mercredi 23 mai 2012

Une parole de sagesse - non plus de salut

Texte de l’abbé G. de Tanoüarn, publié dans Monde-et-Vie du 5 mai 2012, sous le titre «Encore le Concile», en marge d’une recension du nouveau livre de François Huguenin, Les voix de la foi.
Entre petites phrases, grands élans et lapalissades, le Saint-Esprit a parlé à l’Eglise durant le Concile. De quelle manière? L’histoire le dira certainement. Pour François Huguenin, en tout cas, l’effet du Concile a été de «desserrer la tension eschatologique». Il voit dans ce desserrement un progrès… de quoi s’agit-il? l’eschatologie, c’est le discours que l’on tient sur les fins dernières de l’homme. Desserrement eschatologique? il s’agit donc de moins parler des fins dernières ou en tout cas, et plus exactement, de ne pas les présenter comme un enjeu. La doctrine du salut universel n’a jamais été explicitement professée à Vatican II, elle est toutefois dans l’air que respirent les Pères conciliaires. Entrez dans l’Espérance, l’un des livres les plus aboutis de Jean-Paul II, contient l’idée que l’on ne peut pas savoir s’il y a même une seule personne en enfer. Que le salut ne soit plus un enjeu de la vie des hommes, que la conversion ne soit plus une urgence, que la foi ne soit pas nécessaire au salut, voilà autant d’affirmations qui s’abritent aujourd’hui couramment sous l’autorité protectrice de Vatican II. Elles contribuent à désactiver la vérité chrétienne, en en faisant non plus une parole de salut, mais simplement une parole de sagesse – comme une philosophie. François Huguenin se félicite de ce desserrement. J’y vois, moi, l’une des raisons de la désaffection universelle qui a touché l’Eglise catholique depuis un demi-siècle. Retrouvons l’Evangile dans sa roide simplicité : «Soyez vigilants car c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de L’Homme viendra.» On ne peut pas dire que le Christ ait contribué à desserrer la tension eschatologique. Comme dit saint Paul : «La charité devient pour nous une urgence».

14 commentaires:

  1. Merci cher Père de rappeler l'objet essentiel de la foi en Jésus Sauveur , en un Salut individuel via la Croix-Résurrection et en un Jugement final .

    Rappeler cela vous fait parfois regarder avec des yeux ronds par les catholiques "bon teint" de paroisses.
    Il fallait moultes contorsions pour commenter les passages de St Jean lus récemment dans la liturgie pour contourner la finalité eschatologique individuelle et collective

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  2. Mais Salut et Sagesse ne s'excluent pas

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  3. euh... en même temps, c'est ce qu'en pense M. Huguenin... ce n'est absolument pas ce que dit le Concile ! Ce serait bien d'interpréter le concile en fonction de ce qu'il dit, non en fonction de ce que tel ou tel brillant inconnu en a compris... Il y a plein de gens qui interprètent l'Evangile de façon stupide (comme les témoins de Jéhova...) et cela ne décrédibilise pas pour autant l'Evangile, que je sache ?!...
    D'autre part, je ne suis pas d'accord avec votre interprétation restrictive du terme eschatologique... L'eschatologie est aussi et surtout ce qui traite du retour du Christ en majesté sur terre et donc de la fin des temps.
    Et en ce sens, le concile est plus que jamais eschatologique, comme l'est l'Eglise depuis les temps apostoliques, tourné vers le retour du Christ : la liturgie réformée en 69 insiste d'ailleurs sur ce point puis que l'anamnèse après la consécration insiste sur l'attente du retour du Christ. C'est d'ailleurs ce qui a fait dire au Bref examen critique que la messe de Paul VI semblait exclure la présence réelle puisqu'elle faisait mémoire du Christ en majesté au moment où on aurait dû l'adorer sur l'autel...
    Mais cette analyse rapide (brève !) est en complète contradiction avec la Tradition de l'Eglise qui célèbre notamment la Liturgie tournée vers l'est car c'est de là que doit revenir le Christ : ainsi, toute la liturgie est articulée autour de l'eschatologie cosmique comme en témoigne d'ailleurs l'évangile du XXIVème dimanche après la Pentecôte.
    D'ailleurs, un grand saint comme st Alphonse de Liguori, docteur de l'Eglise, ajoutait une prière personnelle après la consécration faisant référence à l'attente du retour du Christ en gloire, en parfaite conformité avec la théologie catholique.
    Donc il me semble que les analyses et examens brefs ont un défaut : ils sont souvent faux !

