Alors que l'excellent périodique Monde et Vie nous propose un dossier complet sur les JMJ (à paraître vendredi), j'aimerais vous dire très librement comment, étant resté à Paris pour cause de messes à dire, j'ai vécu les Journées Mondiales de la Jeunesse. Au téléphone, fiévreusement, avec des amis qui 'y' étaient. Chaque détail venait renforcer le précédent pour donner l'impression d'une Eglise qui, depuis Vatican II et ses mille "expériences" stériles, a cette fois enfin trouver le ton. Elle s'adresse aux jeunes sans complexe par la bouche d'un vieux pape de 84 ans. Elle s'adresse au monde sans balancer, en assumant toute sa tradition, en particulier sa tradition liturgique (le latin est à l'honneur, des chants que l'on entendait plus résonnent de nouveau pour les jeunes : Ave verum. Christus vincit. Tantum ergo) et sa tradition culturelle : chef d'oeuvre des quatorze stations du Chemin de croix, réalisées d'après les canons de l'art espagnol traditionnel.
Une question iconoclaste me traverse l'esprit : et si Vatican II, qui s'est si longtemps cherché sans succès, n'était pas, conformément au plus vieux projet, celui de Jean XXIII, un Concile éclair, un Concile de contre-réforme catholique ? Vatican II au fond ne marche que comme concile baroque. Autrement c'est trop triste. Ou trop lâche. Ou trop vague. Ou trop vide.
Qu'avait-il manqué à Vatican II jusque là ? L'adoration. Le silence. La soumission à la volonté de Dieu. L'amour et la pratique des sacrements de l'Eglise, en particulier la confession, qui était un sacrement vraiment périmé et que Benoît XVI remet à l’ordre du jour, en donnant lui-même aux prêtres l'exemple...
Les 13èmes JMJ ont réussi la quadrature du cercle, d'être intégralement traditionnelles (par le silence liturgique, la recherche esthétique : la custode de Arfé etc.) et aussi "absolument modernes" dans le culte de l'image, la simplicité du message et le sens d'une communauté à 2 millions de personnes, qui ne versent jamais dans les communautarismes rivalitaires. Là-bas, chacun se sent de plain pied avec tous. Je songe à une métaphore politique : les JMJ, c'est une sorte d'immense fête catholique de la Fédération, où chacun se sent citoyen de l'Eglise et où nul n'est de trop dans l'Eglise comme disait Benoît XVI aux évêques français en 2009 à Lourdes. Si l'on cherche une image vraie de la Fraternité dans le monde, ce n'est pas du côté des "printemps arabes" qu'on la trouvera, mais sous le soleil de Madrid.
"Aimez la fraternité !" (I Petr. 2, 17) nous demandait l'apôtre Pierre. L'Eglise catholique retrouve ses valeurs au moment où elle se sent le plus authentiquement "universelle", au-dessus des partis. Les jeunes vont chercher à Madrid cette fraternité, qui fait que l'on se sent de plain pied avec la première personne que l'on croise, parce qu'on "en" est. J'ai connu cela personnellement dans les cafés romains le jour des obsèques de Jean Paul II.
Notre week-end au Centre Saint Paul a été certes plus modeste, mais en union avec ce grand événement. Et c'est un évêque, Mgr Baronnet, un jésuite, évêque émérite des Seychelles, qui est venu nous visiter. Au programme quête exceptionnelle pour l'Aide à l'Eglise en Détresse et sermon sur l'universalité de l'Eglise, avec ce fil rouge : dans 60 des 200 pays que compte l'Univers, l'Eglise est persécutée. Durant le déjeuner, Mgr nous a raconté la visite de Jean-Paul II aux Seychelles et le terrible orage, qui, comme à Madrid samedi, avait dévasté le Podium.
