lundi 22 février 2010

La burqa aujourd’hui, la soutane demain

Il y a 20 ans l’ennemi des laïcards c’était le cureton. L’islam bénéficiait alors de certaines sympathies dues à sa position de challenger du christianisme. Mais voilà: chute de la pratique et chute des vocations, les bouffeurs de curés ont compris que s’ils ne voulaient pas mourir de faim, il leur fallait trouver d’autres plats. Depuis quelques temps c’est le musulman qui les régale. Je cite en vrac:

Femmes en voile plus ou moins intégral que l’on menace de pondre une loi, 750€ d’amende la première fois qu’on les choppe - combien le lendemain en cas de récidive? Action en justice contre une candidate aux régionales: elle porte son foulard sur la tête. Critère surprenant d’un sinistre qui trouve bien d’avoir un maghrébin dans son parti puisqu’«il est français: il mange du cochon». Tout y passe - jusqu’au courageux Zemmour qui reproche à Rachida Dati de ne pas avoir donné à sa fille un prénom français (elle l’a appelée Solal). Dernier truc en date: haro sur Quick, ce fleuron de l’art de vivre français, qui sert de la viande halal dans 4 établissements: le maire socialiste de Roubaix porte plainte pour ‘discrimination’.

Tant qu’il s’agissait de pauvres bougres vivant dans un foyer sonacotra, ça passait. Tant qu’il s’agissait de kebabs plus ou moins ‘ethniques’ ça passait. Tant que ça se situait dans des banlieues éloignées... Mais voilà que «ça» se rapproche. Que des musulmanes (avec ou sans fichu) sont juristes, infirmières ou comptables. Que les familles musulmanes achètent leur viande au supermarché (celui où tu vas toi aussi faire tes courses). Que la beurgoisie s’installe en Centre-Ville. Que Samira n’est plus (forcément) le prénom de l’élève ou de la femme de ménage, mais de l’enseignante ou de la responsable d'agence. Bref: que les maghrébins prennent leur place dans la société.

Tu me diras: et alors? qu’on fasse la peau aux maghrébins, qu’est-ce que cela a à voir avec ‘toi’? je te réponds sur trois plans. Politique d’abord. Souvent tu es comme moi, attaché à la communauté nationale, il ne t’aura pas échappé que nous ne sommes plus tous gaulois en France. Que sont notamment arrivés des maghrébins musulmans. Ils s’intègrent (si, si!) peu à peu, avec un peu de casse, mais tout de même, et c’est tant mieux. En leur mettant (virtuellement s’entend) des baffes, va-t-on les faire partir? Non. On va les radicaliser, on va perdre 10 ou 20 ans dans le processus de leur intégration à la nation.

Deuxièmement, humain. Louis de Funès, gendarme de St Tropez, courait après les nudistes. Une grosse génération après, nous enverrions nos pandores après les femmes trop vêtues? Un peu d’humanité et si ce n’est pour elles, que ce soit pour nous: ne nous inflige pas ce ridicule.

Religieux enfin. Vois sur le site de l’Assemblé Nationale la proposition de résolution «réaffirmant la prééminence des valeurs républicaines», par «messieurs Éric Raoult et André Gérin». (De toi à moi, rien que ça...) En son point n°7 elle stipule que «la liberté de conscience ne peut s’exercer que dans le respect du principe de laïcité». Ce n’est pas le culte qu’il s’agit d’encadrer, mais la conscience. Ce n’est pas ce que tu fais, c’est ce que tu penses, même tout bas et en secret. Pourquoi pas au fond, puisque le point n°1 explique de quoi il en retourne: «les valeurs républicaines…s’opposent à toutes les formes d’intégrisme». Ne te trompe pas, lecteur traditionaliste! Si tu laisses passer maintenant, tu n'arrêteras rien plus tard. La burqa aujourd’hui, la soutane demain, après-demain le fichu mais aussi ta médaille.

6 commentaires:

  1. Merci à l'anonyme de 01:50 qui me signale l'arrêté du 10 septembre 1900, par lequel le maire du Kremlin-Bicêtre interdit le port de la soutane sur le territoire de sa commune. Je mets cet arrêté en illustration, dans l'article.

