau, il continue de dérouler ses conséquences. C'est la reconnaissance, aussi, que ce mal est définitif; que rien de ce qui a été commis ne pourra être défait. C'est la reconnaissance, enfin, que ce mal est limité; c'est la transformation d'un mal indéfini, ignoble, en un mal restreint, défini dans l'espace et le temps. C'est une tentative d'interruption du déroulement des chaînes causales; de la reproduction sans fin du malheur et du mal.
Certains vont plus loin, et tentent de prendre appui sur ce mal pour se construire; ils font de leur géniteur indigne un absolu contre-modèle. Certains vont vraiment moins, et je sais que ma sœur (j'espère qu'elle me pardonnera de la citer) est allée jusqu'à refuser de travailler, pour se consacrer à sa seule vocation de mère de famille; et je sais qu'elle y est parvenue. Une sur mille, peut-être, y serait parvenue, mais il n'y a pas de fatalité. On peut briser la chaîne de la souffrance et du mal."
(P. 207-208, éditions Flammarion Grasset)
Autre citation à propos du positivisme de Comte dont Houellebcq reprend la possibilité d'utilisation pour instaurer un esprit religieux nécessaire dans le maintien d'un certain ordre dans le monde (d'après ce que vous expliquiez et en espérant avoir compris) : on voit bien qu'il s'agit d'une possibilité, et que Houellebecq demeure sceptique :
"Malgré tout cela, Comte, j'y insiste, a échoué; il a radicalement et lamentablement échoué.
Une religion sans Dieu est peut-être possible (ou une philosophie, si vous préférez; enfin quelque chose qui draine après soi, comme autant de corollaires agréables, une éthique, une sensation de la "dignité humaine", voire une théorie politique si aff.). Mais rien de tout cela ne me paraît envisageable sans une croyance à la vie éternelle; cette croyance qui constitue, pour toutes les religions monothéistes, un fantastique produit d'appel; parce qu'une fois cela admis, tout paraît possible; et qu'aucun sacrifice ne paraît, au regard d'un tel objectif, trop lourd -cf. les kamikases islamistes.
Comte ne proposait rien de ce genre; il proposait une survie théorique dans la mémoire des hommes. Il donnait à la chose un tour plus ronflant, genre "incorporation au Grand-Être", il n'empêche que c'est bien cela dont il s'agissait : une survie théorique dans la mémoire des hommes. Eh bien cela n'a pas suffit.
La survie théorique dans la mémoire des hommes, tout le monde s'en fout (et même moi, qui écris des livres)..."( P. 178)
@Anonyme de 12h03
RépondreSupprimerQuant à moi, Madame (Mademoiselle), je vous remercie de ces deux extraîts, que vous avez merveilleusement sélectionnés et qui prouvent la pertinence, sur le Métablog, d'un tel débat qui semble intellectuello-littéraire à certains, peut-être mais recouvre, en réalité, s'ils veulent bien y regarder de plus près, l'une des préoccupations les plus importantes de tous ceux qui ne considèrent pas notre éphémère passage sur la Terre, comme une petite chose due au hasard et somme toute, presque inutile, le cas échéant.
Je relie la première (magnifique) citation, à l'un des thèmes abordés précédemment sur le Métablog...."livré à lui-même, l'homme est un monstre"...
Vous avez bien de la chance d'avoir été présente au Centre Saint-Paul, avant-hier soir mardi et merci encore de nous avoir fait partager ces lignes (et pris la peine de nous les recopier).
Bonne soirée à toutes et à tous....Ouh...Ouh...vous êtes-là?.....
Au congrès de Lille de la Vie, de votre ami Denis : "Nous aurons des débats polémiques, que ce soit sur les questions internes à l'Eglise ou sur les sujets sociétaux. Nous ferons débattre un abbé traditionnaliste et la présidente de la Conférence des baptisé(e)s, qui incarne l'aile réformatrice, sur les changements nécessaires dans l'Eglise. De même, un débat est prévu sur l'évangélisation, vécue parfois comme une provocation." L'"abbé traditionaliste" ça serait-il pas vous? Beaux débats, belles empoignades verbales en perspective alors.
