lundi 11 octobre 2010

Pour une politique de la vie

Texte repris de Monde&Vie n°833 - 11 octobre 2010

Qu’est-ce que la politique chrétienne ? Par la bouche de Benoît XVI à Westminster hall, l’Eglise semble s’abstenir de proposer un modèle social particulier. Elle revendique d’être une instance critique, dénonçant les excès du néo-libéralisme dominant et la culture de mort. Malheureusement, il y a du pain sur la planche pour les laïcs chrétiens, qui, à l’exemple de Jean- Pierre Maugendre, le président de Renaissance catholique, sont prêts à descendre dans la rue pour faire valoir leurs valeurs.

Ce que l’on voit partout aujourd’hui, ce que l’on est obligé de constater c’est la mise en valeur de la culture de mort sous toutes ses formes. Dernier petit signe de ce nouvel état d’esprit : le professeur Robert Edwards vient de recevoir le prix Nobel de médecine pour ses travaux permettant de réaliser une fécondation in vitro, qui permet à des couples réputés stériles d’avoir des enfants. At- on le droit de jouer avec la vie humaine, en en provoquant l’apparition dans une éprouvette? Je voudrais citer in extenso la déclaration circonstanciée de Mgr Ignazio Carrasco de Paula, président, à Rome, de l’Académie pontificale pour la vie. Elle est significative de l’engagement intelligent du Saint Siège pour la culture de vie. « L’attribution du Nobel au Prof. Edwards a suscité de grands acquiescements et de nombreuses perplexités comme c’était prévisible. Personnellement, j’aurais voté pour d’autres candidats comme McCullock et Till, qui ont découvert des cellules souches, ou même Yamanaka, le premier à avoir créé une cellule pluripotente induite (iPS). Cependant le choix d’Edwards ne me semble pas complètement déplacé. D’une part, il entre dans la logique poursuivie par le Comité qui attribue le Nobel. D’une autre, le scientifique britannique n’est pas un personnage qu’on peut sous-évaluer : il a inauguré un nouveau chapitre important dans le domaine de la reproduction humaine, dont les meilleurs résultats sont sous les yeux de tous, à commencer par Louise Brown, la première petite fille née par la FIVET, qui a désormais une trentaine d’années et qui est à son tour maman – de façon tout à fait naturelle – d’un petit garçon. Mais les perplexités existent. Elles sont nombreuses : sans Edwards, il n’y aurait pas de marché des ovocytes. Sans Edwards, il n’y aurait pas de congélateurs pleins d’embryons en attente d’être transplantés dans l’utérus, ou, plus probablement, d’être utilisés pour la recherche ou même de mourir abandonnés et oubliés de tous ».
La conclusion du Président de l’Académie pontificale pour la Vie est formelle : « Je dirais qu’Edwards a inauguré une maison mais qu’il a ouvert la mauvaise porte à partir du moment où il a tout misé sur la fécondation in vitro et où il a consenti implicitement au recours à des donations et à des achats-ventes qui impliquent… des êtres humains. En réalité, il n’a modifié ni le cadre pathologique, ni le cadre épidémiologique de la stérilité. La solution à ce grave problème viendra d’une autre voie moins coûteuse et désormais dans un état de construction avancé. Il faut prendre patience, et avoir confiance dans nos chercheurs et nos cliniques ».

Une Marche de prière pour la vie !

Prendre patience ? Avoir confiance ? Mais en qui ? Les hommes? En en discutant avec Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique et organisateur, depuis 20 ans déjà, de la Marche de prière pour la Vie, on ne peut s’empêcher d’être, là-dessus, moins optimiste que le Prélat romain.
Pour toutes les manipulations de la vie humaine – cela vaut en particulier pour l’avortement, mais cela vaut d’une autre manière pour la fécondation in vitro - on est passé, explique Jean-Pierre Maugendre, « de la dérogation à la dépénalisation, puis de la dépénalisation au droit, enfin du droit au Bien ». Et il enchaîne : « Prenons l’exemple de notre ministre de la santé Roselyne Bachelot et voyons comment elle crie sans complexes: vive l’avortement, en se glorifiant que l’on fasse disparaître aujourd’hui d’après certains sondages, jusqu’à 60 % des enfants non désirés. C’était le 15 juin dernier, elle déclarait aussi devant le Sénat : « L’IVG est présentée comme un mal nécessaire. Je ne m’associe pas à cette présentation négative. La loi de 2001 a adapté l’IVG mais il reste à s’assurer de son application. Le rapport, rédigé à ma demande, indique que la France est au premier rang mondial pour la couverture contraceptive. L’IVG reste stable et notre taux de fécondité est parmi les plus hauts en Europe : nous n’avons donc pas de culpabilité à avoir. Je préfère d’ailleurs, en souvenir de nos combats, conserver le mot « avortement », plutôt que cet « IVG » de bon ton ».
J’ai saisi Jean-Pierre Maugendre au téléphone, entre deux trains. Il n’a que peu de temps, mais il prend celui de me dire : « De la même façon que l’on proclame en force les principes de la mort, il faut opposer une protestation au nom de la vie. Cette protestation n’est pas seulement civique ou politique. Dans le déferlement de la culture de mort, il y a quelque chose d’eschatologique. On sent en face de soi la puissance du diable. Et il nous faut opposer à la puissance du diable la puissance de la prière. C’est pourquoi, à l’occasion du 20e anniversaire de notre Marche pour la vie, nous avons décidé, à Renaissance catholique, d’exprimer cela dans l’intitulé de notre Manifestation. Notre Marche s’appelle désormais « marche de prière pour la vie », avec une dimension de réparation, d’expiation, avec la volonté aussi de prier pour les femmes qui ont connu le traumatisme de l’avortement, pour que Dieu les aide à trouver la grâce jusque dans leur péché… » J’envie cette force, cette conviction tranquille, dans notre monde où tout semble vaciller. « En faisant de notre Marche une marche de prière, nous sommes sûrs du succès. Même si les médias ne nous reprennent pas, même si la cause sacrée de la Vie semble perdue, la prière porte en elle-même son efficacité. Il faut que nous soyons le plus nombreux possible à prier pour la Vie ».

