mercredi 20 juin 2012

Mgr Simon m'a donné à penser

Cher Monseigneur,

Votre entretien paru dans Ouest-France le 19 juin dernier et que l'on trouve aisément sur Tradinews résume parfaitement le discord théologique qui s'est installé entre les catholiques de Tradition et les catholiques de Progrès. Disons : entre nous et vous. A ce titre, il mériterait de figurer dans les anthologies historiques du catholicisme.

Vous focalisez notre attention sur deux points : la liberté religieuse d'une part ; la notion de tradition d'autre part.

Voici ce que vous nous reprochez en substance à propos de la liberté religieuse. Je  cite :
"Les lefebvristes en restent à la thèse de 1864. Ce qu'ils récusent en Vatican II, fondamentalement, c'est la liberté religieuse, l'idée qu'on puisse accepter que l'État laisse s'exprimer des convictions qui ne sont pas des convictions catholiques. En vertu d'un principe de base: la vérité a des droits, l'erreur n'a pas de droits. Ils n'ont pas compris que le Concile a déplacé la question. Que ce ne sont pas la vérité ou l'erreur qui ont des droits, mais la personne. C'est le droit des personnes de n'être pas obligées de croire ou de ne pas croire"
Ce texte est tellement riche que vous me permettrez de m'y arrêter quelques instants.

"Les lefebvristes en restent à la thèse de 1864" écrivez-vous.

Les lefebvristes, mais aussi la plupart des traditionalistes et encore beaucoup de catholiques donnent au Syllabus de Pie IX (1864) une autorité, qui dépasse la simple authenticité magistérielle. C'est la sentence commune des théologiens, cette autorité exceptionnelle du Syllabus. La thèse de 1864 repose d'ailleurs elle-même sur un enseignement constant des papes du XIXème siècle face à l'émergence du libéralisme politique et civique. Vous-même, d'ailleurs, cher Monseigneur, il m'étonnerait que vous voyiez d'un bon oeil le libéralisme qui aujourd'hui constitue une véritable menace de dissociation pour les sociétés occidentales. En cela, vous n'êtes pas si éloigné que vous le dites de la condamnation de Pie IX, stigmatisant le libéralisme dans la Proposition 80 du Syllabus.
 
Vous me direz : - Il ne s'agit pas de la même chose. Je vous répondrais : - Il est évident que nous ne sommes pas au même siècle. Un Grégoire XVI appelant la liberté de la librairie "une liberté funeste dont on ne peut avoir assez horreur" (dans Mirari vos) n'a pas pris la mesure de la nouveauté des temps. Il est certain que ses condamnations sur ce point (participant d'un magistère authentique mais non infaillible) sont largement dépassées. Mais sa critique de l'indifférentisme - si vigoureuse ! - reste, elle, indépassée à ce jour. Elle constitue d'ailleurs le motif profond de ses interventions... et des nôtres. On dirait qu'il avait prévu quelque chose du matérialisme crasse dans lequel l'humanité s'enfonce aujourd'hui.
 
Pour résumer à propos de "la thèse de 1864", nous dirons : les papes ont eu raison de condamner le libéralisme : l'histoire leur donne raison un peu plus chaque jour, un Philippe Muray l'avait largement pressenti dans Le XIXème siècle à travers les âges ; mais les papes, je l'écris en tremblant, ont sans doute eu tort lorsqu'ils ont condamné de manière trop absolue le libéralisme politique dans toutes ses manifestations, parce que l'on ne saurait condamner un fait accompli comme s'il pouvait ne pas être. S'il fait jour à 6 H du matin, on ne peut condamner ce fait, au nom de je ne sais quel droit au sommeil par exemple. Les faits forment la limite de toute démarche purement axiologique. Les traditionalistes qui ne sont pas plus bêtes que les autres catholiques en sont parfaitement conscients, même s'ils savent aussi que cette limite n'est pas toujours facile à établir dans le concret.

Dans la phrase suivante, vous définissez la liberté religieuse comme "l'idée qu'on puisse accepter que l'État laisse s'exprimer des convictions qui ne sont pas des convictions catholiques". Mais cette définition que vous donnez n'est pas celle de la liberté religieuse, c'est celle de la tolérance religieuse, qui est aussi vieille que la parabole du bon grain et de l'ivraie : "Laissez les pousser ensemble jusqu'à la moisson". Cette tolérance-là, elle est une invention du christianisme, personne ne la conteste parmi nous, même pas votre confrère "lefebvriste" Mgr Tissier de Mallerais, auquel j'ai écrit récemment de tous ces sujets.

Dans votre critique du "lefebvrisme" (et des positions catholiques traditionnelles), vous désignez "un principe de base: la vérité a des droits, l'erreur n'a pas de droits. Ils [les dits lefebvristes] n'ont pas compris que le Concile a déplacé la question. Que ce ne sont pas la vérité ou l'erreur qui ont des droits, mais la personne".

Plus qu'un théologien, cette formule mériterait l'acribie d'un juriste, que je ne suis pas.
 
La position que vous tenez a effectivement ses défenseurs, mais il me paraît excessif et contraire à une herméneutique vraiment contextuelle d'en faire la position du Concile. Dire que "seule la personne a des droits", c'est réduire le droit au droit subjectif (quitte à trouver dans cette subjectivité même une forme d'objectivité, là n'est pas la question).
 