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    1. Les témoins de Jehovah :

      1 ont leur propre version des Evangiles dans un texte largement "remasterisé" ;

      2 ne sont pas chrétiens car ils ne croit pas en la divinité de Jésus et ne sont donc pas membres du COE ;

      3 sont dangereux car ils refusent la transfusion sanguine et les vaccinations.

      A leur actif il faut reconnaître qu'ils sont travailleurs, sobres (ni tabac, ni alcool), honnêtes et ont une morale sexuelle irréprochable, ce qui par les temps qui courent est remarquable. Leurs enfants sont polis et bien élevés et ne fréquentent que dans des cas très rares les tribunaux pour la jeunesse.

      Mais leur prosélytisme les rend absolument infréquentables car aucune discussion rationnelle n'est possible. N'ont aucun sens de l'humour (comme bien des tradis). Inutile donc de perdre du temps à discuter avec eux.

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    2. Bon bien mais ne nous gavons pas de "mots verbaux" et verbeux .

      Qu'est ce que c'est que "l'eschatologie cosmique" ?
      Cela fait bien dans une conversation de salon littéraire catho branché entre la poire et le fromage . D'accord .
      Pardon , j'exagère à peine .
      Est ce la "vision" teillhardienne d'un évolutionisme chrétien ou d'un christianisme naturel ou immanent dans lequel le Salut chrétien IN-DI-VI-DUEL , la Rédemption et donc la Passion semblent des incongruités et des fautes de goûts pour des gens raisonnables....

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  4. Monsieur l'abbé, vous avez cent fois raison: Vatican II contient une escroquerie spirituelle qui est très exactement celle que vous dénoncez, et que le psychiatre, plus particulièrement, perçoit comme la disqualification même du Verbe, devenu simultanément agnostique et sophistique. A n'avoir qu'un seul destin eschatologique pour tous, martyrs ou impies, la vie terrestre n'a plus aucun sens. Si bourreau et victime sont sauvés, tous bourreaux? Quel fléau social que ce salut inconditionnel!!! Quel outrage pour notre Rédempteur! Bien fidèlement.

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    1. voilà bien une réaction de psy ! Sortez de votre monde où tout se résume en relation triangulaire bourreau-victime-sauveur !!! La sautériologie est tout de même plus intelligente et légèrement plus complexe !
      L'escroquerie est dans votre tête, pas dans le concile qui ne doit pas s'interpréter ex nihilo mais au regard de l'Evangile et des 20 siècles de tradition théologique de l'Eglise !

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  5. A antoine:

    Quand j'écrivais l'autre jour que les tradis manquaient du sens de l'eschatologie collective, de l'eschatologie du Retour du Christ!

    A hermenéas : vous avez raison, il faut souvent à nos prédicateurs beaucoup d'esprit de contorsion pour faire dire à l'evangile le contraire de ce qu'il dit, à savoir que certains iront en enfer, même si ça nous scandalise, parce que nous trouvons cela barbare.

    A Psypal: certains iront en enfer, c'est régulier étant donné leurs oeuvres; mais le problème est le suivant: arrivez-vous à concilier ça avec la charité et à vivre sans écartèlement avec un dieu Dont le châtiment paraît barbare? Et c'est peu dire: même Hitler, quand il gazait ses prisonniers, n'avait pas imaginé le moyen de les asphyxier pour l'éternité, pas plus que ceux qui avaient inventé le supplice de faire brûler vifs les coupables n'imaginaient qu'ils puissent brûler sans consomption. On s'est assez moqué de l'invocation des inquisiteurs aux "flammes purificatrices" reprises dans "Le nom de la rose". Pourtant, ces flammes permettaient de passer les âmes au creuset, or l'enfer n'est pas un creuset. Que si l'on m'oppose qu'il ne faut pas prendre ces images au pied de la lettre, pourquoi les avoir choisies si terrifiantes? Car "la seconde mort" par laquelle on veut adoucir l'image de la géhenne, c'est l'inverse du feu sans consomption. Bref, on a deux descriptions de l'enfer qui sont antinomiques.

