A mesure que la conjoncture sociétale de notre pays semble annoncer chaque mois plus précisément la menace d'une guerre civile — les récents événements qui ont secoué la semaine passée la ville de Grenoble nous le murmurent clairement —, il est nécessaire d'envisager la situation spirituelle dans laquelle vont se retrouver les catholiques, puisque rien à l'horizon ne présage d'un changement bénéfique en matière de météorologie politique. Certes, il est toujours possible de rêver au grand soir, d'imaginer le redressement soudain de la France et le retour d'un roi Très-chrétien. Mais si l'espérance est aussi une vertu politique, l'aveuglement devant la réalité et les faits bruts, tels qu'ils se manifestent et d'une certaine manière tels qu'ils nous parlent, la retourne facilement en péché et expose les victoires qu'on attendait aux désillusions de la défaite. Or que nous laissent deviner ces faits ? Que le temps de l'empire est révolu, qu'après la Grèce et Rome, l'Occident à son tour, malade de trop de maladies fatales, approche de son terme, et que s'il a vécu gigantesque et grandiose plus d'un millénaire, il est probable, comme son nom nous le suggère, que son soleil connaisse dans ce siècle son couchant.
Ainsi, à l'apocalypse d'une civilisation, s'il est du devoir de chaque chrétien de s'engager malgré tout dans la cité, en tant que chrétien, il lui importe aussi de savoir que son christianisme ne sera jamais éprouvé selon les règles de la sphère politique, par nature dépendante d'un lieu et d'une heure, mais avant tout selon l'épreuve de la foi même, au-delà des cultures et des nations où elle s'enracine cependant. Sous cet angle, la politique se mue en impératif ancillaire au regard des bouleversements qui nous attendent et qui depuis longtemps maintenant préparent leur avènement. Car, plus qu'une crise politique, éventuellement meurtrière, c'est une transformation métaphysique et le dépôt de l'Occident, tel que nous le connaissions, c'est-à-dire comme le lieu d'émergence de la civilisation chrétienne, qui s'amorce et auquel nous devrons faire face. Or, ce face à face n'opposera pas une politique à une autre mais la politique pure, dont l'athéisme fanatique et l'Islam radical sont les manifestations les plus symptomatiques, à cette religion de l'Incarnation qui régna jadis ici, et qu'il nous faudra retrouver, d'un point de vue personnel, d'abord en nous, avant de vouloir l'ériger en loi... Bien sûr, nulle chose n'est fixe, ni jouée une fois pour toute, et la raison elle-même nous apprend que le miracle est possible, mais le cas échéant, ce ne sont pas les catacombes que nous devrons craindre, c'est le grand air d'une civilisation où nous n'aurions plus place, où nous ne témoignerions plus... Il est des défaites préférables à certaines victoires...
Autrement dit, la menace, à présent, est moins celle de la fin prévisible de la France, de l'Europe, de l'Occident, ou que sais-je encore, que la survivance fantomatique d'un continent qui ne connaîtrait plus rien d'autre que la politique seule... car en fin de compte, cela voudrait simplement dire que l'Occident aurait existé en vain et que son génie, qui lui a fait distinguer le théologique du politique, demeure lettre morte. Aussi, ce ne sont pas aux Catholiques de rejoindre le jeu du politique, mais, bien au contraire, à eux de s'en extraire au maximum pour préserver la foi de ses miasmes, sans qu'il ne soit pour autant interdit de s'y engager en tant qu'animal politique, pour reprendre Aristote, tout en refusant de s'y perdre comme créature de Dieu, et sachant que le Christ n'a pas réclamé des soldats mais des disciples. C'est dans ces conditions aux Chrétiens, plus qu'à quiconque, qu'il appartiendra de marquer nette la distance, en rejetant les chimères de l'engagement théologico-guerrier, pour signifier que décidément non, « le Royaume n'est pas de ce monde ! », que la foi relève d'un ordre que la politique ne comprend pas, et que si les sociétés s'écroulent et meurent, Dieu, Lui, nous guide toujours. Bref, de « rendre à César ce qui appartient à César... » et par là aussi peut-être sauver l'idée même de politique. Descendre cette idée du trône où nous risquons de la consacrer idole en la vénérant mieux que le Christ Lui-même, pour paradoxalement lui redonner ses lettres de noblesses... tel est l'enjeu que nous, Catholiques, devant la réduction au politique seul, symbole des époques de catastrophes, arguant qu'il peut nous servir, nous nous devrons de remporter...
Rémi Lélian
Bravo magnifique texte...
