mardi 5 octobre 2021

De quoi parle le catéchisme ?


Le Credo ou symbole des apôtres

Je crois en Dieu, le Père tout Puissant, créateur du ciel et de la terre

Et en Jésus Christ son Fils unique notre Seigneur,

Qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie,

A souffert sous Ponce Pilate,  a été crucifié, est mort, a été enseveli,

Le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts.

Je crois dans le Saint Esprit, 

La Sainte Eglise catholique, la communion des saints, la rémission des péché, la résurrection de la chair, la vie éternelle

Amen




 J'entreprends de rédiger un  catéchisme pour adultes sur ce blog. Pourquoi une telle ambition ? Parce qu'il manque, sur le marché, un catéchisme qui soit vraiment pour adultes mais qui reste simple d'approche. Le Catéchisme de l'Eglise Catholique est parfait quand on cherche une référence. Mais il est trop long pour servir de livre d'étude.  Le résumé romain, qui en a été fait par la suite, reste à mon avis trop confus ; c'est un catéchisme qui ne commence pas avec la question du salut, pourtant absolument primordiale, mais qui aborde, sans préambule, la liturgie, ce qui ne me semble pas être le savoir le plus élémentaire. La liturgie, comme je l'ai expliqué dans mon dernier livre, nous entraîne dans une véritable initiation de tout l'être au Mystère du Christ. Elle suppose, antérieurement, une certaine connaissance de ce mystère, connaissance que l'on trouve justement dans le catéchisme. Raison pour laquelle les catéchumènes étaient invités à sortir, avant que ne commence l'action sacrée : ils ne possédaient pas encore cette connaissance élémentaire, que fournit le catéchisme.

Le catéchisme qui doit être clair, est avant tout le manuel qui, parlant non pas à tout l'être comme la liturgie, mais à l'intelligence avant tout, explique à l'impétrant comment  participer au plan de salut apporté par le Christ à l'humanité. Comment ? La réponse est simple et en trois temps : le catéchisme enseigne ce qu'il faut croire, ce qu'il faut faire et les moyens à notre disposition pour croire à la lumière et pour faire la vérité, moyens que l'on nomme les sacrements.

Prenons ces trois points l'un après l'autre : la foi d'abord, cette grande méconnue.

C'est par la foi, non par la raison, que l'on participe au mystère du Christ. Qu'est-ce que la foi ? Ni une philosophie, ni une idéologie, ni même une théologie, intellectuellement développée. La foi dit saint Paul aux Hébreux est "la substance de ce que l'on espère" (Hébr. 2, 1). 

Nous avons tous une espérance, ou alors on se flingue. 

Nous avons tous en nous l'idée que la vie est supérieure à la mort et qu'elle doit triompher. La question qui se pose est : où mettons-nous cette espérance ? En nous-même ? Dans notre courage physique ? Dans notre intelligence ? Dans notre volonté indéfectible de prendre la vie comme elle vient ? Tout cela peut nous induire à une forme d'espérance, mais nous savons tous que face à ces forces, face à ces raisons humaines d'espérer, dont nous sommes si fiers, la mort aura toujours le dernier mot. Faut-il se résigner à dire avec Heidegger que "l'homme est un être pour la mort " ? Notre vie serait une sorte de monstrueuse exception, une parenthèse vite refermée, un emballement sans lendemain de la logique biologique qui nous gouvernerait seule finalement, parce qu'elle ne serait jamais capable de résister indéfiniment à la mort ? Un tel pessimisme,  s'imposant à cette réalisation merveilleuse qu'est l'animal humain, en affirmant que le dernier mot, le concernant, appartient à la destruction, est difficile à croire.

Nous avons tous obscurément une autre espérance, une espérance qui n'est pas puisé en nous mais dont nous vivons : l'espérance que la science prolongera indéfiniment notre durée de vie. Ou bien l'espérance qu'au dernier moment, la vie l'emportera sur la mort d'une manière que Dieu connaît. Nous avons donc tous une forme de foi, la foi est universelle, comme l'espérance qu'elle nous représente. La foi n'est pas le monopole des chrétiens.

Ce qui fait de nous des chrétiens en devenir, c'est que nous pensons que seul le Christ peut nous sauver, c'est-à-dire faire triompher la vie en nous. Il est le seul dont on puisse dire ce qu'affirme l'évangéliste saint Jean dans le prologue de son Evangile : "En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes"(Jean, 1, 4). "Il est le premier né d''une multitude de frères" (Rom. 8, 29) dit saint Paul de son côté, le premier des ressuscités et donc celui en qui et par qui nous pourrons ressusciter à notre tour par la foi en lui.