    RépondreSupprimer
  2. J'avoue, et c'est rare, que je ne partage pas du tout votre point de vue, Monsieur l'Abbé.
    D'abord, la fille de Rachida Dati s'appelle Zorah ! Ce qui est loin d'être un prénom français. Pour une française, car je suppose bien qu'elle l'est, cela la fiche mal !
    Ensuite, le problème de la burka, hormis le fait que ce soit une provocation et une visibilité agressive d'un islam extrémiste, c'est l'identification des femmes la portant (au sortir des écoles etc...), le statut de la femme et l'on sait bien que l'islam n'est pas tendre avec elles.
    Personne n'a jamais parlé d'obliger les imams a porter le short ou le complet cravate ! Ils portent un habit traditionnel et personne ne remet cela en cause. La soutane ne risque rien, vous êtes identifiables, nous ne craignons pas votre asservissement, et nous ne doutons pas de votre liberté.
    En ce qui concerne l'intégration de ces jeunes, retardons la un maximum, et nous verrons ce qui se passe. Le jour où ils seront fiers d'être français, "le jour où ils aimeront notre pays ainsi que notre race et notre Europe, ils respecteront notre culture, notre histoire et notre religion. Ils aimeront notre héritage de valeurs, de traditions, ils respecteront leurs droits, l'ordre et la loi "(ce n'est pas de moi, je laisse les amateurs de RIF trouver de qui cela peut être) Ce jour-là, je vous rejoindrai.
    Bien amicalement
    Karine

    RépondreSupprimer
  3. je ne partage pas du tout votre point de vue, Monsieur l'Abbé

    --> C'est moi (le webmestre) qui ai écrit ce texte, et non l'abbé de Tanoüarn.

    D'abord, la fille de Rachida Dati s'appelle Zorah!

    --> Dont acte. Effectivement, j'ai cherché en vain sur internet à retrouver Zemmour s'énervant contre 'Solal'.

    le problème de la burka ... c'est l'identification des femmes la portant (au sortir des écoles etc...), le statut de la femme...

    --> Je ne le pense pas. Je pense qu'au travers de la burqa (ou du minaret en Suisse) c'est la présence musulmane qui est visée. Ensuite, effectivement, on trouve toujours une raison (hygiéniste, sécuritaire), qu'il s'agisse d'interdire aux Chinois de porter une tresse (Californie, XIXe siècle), de fermer les séminaires (Russie, XXe siècle), ou pour empêcher la burqa (France, XXIe siècle?)

    En ce qui concerne l'intégration de ces jeunes, retardons la un maximum, et nous verrons ce qui se passe. Le jour où ils seront fiers d'être français...

    --> Bon, ce n'est pas ce qui est en jeu. L'État a "défini" l'identité française: laïque et républicaine. Il tente maintenant de la rendre obligatoire. Ne nous prêtons pas à cette vilainie, pour deux raisons: d'abord parce que c'est vilain, ensuite parce que nous passerons nous aussi au ratiboiseur.

    RépondreSupprimer
  4. Lesmusulmans vont ils nous aider à remettre en cause la la*îcité dans notre pays?

    RépondreSupprimer
  5. De toutes façons il n'y aura pas de loi car la CEDH vient de condamner la Turquie qui interdisait - à la suite de vielles lois datant de Kémal Ataturk - le port de vêtements religieux (musulmans)sur la voie publique. Et c'est tant mieux.
    L'Etat n'a pas à me dire comment je dois me vétir du moment que je porte une tenue décente et que je n'usurpe pas les signes de l'autorité publique.
    On peut dire tout ce qu'on veut de la burqua mais ce n'est certainement pas un vêtement indécent. Alors qu'il y aurait beaucoup à dire sur la tenue des jeunes filles "gauloises" bien de chez nous, notamment l'été sur les plages. Les musulmans se gaussent de nous et ils ont bien raison.
    Entre le string et la Burqua il doit bien y avoir un juste milieu.
    Par contre le législateur pourrait interdire certaines publicités quasiment pornographiques qui avilissent la femme, de la meme façon que l'on a prohibé la publicité sur l'alcool ou le tabac.

    RépondreSupprimer
  6. Voici le lien avec l'arrêt de la CEDH du 23 février dernier :

    http://cmiskp.echr.coe.int/tkp197/view.asp?item=1&portal=hbkm&action=html&highlight=41135/98&sessionid=48051495&skin=hudoc-fr

    auquel je faisais allusion plus haut.

    RépondreSupprimer