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  6. Julien torrentiel

    Il semblerait que l'Enfer soit difficile à évacuer des Evangiles même avec toute la "bonne" (ou mauvaise)volonté du monde pour repeindre en rose et avec des fleurs un christianisme cool. Et il semblerait que ce soit un choix et que l'on y aille pas malgré soi . Et il semblerait que certains , pris du "vertibile ad nihilum" , fassent ce choix.....

    Je crois Antoine que ,derrière votre "sautériologie" pédante et infatuée dont on aimerait savoir ce que vous y entravez,ce soit vous qui manquiez de subtilité ne comprenant pas le caractère archétypale de la relation bourreau-victime qui n'est qu'une traduction imparfaite de la relation mal-bien .
    Contrairement à votre "sautériologie" , le Salut chrétien est simple limpide et libre et non pas laic, obligatoire et collectif.....

    Je suis d'accord pour votre point sur l'interprétation du Concile mais comment expliquez vous que le Concile Vatican II ait été interprété de façon lourde et répétitive comme une rupture désavouant quasiment, de fait, tout le passé .
    Le père de Lubac ,invoqué à tort et à travers comme autorité conciliaire indiscutable a , lui même , déploré l'évolution post-conciliaire . Avec la collection Source chrétienne,de Lubac et qqes autres , avaient voulu relancer l'étude des "sources" des Pères de l'Eglise....Où en entend t-on parler actuellement ? C'est zéro , le néant , le vide absolu .

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    1. Effectivement, si ma plume n'avait pas dérapé, j'aurais écrit Sotériologie et cela aurait sans doute été plus clair ! Désolé.

      Concernant l'interprétation du concile, je pense qu'elle a déviée de part la volonté de certains malfaisants et surtout grâce à l'ignorance profonde de la grande masse qui est une caractéristique profonde des catholiques contemporains qui ne maîtrisent ni leur foi ni l'histoire de l'Eglise. Et même à la FSSPX (ou plus largement chez les 'acteurs du combat de la foi'), où l'on se pique de combattre le concile sur ses points déviants, on connaît tellement mal la théologie que l'on confond les interprétations et le texte lui-même et que l'on va même jusqu'à trouver des déviances là où il n'y a qu'orthodoxie !
      Personnellement, j'en ai ras le bol des attaques contre le concile à partir d'exégèses non autorisées et de citations fausses.
      Un exemple ? le 16 de Lumen Gentium reprend quasiment mot à mot une lettre du Pape Grégoire VII de 1076 et figurait à peu de choses près dans le Grand catéchisme de St Pie X ! Et pourtant on fait tout un fromage de ce passage du concile depuis 50 ans et pas de la lettre du St Pape ni du catéchisme du héraut de l'anti-modernisme !

      Bref, que chacun étudie son catéchisme, c'est certainement la meilleure façon d'avancer et c'est, de toutes façons, une obligation morale pour les catholiques...

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  7. J’aime bien la formule : « desserrer la tension… » Ca caractérise bien les textes de V.II. On y relativise beaucoup. Tout est conforme à la Tradition sauf qu’il ya les toutes les exceptions à la règle en matière de Foi, de liberté religieuse, de Liturgie, de langue liturgique, de musique. Justement ce qu’on appelle « l’esprit Vat.II » c’est ce qui a permis que l’on s’empare de toutes ces « nuances » et qu’on les instaure comme une règle. Le relativisme a pris la place de l’absolu de Dieu. Le « démos », le peuple, a fait de la messe une cérémonie participative, démocratique. Il a oublié que son Dieu est son Roi, son « Basileus » et qu’il est son serviteur, même « inutile » ! Il a oublié qu’il est dans une Basilique et non dans un forum.
    Bien évidemment c’est cela qui a vidé les Eglises. Mais comme les prêtres qui conduisent le troupeau sont formés dans cet esprit, nous tournons en rond.
    Il n’y a que 2 solutions pour sortir de ce cercle infernal : soit l’explosion, soit l’implosion ! Cela explosera si l’enseignement dans les Séminaires est révisé par un remaniement général de Vatican II, un nouvel aggiornamento en quelque sorte. Explosion du vieux et place au renouveau de la Tradition de l’Eglise !
    Par contre, si on laisse trainer les choses et que les jeunes gens qui ont la vocation de la prêtrise choisissent les Séminaires traditionalistes, les séminaires diocésains mourront de leur belle mort, faute d’élèves. C’est déjà la tendance. C’est l’implosion ! Mais je reste persuadée que l’on ne pourra pas faire l’impasse d’un recentrage des textes conciliaires, en Haut lieu, approuvé et signé du Saint Père en personne.
    Benoîte

