vendredi 5 août 2011

Ecole traditionaliste sous contrat: à partir de 40 euros par mois

Très intéressant article sur le site de la FSSP au Québec: l’abbé Loddé y annonce son retour en France, il succède à un laïc, Yann de Caqueray, à la direction de L’Espérance. L’Espérance est un établissement catholique traditionnel vendéen, qui accueille des élèves de 6 à 18 ans – dont la plupart en internat. Sa particularité est d’être sous contrat. L’avantage, explique l’abbé Loddé, est que «les professeurs sont payés par la République française, ce qui évite aux familles de se ruiner». De fait: la demi-pension y est de 40 euros par mois – une somme symbolique comparée à ce que demandent les autres établissements du même type, mais hors contrat.

L'inconvénient est que l’école n’est pas «totalement libre dans le choix des professeurs et des programmes». Entendons-nous bien: une école sous contrat n’est jamais tenue d’embaucher une personne dont elle ne voudrait pas - cependant ses professeurs doivent avoir certains diplômes. Les programmes maintenant: L’abbé Loddé déplore: «Nous sommes parfois obligés d’enseigner des contre-vérités» mais affirme aussitôt pouvoir «rectifier» - pour le plus grand profit des élèves: «un jour ou l’autre ils entendront des idées contraires aux leurs : autant que ce soit des gens bien informés qui leur expliquent et leur disent tout de suite le danger de certaines idéologies».

Il y a sans doute là un exemple à étudier, une expérience à partager, pour permettre aux établissements traditionalistes de s'ouvrir au plus grand nombre de familles.

MAJ
  • On me signale l'inquiétude d'une dame quant au recrutement des enseignants. Elle croit savoir que: "sous contrat [et] lorsqu'il n'y a pas le choix, le directeur est tenu d'engager le professeur qui se présente avec les diplômes requis, qu'il soit agnostique ou musulman". Je répète qu'une école n'est jamais obligée de recruter quelqu’un dont elle ne veut pas. En l'absence de candidats satisfaisants, elle peut renoncer à une nouvelle embauche - notez que les écoles hors contrats sont exactement dans le même cas... et connaissent les mêmes difficultés de recrutement.
  • Les diocèses n'ont pas le monopole de l'enseignement catholique sous contrat. Les normes qu'ils posent ne concernent que les établissements qui relèvent d'eux. Des écoles existent qui dépendent directement de congrégations. Dans le cas présent, l'école dépendra directement de la FSSP.

16 commentaires:

  1. Jean-Paul MESTRALLET5 août 2011 à 16:45

    Pour négocier le contrat avec l'Éducation Nationale, cette école avait un atout: le Président de son Association d'Éducation Populaire était et reste le Maire de la commune, à ma connaissances "sans étiquette" politique, même, à ma souvenance, sans étiquette religieuse non plus. "Les fondateurs de cette école ne savaient pas que c"était impossible, alors ils l'ont fait!"

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  2. je rebondis sur ce que dit Jean Pierre: 100% des personnes qui n'ont pas essayé n'ont pas réussi

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  3. Depuis le début les écoles hors contrat se justifient: ON NE PEUT PAS FAIRE AUTREMENT. Cette école montre qui si: on peut faire autrement. Merci à Marie-Pierre de nous le signaler.

    Par ailleurs:
    moins cher = plus de familles
    plus de familles = plus d'établissements
    plus d'établissements = plus près de chez vous

    c'est un cercle vertueux qui s’enclenchera un jour

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  4. Ne faites pas la naïve! c'est bien pire que ça: en laissant entendre qu'une école 100% catholique (L'Espérance pour ne pas la nommer) peut être sous-contrat, vous suggérez la réciproque: c'est à dire que parmi les écoles sous contrat, certaines seraient catholique!

    Bref, vous laissez entendre qu'il y aurait une alternative à nos chères, nos si chères écoles hors contrat. Vous n'allez pas vous faire que des amis, je vous préviens.

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  5. "L'inconvénient est que l’école n’est pas «totalement libre dans le choix des professeurs et des programmes». Entendons-nous bien: une école sous contrat n’est jamais tenue d’embaucher une personne dont elle ne voudrait pas - cependant ses professeurs doivent avoir certains diplômes."

    Je suis Catholique "tradi", titulaire d'un D.E.A., et j'ai envoyé ma candidature à l'Espérance pour y enseigner.
    Je n'ai à ce jour reçu AUCUNE réponse.
    Je suis donc condamnée à rester contractuelle dans le public, alors pourtant que j'aurais préféré enseigner dans un milieu plus sain.

    Quel dommage, et quel gâchis !

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  6. La réaction de Marie, juste ci-dessus, est édifiante...

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  7. @Marie - Imaginons que je sois comptable municipal, qu'en allant travailler chaque matin je passe devant un concessionnaire automobile. Imaginons que mon poste me déplaisant, j'envoie une lettre au concessionnaire pour proposer mes services. Imaginons qu'il ne donne pas suite car c'eut été un hasard bien extraordinaire qu'il recherche justement, à l'instant "T", une personne ayant ma spécialité.

