Chers amis, notre webmestre, si efficace, me fait des remarques (extrêmement délicates, bien sûr) à propos de mes silences. Je les mérite.
J'aurais voulu aborder avec vous la conférence de mardi dernier sur le rapport entre juifs et chrétiens. Il y a tellement de choses à dire que je ne prétendrais pas vous offrir un résumé exhaustif. Non, juste vous citer une conversation avec une paroissienne, choqué que je puisse vous entretenir si souvent, en ce moment de ce que saint Paul appelle "le mystère d'Israël". Oh! Ce n'était pas une engueulade, rassurez-vous! C'était une question : "M. l'abbé, vous allez dire que nous avons le même Dieu que les Juifs... Enfin de toutes façons, je ne pourrais pas venir à cette conférence, ne m'en veuillez pas". J'imagine le carnet de bal de la jeune femme passionnée qui se tient en face de moi, et je ne relève pas. Je réponds seulement: - Il me semble que le Dieu de l'Ancien Testament est le même que celui du nouveau Testament. Et nous nous séparons, elle, pas convaincue, pensant sans doute que le Dieu Trinité n'est pas le Dieu du monothéisme juif, et moi me demandant ce que j'allais pouvoir trouver pour répondre encore plus directement (et non pas seulement par ma propre autorité) à la question : "Avons-nous le même Dieu que les juifs?"
En préparant la conférence durant l'après midi, je gardais en mémoire cette (toute petite) algarade. Je cherchais... ce que j'allais pouvoir trouver pour être convainquant...
Sachant que Tertullien, le premier théologien latin, adversaire de Marcion et des Marcionites gnostiques, était à ce titre un anti-antisémite, je feuillette la traduction de Genoude en quête de quelque chose... Le Saint Esprit m'a si souvent aidé dans ce genre d'exercice... Et je tombe, dans l'Apologétique (ce livre magnifique), sur le paragraphe 21. Magnifique ! Si profondément théologique. Nous sommes en 190 après Jésus Christ. Le Concile de Nicée qui proclame la divinité du Christ a lieu en 325. Voici ce qu'écrit Tertullien :
"Assurément, loin de rougir de Jésus Christ, nous nous glorifions d'être poursuivis et condamnés pour (Son) nom. Cependant nous n'avons point d'autre Dieu que le Dieu des juifs. Il est nécessaire de nous expliquer sommairement sur le Christ comme Dieu".
Tout est dit en trois lignes : que nous avons le même Dieu que les Juifs mais que ce Dieu, c'est Jésus Christ, car il n'y a qu'un seul Dieu. La doctrine chrétienne est parfaitement établie. Et elle signifie deux choses : oui, les prophéties du Premier Testament permettent de reconnaître en Jésus le Messie ("selon les Écritures"). Non la foi chrétienne n'est pas la foi juive et il est malhonnête et pour les juifs et pour les chrétiens de réduire l'une à l'autre car les Juifs refusent de reconnaître Jésus comme le Messie (ou Christ) et le Christ comme Dieu.
Précisons simplement pour comprendre cette théologie primitive et si juste que les personnes divines (le Père le Fils et le Saint Esprit) ne sont pas trois sujets divins mais un seul. Comme disent les Pères à propos de l'apparition à Abraham devant le chêne de Mambré (Genèse 18) : "Tres vidit, unum adoravit". Il en vit trois, il en adora un seul. Le Dieu qui dit "Je" dans le Buisson ardent (Exode 3, 14) ne s'est pas encore révélé comme trinitaire mais, en Lui, c'est bien la Trinité qui dit Je.
Pourquoi les juifs ne se sont-ils pas convertis si c'est le même Dieu qui dit "Je" en Yahvé et en Jésus Christ ? Je vous recommande de consulter les formules de Pascal cité dans le post signé JBIR (merci de cette belle contribution)... Il fallait que les témoins du Christ fussent impartiaux, il fallait que la victoire du Christ dans le monde ne soit pas une victoire communautariste, ne soit pas seulement la victoire d'un peuple, mais la victoire d'une vérité qui dépasse toutes les communautés et en même temps qui puisse, non les nier, mais les inclure (voir Jean Paul II : Mémoire et identité : c'est la thèse du livre).
