vendredi 6 novembre 2009

A propos du Mur de Berlin : Vingt ans après...

...le 9 novembre prochain, vous pouvez bien sûr participer à la manifestation organisée par Bernard Antony à côté de l'Assemblée nationale, Place Edouard Herriot : 20 ans, ça se fête.

Vous pouvez aussi, les deux ne sont pas incompatibles, aller voir le très beau film de Radu Mihaileanu, Le Concert, un flash back sur l'époque Brejnev en Russie qui risque de ne pas plaire à tout le monde. Oh ! Le film n'est pas avare de clichés (les juifs font du trafic, les Tsiganes sont des voleurs, les Russes sont des pochtrons et les Français des gens civilisés mais parfaitement insignifiants. J'oubliais les Arabes, inévitables spécialistes de la danse du ventre) et les clichés font les gags, comme dans Rabbi Jacob, De Funès en moins. Pas besoin de se prendre la tête. On rigole... C'est la première réussite de ce film.

Mais il y a deux superbes acteurs, l'un, Andrei Filipov, chef d'orchestre déchu, aristocrate de la musique, alcoolique, mais intact, joué par Aleksei Guskov et l'autre, la soliste orpheline qui veut retrouver ses parents, Anne Marie Jacquet, magnifique Mélanie Laurent. Tous deux, Andrei Filipov et Anne Marie Jacquet, portent l'émotion (et la crédibilité) du film, servis par un scénario toujours sobres et... l'admirable... Concerto pour violon de Tchaikovsky. Tous deux sont magiques et font la magie du film. Les intellos et autres parisianistes penseront et diront que c'est trop facile. Qu'ils en fassent autant... et qu'ils arrêtent de nous raser avec de minables films à thèse qu'ils font passer pour du "cinéma d'art et d'essai".

Et qu'ils ne se laissent pas entraîner par des passions politiques qui sont bel et bien mortes. Le film nous balade de Moscou à Paris, du Kremlin à la Place du Colonel Fabien et il ne fait pas dans la dentelle. Sans prétention, Radu ne se gêne pas, à travers ce film, pour évoquer les petites horreurs de la période Brejnef, à l'attention d'éventuels "Ostalgiques" et autres mal guéris du communisme. Dans le film, la "foi stalinienne" du Manager (et la manière dont elle se transforme en prière à Dieu, mais oui) a quelque chose d'émouvant dans le décalage. De très juste aussi. Il n'y a aucune diabolisation : le même psychorigide qui, sur ordre, infligera à Andrei Filipov une humiliation publique pour marquer la fin de sa carrière et chasser les musiciens juifs du Bolchoï, sera celui qui organisera le fameux "Concert". Restent les persécutions brejneviennes (en particulier antisémites) et les déportations en Sibérie, toujours d'actualité en... 1981, date où se situe le film. Elles sont montrées crûment, avec ce grand Mensonge communiste qui s'écroulera un certain 9 novembre 1989. Les intellectuels toujours crieront à la caricature ? Mais c'est le régime et ce sont les troupes du communisme à travers le monde (Georges Marchais) qui devenaient des caricatures. Simplement, comme dans le conte d'Andersen, personne ne voulait s'en rendre compte, jusqu'à ce qu'enfin le Mur s'effondre, mettant tout le monde dans la nécessité d'inventer autre chose.

Existe-t-il d'autres Murs de Berlin, qui ne seraient pas encore tombés?

Il me semble qu'à sa manière Benoît XVI, dans l'Eglise catholique,institution souvent opaque, fait tomber un autre Mur, un Mur de silence (Ah Les silencieux de l'Eglise), de propagande unilatérale et de honte (je parle de honte à propos du vandalisme de ces années-là que l'on continue à couvrir en France). De quel Mur s'agit-il exactement ? Nous sommes aujourd'hui au pied du Mur qui entoure ce phénomène historique complexe que l'on a nommé Vatican II. Je ne parle pas d'un texte. Je parle d'un fait. Ils sont têtus, paraît-il et finissent toujours par avoir raison. Il faudra bien qu'un moment on constate que la fameuse repentance pourrait trouver là une occasion de s'exercer.

A ce moment-là... le Mur du silence sera tombé sous les coups d'une grande oubliée que l'on ne fera pas toujours taire : la vérité. Comme disait Soljenitsyne : Une seule goutte de vérité peut changer le monde. Sa goutte à lui a été L'archipel du Goulag. Il faudra bien, pour en guérir, que nous ayons, par le menu, le récit de "la Blessure", qui, plus que tous les textes et que toutes les opinions théologiques, divise encore les catholiques de France. Lorsque les fidèles applaudissent (comme à Marly le Roi), jusque dans les églises, aux mesures de rétorsion qui frappent leur frères traditionalistes, ils montrent une chose : il ne s'agit pas de théologie. il y a eu violence, il y a eu mensonge. Il s'agit 40 ans après de couvrir cette violence et ce mensonge. L'Eglise de France, au plus secret d'elle-même, c'est de cela qu'elle est malade. On le sent bien dans ce qui se passe en ce moment à Lourdes et autour de Lourdes à l'occasion de l'assemblée annuelle des évêques de France. Il faudra bien (et le plus tôt sera le mieux) que repentance se fasse pour que tombe le Mur.

Histoire que les syndics de faillite, qui un peu partout dans l'Eglise de France cherchent à effacer les traces, n'aient pas le dernier mot. Et que nous n'ayons pas... la faillite qu'ils nous programment.

1 commentaire:

  1. Notez qu'il peut y avoir un double mur - les uns sont dehors, ils enferment et continuent à poser brique sur brique. Les autres sont dedans, et construisent aussi leur mur, en négatif de l'autre. Un peu comme ces Cubains que leur pays ne veut surtout pas laisser sortir et que les États-Unis ne veulent surtout pas laisser entrer. Pour vous donner un exemple plus proche du sujet de votre blog: imaginez des traditionalistes auxquels les autorités diocésaines refusent pendant 20 ou 40 ans l'usage antique de la messe - ils en souffrent. Puis les choses changent et le diocèse compte une ou deux ou trois messes en union avec l'évêque. Les traditionalistes (tous les traditionalistes) devraient s'en réjouir. Eh bien non! certains refuseront la messe 'indult'! Ils la refusent mordicus - voyez, je suis comme Monseigneur pourtant, je mets du latin pour leur faire plaisir.

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