Notre foi dans le Christ ne vient pas d'une démonstration rationnelle. Elle est la foi dans un Mystère, la résurrection, et elle est elle-même un mystère; quelque chose de caché à nos yeux, quelque chose que nous ne pouvons pas atteindre par un mouvement réflexe du type : "Je crois que je crois". Je crois ! Rien à voir avec "Je crois que". Rien à voir avec le brouillard des opinions. Je suis prêt au nom de ma foi à rendre compte de mon espérance. Maladroitement peut-être mais avec conviction. Les lambeaux de vérité que j'ai atteint, je suis prêt à les défendre comme si ma vie en dépendait. Parce que ma vie en dépend.

Ce qu'il faut croire? La foi est si précieuse dans son contenu qu'elle a immédiatement fait l'objet de résumés que l'on nomme aujourd'hui kerugmata, des proclamations. Le plus ancien de ces kérygmes nous est livré par saint Pierre, dans le discours qu'il tient juste après avoir reçu le Saint-Esprit, dans les Actes des apôtres. C'est la première fois que le chef des apôtres s'adresse aux hommes : 

« Hommes israélites, écoutez ces paroles : Jésus le Nazaréen homme approuvé de Dieu auprès de vous par les miracles, les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme vous-mêmes vous le savez, ayant été livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu — ; lui, vous l'avez cloué à une croix et vous l'avez fait périr par la main d'hommes iniques, lequel Dieu a ressuscité, ayant délié les douleurs de la mort, puisqu'il n'était pas possible qu'il fût retenu par elle. (...) Ce Jésus, Dieu l'a ressuscité, ce dont nous, nous sommes tous témoins. (...) Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés ; et vous recevrez le don du Saint Esprit" (Actes 2, 22-24, 32, 38))

Paul à la fin de la première Epître aux Corinthiens, vingt ans après la passion et la résurrection du Christ, propose un résumé plus court, centré sur la résurrection :
    
« Or je vous fais savoir, frères, l'évangile que je vous ai annoncé, que vous avez aussi reçu, et dans lequel vous êtes, que le Christ est mort pour nos péchés, selon les écritures, et qu'il a été enseveli, et qu'il est ressuscité le troisième jour, selon les écritures ; et qu'il a été vu de Céphas [Pierre], puis des douze. Ensuite il a été vu de plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont demeurés en vie jusqu'à présent, mais quelques-uns aussi se sont endormis [dans la mort]. Ensuite il a été vu de Jacques, puis de tous les apôtres ; et, après tous, comme d'un avorton, il a été vu aussi de moi. »
Dès les tout premiers temps, les apôtres se sont attachés à résumer ce sa voir sur le Christ qu'est la foi chrétienne. Entre 324 et 385, face à l'hérésie d'Arius, qui niait la divinité du Christ, l''Eglise a officialisé avec solennité, le Credo dit de Nicée-Constantinople (324-385), du nom des deux conciles qui l'ont pris comme base. Ce Credo est celui que l'on récite durant la messe. Nous prendrons nous, ici, celui, légèrement plus court et vraisemblablement antérieur à l'hérésie arienne que l'on appelle le symbole des apôtres. 

On en trouve des traces dans l'Eglise primitives, par exemple dans la Lettre aux Tralliens d'Ignace d'Antioche. Un papyrus daté de 150 environ a été trouvé dans les sables d'Egypte, qui comporte l'essentiel du symbole des apôtres : "Je crois en Dieu, le Père tout puissant, et en son fils unique Notre Seigneur Jésus Christ et au Saint Esprit et en la résurrection de la chair et en la vie éternelle" (Deir Balyzeh papyrus).
 
Le symbole des apôtres présente une sorte de résumé de la foi chrétienne en douze articles, et nous le commenterons mot à mot. Son commentaire attentif forme la première partie du catéchisme. Dans ce livre, nous en resterons là.

Deuxième partie constitutive du Catéchisme : Ce qu'il faut faire, Dieu a donné dix commandements à Moïse, il ne revient pas sur sa loi. Il n'y a pas abrogation. Mais dans l'Evangile, le Christ donne deux commandements,  le second étant dit semblable au premier : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit". Et le second commandement : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même"(Matthieu22, 39). Comme dit saint Paul : "L'amour est l'accomplissement du précepte" (Romains 13, 10). Sans amour, même si on les observait matériellement, on ne peut pas accomplir les commandements de Dieu.

Troisième point : quels sont les moyens que Dieu met à notre disposition pour que nous rentrions dans son plan de salut. Ce sont les sept sacrements,, ces signes sensibles et efficaces qui nous donnent la grâce divine, à commencer par le baptême et c'est la prière, dont la plus officielle, la plus autorisée mais pas la plus facile, est celle que le Christ a apprise à ses apôtres (cf. Matth. 7) : le Notre Père. 

Nous reviendrons un jour sur ces deux derniers points, mais nous commençons tout de suite le commentaire du Credo.

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