Je voudrais poser une question simple : le droit n'est-il pas l'expression de la justice ? Mais la justice peut-elle vraiment se conclure du sujet humain, posé a priori comme source ? Michel Villey s'est posé la question de manière approfondie dans Le droit et les droits de l'homme. Il me semble qu'il faut aller, avec lui et quelques autres, au fond du problème : sait-on ce que c'est que la justice pour pouvoir aisément définir le droit du sujet ? Depuis Platon, nous sommes bien obligés de reconnaître que non. Exemple récent de cet agnosticisme moral, le curieux livre de Ruwen Ogien traitant officiellement de L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et officieusement de l'incapacité où nous sommes à définir la justice et le droit qui en découle (Grasset).
 
Il faut bien reconnaître, pour aller dans ce sens, que les droits subjectifs sont contradictoires : il y a le droit au travail et le droit aux vacances, le droit à la vie et le droit de mourir dans la dignité, le droit de l'entrepreneur et le droit du salarié etc. Marx, que vous connaissez bien pour avoir beaucoup travaillé, je crois, sur ses textes de jeunesse était très sceptique sur le fait que l'on puisse définir le droit a priori en le déduisant de la personne. Il craignait que l'idéologie ne vienne contaminer immédiatement la pureté de sentiment des belles âmes humanistes (cf. ses Réflexions sur la question juive).
 
Peut-on écrire froidement : le Concile a déplacé la question ? Je n'en suis pas sûr. Qu'a-t-il pu changer, ce Concile, à l'impuissance de notre raison à définir une idée a priori de la justice applicable immédiatement aux personnes, revendiquant chacune leur droit sans contradiction?
 
Que les personnes aient des droits, c'est clair, mais leur droit n'est jamais absolu. Le droit, c'est une relation, comme l'a génialement vu Aristote. Ainsi le droit du salarié ne se définit pas a priori, mais dans la relation entre le salarié et l'entreprise, entre le salarié et l'entrepreneur, entre le droit du salarié et le droit de l'entrepreneur. La justice - et le droit qui en découle - consiste à attribuer à chacun son dû. Cette attribution se fait "au cas par cas", et d'abord selon un ordre qui est l'ordre public, toujours différent ici et là. A cet ordre public, foncteur du droit, le Concile se réfère abondamment et d'une manière qui contredit l'idée défendue par Mgr Simon selon laquelle la personne est, par elle-même, la source du droit.
 
Dans ce contexte "juridictionnaire", peut-on dire que la vérité n'a pas de droit ? Si l'on considère que la vérité est une idée et que l'erreur est l'idée contraire, alors il est clair que la formule du "droit de la vérité" est inappropriée. Une idée n'a pas de droit.
 
Mais si la Vérité est une Personne, cette Personne qui a dit JE SUIS, au commencement du Livre ? Alors il faut bien admettre qu'elle entre en relation avec les personnes humaines et que ces relations (qui constituent une histoire) offrent la matière de droits. Comment penser autrement ?
 
Ainsi, par exemple, on peut dire que le Christ est roi, non pas par son idée (cette fameuse idea Christi qui faisait kiffer Fichte par exemple), mais comme le dit le vieux cantique, par sa naissance, par son advenue au monde. Depuis que le Christ est né, le Royaume de Dieu est au milieu de nous et - que nous le voulions ou non - il s'accroît chaque jour. C'est son droit, c'est sa loi (la loi du sénevé évangélique).
 
En étendant ce propos à la dimension politique de l'animal humain, on peut même aller jusqu'à dire que dans l'extraordinaire "anarchie chrétienne" qu'a récemment décrite avec bonheur Jacques de Guillebon, il n'y a pas de droit sur autrui en dehors de cette Vérité-là : "Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d'en haut" dit rudement le Christ à Pilate, qui revendiquait un peu bêtement le "droit" que lui conférait son pouvoir. Le droit chrétien n'est ni celui du plus fort ni même celui du plus digne, encore moins le très obscur droit de l'homme, il est toujours d'abord un droit de Dieu (et en ce sens un droit de la vérité). Loin de signifier oppression ou "divin esclavage", ce droit de Dieu est notre liberté à tous. Qu'arrive-t-il quand on ne le reconnaît plus ? Le pape Jean-Paul II (qui n'est pas un lefebvriste que je sache) a parlé à ce sujet de "totalitarisme". Dire que "seule la personne" a des droits, c'est se précipiter dans un subjectivisme qui, tôt ou tard, virera au totalitarisme. Se passer de la splendeur de la vérité pour élaborer des droits qui "viennent de la personne elle-même" c'est un leurre, qui finira par nuire grandement aux personnes qui ont cru pouvoir se passer de cette vérité les transcendant et les établissant dans leurs droits.

"C'est le droit des personnes de n'être pas obligées de croire ou de ne pas croire" concluez-vous. Et là encore vous donnez matière à penser. Ces mots semblent anodins. Ils ont leur profondeur. Pour la saisir, je crois qu'il faut distinguer clairement "obliger" et "contraindre". Ecrire que le droit des personnes est de ne pas être contraintes... Cela me paraît relever de ce que Pie XI dans Non abiamo bisogno (1931) appelait "le droit des consciences". Ce droit est imprescriptible. La liberté des animaux raisonnables que nous sommes n'est pas optionnelle. Elle est dans notre nature même, dans la mesure où s'exprime naturellement notre libre arbitre comme le notait Thomas d'Aquin : le libre jugement de notre raison. La foi est d'ailleurs nécessairement l'expression de cette liberté de la conscience.
 