J'aurais voulu aborder avec vous la conférence de mardi dernier sur le rapport entre juifs et chrétiens. Il y a tellement de choses à dire que je ne prétendrais pas vous offrir un résumé exhaustif. Non, juste vous citer une conversation avec une paroissienne, choqué que je puisse vous entretenir si souvent, en ce moment de ce que saint Paul appelle "le mystère d'Israël". Oh! Ce n'était pas une engueulade, rassurez-vous! C'était une question : "M. l'abbé, vous allez dire que nous avons le même Dieu que les Juifs... Enfin de toutes façons, je ne pourrais pas venir à cette conférence, ne m'en veuillez pas". J'imagine le carnet de bal de la jeune femme passionnée qui se tient en face de moi, et je ne relève pas. Je réponds seulement: - Il me semble que le Dieu de l'Ancien Testament est le même que celui du nouveau Testament. Et nous nous séparons, elle, pas convaincue, pensant sans doute que le Dieu Trinité n'est pas le Dieu du monothéisme juif, et moi me demandant ce que j'allais pouvoir trouver pour répondre encore plus directement (et non pas seulement par ma propre autorité) à la question : "Avons-nous le même Dieu que les juifs?"
En préparant la conférence durant l'après midi, je gardais en mémoire cette (toute petite) algarade. Je cherchais... ce que j'allais pouvoir trouver pour être convainquant...
Sachant que Tertullien, le premier théologien latin, adversaire de Marcion et des Marcionites gnostiques, était à ce titre un anti-antisémite, je feuillette la traduction de Genoude en quête de quelque chose... Le Saint Esprit m'a si souvent aidé dans ce genre d'exercice... Et je tombe, dans l'Apologétique (ce livre magnifique), sur le paragraphe 21. Magnifique ! Si profondément théologique. Nous sommes en 190 après Jésus Christ. Le Concile de Nicée qui proclame la divinité du Christ a lieu en 325. Voici ce qu'écrit Tertullien :
"Assurément, loin de rougir de Jésus Christ, nous nous glorifions d'être poursuivis et condamnés pour (Son) nom. Cependant nous n'avons point d'autre Dieu que le Dieu des juifs. Il est nécessaire de nous expliquer sommairement sur le Christ comme Dieu".
Tout est dit en trois lignes : que nous avons le même Dieu que les Juifs mais que ce Dieu, c'est Jésus Christ, car il n'y a qu'un seul Dieu. La doctrine chrétienne est parfaitement établie. Et elle signifie deux choses : oui, les prophéties du Premier Testament permettent de reconnaître en Jésus le Messie ("selon les Écritures"). Non la foi chrétienne n'est pas la foi juive et il est malhonnête et pour les juifs et pour les chrétiens de réduire l'une à l'autre car les Juifs refusent de reconnaître Jésus comme le Messie (ou Christ) et le Christ comme Dieu.
Précisons simplement pour comprendre cette théologie primitive et si juste que les personnes divines (le Père le Fils et le Saint Esprit) ne sont pas trois sujets divins mais un seul. Comme disent les Pères à propos de l'apparition à Abraham devant le chêne de Mambré (Genèse 18) : "Tres vidit, unum adoravit". Il en vit trois, il en adora un seul. Le Dieu qui dit "Je" dans le Buisson ardent (Exode 3, 14) ne s'est pas encore révélé comme trinitaire mais, en Lui, c'est bien la Trinité qui dit Je.
Pourquoi les juifs ne se sont-ils pas convertis si c'est le même Dieu qui dit "Je" en Yahvé et en Jésus Christ ? Je vous recommande de consulter les formules de Pascal cité dans le post signé JBIR (merci de cette belle contribution)... Il fallait que les témoins du Christ fussent impartiaux, il fallait que la victoire du Christ dans le monde ne soit pas une victoire communautariste, ne soit pas seulement la victoire d'un peuple, mais la victoire d'une vérité qui dépasse toutes les communautés et en même temps qui puisse, non les nier, mais les inclure (voir Jean Paul II : Mémoire et identité : c'est la thèse du livre).
Que signifie "nous", que signifie "les juifs", que signifie "avoir", que signifie "même" ?
RépondreSupprimerTous les hommes ont un seul Dieu, qu'ils le reconnaissent ou pas.
Après, la Croix a apporté aux hommes une connaissance bien plus parfaite de Dieu ("celui qui connait la Croix connait tout"). Certaines personnes réfutent ces nouvelles informations essentielles sur Dieu.
Deux frères on un père dont ils ne connaissent que la voix au téléphone. Un jour le père revient et se présente à eux en chair et en os. Un des frères le reconnait comme son père, l'autre le considère comme un imposteur. Les deux frères continuent à avoir le même père, de fait ! mais l'un des deux le refuse.
Le problème se pose donc dans ces termes: tout le monde a le même Dieu, mais certains le refusent parce qu'ils s'en font une idée qui n'est pas la même que ceux qui l'acceptent.
