mardi 8 juin 2010

Monde et Vie et les Lumières

Très beau dossier de Monde et Vie sur le siècle des Lumières. Entretien avec Xavier Martin, l'homme qui a démythifié les Lumières, avant, j'espère, de les éteindre dans leur rayonnement sectaire. J'ai participé à ce dossier avec un article sur l'Eglise et les Lumières, dans lequel je passe rapidement en revue l'attitude des papes face aux Lumières de Benoît XIV (pape en 1750) à Benoît XVI, premier pape désigné au IIIème millénaire. Je cite la terrible proposition 15 du Syllabus. Je compare avec le n°3 de la déclaration Dignitatis humanae. Il y a vraiment un problème de cohérence à réaliser entre les deux textes. Quel meilleur moyen que celui que nous propose Benoît XVI : l'exercice d'une herméneutique de continuité.

Je vous renvoie à ce dossier. Il est puissant dans sa symphonie (voir le site de Monde et Vie).

Mais je voudrais souligner la doctrine de Benoît XVI quant aux Lumières. Dans l'avion qui le menait à Lisbonne, le Saint Père a eu l'occasion d'y revenir en évoquant la figure du Marquis de Pombal, reconstructeur de Lisbonne après le tremblement de terre de 1755 et grand persécuteur des jésuites. Son propos est à la fois un propos modéré, qui refuse l'opposition frontale entre la foi et les Lumières et déplore qu'elle ait existé, mais qui n'hésite pas à pointer le sécularisme comme la grande faiblesse des Lumières, qui enferme la culture de l'Occident en elle-même et l'empêche de dialoguer avec les autres cultures, qui font toutes une place au sacré, à la transcendance au divin.

Voici le mot de Benoît XVI au sujet des Lumières : "En ces siècles de dialectique entre l'Esprit des Lumières, le sécularisme et la foi, il n'a jamais manqué de personnes qui voulaient construire des ponts et créer un dialogue. Mais malheureusement, la tendance dominante fut celle de l'opposition et de l'exclusion réciproque. Aujourd'hui, nous voyons justement que cette dialectique est une chance et que nous devons trouver la synthèse et un dialogue précurseur et profond. Dans la situation multiculturelle dans laquelle nous sommes, on voit qu'une culture européenne qui serait seulement rationaliste, n'aurait pas la dimension religieuse transcendante. Elle ne serait pas en mesure d'entamer un dialogue avec les grandes cultures de l'humanité, qui ont toutes cette dimension transcendante, parce que c'est une dimension de l'être humain. Et donc penser qu'il y aurait une raison pure anhistorique existant seulement en elle-même et que ce serait là la Raison est une erreur. (...) La Raison comme telle est ouverte à la transcendance et c'est seulement dans la rencontre entre la réalité transcendante, la foi et la raison que l'homme se trouve lui-même". Et plus loin, le plan du Saint Père : "il faut intégrer la foi et la rationalité moderne dans une vision anthropologique unifiée".

La perspective historique est grandiose. il s'agit de rien moins que de modérer les Lumières, en utilisant la dialectique historique. Hegel contre Kant, mais un Hegel qui aurait déjà "effectué la synthèse".

Quelle est-elle cette synthèse, tout est là. Si cette synthèse était purement rationnelle elle ne serait pas catholique. Il me semble qu'à Fatima Benoît XVI a voulu réaliser cette synthèse dans le surnaturel. Un terme qui était banni de la Nouvelle théologie et qui revient en force sous la plume de Benoît XVI : "Une apparition, c'est-à-dire un événement surnaturel, qui ne vient pas seulement de l'imagination de la personne, mais en réalité de la Vierge Marie, du surnaturel".

Le surnaturel ? Mais c'est le problème de Mgr Lebrun, que nous évoquions dans le post précédent. Il ne voit pas la différence entre l'offre sacramentelle qui est surnaturelle et l'offre catéchuménale qui est celle d'une parole humaine se répétant ou essayant de se répéter sans radoter la Parole de Dieu... Entre les deux, en principe, y a pas photo. Le surnaturel ? Voilà la véritable lumière, celle qui éclaire tout homme venant en ce monde...

4 commentaires:

  1. Hegel contre Kant : au secours ! je ne suis plus.

    Naïvement je les mettais dans le même sac.

    Il faudra m'expliquer.

    Mes seuls souvenirs du promeneur de Königsberg se limitent à "l'impératif catégorique".

    M'sieur l'abbé vous qui êtes un docteur révéré en Sorbonne : pensez-un peu aux pauvres ignorants qui ne peuvent vous suivre jusque sur vos hauteurs (je préfère le Sermon sur la montagne, c'est plus à ma portée).

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  2. A l'anonyme de 22H35: il est bien naturel que vous les mettiez dans le même sac, si vous vous êtes organisé un sac réservé à ceux qui écrivent des gros livres prise de tête, que ni vous ni moi ne lirons. A partir de là, qu'y a-t-il à expliquer? ou plutôt: à qui expliquer?

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  3. Honnêtement je me demande si quelqu'un a jamais lu tous ces gros livres.

    J'ai horreur de la philosphie teutonne. Je préfère la clarté latine.

    NB j'ai regardé les articles su Kant et Hegel sur Wikipédia : cela ne m'a pas emballé, je préfère lire un bon Simenon.

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  4. Bonjour les enfants (les trois "Anonymes" précédents):...n'oubliez pas de jeter un coup d'oeil sur le post suivant du Père GdT ("Réponse à Antoine, à Bigor...): Attention, hein, il y aura interro. écrite! Aucune excuse ne sera acceptée....Et ne me racontez pas qu'après ça, vous préférez un bon Simenon!LOL!

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