Mais une tout autre chose est de dire, comme vous le faites, que le droit des personnes est de ne pas être obligées... L'obligation ici n'est pas physique, elle est morale. Dire que nous n'avons aucune obligation morale face à la foi et à sa vérité... cela je crois que même le Concile ne l'a pas toujours enseigné. Certains paragraphes (comme le paragraphe 3 de Dignitatis humanae) sont particulièrement ambigus, semblant mettre la recherche au dessus de la vérité elle-même. Mais enfin, il est bien connu qu'au fil des rédactions de DH, cet insoutenable postulat libéral selon lequel l'individu n'a aucune obligation envers Dieu et envers son Evangile a été abandonné. Et aujourd'hui l'herméneutique continue le travail des Pères, sous la houlette autorisée du Pasteur universel. Nous cherchons à connaître toujours mieux nos devoirs objectifs envers la vérité - vérité qui, bien entendu, nous oblige... pour cette vie et aussi pour l'autre, car comme dit saint Paul aux Hébreux (11, 6) : "Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu".  Que resterait-il de cette phrase, je vous le demande, réfléchissez-y, si "nous n'étions pas obligés à croire" ? Rien.

Cher Monseigneur, j'ai beaucoup aimé ce que vous écrivez plus loin sur la Tradition qui, dites-vous, "n'est pas fixée" à 1864. Ni non plus d'ailleurs à 1965 ! Je crois, avec le cardinal Newman, que la Tradition se fait au fur et à mesure de l'histoire de l'Eglise. Sous la houlette du Pasteur suprême, les brebis et les moutons que nous sommes se sentent obligées de mâcher l'herbe de la doctrine. Oui, c'est dans la mesure où nous nous sentons doucement obligés de croire, dans la mesure où nous sommes invinciblement attirés par la vérité dans toute sa splendeur native que nous poursuivons validement cette longue herméneutique de la Parole de Dieu qui a nom Tradition. C'est cette pensée d'une Tradition "non fixée", qui ne se limite ni à un temps donné, ni à ce que Cajétan appelait un peu dédaigneusement "le torrent des docteurs", ni à tel ou tel interprète naturel (hormis les papes dans les conditions déterminées à Vatican I et au n°25 de Lumen gentium) qui m'a donné l'idée de cette trop longue réponse à votre très inspirant entretien. Est-ce cela la tradition vivante ? Merci en tout cas de nous donner l'occasion d'un dialogue par la clarté de vos propositions.

29 commentaires:

  1. Merci, c'est bien de répondre à ce sophiste. La doctrine de 1864 est toujours valable. Elle
    ne concerne pas "le droit des personnes à ne pas être obligé de croire". Jamais l'Eglise n'a demandé une pareille chose au pouvoir civil. Mais réprimer les hérésiarques, oui. Et la liberté de conscience n'a jamais eu cours dans l'Eglise.

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  2. [Un mot du webmestre | Chers lecteurs, vous savez que vos contributions sont appréciés. Je vous demande, pour plus d'efficacité, de vous limiter à quelques contributions par jour. Si vous pensez devoir répondre à tout et à tous, de le faire en regroupant un peu vos réactions. Merci]

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    1. Cela s'appelle la rançon du succès, cher Webmestre et tout le monde s'en réjouira.
      Puisque cela me fait un prétexte pour dire qqch, en mineur: je suis impressionné par la qualité de l'analyse de Monsieur l'abbé, ainsi que par les premières réactions, non moins brillantes, qui élèvent encore l'exigence d'intervenir à bon escient, sur le Métablog.

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    2. Oui, j'ai un peu abusé. Pardon pour la surcharge de travail que je vous ai donnée. Je vais me limiter. Union de prières.

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  3. Mgr Simon, qui prétend pompeusement "remonter à l'Histoire", avec une majuscule, ignore tout de l'histoire. En 1864, Pie IX avait déjà perdu la plus grande partie de ses provinces (annexée par les Piémontais en 1860) et ce qui restait des États pontificaux était très loin du "tiers de l'Italie".

    Quant à dire que les papes sont restés prisonniers au Vatican et "n'oseront plus en sortir" jusqu'à Jean XXIII, Mgr Simon a-t-il entendu parler des Accords du Latran? Pie XII, même s'il n'était pas un pape nomade comme tel de ses successeurs, est sorti à plusieurs reprises du Vatican, par exemple, dans un épisode célèbre, pour aller voir les victimes des bombardements américains de Rome pendant la guerre.

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  4. Pour aller dans votre snes et contre Mgr Simon (bien que je ne sois pas traditionnaliste), voici ce que dit le Catéchisme de l'Eglsie Catholique :

    2108 Le droit à la liberté religieuse n’est ni la permission morale d’adhérer à l’erreur (cf. Léon XIII, enc. " Libertas præstantissimum "), ni un droit supposé à l’erreur (cf. Pie XII, discours 6 décembre 1953), mais un droit naturel de la personne humaine à la liberté civile, c’est-à-dire à l’immunité de contrainte extérieure, dans de justes limites, en matière religieuse, de la part du pouvoir politique. Ce droit naturel doit être reconnu dans l’ordre juridique de la société de telle manière qu’il constitue un droit civil (cf. DH 2).


    Comme vous le faite remarquer, la liberté religieuse s'attache à la notion de "contrainte" et non à celle "d'obligation".
    De plus, la liberté religieuse interdit en quelque sorte d'adhérer à l'hérésie dès lors que l'on connait la Vérité. Autrement dit (du moins ce que j'en comprend), la religion catholique est la vraie religion.

