J'ai croisé sur la Côte (je parle de la Côte d'Amour, pas de la Côte d'Azur) un zélé membre de l'Opus Dei qui admirait la sainteté et la piété de ces prêtres, membres de communauté ED, qui ont pris le parti, me dit-il, de demander pour la plus petite chose la permission au supérieur ecclésiastique diocésain. Et de me donner des exemples : une place de parking, la permission de faire telle ou telle chose dans une célébration etc. "Même les choses les plus simples, pour lesquelles il n'y a pas besoin de demander, ces prêtres le demandent, humblement"... Je crois que je l'ai beaucoup choqué en répondant que ce genre d'obéissance, je ne saurais la faire mienne. Peut-être lira-t-il ce billet et nous pourrons continuer la conversation commencée.
L'obéissance a mauvaise presse, comme l'autorité a mauvaise presse. Il suffit de relire ce que dit Bossuet de l'autorité, dans le post précédent, pour comprendre que ni l'autorité ni l'obéissance ne sont facultatives. L'une et l'autre sont des vertus. Qu'est-ce que l'obéissance ? Le père Labourdette en parle bien dans un flamboyant article de la revue thomiste datant des années Cinquante de l'autre siècle. Etre dans l'obéissance signifie être à sa place. Refuser l'obéissance signifie refuser sa place, refuser de jouer son rôle et s'en inventer un éventuellement... A ses risques et périls.
L'obéissance a mauvaise presse, mais c'est d'abord parce qu'elle est mal connue. Le plus souvent on confond le voeu d'obéissance et la vertu d'obéissance. Par le voeu d'obéissance, on se remet entièrement dans la main d'un supérieur en abdiquant toute volonté propre, pour tenter, par cette voie d'être parfait, selon les conseils du Christ. Alors le moindre acte d'obéissance, fût-il superfétatoire, possède une valeur particulière. Cette perspective concerne les religieux et religieuses, pour lesquels l'obéissance n'est pas seulement une vertu mais un voeu.
Qu'est-ce que la vertu d'obéissance ? "Par sa nature, l'homme n'est pas ordonné à autrui" dit clairement saint Thomas (Ia Q96 a4)... Il n'existe donc pas d'esclave par nature, contrairement à ce qu'enseigne Aristote [Sur Aristote, au passage, les inconditionnels pourront lire, à La Table ronde, le livre d'Annabel Lyon, Le juste milieu, qui vient de paraître. Juste pour ne pas le christianiser trop vite !]. Quoi qu'en ait pensé Nietzsche, les surhommes, ça n'existe pas. Les sous hommes non plus d'ailleurs.
L'obéissance ne vient pas de la nature individuelle de l'homme mais de sa nature sociale. C'est du point de vue de la vie sociale et de ses nécessités, enseigne saint Thomas, que l'on doit pratiquer l'obéissance. Le Père Labourdette l'appelle en ce sens "la vertu du bien commun". il faut donner à l'expression "bien commun" que l'on emploie trop peu... tout son sens. Le bien commun, c'est le bien (spirituel, culturel, économique, politique) que je ne peux pas attendre par moi-même. Qui n'obéit pas n'a pas trouvé sa place à l'intérieur de la communauté du bien. Ou s'il l'a trouvé, il la trahit par sa désobéissance.
L'obéissance est donc tout entière conditionnée par ce bien commun. Elle n'est pas le résultat d'un rapport de force entre plus et moins gros bras (stupidité du bras de fer, qui ne doit pas dépasser la cour de récré). Elle naît de l'exigence du service. Si l'on vous refuse tout service sain et droit, vous êtes en droit et vous avez aussi le devoir... de désobéir.
Mais dans une société normalement constituée (comme est l'Eglise, la seule communauté qui ne supporte pas la lutte exclusive des communautarismes, qu'ils soient ethniques ou bien idéologiques et partisans), les occasions d'obéir doivent être relativement rares et toujours importantes. On n'obéit pas pour un oui ou pour un non mais seulement lorsque le bien commun est engagé.
Reprenons notre saint Thomas (Immensus Aquinas noster comme l'appelait Cajétan) : dans le Contra impugnantes au chapitre 3, il définit une société quelle qu'elle soit (communitas) comme "l'union des êtres humains pour réaliser quelque chose d'unique et pour le mener à bien" adunatio hominum ad aliquid unum agendum et perficiendum. Une société qui tient la route (une entreprise ou une famille, un mouvement ou une société politique) c'est un véritable "concert", où chacun sait ce qu'il a à faire. Multiplier les occasions d'obéissance ou d'autorité ne signifie pas rechercher le plus parfait, mais dévoiler un problème de fonctionnement - ce qui du reste ne sera pas forcément bien vu par l'autorité, surtout si le problème existe vraiment. on a toujours tendance dans ces cas là à casser le thermomètre ou à tuer le messager de malheur comme s'il était responsable de ce qu'il annonçait. Celui qui, par son attitude hésitante, souligne un problème qui aurait pu rester purement virtuel et qui éclate au grand jour à cause de cette hésitation même, ne fait pas "politiquement" du bon travail. C'est vrai dans une entreprise... comme dans un diocèse.
En revanche, pour des religieux, qui cherchent leur perfecton personnelle et non le bien commun, le problème se pose autrement. Pour des numéraires de l'Opus Dei, qui sont des laïcs vivant d'un esprit religieux et s'y engageant par voeu, le problème se pose autrement. l'objectif n'est pas le bien commun mais la perfection de la personne. Cette perfection, dans ce cadre, s'atteint par le renoncement à quelque volonté propre que ce soit. Mgr Lefebvre, religieux spiritain, ayant donc prêté les trois voeux, nous expliquait que les Pères, en Afrique, devaient demander l'autorisation même pour prendre la voiture et pour faire quoi que ce soit. Le problème du voeu d'obéissance, pris au sens strict, c'est que soit on en ignore la terrible exigence dans tous les détails [et alors d'une certaine façon, on triche], soit on s'y soumet et cela peut poser des problèmes dans le concret d'une existence apostolique. Raison pour laquelle d'ailleurs le fondateur de la FSSPX n'avait pas souhaité donner à ses prêtres un statut de religieux...