    Bien! à partir de là, je considérerais qu'on me fait une injustice ("Le Garage Lambert me condamne-t-il à rester à la Mairie!") - et c'est presque ce que l'on comprend de votre réaction?

    Mes amis pourraient trouver que la situation est "édifiante", c'est à dire qu'elle en dit long sur... sur quoi? sur des pressions secrètes quant aux recrutements?

    Ou alors ces amis pourraient considérer que c'est ma réaction qui est "édifiante", qu'elle transcrit assez ma frustration, qui témoigne d'une certaine immaturité. Car enfin! Travailler au Garage Lambert (Véhicules Neufs & Occasions) est une noble ambition - mais non pas un droit.

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  8. Réponse au premier Anonyme : oui, c'est bien parce que cette attitude m'a paru édifiante que j'ai cru bon relater cette mésaventure.

    ==========================

    Réponse au second Anonyme :

    Ce que je trouve "énorme", c'est que dans la même situation dans un établissement public, on reçoit une RÉPONSE, mais pas lorsque l'on postule dans un établissement qui se dit Catholique, qui plus est "tradi".

    Entendons-nous bien : ce n'est pas le fait que l'on ne m'ait pas embauchée que je trouve anormal, mais le fait qu'à ce jour je n'aie reçu AUCUNE RÉPONSE de la part d'un établissement duquel on était logiquement en droit d'attendre une RÉPONSE.

    Que le garage Lambert ne réponde pas, cela ne choquerait pas autant, car il n'y a pas de corrélation évidente entre les préceptes Catholiques et un garage automobile.

    Ceci dit, si les dirigeants de l'Espérance lisent ce blog, je ne pense pas qu'ils aient reçu autant de candidatures émanant des Deux-Sèvres de la part d'une prénommée Marie, donc ils savent de quelle candidature il s'agit.

    Qu'ils sachent que je suis toujours preneuse, et qu'une réponse tardive vaut mieux que pas de réponse.

    De toute façon, je pense que parmi tous les postulants, il ne doit pas y en avoir tant que ça qui aient enseigné en Université durant 4 années...!

    En cas de réponse à ma candidature du premier trimestre, je ne manquerai pas de venir poster ici un nouveau commentaire pour signaler que j'ai reçu enfin une réponse, même négative.

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  9. Je ne doute pas un instant qu'il soit possible de créer une école tradi sous contrat (encore qu'en France, je crois qu'il faille justifier de plusieurs années d'expérience pour solliciter le contrat, à vérifier).

    Mais je suis plus dubitatif sur la possibilité de conserver durablement une école tradi sous contrat.

    L'argument de départ me semble un troc pas très sain: pour seulement 40€ par mois, vous admettrez bien pour vos enfants un peu d'enseignement schizophrène. Je veux bien concevoir que des enseignants bien formés soient capables de dispenser cet enseignement. Mais je suis réservé sur la réception de cet enseignement par de jeunes cerveaux pas encore formés, eux...

    De plus, vos enseignants "diplômés éduc-nat", auront eux aussi eu à subir la perversion de l'enseignement qu'ils auront reçu. Rien d'impossible avec du travail et de la valeur, mais rien d'évident non plus, et probablement une contamination plus ou moins consciente.

    Mais là où ça se corse, c'est que votre école tradie sous contrat non-diocésaine, elle va être regardée de près par les "vigilants" de tous bords... Peut-être plus encore que dans le hors-contrat, parce que ces bonnes âmes se souviendront subitement que c'est l'Etat qui finance.

    Et chaque écart, réel ou supposé, sera scruté et instrumentalisé. Dans des domaines où l'école devrait avoir sa liberté, règlementairement parlant, des pressions se feront, et bénéficieront de toute l'agitation nécessaire. Le risque sera d'accumuler de "petites" concessions toujours négociables, une fois qu'on a déjà gobé le principe d'association-tutelle étatique. Et la peur de perdre le confort financier fera le reste. C'est la tactique du "coleur chinois" chère à un homme politique bien conne (si chinois vous gêne, vous pouvez toujours mettre suisse à la place: en France on risque moins à cracher sur les suisses...)

    Imaginez un directeur d'école contraint de choisir entre quelques concessions et la perte d'un contrat, s'il sait que 80% de ses familles seront incapables d'assumer 100% des charges, ou, par confort, refuseront cette voie.

    Songez aussi que régulièrement, les exigences de l'Etat envers nos enfants se dégradent. En cas de nouvelle réforme nuisible à vos chères têtes blondes, vous la gobez là aussi au titre de l'économie financière réalisée?

    Votre idée séduisante en apparence mettra bien des gens en position morale inconfortable (à commencer par les enfants, comme déjà noté). Je ne lui donne pas 15 ans pour devenir une école sous contrat comme les autres, avec juste la messe traditionnelle, et encore pas forcément exclusive.