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  5. Eh ben ! Autant ce qu'écrit Mgr Simon est clair autant votre réponse est amphigourique tant elle mélange des concepts que j'avoue, même en bon juriste, ne pas comprendre...
    Ce texte de Mgr Simon est brillant mais il est effectivement trop court et nous laisse sur notre faim. Mais c'est une retranscription d'un journaliste...
    La phrase de conclusion du paragraphe sur la liberté religieuse est effectivement abrupte (et le concile reconnaît à l'homme la liberté de croire, mais pas vraiment celle de ne pas croire puisqu'il rappelle "l'obligation morale de rechercher la vérité") donc il vous faut replacer ces propos dans l'intégralité de DH, ce que vous ne faites pas, M. l'Abbé, et ce n'est pas bien !

    Je vous cite DH1 : "Tous les hommes, d'autre part, sont TENUS de chercher la vérité, surtout en ce qui concerne Dieu et son Eglise; et, quand ils l'ont connue, de l'embrasser et de lui être fidèles. [...] ce [...] devoir concerne la conscience de l'homme et L'OBLIGE..." phrase qui répond totalement à votre trop long paragraphe sur la vérité, et que Mgr Simon a parfaitement en tête.

    D'autre part, tous ces développement sur la liberté religieuse sont indissociables de la doctrine traditionnelle sur la conscience (que St Thomas a explicité) et que le concile rappelle : "c'est par la médiation de sa conscience que l'homme perçoit les injonctions de la loi divine; c'est elle qu'il est tenu de suivre fidèlement en toutes ses activités pour parvenir à sa fin qui est Dieu" (DH3)

    Il faut suivre sa conscience car elle reçoit les injonctions de Dieu ! Il ne faut dons pas suivre une conscience obscurcie mais "jugement de conscience DROIT et VRAI" (DH3 supra)... On est bien loin des errements de certains qui voudraient nous faire croire que le concile a voulu que chaque homme suive sa conscience quelle qu'elle soit, bonne ou mauvaise, et sans obligation de rechercher la vérité ! Et au passage, les imbéciles qui osent écrire que 'la liberté de conscience n'a jamais eu cours dans l'Eglise' devraient acheter un catéchisme, le lire et fermer leur clapet.

    Ainsi, il est clair que le concile change le paradigme habituel et passe du droit des Etats catholiques qui était la doctrine usuelle de l'Eglise pour ne considérer que les droits civils des individus. La liberté religieuse est un droit civil, mais EN AUCUN CAS un droit moral, le concile fait bien la différence alors que vous êtes dans la confusion. Et de surcroît, la liberté religieuse n'est un droit que dans la mesure où la recherche de la vérité est un DEVOIR ! (DH2) Le texte est d'un équilibre parfait et d'une intelligence rare, vous devriez le relire car il répond mot à mot à votre objection : la liberté religieuse n'est pas fondée sur un droit subjectif, mais sur une obligation morale ! (DH2 toujours) On ne peut pas être plus clair et si les catholiques connaissaient les 3 premiers § de DH par cœur, on éviterait des considérations creuses comme celles que vous nous livrez ce jour...

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    1. "il change de paradigme" comme c'est joliment dit !

      Encore faut-il que ce soit clair ! Et pourquoi changerait t-on abruptement de "paradigme" comme vous dites si savamment .
      Il y a les individus ET il y a les groupes , les communautés, les sociétés, les états. L'un ne doit pas faire perdre de vue les autres sauf à verser d'un coup, sans crier gare, dans un libéralisme abstrait et de circonstances qui ne voit plus que l'individu comme être hors-sol et isolé, un absolu sans histoire et sans relations...
      Dans ses communautés , d'ailleurs , en passant , il y a ce qu'on appelle l'Eglise...qui a une Histoire et une Tradition , dit-on ! Non ?

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    2. Le Concile ne change pas du tout de paradigme, seulement il prend acte du changement de contexte.
      Pour ce que vous dites, Antoine, je ne vois pas du tout ce que cela ajoute aux propos de l'abbé, ni en quoi vous le corrigeriez.

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  6. Pour aller dans votre sens et contre Mgr Simon (bien que je ne sois pas traditionnaliste), voici ce qu'en dit le Catéchisme de l'Eglise Catholique :

    2108 Le droit à la liberté religieuse n’est ni la permission morale d’adhérer à l’erreur (cf. Léon XIII, enc. " Libertas præstantissimum "), ni un droit supposé à l’erreur (cf. Pie XII, discours 6 décembre 1953), mais un droit naturel de la personne humaine à la liberté civile, c’est-à-dire à l’immunité de contrainte extérieure, dans de justes limites, en matière religieuse, de la part du pouvoir politique. Ce droit naturel doit être reconnu dans l’ordre juridique de la société de telle manière qu’il constitue un droit civil (cf. DH 2).


    Il est bien question ici de la notion de "contrainte" et non "d'obligation" comme vous le faites remarquer (donc Mgr Simon déforme le Catéchisme de l'Eglise Catholique).

    De plus, il me semble qu'il ressorte de ce texte que la religion Catholique est la vraie religion par une condamnation de l'adhésion aux hérésies dans le cadre justement de la liberté religieuse.

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  7. (Suite)

    Ce qui est encore plus intéressant, c'est la suite de ce que dit Mgr Simon : en refusant l'autorité de l'Eglise pour se fier à son propre jugement et à sa conscience en matière de foi et de gouvernement de l'Eglise, les traditionalistes se placent effectivement dans une logique moderne de contestation et de jugement personnel (ce n'est pas très moderne, d'ailleurs, les Protestants faisaient pareil...) C'est plutôt ce paragraphe que j'aurais aimé voir développé ;-)) car il est très riche sur la notion de magistère vivant dans l'Eglise et ouvre de nombreuses questions : qui porte la doctrine ? qui l'enseigne sans possibilité d'erreur ? n'importe qui peut-il reprendre les enseignements des papes passés en étant certain de les transmettre dans leur authenticité ? qui a le droit d'interpréter ? le dogme est-il immuable ou sa compréhension peut-elle s'approfondir ?...