Et puis, pourquoi ne vous le dirais-je pas, à vous qui êtes des amis, à travers ce Métablog, je suis fier de Georges, ce nouveau baptisé, dont je vous ai parlé il y a huit jours. Avant de rentrer en Algérie, son pays, il a pu parler dans une église de Madrid à 2000 jeunes qui étaient présents et leur dire combien trop souvent les musulmans qui veulent devenir chrétiens se sentent mal accueillis... dans l'Eglise. Il a eu droit à une "standing ovation" de cinq minutes (montre en main) et l'évêque présent de lui dire : "Je crois que c'est la meilleure réponse que nous pouvions faire à votre douloureuse interrogation".
- Quelque chose est en train de changer dans l'Eglise ? - Je crois, oui.
Une question iconoclaste me traverse l'esprit : et si Vatican II, qui s'est si longtemps cherché sans succès, n'était pas, conformément au plus vieux projet, celui de Jean XXIII, un Concile éclair, un Concile de contre-réforme catholique ? Vatican II au fond ne marche que comme concile baroque. Autrement c'est trop triste. Ou trop lâche. Ou trop vague. Ou trop vide.
Qu'avait-il manqué à Vatican II jusque là ? L'adoration. Le silence. La soumission à la volonté de Dieu. L'amour et la pratique des sacrements de l'Eglise, en particulier la confession, qui était un sacrement vraiment périmé et que Benoît XVI remet à l’ordre du jour, en donnant lui-même aux prêtres l'exemple...
Les 13èmes JMJ ont réussi la quadrature du cercle, d'être intégralement traditionnelles (par le silence liturgique, la recherche esthétique : la custode de Arfé etc.) et aussi "absolument modernes" dans le culte de l'image, la simplicité du message et le sens d'une communauté à 2 millions de personnes, qui ne versent jamais dans les communautarismes rivalitaires. Là-bas, chacun se sent de plain pied avec tous. Je songe à une métaphore politique : les JMJ, c'est une sorte d'immense fête catholique de la Fédération, où chacun se sent citoyen de l'Eglise et où nul n'est de trop dans l'Eglise comme disait Benoît XVI aux évêques français en 2009 à Lourdes. Si l'on cherche une image vraie de la Fraternité dans le monde, ce n'est pas du côté des "printemps arabes" qu'on la trouvera, mais sous le soleil de Madrid.
"Aimez la fraternité !" (I Petr. 2, 17) nous demandait l'apôtre Pierre. L'Eglise catholique retrouve ses valeurs au moment où elle se sent le plus authentiquement "universelle", au-dessus des partis. Les jeunes vont chercher à Madrid cette fraternité, qui fait que l'on se sent de plain pied avec la première personne que l'on croise, parce qu'on "en" est. J'ai connu cela personnellement dans les cafés romains le jour des obsèques de Jean Paul II.
Notre week-end au Centre Saint Paul a été certes plus modeste, mais en union avec ce grand événement. Et c'est un évêque, Mgr Baronnet, un jésuite, évêque émérite des Seychelles, qui est venu nous visiter. Au programme quête exceptionnelle pour l'Aide à l'Eglise en Détresse et sermon sur l'universalité de l'Eglise, avec ce fil rouge : dans 60 des 200 pays que compte l'Univers, l'Eglise est persécutée. Durant le déjeuner, Mgr nous a raconté la visite de Jean-Paul II aux Seychelles et le terrible orage, qui, comme à Madrid samedi, avait dévasté le Podium.
Et puis, pourquoi ne vous le dirais-je pas, à vous qui êtes des amis, à travers ce Métablog, je suis fier de Georges, ce nouveau baptisé, dont je vous ai parlé il y a huit jours. Avant de rentrer en Algérie, son pays, il a pu parler dans une église de Madrid à 2000 jeunes qui étaient présents et leur dire combien trop souvent les musulmans qui veulent devenir chrétiens se sentent mal accueillis... dans l'Eglise. Il a eu droit à une "standing ovation" de cinq minutes (montre en main) et l'évêque présent de lui dire : "Je crois que c'est la meilleure réponse que nous pouvions faire à votre douloureuse interrogation".
- Quelque chose est en train de changer dans l'Eglise ? - Je crois, oui.