"Que signifie 'nous'...?"
RépondreSupprimerJe dirais même plus: que signifie "signifier" ?
Que signifie "que" ?
Que signifie "?" ?
Sans être expert en théologie je dirais plutôt que nous avons le meme Dieu que les Israelites de l'Ancient Testament mais que le dieu du judaisme depuis le schisme entre les chrétiens le reste du judaisme n'est plus le même.
RépondreSupprimerJe crois que cela s'est produit en 95 après JC au cours d'un concile au terme duquel les chrétiens ont été interdits de synagogue.
Ou bien le X est Dieu ou bien c'est un imposteur qui se prend pour tel.
Sauf à être un expert en motion de synthèse du parti socialiste, il est difficle de trouver un moyen terme entre ces deux propositions.
Et voilà, c'est parti, même sous votre "plume"... C'est toujours une bonne femme, une paroissienne bien pensante, bavarde, bornée, porteuse de propos ridicules, désuets, sectaires, qui va vous servir de tête de pont... Elles sont en jupes, comment pourraient-elles penser ?
RépondreSupprimerComment des bavardages de fanfreluches, de cuisine, d'enfants peuvent-ils être pires que des bavardages de voitures, de foot, de carrière et d'argent, de conquêtes féminines voire de fesses ? Pauvres bonnes femmes, et heureux prétexte pour toutes les homélies...
Mais vous, Monsieur l'Abbé, vous... Vous qui êtes différent, si ouvert et intelligent, emboîter le pas à cette longue tradition de misogynie! Vous vous êtes débarrassé de bien des attitudes politiquement correctes, laissez tomber celle-ci !
Bien que femme, j'ai aussi une vie professionnelle, un cerveau qui fonctionne et je suis une grande admiratrice de Yechayahou Leibovitz. Vous aviez parlé de son livre, je crois "Devant Dieu", avez-vous lu le plus ancien : "Israël et judaïsme. Ma part de vérité" (1993) ?
Je lis toutes les semaines le journal israélien "Haaretz" et j'ai une grande tendresse pour Israël, mais voyez-vous, ce qui m'arrête le plus c'est la circoncision...Vous allez rire, car je ne suis qu'une bonne femme, mais imposer ainsi une identité, une référence existentielle en dehors de toute participation de l'individu, me paraît une atteinte inacceptable à la liberté. Obliger à faire partie d'une lignée et le marquer d'un sceau indélébile n'est pas supportable. Nous sommes avant tout des individus, chaque brebis reconnue personnellement par le pasteur, mais pas des pièces dans une lignée...
Avec tout le respect que je vous dois et toute l'admiration pour l'heureux mariage de l'intelligence et de la spiritualité,
Ludmilla
Faisons l'homme à notre image..(Genèse 1:26).
RépondreSupprimerL'Homme est devenu comme l'un de nous..
Empêchons-le..etc..(Genèse 3:22).
Le pluriel est employé. Déjà la Trinité sans que nous le sachions parle dans l'A T.
Eh oui Dupondt, c'est long mais il est devenu nécessaire de définir laborieusement les termes que l'on emploie, dans la mélasse relativiste ambiante.
RépondreSupprimerUn sondage récent disait que 52% des catholiques croient en Dieu, sans que ça gêne grand monde. On va aller loin comme ça... "mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde" (Camus?)
Certes, Ludmilla, mais il faut bien reconnaître que la plupart des remarques et questions proférées par des femmes, notamment dans le cadre des conférences du mardi, sont assez nigaudes, voire particulièrement affligeantes. Je peux me permettre de le dire, étant moi-même une femme. J'avoue que certaines interventions de mes semblables me donnent envie de disparaître sous terre, tant j'ai honte pour elles. J'ai alors des élans de compréhension envers les plus misogynes de nos mâles catholiques!
RépondreSupprimerD'autre part, cela se saurait si l'Abbé de Tanoüarn était misogyne!
Monsieur l'abbé,
RépondreSupprimerLa question juive semble avoir de plus en plus d'importance pour vous. Je viens de visionner une vidéo you tube de vous en one man show où vous revenez sur Mgr Williamson et affirmez que plusieurs prêtres de la FSSPX ont les mêmes idées que lui sur la shoah et qu'il faudra bien un jour séparer le bon grain de l'ivraie. Je dois vous avouer que, ancien abonné de Certitudes, et lecteur régulier de quelques revues où vous avez encore tribune libre, je n'avais auparavant détecté chez vous aucun goût particulier pour ce type de croisade. Avez-vous aujourd'hui des motivations particulières?