    Bref, ce que vous dites sur la Tradition est un passionnant point de départ et effectivement, Newman est le bon guide pour approfondir ce sujet ! L'Eglise est la seule à détenir une Tradition vivante, qui s'explicite grâce à son magistère vivant et actuel. Quand on fait parler un magistère passé et mort, on prend le risque de faire comme les Témoins de Jéhovah et les Protestants : se fiers à une tradition limitée par la compréhension des hommes, sans l'illumination de l'Esprit Saint : c'est ça, le lefèbvrisme.

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  8. Cher Monsieur l'abbé,

    Vous avez raison de donner à ce texte concis l'importance qu'il mérite sans le traiter par-dessus la jambe, come je l'ai vu faire ailleurs.

    Je ne crois pas qu'il faille cependant, selon le juridisme habituel aux traditionalistes, traiter cette interview comme un traité d'histoire (cher Henri) ou d'herméneutique du concile (cher Antoine), mais pour ce qu'il se donne : un panorama qui procède nécessairement par des raccourcis.

    A cet égard, le raccourcis qui interpelle le plus le traditionalisme est celui-ci:

    "Et vous ne savez même pas qeu vous êtes à l'origine de votre tradition."

    A sa manière, le traditionalisme est une de ces réactions type: "philosophie de la fin de l'histoire", mais dont la victoire serait réactionnaire (Si m'en croyez, laissez ça à la fin des temps). Face au mouvement perpétuel inauguré par la révolution, le traditionalisme a voulu figer la pensée de l'Eglise sur ce que le torrentiel se réjouit d'appeler derrière cajetan "le torrent des docteurs", et quelques principes confessionnels et liturgiques, face à une mondialisation dont l'égalité revendiquée des hommes ne pouvait plus associer le paternalisme à l'esprit missionnaire. Voilà la question la plus importante que mgr Simon vous pose.

    Ensuite, je reconnais qu'il se permet quelques inélégances en choisissant de confondre "la liberté de conscience" comme adhésion d'un "vouloir foncier" à ce que vous faites bien d'appeler "une obligation morale", saisissable par qui a compris la nécessité de "choisir la vie", avec la liberté de conscience circonstantielle avec laquelle un mgr Lefebvre s'est cru autorisé de ne plus négocier avec rome dans des conditions qu'il ne jugeait pas acceptables.

    (à suivre)

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  9. (Suite)
    Mais vous-même répondez à mgr Simon en jouant, me semble-t-il, sur un certain nombre de confusions, toutes dans la nature du philosophe. Ainsi déplorez-vous que, pour mgr Simon, "la personne (soit la source du droit", avant de reprende son argument au vol en le transcendant:

    "Une idée n'a pas de droits... Mais si la Vérité est une Personne."

    Une idée n'a pas de droits, ne le dites pas trop fort, si vous ne voulez pas qu'on vous accuse detomber dans les excès des papes qui, reconnaissez-vous en tremblant, ont trop âprement condamné telle manifestation du libéralisme politique. Vous vous demandez si "le droit n'est pas l'expression de la Justice", et c'est parce que le christ est la Justice et donc la vérité en Personne, parce qu'Il a dit qu'Il EtaitElle, que vous fondez les droits de la Vérité sur sa Personne. Une Personne divine qui ferait donc Sa Loi ou Dont la Loi S'imposerait puisque cette Personne, dans le dépassement de la loi, reste à l'origine de la loi naturelle ou de ce qu'on aime beaucoup appeler de nos jours "les lois ontologiques". On ne peut vous blâmer d'avoir cette position, sauf que vous Ontologisez beaucoup le Christ-Vérité, sans vous rendre compte que l'être ne peut être pensé qu'en regard de son négatif relatif, qu'est le néant. Néant de ma subjectivité par rapport à l'Objectivité de la vérité puisant Sa Source au fond de la subjectivité divine ; mais alors, ce n'est plus seulement que vous ontologisez trop la Personne de dieu, c'est que vous Le Personnalisez trop; ou, pour être plus juste, c'est que, soit vous Objectivez trop la Personne divine, soit vous subjectivez trop la vérité en faisant ce que vous reprochez à mgr Simon: la faire émaner d'une Personne, même si c'est de LA PERSONNE en Qui nous avons notre justification de naître et de renaître, de vivre et de survivre, mais cette reconnaissance est un chemin que fait l'individu, elle ne saurait devenir un droit civil sauf à rendre la société liberticide ou totalitaire, parce que la société dirait à l'individu ce que sont ses obligations morales, comme si ce n'était pas à lui de les découvrir, dans l'infrapolitique de l'intime, du domestique de son âme ou de sa famille, où il pourra apprendre qu'il est de la famille de Dieu et, si vous me passez l'expression, de la Race (royale) du seigneur.

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  10. En juin 1988 quand Mgr Lefebvre disait:

    "J'ai jugé, en conscience, que je ne pouvais plus négocier avec le Vatican.", il était surement sincère. Il faut se demander s'il ne faisait pas le jeu de Luther, qui finalement, était aussi très sincère en disant : "Hier bin ich ich kann nicht anders !"(Me voici je ne peux pas faire autrement !)."

    Et ce droit de Mgr Lefebvre d'une appropriation de l'Église ne vient-il pas de sa perception qui fut celle d'une autre époque ? C'est à dire, celle du Concile de Trente ? L'actualisation de la Tradition semblait un énigme pour lui.