RépondreSupprimerPar contre pour ce qui concerne la fin de l'occident je pense que c'est pas pour maintenant...
Quoique...
Tout dépend du facteur économique...
Espérons que l'axe américano-atlanto-sioniste n'entre pas en guerre contre l'Iran ça pourrait partir en 3ème guerre mondiale...
Enfin bon personne ne lit l'avenir...
Sauf peut être Nostradamus qui prévoit une 3 ème guerre mondiale entre l'orient et l'occident avec la Chine et la Russie en bonus puis un retour d'un roi très chrétien...
http://nostradamus.nostradamia.com/1cGrandConflit/Default.php
Très beau texte qui incite à faire vivre notre foi dans ces temps de tribulations et à rendre à Dieu ce qui est à Die, et non de se fixer sur un jeu politique biaisé parce qu’il ne prend pas en compte la dimension spirituelle. Rendre à César ce qui est à César n’est donc pas abandonner le politique, à sa course folle, c’est aussi demander à César de tenir compte de ce qui est à Dieu.
RépondreSupprimerPouvons nous dire qu’en France le régime rend son encre noire vieille de plus de deux siècles et que plus personne n’y voit clair comme avant le 18 brumaire, et que nous ne devons pas nous embarquer dans une fuite en avant du même type que Napoléon qui a tend contribué à cette « montée aux extrêmes. » analysée par Girard (dans son dernier livre « achever Clausewitz,) dont nous récoltons les fruits aujourd’hui .
Par ailleurs l’athéisme et l’Islam fanatique sont entrés dans une phase aigue de « montée aux extrêmes «, et on peut se demander si cet Islam n’est pas en fait un athéisme colorié, où la relation à Dieu est encore plus refoulée, plus combattue que dans l’athéisme militant, qui dans sa rage destructrice a encore besoin de Dieu, pour exister !
Maintenant en tant que chrétiens, faire vivre notre foi, en s’extrayant du monde , ne nous dispense pas d’exorciser cette grande peur qui se diffuse en période trouble, que l’on retrouve dans les destructeurs en tout ordre et de tout ordre, qui pousse les fanatismes, de proposer des médiations à visages humains, de chercher inlassablement ce qui fonde un pouvoir légitime, qui en durée permet la reconstruction, comme elle a eu lieu sous la Restauration et dans toutes es les périodes de paix, bref notre rôle n’est pas d e hâter l’apocalypse , qui réfléchissons a déjà eu lieu depuis les Lumières, la Kolyma, la Shoah, Verdun , la Terreur, ( et la guerre de Trente ans et la guerre de Cent ans ?) Mais pensons aussi à ceux qui inlassablement ont tenté de reconstruire. Comme dirait l’historien oublié, Guigliemo Ferrero, trouvons nous un Talleyrand qui au péril de sa vie a sauvé l’Europe de des convulsions, restaurant la légitimité, et faisant la leçon au Tsar en 1814
Ni vous Sire, ni les puissances alliées, ni moi, à qui vous croyez quelque influence, aucun de nous ne peut donner un Roi à la France. Pour établir une chose de durable et qui soit il fut agir d’après un principe. Avec un principe nous sommes forts ; nous ne trouverons aucune résistance ; les oppositions, en tous cas s’effaceront en peu de temps ; et un principe il n’y en a qu’un : Louis XVIII est un principe, c’est le roi légitime de la France.
Ne nous abandonnons pas à la grande peur, ni pour « la foi qui relève d’un ordre que le politique ne comprend pas, ni pour le politique, qui a besoin d’être aussi éclairé.
Le christianisme ne se dissout pas dans l'Occident ("qui, comme l'expression l'indique à l'origine, connaîtra son couchant") et ce n'est pas "la civilisation chrétienne" qui a les promesses de la vie éternelle, mais l'Eglise. Je serais même enclin à croire que la notion même de "civilisation" est profondément antagonique avec le christianisme et pas seulement parce que les civilisations sont mortelles, mais parce que la civilisation implique une division induite. Par "la civilisation", s'instaure d'emblée un climat où l'autre n'est plus nottre prochain, mais notre adverrsaire. La civilisation ne saurait subsister sans avaliser une logique guerrière qui est peut-être dans la nature humaine, comme se plaît à le répéter l'Islam, mais que la grâce doit nous faire repousser. Un psaume dit en substance dans l'un de ses versets:
RépondreSupprimer"Dieu chasse la guerre jusqu'au bout du monde". C'est une parole aussi profonde que celle-ci:
"La mort (le shéol) ne peut Te rendre grâces.
J. WEINZAEPFLEN