    ,

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    1. Benoîte, on se demande si vous avez lu les textes de VII ?... Personnellement, j’avoue humblement que j'en ai lu fort peu : 350 pages en petits caractères dans l'intégrale publiée par les éditions Cerf...
      Mais ce que j'ai lu est bien plus passionnant que le résumé en 4 mots...
      Quant à se sentir mieux sur les forums que dans la basilique... je crains que nous n'en soyons tous réduits à ce triste point effectivement ! La preuve ? la façon dont nous commentons ici et ailleurs souvent sans réfléchir, sans méditer et sans prier... ;-)

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    2. Ce qui a vidé les églises catholiques c'est justement son côté réactionnaire, rétro, "coincé du cul". Regardez les évangélistes ils croissent et multiplient. Bientôt il y aura plus de protestants que de catholiques au Brésil. En chine il y a 60 millions de protestants et 10 de cathos. Cherchez l'erreur.

      Je pense que ce message "pas assez distingué" n'est-ce-pas ! ne sera pas publié, il pourrait choquer les chastes yeux de certaines de vos lectrices. Je ne crois pas que Jésus recrutait ses adeptes dans le 16 é arrt ou le Versailles bcbg de son époque, mais plutôt à la Courneuve de la Jérusalem d'alors et il fréquentait même des putains (pas toujours respectueuses) et des financiers corrompus (pléonasme) aux moeurs plus ou moins douteuses. Bref Jésus n'était pas un "gentleman" distingué.

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  8. Bien d'accord Benoite , si je comprends bien

    sauf que "l'aggiornamento", au sens de retour à la Tradition pérenne de l'Eglise de l'aggiornamento ne sera pas une explosion , me semble t-il , mais un retour à la Source béné-fique et attendu par de nombreux chrétiens et de nombreuses vocations en souffrance et pas seulement à la FSSPX loin de là .
    La FSSPX , où une partie de celle ci ,si elle le veut pourrait prendre sa part d'un grand Renouveau de la Tradition ancienne et toujours nouvelle....
    C'est tout l'enjeu des discussions actuelles .Mgr Fellay , en responsable qu'il est ,ainsi que Benoit XVI semblent l'avoir compris . Les autres sont des boutiquiers.

    Quant à Antoine , l'explication par l'ignorance "profonde" des catholiques n'est pas convaincante .Pourquoi cette "ignorance profonde" ? Les responsables , Evêques et prêtres étaient-ils , eux aussi , tous "ignorants" ? Je dis, ce que vous semblez pour le coup vouloir ignorer , qu'il y a eu, à la suite de Vatican II, des fautes graves et persévérantes commises à grande échelle ....et celà continue .
    Ceux qui sont à l'origine du mouvement n'ont pas disparu ni désarmé... Il fallait entendre l'explication fumeuse ,mais ô combien éclairante , du cardinal Vingt-Trois lorsque l'année dernière il n'a ordonné que 4 prêtres à Paris . En quelque sorte il fallait dissocier la vitalité de l'Eglise et donc sa mission de sa visibilité dans la société et dans la culture...fermez le ban ! Donc que les églises disparaissent et que l'on construise des mosquées, que l'on n'entende plus les Evangiles...en route pour la grande spiritualité mondiale, universelle et individuelle !

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