Claire Thomas

3 commentaires:

  1. Bien qu'étant très loin de partager toutes les convictions politiques de Jean-Pierre Maugendre et de "RENAISSANCE CATHOLIQUE", comment ne pas épouser leur combat salutaire pour la vie? Ce combat que mère Thérésa a béni en leurs personnes en ces termes:
    "Remerciez dieu de vous avoir choisis pour cette cause", oui, vous, pas d'autres, vous qui, sur d'autres plans, pouvez avoir d'autres idées et, par exemple, défendre la peine de mort...

    Avec quelle finesse J.P. Maugendre n'analyse-t-il pas dans les quelques lignes citées par claire Thomas le processus qui fait des différentes subversions du don naturel de la vie le passage "d'une dérogation à une dépénalisation ; d'une dépénalisation à un droit ; enfin d'un droit à un bien." Cette inversion des valeurs porte la marque de celui qui, de tout temps, a toujours subverti et inverti le monde, de sorte que les relations humanodivines cessent à jamais d'être harmonieuses, tant que durera notre pèlerinage d'exil sur la terre, où la vie est pourtant notre premier bien, le seul bien dont nous soyons sûrs en toute rigueur de certitude, défendons-le donc bec et ongle!La vie est tellement notre bien que les évolutionistes veulent nous l'enlever, moins encore en en faisant un matériel qu'en la faisant commencer dans le carbone; qui a certes pour lui d'être incorruptible, mais d'une froideur adamantine, minérale, mortelle...

    Le plus malheureux dans tout ça est que les autorités romaines, d'abord très réticentes envers la fivet, soit on presque oublié de les condamner, soit en font une quasi apologie en observant que la vie donnée par ces moyens, même au prix de la congélation des embryons et de l'extension de l'aspiration des âmes selon la technique avortive, est somme toute efficiente puisque les enfants nés par ce moyen grandissent et deviennent adultes comme tout le monde; alors que ce qu'on appelle aujourd'hui du doux euphémisme de Procréation Médicalement assistée bat en brèche la physionomie de la Création, telle que nous pouvions la concevoir comme un reflet de l'acte Amoureux Primitif de dieu, nous faisant engendrer dans une sexualité humaine elle aussi affectueuse et amoureuse. Que l'insémination artificielle ait été possible, et c'est toute la finalité et l'ordre du créé qui nous paraissent bouleversés. On se demande même comment Dieu a pu permettre ce bouleversement et que l'apocalypse n'ait plus tellement besoin de procéder d'une dévastation de la terre par Lui commandée qu'elle n'est désormais mise entre nos mains, à travers notre pouvoir de donner la vie dans des conditions que nous avons totalement transformées en même temps que nous pouvons donner la mort totale à notre terre, bien moins par l'eutanasie des hommes (et le débranchement des machines qui maintiennent souvent leur vie d'artificielle manière) que par les ogives nucléaires qui peuvent tout détruire en un rien de temps. Pourquoi dieu a mis l'apocalypse entre nos mains et nous a fait douter de la finalité de la création à travers la possibilité de donner la vie selon des procédés purement matérialistes? Ce Mystère Lui appartient. A nous de défendre ce qu'Il nous a enseigné de la vie par son fils qui est la Vie donnée par amour.

    J. WEINZAEPFLEN

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  2. Si on croit( "foi humaine"???) toutes les conneries de la bureaucratie dominante( comme quoi le "néo libéralisme" serait dominant!!!!!) on est déjà parti sur une pente bien savonnée!!!

    On crève de réglementations! la "crise " récente est en grande partie due aux contraintes de l'Etat sur le système bancaire( obligeant à prêter à des gens insolvables pour des raisons " sociales" )...

    quant à la "vie", elle est baîllonée sous tous ses aspects:
    la vie "spirituelle" (l'existence catholique) est mutilée par l'Eglise récente (un petit courant d'air plus récent semble pris par certains pour une encore nouvelle Pentecôte!!! ), la vie intellectuelle et culturelle est quasi nulle, la vie politique réduite à un cirque débile, la vie éducative, familiale traversée d'une masse de failles et de gouffres abyssaux ...

    Et ça cause de "politique de la vie" ...

    atterrant !

    A.S. Absolu Scandalisé

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  3. la déclaration du nouveau président de l'Académie pontificale pour la Vie est bien trop laxiste. En essayant de rester politiquement correcte, elle insinue que la seule objection posée à la fécondation artificielle est celle des embryons surnuméraires et ses utilisations rapaces... ainsi, concevoir des enfants de cette façon ne serait plus un problème!
    je pense qu'il voulait éviter de créer une nouvelle polémique, mais je suis en mesure de me demander ou va l'Eglise!
    Il ne suffit donc plus que les laïcs s'y mettent, maintenant, c'est au tour du clergé!
    Dans 20 ans, serais-je obligée de divorcer d'elle?
    Caroline (désabusée)

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