Cher Mingdi, dans cette vidéo l’abbé de Tanoüarn ne fait pas de show, il répond à quelques questions de «LeLocuteur». Il dit notamment, et c’est le début de la vidéo: «Je crois que les idées de Mgr Williamson lui sont très personnelles. Que cela corresponde à quelques prêtres, sur les 500 prêtres de la Fraternité Saint Pie X, quelques unités… c’est possible. Et ce sera l’occasion, je dirais, pour les uns et les autres, de choisir.»
RépondreSupprimerL’abbé dit (je répète) que les idées de Mgr Williamson lui sont «très personnelles», qu’elles ne correspondent pas aux 500 prêtres de la FSSPX, à l'éventuelle exception de «quelques unités», lesquelles devront choisir. C’est ce qu’a fait l’abbé Abrahamowicz.
Mais peut-être quelque lecteur aura-t-il des doutes? De Mingdi ou du webmestre, lequel entend mal l’abbé qui cause? Lecteur, si c’est ton cas, la vidéo est sur Youtube, va-z-y voir par toi-même.
youtube.com/watch?v=tFEr59Y8P10
Merci, M. l'abbé, de ce post assez essentiel !
RépondreSupprimerOù l'on s'aperçoit que certains tradis, n'ayant pas le même Dieu que les Juifs, ne doivent sans doute pas avoir le même Dieu que les autres catholiques !...
Il faudrait donc que vous approfondissiez ce dossier car là repose une bonne part du refus par certains de quelques éléments clés de Vatican II ! On peut sans doute se poser la même question sur les Musulmans : le Dieu qu'ils reconnaissent est-il le même que celui des Juifs... et des Chrétiens ?
Par ailleurs j'ai adoré le truisme balancé par le premier anonyme des commentaires ! Selon lequel nous avons tous le même Dieu (au sens où son existence est réelle, en dehors de nous et ne dépend pas de notre acceptation ! mais sans doute cette évidence devait-elle être rappelé dans notre milieu maurrassien et donc positiviste ;-) -humour, hein- )
Donc il est évident que tous les hommes ont le même Dieu. Il est immanent, donc transcendant pour tous, quelque soit le niveau de conscience de chacun ! Mais comme ce n'est pas ce que se contente de dire Vatican II ni Tertullien, il faudrait sans doute que vous précisiez en quoi les juifs (et sans doute les Musulmans) reconnaissent et adorent le seul vrai Dieu...
Ensuite, il faudrait distinguer la reconnaissance et l'adoration d'avec la foi qui implique un effort de l'humilité et l'acceptation de la Révélation... En quoi certains peuvent adorer Dieu sans la foi et en quoi d'autres l'adorent dans la Révélation acceptée... (c'est le Christ qui fait toute la différence, dit Tertullien mais vous n'avez pas développé et ça manque)
Enfin, il faudrait certainement préciser en quoi cette adoration sans la foi n'est pas agréable à Dieu, au for externe et dans le culte public... Mais peut sans doute comporter des éléments au for interne suscités par l'Amour et répondant à l'Amour...
Et ainsi, on aura peut-être bien entamé la question que Vatican II a voulu aborder dans Lumen gentium, non ?
Il n'y a qu'un seul Dieu, il est évident que c'est LE DIEU de toute l'humanité. Par contre, comment les uns et les autres lui rendent un culte, est une question de nos différences.
RépondreSupprimerC'est comme les cadeaux de Noël que recevrait la personne que nous vénérons tous (en tout cas nombreux : + de 3 mld sans doute, plus si l'on compte les religions primitives): les uns apporteront ceci, les autres cela; les cadeaux seront différents, plairont certes plus ou moins, mais la joie sera surtout (pour nous) de donner, et pour Dieu (nommons-Le) d'en recevoir.
N'est-ce pas l'intention d'une action qui fait foi lors de l'examen de conscience ?
On peut agir parfaitement, moins parfaitement, imparfaitement...., mais si l'on part du même principe : reconnaître et adorer le Créateur, les différences entre nos "misérables" tentatives de pauvres créatures d'honorer une Transcendance seront vraiment à la marge.
fourvoyés vous êtes par l'église catholique
RépondreSupprimeret les religions monothéïstes qui gardent bien caché le secret de la doctrine. Que ceux qui peuvent comprendre, comprennent ! Ils ont voilé le sens de la Bible et transformés, voire supprimer certains passages...pour le pouvoir ! Alors au delà des mots inutiles, cherchez ce qui est juste et évitez d'avoir raison. Cela n'apporte rien à personne d'avoir raison !