Je ne contredirai pas tout ce que vous avez dit, mais en tant que catholique pratiquante née à la fin des années 60, je ne suis vraiment pas une latiniste et trouve que l'on doit d'abord parler et chanter dans sa langue maternelle, à l'église, pour que les paroles pénètrent plus profondément en nous. Je remercie surtout Jean-Paul II d'avoir redonné le goût à la prière à Marie (que nous n'apprenions plus au caté). Avec lui, le Concile Vatican II n'était pas du tout vide. Quant à Benoît XVI, je le remercie de secouer un peu les puces aux jeunes, afin qu'ils participent plus à la vie de leur paroisse où ils ne fichent rien en dehors des petits camps paroissiaux qui leur permettent de retrouver copains et copines. Nous avons la chance de vivre dans des pays libres, mais respectons les Arabes, victimes de leurs dirigeants, qui se révoltent pour vivre et prier enfin librement. Cessons de faire les cathos d'extrême-droite, frileux, craintifs, méfiants... Jean-Paul II nous a montré l'exemple en allant vers eux et vers nos "grands-frères" israëlites ; reprenons le flambeau, aidons notre pape à faire avancer l'Eglise dans le IIIème millénaire.
RépondreSupprimerMais alors, une question : si c'est possible dans l'église de Vatican II, l'erreur était-elle donc Vatican II / dans Vatican II ?
RépondreSupprimerLes JMJ de Madrid confirment-ils avec éclat les traces, quasi-souterraines au début, d'un changement et dans le bon sens? Je le crois aussi.
RépondreSupprimerMais quelles conclusions pour agir en tire la hiérarchie catholique française? Affaire à suivre, sûrement. Bravo pour Georges, homme et croyant courageux. Je lui souhaite de survivre dans son merveilleux pays...
Willy
Merci Monsieur l'Abbé pour ces belles paroles d'espérance ! Elles réchauffent le coeur en ce début de matinée !
RépondreSupprimerMerci, Monsieur l'Abbé, de votre commentaire sur cette magnifique rencontre des JMJ de Madrid si pleine d'espoir dans notre monde (et notre Eglise...) à la dérive. Et pour une fois le bien a fait "un peu de bruit'!
RépondreSupprimerNous nous en réjouissons!
E. de Monvallier
Vous aussi vous avez changé, puisque l'Eglise, c'est aussi vous. Le saint esprit ne vous a pas non plus épargné!
RépondreSupprimerL'abbé de Tanoüarn ou l'art de tout mélanger... pour le meilleur ou pour le pire. Qu'est-ce que Vatican II vient faire dans l'évocation de la veillée d'adoration des JMJ ? Vatican II, que je le sache, est un concile qui s'est tenu de 1962 à 1965 ; on peut le réinterpréter si on veut, mais pas faire comme si c'était une amtière encore vivante en perpétuelle évolution, un palimpseste sur lequel on peut écrire à nouveau à l'infini. Certes, il a produit ses effets, le plus souvent délétères, bien après sa conclusion, mais doit-on pour autant résumer à "Vatican II" tout ce qui se passe dans l'Eglise depuis ? En agissant ainsi, monsieur l'abbé, ne faites-vous pas une erreur parallèle à celle des modernistes qui ont voulu faire du Concile une vache sacrée intouchable, à quoi se résumait toute l'histoire de l'Eglise, alpha et omega de la foi, plus que le Christ lui-même ? Benoît XVI peut bien essayer de corriger les conséquences désastreuses de "l'esprit du Concile", ça ne change rien à la réalité objective de ce que fut ce Concile. Surtout, on voit mal, en l'occurrence, en quoi cette veillée d'adoration prendrait ses racines, en quoi que ce soit, en Vatican II ; si elle a à voir avec le Concile, ce ne peut que contre son fameux esprit. En l'occurrence, il me semble qu'en revalorisant de telles cérémonies, Benoît XVI met plutôt le Concile entre parenthèses qu'il ne lui est fidèle. Il me semble que vous seriez bien inspiré, à son exemple, de mettre en veilleuse votre obsession du Concile...
RépondreSupprimerBien amicalement,
Oxbridge