    Est-ce que son zèle le poussa à vouloir accomplir le travail du Bon Dieu à sa place ? Peut-être ? Je sais pas. Il est tout à fait légitime de se poser la question. Mais il était d'une grande sincèrité en prenant le fixiste pour La Tradition.

    En tout cas, en s'appropriant du principe de droit de regard sur l'Église, (lequel principe, qu'il niait avec rigueur aux hommes, ne l'oublions pas), en a peut-être fait un homme de contradiction comparable à John Wesley, le père du Méthodisme.

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  11. Merci,cher pater, de nous donner du grain à moudre pour cuire notre pain...

    Dans la première partie du texte de Mgr Simon on passe , en un éclair ,du niveau de "l'Etat" qui "laisse s'exprimer" des convictions non catholiques(sans préciser comment on "laisse s'exprimer"...ou si on encourage et promeut ses convictions "non catholiques")au niveau de la personne qui ne serait être contrainte en matière de foi comme de pensée.
    Et on glisse très vite, on ignore même, la question de la transmission....

    Ces confusions sont-elles involontaires ? Je l'espère , mais c'est , au mieux, affligeant sur le plan de la rigueur de la pensée

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  12. "On dirait qu'il avait prévu quelque chose du matérialisme crasse dans lequel l'humanité s'enfonce aujourd'hui."

    L'Occident certainement, mais vraiment pas toute l'Humanité, si?

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    1. Si. Parce que je crois que l'Occident est la tête de l'humanité.

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  13. Monsieur l'abbé,
    Mgr Simon n'argumentera pas avec vous. Il s'adresse aux lecteurs de Ouest France, pour déconsidérer sans risque toute Tradition. Son cynisme ne le conduit pas à enseigner des égarés, mais à rappeler que seul un évêque français conciliaire, jouissant de la plénitude du sacerdoce, a le droit de n'en faire qu'à sa tête. Bien cordialement.

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    1. A priori, la "Tradition" se déconsidère très bien toute seule malheureusement ! Tous ces gens qui prétendent défendre la foi sans connaître leur catéchisme et qui oublient leur conversion personnelle... On sait ce qu'est devenu le premier "Defensor fidei" et il faut craindre que ce soit ce qui guettent tous ceux qui s'attribuent une mission sans que l'Eglise ne leur ait rien demandé.

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  14. Les articles de Mgr Simon et de l’abbé de Tannouarn m’éclairent après les avoir médités. Et surtout avoir prié pour y voir plus clair, car bien des points demeurent obscurs et... c’est stimulant !
    Nous sommes d’accord pour affirmer que la vérité et l’erreur n’ont pas de droits. Seule une personne peut avoir des droits. Pas un objet ni une idée.
    Dieu est à l’origine de tout. Sans Lui, il n’y aurait aucun droit. Cependant, Il choisit des moyens déconcertants pour se révéler à nous progressivement, dans une histoire enténébrée par le péché : Il permet le mal en vue d’un plus grand bien (cf. St Augustin). Il permet la Croix en vue de nous manifester sa Gloire et son Amour en nous sauvant.
    Dans les faits, le Mal qui est Satan a reçu de Dieu des « droits », à commencer par le « droit » d’exister et de créer quelques ennuis aux hommes. Vous me direz : ce n’est pas en vertu d’un droit mais d’une permission. Le droit civil est peut-être aussi une divine permission, tout en constituant véritablement un droit. Le droit à l’avortement par exemple lorsqu’une telle loi est votée par un groupe d’hommes…
    Je crois que Dieu permet que des personnes mal éclairées ou mal intentionnées aient aussi des droits, à commencer par des droits civils qui provoquent parfois des tragédies immenses et suscitent de vrais martyrs.
    La Vérité, qui est Jésus en Personne, le Christ-Roi de l’Univers, refuse vigoureusement que ses disciples le fassent roi à la manière humaine. Dieu refuse de se faire César.
    La Royauté du Christ sur l’Univers est un fait et un objet de foi qui me réjouit profondément, mais l’idée que nous nous faisons de cette Royauté est souvent tordue (en particulier quand je regarde l’histoire religieuse et l’histoire de ma conversion…) Nous nous querellons sur un débat d’idée sur une réalité, une vérité, qui nous dépasse infiniment. Et les idées sur la manière dont nous concevons la Royauté du Christ ou celle de la Vierge, n’ont aucuns droits.
    La démocratie me semble le moins pire de tous les systèmes politique et la théocratie le pire.
    Je crains que les « traditionnalistes », pour lesquels j’ai beaucoup de respect (certains m’ont beaucoup appris, ils m’ont porté dans la prière et obtenu des grâces) se trompent lorsqu’ils veulent faire de Dieu un César. Apparemment, ce serait tellement merveilleux si Jésus était notre Roi à la place de notre Président de la République ! Jésus n’a pas voulu restaurer la royauté politique en Israël comme il eût été « logique » selon nos courtes vues et nos « principes ».
    Il n’y a jamais eu d’Etats totalement chrétiens, mais seulement des Etats ou des personnes qui essaient de vivre un Evangile que le monde ne peut supporter sans une conversion profonde. Une majorité de citoyens chrétiens ne fait pas un Etat chrétien. Encore moins un Etat qui rejette les citoyens non-catholiques hors de ses frontières ou les contraints politiquement à la conversion !
    Notre situation inconfortable est non seulement permise, mais voulue par Dieu comme une épreuve pour grandir dans la foi, l’espérance et surtout la charité. Sans comprendre, dans l’espérance, même si tout semble s’effondrer, comme à la Croix, je me dis que c’est sûrement mieux ainsi !

