mardi 3 avril 2012

Il nous a rachetés cher - mardi de la sixième semaine

"Mais dira-t-on le Créateur n'aurait-il pas pu réparer son oeuvre sans que ce soit si difficile ? - Il aurait pu, mais il a préféré le faire à ses dépens, pour que le vice détestable et odieux de l'ingratitude n'en prenne pas occasion pour s'introduire en l'homme. Oui, il a assumé de grands travaux et par là l'homme lui devrait un grand amour, la difficulté de la Rédemption éveillant en lui une action de grâces que la facilité de la Création n'avait guère suscité (...) Rappelle-toi que s'il t'as fait de rien, il ne t'a pas racheté pour rien !"
Saint Bernard, Sermon 11 sur le Cantique des cantiques, in Carême pour les cancres 2012 (P. Huot de Longchamp)
Susciter la générosité, comme une arme absolue contre l'étrange, contre l'affreuse puissance du Mal. Voilà ce qu'est l'oeuvre historique de la Rédemption. Susciter la générosité dans l'homme pour qu'il se mette à ressembler à Dieu qui "est charité" (I Jean 4, 8). Tel est le salut apporté par Jésus-Christ. "Dieu qui nous a créé sans nous ne nous sauvera pas sans nous" dit saint Augustin en un éclair. C'est peut-être à cette formule que pense saint Bernard lorsqu'il écrit ce texte. Nous n'avons pas participé à notre création : je n'ai pas demandé à naître, dit celui qui ne veut pas avoir de dette vis-à-vis de Dieu. En revanche, nous devons participer à la recréation, qui fait de nous des fils et des filles de Dieu. Comment s'effectue cette participation ? D'une part nous sommes sauvés sans notre aval et par le Christ, qui mérite pour nous la Route du Ciel. D'autre part, nous sommes sauvés dans le Christ (in Christo capite explique Cajétan) car lui et lui seul peut donner une valeur infinie à toutes les actions que nous accomplissons, parce que nous les faisons dans sa "Piété". En lui, nous ne sommes plus seulement des animaux plus ou moins raisonnables, mais des enfants re-nés, qui agissent comme leur Père.


C'est difficile ? Saint Bernard le revendique. "Mon joug est doux et mon fardeau léger" dit le Christ. Mais enfin, joug il y a, et fardeau. La Croix est une manière de nous prévenir : "Je ne vous promets pas d'être heureuse en ce monde mais dans l'autre" disait la sainte Vierge à Bernadette. C'est sans doute ce que saint Paul voulait insinuer lorsqu'il écrivait : "Nous sommes les disciples d'un Maître crucifié". Depuis l'Evangile, tout le monde sait que "le disciple n'est pas au dessus du Maître". La Croix est forcément au programme d'une vie.

Nous sommes exhortés à transformer la difficulté qui se présente et qui bloque, en une générosité qui agit et se déploie. Comme le dit saint Paul, le Christ "nous a acheté cher" (I Co 6, 20). Il a mis le prix, pour que de notre côté nous recevions la bonne nouvelle, cet évangile qui nous est prêché, non pas comme une charge mais comme une perle de grand prix. Rendre amour pour amour : c'est le secret de l'Evangile et de toutes les âmes re-nées.

4 commentaires:

  1. Scandale inconcevable pour l'homme que ce Dieu qui se laisse crucifier pour lui, et inimaginable, preuve absolue que le christianisme ne peut être une invention humaine.

    Autre aspect que nous a appris René Girard, c'est qu'en plus de sauver les âmes, le Christ a voulu aussi révéler aux hommes et aux sociétés la clef pour vivre sur cette terre réellement en paix et réellement heureux en brisant le mécanisme du bouc émissaire qui les asservissait. Ce qui exigeait que Son Sacrifice soit violent et public. "Qui connaît la Croix connaît tout": ce n'est pas un image ou une façon de parler, c'est littéralement ça.

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  2. Penser qu'il s'agit d'une balance du passé est entreprendre de couper le temps en deux.
    Intégrer l'à-venir dans la balance, c'est aussi donner le temps complet à Dieu.

    Qu'ai-je compris là ?
    Ce que je viens de lire : Jésus a plus agi dans la préservation que dans le rachat.
    Je dis plus pour faire une accroche, faire réagir, mais aussi parce que c'est vrai : nos fautes non faites sont bien plus graves et nombreuses que les fautes faites. Les fautes faites ne seront jamais infinies, et ne demande pas une réparation infinie. Mais celles que Dieu nous évite sont tellement plus graves ! Il ne nous a laissé faire que les plus légères, celles qui nous sont pédagogiques sur le Chemin vers Lui.

    Voilà pourquoi, celui que je viens de lire dit qu'il s'agit bien plus de préservation.
    Dieu me préserve des fautes que j'aurais pu faire.
    Ainsi pensait Ste Thérère de l'Enfant Jésus.
    Ainsi Notre-Dame rachetée avant même de l'idée de fauter.
    Ainsi sa mère est la première des préservées... Et elle le chante en Magnificat, et elle suit Jésus à la Croix, car elle sait ce qu'elle doit à Son Fils divin.

    Je vais à la croix pour tenter de soulager Jésus, même d'un sourire honteux, car je sais ce qu'il a enduré à ma place, pour que je défaille pas, pour que les coups du Diable soient déviés et que je reste saine, pour le Service de Dieu.

    Je ne lui apporte rien, mais je peux Lui plaire...
    Je lui retire beaucoup par contre si je faute.
    Comme dit le Père Molinié, Dieu m'a confié un vase, et ma liberté ne peut rien... sauf le casser, et pourtant Il me l'a confié. Je peux y boire ou y garder ses fleurs, et les apporter à Sa Mère ou à Lui.

    Inimaginable don de Dieu.
    Il fallait qu'IL l'explique...
    Et nous le donne à aimer, et à L'en remercier de tout notre être.

    Chaque jour.
    Rien que pour aujourd'hui.
    Chaque jour béni.

    Glycéra

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  3. Merci Monsieur l'Abbé pour cette méditation.
    Anne Cécile.

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  4. Merci Monsieur l'Abbé pour cette méditation `````````

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