RépondreSupprimerAu temps pour moi, en comptant et en mamoeuvrant : "L'évènement peut être suivi en direct. Si on peut regretter qu'il n'y ait pas un membre des journaux catholiques comme Famille chrétienne, France catholique, L’Homme Nouveau, Monde et Vie, La Nef, etc., qui ait été invité, il y aura néanmoins un débat samedi (de 11h30 à 13h00) sur Changer l'église, oui, mais dans quel sens ? avec Christine Pedotti, du Comité de la jupe et l'abbé Vincent Ribeton, supérieur du district de France de la Fraternité Saint-Pierre."(source SB)
RépondreSupprimerPermettez-moi Monsieur l'Abbé de m'étonner que vous fassiez grand cas du médiocre écrivain qu'est Houellebecq. Son jansénisme ? On s'en fiche pas mal : autant parler de l'augustinisme de Barbara Cartland... Que dit "La Carte et le territoire" sur l'Art ? Rien (Il s'est dit des choses autrement plus profondes sur ce sujet dans des quantités d'essais depuis un demi-siècle) Sur la vie, la mort ? On vieillit, on meurt, et ça n'est pas drôle. Les animaux sont plus gentils que les humains (d'où son amour immodéré pour les toutous) Sur la société ? L'individualisme démocratique décadent règne en maitre. Quelle découverte ! C'est vrai qu'avant lui personne n'y avait pensé... Il faut croire qu'il suffit de manier habilement les lieux communs sociologiques, d'un bon plan marketing (avec matraquage publicitaire soviétique) et de quelques faux scandales (les critiques s'extasient devant le courage qu'il y a à briser des interdits pulvérisés depuis des lustres) pour transformer des livres creux en phénomène (de foire)... Cela en dit long sur l'état intellectuel de l'Europe (et, en passant, sur la naiveté congénitale des cathos pour ce qui touche la société contemporaine)
RépondreSupprimerHouellecq, "médiocre écrivain"? Pourquoi pas... mais que lire d'autre?
RépondreSupprimer" Houellebecq médiocre écrivain " j'en doute , c'est une affaire de se style mais sur le fond il ne laisse pas indifférent et réveille nos consciences affadies . Aujourd'hui l'Homme ne sait plus ou n'ose plus s'engager ...alors il se réfugie derrière des substituts comme derrière certains humoristes , écrivains et autres phénomènes médiatiques puisque nous vivons non plus dans la rue quoique, le cas étant, ils chaussent leurs casques et s'isolent dans leurs bulles avec leurs MP3, indifférent à l'autre .L'Homme d'aujourd'hui vit le plus souvent chez lui, avec dans son environnement, les médias, classiques ou nouveaux (Radio, TV,Internet...) !!! Voilà le génie de l'écrivain Houellebecq, et c'est le propre de ceux et celles qui ne laissent pas indifférents et quelque part c'est rassurant de découvrir que l'Homme existe "toujours" qu'il vit, qu'il respire et nous oblige à nous reconnaitre d'une manière ou d'une autre...car qui sommes nous aujourd'hui pour demain ?
RépondreSupprimerA l'anonyme ci-dessus: ce que vous dites est à mourir de rire... En quoi Houellebecq qui redit ce que maints écrivains ou penseurs (Perec, Kundera, Roth, Bret Easton Ellis, Douglas Coupland, Virilio, Lipovetsky, Lyotard, Groz, Baudrillard, Muray, etc...) ont déjà énoncés mille fois depuis longtemps "réveille nos consciences" ? Absolument en rien... à moins peut-être de ne lire quasiment aucun livre depuis trente ans (comme vous ?) Reste le style et là c'est vite réglé : Houellebecq n'en a pas, son écriture est aussi plate que ses idées (et je ne parle pas de la construction de ses romans d'un amateurisme consternant).
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