    Ce petit jeu n'a d'intérêt que pour ceux qui sont déjà disposés intellectuellement à multiplier leur gages de leur bienveillance envers un Etat qui ne veut pas notre bien. Et tant que l'unique argument est financier, autant dire qu'il achète leur complaisance.

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    1. +argument de départ+
      --> non, ce n'est pas un argument "de départ" puisque cette école ne se lance pas. Il s'agit d'un établissement qui fonctionne ainsi depuis des années. Vous nous dites que l'expérience (tradi + contrat) risque risquerait de mal tourner? Mais l’expérience est faite depuis longtemps! elle est derrière eux, et elle est positive.

      +vos enseignants 'diplômés éduc-nat'+
      --> concernant leurs enseignants, notez qu'il existe des instituts de formation des maitres privés (qui ne relèvent pas du Ministère de l’Éducation Nationale). Et qu'avoir fait des études (de maths ou d'autre chose) dans une université publique n'est pas (en soi) une tare.

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    2. Si, votre argument de départ est bien financier. Le fait que l'école tourne depuis un certain temps ne change rien à l'affaire. Il est question du "départ" de votre argumentaire: celui qui est présenté clairement par une ligne qui commence par "L'avantage..." On ne peut être plus clair.

      Et oui, je persiste: l'expérience risquerait de mal tourner. "Small is beautiful". Peut-être un établissement isolé protégé par un peu d'habileté humaine, de la discrétion, et (qui sait?) quelques arrangements (dont on se gardera d'évaluer la portée morale sans les connaître), peut fonctionner à ce jour.

      Cela ne présente aucune garantie de reproductibilité du modèle, surtout s'il vient faire de l'ombre de façon trop criante à des systèmes bien huilés.

      De plus, la FSSP peut peut-être localement, bénéficier de davantage de bienveillance, sans que cela ne soit reproductible, ni par d'autres instituts plus exposés médiatiquement ou moins souples, ni même par la FSSP dans d'autres terres (diocésaines...) où elle n'est pas forcément la bienvenue.

      Quelles que soient vos arguties de forme, l'équation reste bien un troc "économie d'argent" contre "enseignement schizophrène".

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  10. bien entendu, il faut comprendre "voleur" et pas "coleur", et plus loin: "homme politique bien connu"!

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  11. Vous écrivez "Les diocèses n'ont pas le monopole de l'enseignement catholique sous contrat". Mais comment pourrez-vous faire de l'enseignement revendiqué catholique sous contrat, sans suivre au minimum les injonctions épiscopales? Ce n'est pas au niveau du "sous contrat" que se feront les pressions, mais on pourra toujours douter de la catholicité de votre œuvre si elle se passe des recommandations épiscopales. Lesquelles ne manqueront pas de vous inviter à vous "ouvrir aux autres" et à ne pas vous isoler, en pratiquant le "partage" avec les autres écoles du coin, etc.

    Là encore, on peut manier la carotte (partage d'équipements scolaire coûteux, partage d'"heures" d'enseignements pour des matières où un petit collège ou lycée ne peut pas recruter à temps plein, et qui provoqueront la dilution lente de la spécificité de l'école), comme le bâton (dénonciation du "manque de communion", voire du caractère catholique-labellisé-par-l'évêque de l’œuvre)

    Là encore, on n'est ni dans le droit ni dans le règlementaire, mais dans une forme de pression qu'il serait bien léger d'ignorer...

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    1. L'avantage de cette école c'est qu'elle illustre par les faits que l'on peut conjuguer traditionalisme et contrat avec l’État.

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    2. Pourquoi? Parce qu'elle existe? Parce que la direction et l'aumônerie sont tenus par la FSSP?

      Désolé, mais cela n'apporte aucune illustration sur la durée, et notamment sur la solidité de la direction lorsqu'elle sera dans l'épreuve et sous la pression.

      Si votre article montrait qu'assaillie de pressions laïcardes ou diocésaines, elle a fait fièrement face sans rien remettre en cause, ce serait plus intéressant. Peut-être est-ce d'ailleurs le cas, mais nous n'en savons rien ici.

      En l'état, votre article se résume à "Des membres de la FSSP assurent la direction d'un établissement sous contrat". C'est maigre et n'illustre rien par les faits. Aucune raison de vous croire sur parole.

      Dernière observation: cet établissement fonctionne en grande partie en internat, ce qui peut éloigner certains publics... Là encore un élément qui limite la reproductibilité de votre modèle.

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  12. Petit ajout pour préciser que le fait que je n'aie pas reçu de réponse l'année dernière avait une explication.

    Aussi je retire la totalité de ce que j'écrivais plus haut : aux temps pour moi (comme quoi il y a des fois où l'on ferait mieux de se taire plutôt que parler sans savoir).


    Et pour ce qui est de certains commentaires ci-haut, le mieux est encore d'aller voir sur le site internet de l'Institution l'Espérance :
    http://www.lesperance-vendee.com/

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