C'était la conférence de ce Mardi au Centre saint Paul. Deux médecins, très différents l'un de l'autre, Luc Perrel et Philippe de Labriolle, formaient un bel alliage. Je n'ai pas le temps ce soir de vous faire un vrai Compte rendu. Je voudrais simplement saisir au vol une formule du docteur de Labriolle : "Le vrai miracle est un hommage au logos".
Je développerai cette formule au risque d'être infidèle à son auteur qui, lecteur occasionel de ce Blog, saura me détromper si je m'égare. il me semble que prise à la rigueur, cette phrase signifie que Dieu lui-même rend hommage au logos humain, en offrant à son jugement - parfois - le témoignage d'un miracle. A Lourdes, deux agnostiques ont réagi très différemment : Emile Zola a nié le fait dont il était pourtant témoin et il a écrit son Lourdes avec cette idée que le miracle n'existe pas. Alexis Carrel, prix Nobel de médecine, s'est converti.
S'il est avéré que "le vrai et le fait sont convertibles", comme le pensait Vico(1744), qui fit de cette formule le résumé de la sagesse des Italiens, alors on peut dire que par les miracles, Dieu rend hommage au logos humain et à sa capacité de "se faire" à tous les faits, à sa protéiformité, à sa malléabilité. Le miracle présente à nos sens une extension du domaine du réel. C'est un extraordinaire cadeau à l'intelligence humaine. Si on lit le petit traité d'Alexis Carrel sur la prière, on s'aperçoit que ce cadeau ne lui a pas été fait en vain, tant il est sensible à cette extension du diomaine du réel qu'est le surnaturel, extension habituellement invisible et seulement perceptible au coeur. Dieu sensible au coeur et pas à la raison disait Pascal. On comprend ce qu'il veut dire. L'horizon de la raison est limitée par l'expérience sensible. C'est le coeur qui peut entrer dans l'analogie et parler de Dieu, en balbutiant, et "autant qu'il lui est permis d'en parler" comme dirait Cajétan. Vis-à-vis de Dieu, nous n'avons qu'une licentia balbutiendi, pour reprendre sa formule.
Eh bien ! Le miracle, c'est un blanc seing divin donné un instant par l'intermédiaire des sens, à la raison, pour renforcer l'esprit de l'homme (cet esprit, noûs, que Pascal, après Augustin, appelle le "coeur") dans son élan vers l'infini. En ce sens, c'est bien un hommage que Dieu rend au logos humain, cette infime participation à son Esprit infini, ou une condescendance qu'il éprouve pour notre raison, "cette petite chose à la surface de nous mêmes" (Maurice Barrès).
"Essayer de convertir quelqu'un par des miracles est une profanation de l'âme" (R.W. Emerson, Allocution aux étudiants de dernière année de la faculté de théologie de Cambridge, 15 juillet 1838.
RépondreSupprimerPierre a suivi Jésus parce qu'il avait les paroles de la vie éternelle, et non à cause des miracles (Jean VI, 68)