lundi 11 octobre 2021

Le Père

C'est le Christ qui nous le révèle ; Dieu - le Dieu unique - est Père, Fils et Saint Esprit. Mais cette révélation du Mystère de la Trinité s'affirme progressivement dans le Nouveau Testament. Au commencement est Celui que Jésus appelle son Père. Il nous apprend à le prier ainsi : "Notre Père qui êtes dans les cieux..." (Matth. 6, 9). Autour de cette prière du Notre Père interviennent plusieurs allusions au Père, avant que le Notre Père ne soit explicitement donné : "Ton Père qui est dans le secret te rendra ton aumône" (Matth. 6, 4). "Pour toi quand tu pries retire toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte et prie ton Père qui est dans le secret. Et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra". Juste avant de réciter cette prière, Jésus assure : "Votre Père sait ce qu'il vous faut Après que la prière du Notre Père ait été donnée on retrouve les mêmes allusions au Père : "Si vous remettez aux hommes leurs manquements, votre Père céleste vous remettra aussi" (6, 14). Jésus répète à propos du jeûne ce qu'il a dit de la prière ; "Ton Père qui voit dans le secret te le rendra" (6, 18).  Il est indiqué ensuite que "votre Père céleste nourrit les oiseaux du Ciel" 6, 26). "Il sait ce dont vous avez besoin" (6, 32). Dans l'Evangile selon saint Matthieu, la paternité de Dieu signifie avant tout l'intimité de sa relation avec le croyant, qui le trouve "dans sa chambre", dans le silence et le secret. 

Plusieurs néo-platoniciens, au Vème siècle, Proclus ou Damascius, se saisissent de cette image du Père charriée par la révélation chrétienne pour désigner l'Origine divine, l'Absolu divin. Ce n'est pas la perspective chrétienne. Si on en reste à l'Evangile, et au phyllum chrétien, ce n'est pas l'origine divine qui est notifiée à travers cette paternité de Dieu, mais plutôt l'amour prévenant dont il entoure celui qui se confie à lui. En christianisme l'origine est plurielle, parce qu'elle est amour, nous l'avons vu, parce que "Dieu est amour". Il n'y a donc pas de paternité divine sans filiation divine. Il n'y a ni paternité ni filiation en dehors de l'esprit d'amour qu'on appelle aussi Esprit saint. "La source est plurielle" comme le répète le Père Congar dans son livre Diversité et communion. La source est trois et un. Plurielle réellement et absolument une.

Ces trois personnes ne sont pas trois sujets  divins, trois dieux, comme pourrait le laisser imaginer le mot latin persona, "personne", qui désigne le masque des personnages de théâtre, les trois visages de Dieu (grec prosopon). Elles ne font qu'un. Dieu, unique, est infini. Il n'y a pas deux infinis, où alors l'un borde l'autre et le limite. En même temps, parce qu'il est amour, Dieu n'est pas il ne peut pas être seul.
Si les trois personnes divines ne sont pas trois sujets, il faut dire qu'elles sont trois relations, des relations que l'on nomme relations d'origine car les trois personnes ne se distingue entre elles que par leur relation d'origine : le Père n'a pas d'origine, on peut dire qu'il est l'origine, même si je l'ai dit plus haut le terme est impropre. Le Fils est engendré par le Père. Il est "l'Unique engendré". Le Père et le Fils "spirent" le Saint Esprit. Mais attention : à aucun moment il y aurait eu le Père sans le Fils, ou le Père et le Fils sans le Saint-Esprit. Tel est depuis l'origine, l'amour des trois personnes divines.


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