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    1. Oui, Marie-Jean vous avez raison, le droit à la liberté de conscience n'est un droit que dans la mesure où l'homme a un impérieux devoir : rechercher la vérité. C'est ce que dit Vatican II. Ce concile ne crée pas un droit à la liberté religieuse pour l'homme, et encore moins un droit à l'erreur ; il se contente de rappeler les devoirs de l'homme vis à vis de son Créateur : LE chercher ! et c'est de ce devoir premier que découle d'éventuels droits, qui ne sont en réalité que les conditions d'exercice de son devoir... En fait, le concile ne fait que rappeler la base : l'homme doit chercher Dieu, il doit le faire en toute liberté et cette liberté doit être garantie par les sociétés civiles, c'est tout ce que demande l'Eglise dans DH. De cela certains en sont venus à ériger en principe le concept de liberté de conscience qui n'est pourtant qu'une conséquence... Et certains ont traduit cette liberté de conscience comme un droit à l'erreur, ce qui n'est qu'une trahison du texte lui-même, et depuis 40 ans on glose sur cette déformation, en oubliant le principe posé par le texte et même les conditions mises à l'exercice de la liberté de conscience : une conscience droite qui écoute "les injonctions de la loi de Dieu"... On est pourtant bien loin du droit à l'erreur et encore plus du droit DE l'erreur !

      Ensuite, le Christ lui-même a dit que son royaume n'était pas de ce monde... Et c'est pour avoir oublié qu'Il n'était pas venu rétablir Israël que les Apôtres ont eu besoin de la Pentecôte pour se remettre du scandale de la Coix... C'est ce que dit très bien l'encyclique fondatrice de St Pie X, E supremi apostolatus : "le jour où, dans chaque cité, dans chaque bourgade, la loi du Seigneur sera soigneusement gardée, les choses saintes entourées de respect, les sacrements fréquentés, en un mot, tout ce qui constitue la vie chrétienne remis en honneur, il ne manquera PLUS RIEN pour que Nous contemplions la restauration de toutes les choses dans le Christ".

      Alors il faut faire régner le Christ dans nos coeurs, chacun se préoccupant d'abord de sa conversion personnelle, pour que la société tout entière se refonde dans le Christ ! Il ne s'agit pas de gouvernements catholiques ou autres, encore moins de théocratie. L'Eglise n'a pas besoin de pouvoir politique pour avancer et pour mener les hommes à Dieu.

      Nous sommes typiquement au coeur d'une mystification car certains "intégristes" voudraient nous faire croire que les sociétés politiques devraient être assujetties à l'Eglise pour que les catholiques puissent aller au Christ. Dans cette vision maurrassienne, on ne sait plus très bien si la société civile dépend de l'Eglise ou l'inverse, mais en tous cas, on souhaite que le civil soit le bras séculier de l'Eglise : puisque celle-ci ne peut contraindre les hommes à adhérer au Christ, il reviendrait à l'Etat chrétien de mener les hommes à la vérité par coaction ! Cette espèce de délire théologique est bien éloigné de l'Evangile et c'est simplement ce que nous rappelle Mgr Simon...

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  15. Ce qu'oublie , donc, de dire Mgr Simon, et c'est un "oubli" majeur, c'est qu'en l'occurrence l'Etat français, et à sa suite, de nombreux Etats "laics", postule qu'il n'y a pas de vérité philosophique, morale et surtout religieuse.

    L'Etat (nouvelle ou très ancienne divinité? )empêche donc l'accès à la connaissance , c'est à dire à la condition même de l'accès à la vérité .

    Mgr Simon, et d'autres avec lui, ne voit dc pas de problème à cette rupture de transmission....

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  16. Il est vrai que, sortie du contexte, ce texte sert à manipuler les consciences de manière négative envers la FSSPX.
    Au moment de la publication du Syllabus, Le royaume d’Italie achevait l’unification de la péninsule et avait déjà annexé une partie des états pontificaux. Comme Bismarck en Allemagne et la IIIème république en France le feront, on supprimait déjà les ordres religieux et on commençait à s’approprier certains biens ecclésiastiques. Il faut attendre 1929, avec les accords du Latran, pour que la papauté trouve enfin sa place dans le monde moderne.
    Pendant ce laps de temps, que Pie IX condamne le libéralisme et une de ses conséquences directes, qui était l’ingérence de l’état en matière de religion, quoi de plus normal ! Il fallait que chaque partie, le nouvel Etat et l’Ancien se positionne l’un envers l’autre et ce ne fut fait que sous Mussolini.
    Le Syllabus essaye de barrer la route à l’idée selon laquelle l’Eglise doit se conformer au monde en épousant le progrès et le libéralisme, idée que l’on voit refleurir un siècle plus tard dans le concile Vat.II avec les réformes en tout genre.
    Au sujet de la liberté religieuse condamnée par le Syllabus, c’est le relativisme qui est condamné (toutes les religions se valent) dont l’origine est l’erreur selon laquelle la raison seule doit et peut régner. Le tout prenant sa source dans une vision païenne de l’humain où le péché originel est exclu.
    Cette vision là, n’a jamais changé! Pas même avec Vat.II !( cf. commentaire d’Antoine qui en plus, replace ce problème dans le texte lui-même)
    Il ya donc un amalgame bien voulu dans cette allocution, car Mgr Simon connaissant l’histoire de l’Eglise et les Textes bien mieux que moi, mélange pourtant le côté historique d’un pape qui perd son pouvoir temporel, qui voit l’Europe devenir laïque et foncièrement anticléricale, qui craint donc la même chose chez Lui, et le texte du Syllabus qui condamne ce qui a déjà été condamné à plusieurs reprises !
    Il est navrant de voir que des deux parties extrêmes de l’Eglise, on tire la couverture à soi en faisant parler pour son propre compte textes où évènements historiques.
    Je ne crois pas qu’il soit possible de philosopher dans ces conditions.
    Benoîte

