mardi 23 février 2010

L'occasion fait le larron...

Dimanche dernier, à 18 H au Centre Saint Paul, j'ai commencé une série de six conférences de Carême sur Vatican II. Je n'aurais pas osé toucher moi même à ce grave sujet, mais le fait qu'à Notre Dame de Paris, Vatican II est aussi le sujet choisi par le cardinal Vingt-Trois pour l'édification des Parisiens m'a semblé providentiel. Il est important de ne pas agiter Vatican II comme un drapeau, mais d'en faire un véritable objet d'études, ce qui requiert une connaissance du contexte historique et des différentes interprétations qui ont fleuri immédiatement après le Concile.

C'est la première fois depuis la création de l'Institut du Bon Pasteur que se développe un projet d'envergure concernant la "critique constructive" du Concile Vatican II. Il y a eu des conférences isolées sur le Concile (j'en ai personnellement donné plusieurs), il y a eu aussi des débats ou des invités développant un point de vue qui n'était pas forcément le nôtre avec beaucoup de courtoisie (je pense, ces derniers mardi au Père Gitton, qui nous a fait l'amitié de venir exposer sa vision des choses et je pense au Père Benoît Lobet, professeur à Louvain la neuve, qui nous a fait, la semaine de Noël, un commentaire sur la parole de Dieu d'après Vatican II).

Mais pour un texte de 2000 pages, qui touche à presque tous les sujets de la théologie et de l'anthropologie chrétienne, une conférence ou un débat, si bien posé soit-il, c'est une goutte d'eau dans la mer. Cette fois, je propose un programme complet, avec dès dimanche prochain, conformément à l'ordre choisi par la Cathédrale Notre-Dame,une réflexion sur Dei Verbum et l'accès à la Parole de Dieu. Je signale qu'être chrétien, selon la Parabole bien connue, c'est justement "recevoir la parole dans un cœur bon et excellent" pour qu'elle produise "cent pour un".

Comment pouvons nous accéder concrètement à la Parole de Dieu ? Est-ce réservé aux spécialistes ? Faut-il se contenter des petites brochures de vulgarisation, facilement accessible dans le commerce ? Le temps du Carême qui met tant de textes sous nos yeux dans une liturgie quotidienne extrêmement riche, est le temps où nous devons nous poser ce genre de questions.

Je rappelle que, durant le Carême, il y a trois manières d'être opérationnel : faire pénitence (essentiellement sur l'alimentation), faire des bonnes œuvres et intensifier sa vie spirituelle.

N'oublions pas les bonnes œuvres, l'attention aux autres. Qu'est-ce que les bonnes œuvres ? Il ne s'agit pas seulement de donner aux œuvres (encore que... je ne peux pas refuser ce genre de don) mais il s'agit de prendre du temps pour les autres, de régler tel ou tel problème pendant avec telle ou telle personne, de se réconcilier s'il le faut ou d'essayer de se réconcilier avec ceux dont nous sommes séparés par un malentendu ou une offense... La morale n'est pas seulement une série d'interdits purement négatifs. Elle comporte aussi et surtout toutes les bonnes actions et ce que j'appellerai une vraie passion pour le bien possible.

Revenons à la vie spirituelle. Vous habitez trop loin d'un lieu de messe commode ? Vous n'avez pas le temps d'aller un peu à la messe en semaine ? Vous pouvez toujours prendre votre missel et lire l'épître et l'Evangile qui changent chaque jour dans la forme extraordinaire de la liturgie romaine. Laissez votre missel sur votre table de chevet et méditez la parole de Dieu. Pas besoin de tout lire ! On n'est pas dans la performance, mais dans ce que Milan Kundera, qui ne pensait pas à cela, appelle joliment : la lenteur. Attention et intensité vont de pair et ils se rencontrent dans la lenteur pour former la prière du coeur.

Mais peut-on accéder directement à l'Écriture ? Que dit Vatican II ? Quelle est la pratique traditionnelle de l'Église ? Nous aborderons dimanche prochain la question du rapport entre Écriture sainte et Tradition et je tâcherai de proposer une interprétation cajétanienne de ce pont aux ânes de la théologie fondamentale.

En attendant, je mettrai très vite en ligne au moins la première conférence, parce qu'elle se présente comme une sorte de discours de la méthode, puisé dans les interventions du pape Benoît XVI, pour une critique constructive du Concile. Ce Concile foncièrement historique a déjà une historicité qu'il s'agit de dépasser le plus vite possible, pour aller à l'essentiel : le dialogue nécessaire entre une modernité qui se remet elle-même en question, depuis Auschwitz et Hiroshima, et une Église qui se ressaisit vaille que vaille des certitudes surnaturelles qui la construisent chaque jour.

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