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  17. C'est cela Benoite

    Mais je ne vois pas bien votre espèce de "juste milieutisme" , vaguement et platement baille-rouisant(du nom d'un politique assez connu pour son extrême centrisme et qui suscite en moi d'irrépressibles baillements) et consistant à renvoyer paresseusement et avec bonne conscience de supposés "extrêmes" (et donc très vilains par définition....?)dos à dos.
    Comme si l'extrême était le nouveau nom du mal selon le nouveau dogme relativiste qui exalte le moyen au lieu de l'excellence , de la perfection, et même de la sainteté pas assez "démocratiques".
    L'extrême quel qu'il soit voilà l'infâme dans un monde qui postule l'absence de sens et que Mgr Simon évêque de l'Eglise catholique, vice-président de la CEF et "intello" de l'épiscopat français semble considérer comme mu par une force de progrès immanent.

    "Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait" c'est inconvenant ou encore "la mesure de l'amour c'est d'aimer sans mesure"(St Bernard) c'est un peu exagéré .

    Bref qualifier Mgr Simon d'extrémiste , lui le centrisme incarné, la quintessence du centrisme , le centrisme central, le centre du centrisme, je trouve cela un peu .....extrême et inconvenant .
    Mais peut être est ce que vous vous considérez encore plus au centre que lui

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  18. Il est fort possible que Mr Simon soit la « crème du centrisme ». Cela n’est pas le sujet.
    Je ne fais seulement que déplorer cette guerre entre les modernistes (et donc centristes aussi !) et les tradis non-accordistes (voilà que je m’y mets aussi !). Ce n’est pas vraiment de l’amour, il me semble ! Lorsqu’on s’injurie, que l’on se manque de respect ou que l’on s’accuse mutuellement, je ne vois pas en quoi ce serait évangélique. C’est tout l’opposé : « critiquer, injurier sans mesure. » Cela semble, a priori bien loin de l’idéal de perfection que vous citez. C’est plutôt le contraire !
    Il faut aimer sans mesure, bien évidemment, mais lorsque la violence, même verbale se manifeste, tout est faux. Il ne peut pas en être autrement ou je n’ai moi-même rien compris au Film !
    Par contre, je ne me considère pas vraiment au centre du centrisme ! Je suis plutôt du genre exaltée, monomaniaque du Christ. J’ai donc du mal avec ce que les hommes d’Eglise ont d’humain, trop humain…
    En ce moment, nous avons show sur show ! Non posso piu !
    Benoîte

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  19. Benoite
    Le Christ version "démocrate-chrétienne" est un bisounours consensuel qui n'aurait jamais été crucifié et jamais parlé comme il a parlé . La "violence verbale" cela ne veut pas dire grand chose . C'est le mensonge et l'iniquité qui sont mauvais et l'amour peut être, par certains aspects, violent.

    Je dis qu'en renvoyant dos à dos les "extrêêêêmes" vous vous situez au centre , introuvable, de tout alors que certains des "extrémistes" que vous pointez représentez par Mgr Simon en l'occurrence prétendent déjà occuper la position centrale...Ce centre devient un grand trou , un grand rien, dans lequel beaucoup tombent en suivant passivement et mollement la ligne de plus grande pente et où tout se mélange et se confond et disparait dans une bouillie fadasse...

    C'est la tyranie du centre mou collant comme de la mélasse.

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    1. Dans cet échange, je crains que vous ne vous payiez de mots !

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  20. Se payer de mots ?....Pourquoi pas car en l'occurrence il s'agit bien de mots et de maux qu'il s'agit de nommer avec les mots justes .
    Les mots ont ainsi , quand ils serrent et touchent au plus près le réel , une vertu curative , thérapeutique et bien-faisante.

    Je cherchais simplement à souligner cette dérive symptomatique et répétitive qui consiste à remplacer l'opposition réelle vrai/faux et bien/mal par la dialectique abstraite , purement logique, extrême/modéré(ou centriste) et à subrepticement , peu à peu, instiller l'idée que la modération serait synonyme de bien et inversement et ce en toutes choses.

    Cela brouille complètement la hiérarchie des doctrines,morales cultures et religions...Et c'est, sans doute, le but !
    Si , par exemple, vous êtes "trop" chrétien vous serez un "extrémiste" au même titre qu'un extrémiste musulman ...dans la non-pensée cynique imposée il faut douter de tout et ne pas oser penser et encore moins dire que la Révélation chrétienne pourrait être bonne et salutaire pour tous, pour les non chrétiens , les juifs et les musulmans notamment.

    Mgr Simon et consorts se situent et entendent se situer à l'extrême centre ! Mais il y a bagarre car beaucoup se disputent le vrai centre, the very centre , le centre de tout et de rien , l'exact point 0 d'extrême insignifiance et nullité. Je trouve cela un peut trop..... extrémiste !

    Enfin , chère Benoite , l'extrême sagesse ou l'extrême bonté n'a rien à voir avec de l'exaltation et la vertu de prudence, à l'inverse , rien à voir avec de la pusillanimité craintive...

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  21. Le centre est un point solitaire au milieu d'un cercle. La résultante au contraire est une force qui est la somme de plusieurs forces différentes et divergentes. Une synthèse diraient certains. C'est pourquoi je préfère la résultante qui unit à un centre qui n'unit rien du tout.

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