On peut donc discuter - Mgr L l'a fait - de l'opportunité du voeu d'obéissance qui est un moyen (parmi d'autres) pour atteindre à la sanctification personnelle. Mais on ne peut discuter de la nécessité de la vertu d'obéissance, parce que l'ordre dans les moyens est déjà comme une première fin. Celui qui prétendrait servir l'Eglise sans obéir à ses lois indéfectibles ou en considérant comme facultative cette vertu du service qu'est l'obéissance, celui-là serait comme un homme qui marche dans sa tête. Saint Augustin avait une formule assassine pour ce genre d'individus : "Ils courent bien, mais ils courent en dehors du chemin".
L'obéissance a mauvaise presse, comme l'autorité a mauvaise presse. Il suffit de relire ce que dit Bossuet de l'autorité, dans le post précédent, pour comprendre que ni l'autorité ni l'obéissance ne sont facultatives. L'une et l'autre sont des vertus. Qu'est-ce que l'obéissance ? Le père Labourdette en parle bien dans un flamboyant article de la revue thomiste datant des années Cinquante de l'autre siècle. Etre dans l'obéissance signifie être à sa place. Refuser l'obéissance signifie refuser sa place, refuser de jouer son rôle et s'en inventer un éventuellement... A ses risques et périls.
L'obéissance a mauvaise presse, mais c'est d'abord parce qu'elle est mal connue. Le plus souvent on confond le voeu d'obéissance et la vertu d'obéissance. Par le voeu d'obéissance, on se remet entièrement dans la main d'un supérieur en abdiquant toute volonté propre, pour tenter, par cette voie d'être parfait, selon les conseils du Christ. Alors le moindre acte d'obéissance, fût-il superfétatoire, possède une valeur particulière. Cette perspective concerne les religieux et religieuses, pour lesquels l'obéissance n'est pas seulement une vertu mais un voeu.
Qu'est-ce que la vertu d'obéissance ? "Par sa nature, l'homme n'est pas ordonné à autrui" dit clairement saint Thomas (Ia Q96 a4)... Il n'existe donc pas d'esclave par nature, contrairement à ce qu'enseigne Aristote [Sur Aristote, au passage, les inconditionnels pourront lire, à La Table ronde, le livre d'Annabel Lyon, Le juste milieu, qui vient de paraître. Juste pour ne pas le christianiser trop vite !]. Quoi qu'en ait pensé Nietzsche, les surhommes, ça n'existe pas. Les sous hommes non plus d'ailleurs.
L'obéissance ne vient pas de la nature individuelle de l'homme mais de sa nature sociale. C'est du point de vue de la vie sociale et de ses nécessités, enseigne saint Thomas, que l'on doit pratiquer l'obéissance. Le Père Labourdette l'appelle en ce sens "la vertu du bien commun". il faut donner à l'expression "bien commun" que l'on emploie trop peu... tout son sens. Le bien commun, c'est le bien (spirituel, culturel, économique, politique) que je ne peux pas attendre par moi-même. Qui n'obéit pas n'a pas trouvé sa place à l'intérieur de la communauté du bien. Ou s'il l'a trouvé, il la trahit par sa désobéissance.
L'obéissance est donc tout entière conditionnée par ce bien commun. Elle n'est pas le résultat d'un rapport de force entre plus et moins gros bras (stupidité du bras de fer, qui ne doit pas dépasser la cour de récré). Elle naît de l'exigence du service. Si l'on vous refuse tout service sain et droit, vous êtes en droit et vous avez aussi le devoir... de désobéir.
Mais dans une société normalement constituée (comme est l'Eglise, la seule communauté qui ne supporte pas la lutte exclusive des communautarismes, qu'ils soient ethniques ou bien idéologiques et partisans), les occasions d'obéir doivent être relativement rares et toujours importantes. On n'obéit pas pour un oui ou pour un non mais seulement lorsque le bien commun est engagé.
Reprenons notre saint Thomas (Immensus Aquinas noster comme l'appelait Cajétan) : dans le Contra impugnantes au chapitre 3, il définit une société quelle qu'elle soit (communitas) comme "l'union des êtres humains pour réaliser quelque chose d'unique et pour le mener à bien" adunatio hominum ad aliquid unum agendum et perficiendum. Une société qui tient la route (une entreprise ou une famille, un mouvement ou une société politique) c'est un véritable "concert", où chacun sait ce qu'il a à faire. Multiplier les occasions d'obéissance ou d'autorité ne signifie pas rechercher le plus parfait, mais dévoiler un problème de fonctionnement - ce qui du reste ne sera pas forcément bien vu par l'autorité, surtout si le problème existe vraiment. on a toujours tendance dans ces cas là à casser le thermomètre ou à tuer le messager de malheur comme s'il était responsable de ce qu'il annonçait. Celui qui, par son attitude hésitante, souligne un problème qui aurait pu rester purement virtuel et qui éclate au grand jour à cause de cette hésitation même, ne fait pas "politiquement" du bon travail. C'est vrai dans une entreprise... comme dans un diocèse.
En revanche, pour des religieux, qui cherchent leur perfecton personnelle et non le bien commun, le problème se pose autrement. Pour des numéraires de l'Opus Dei, qui sont des laïcs vivant d'un esprit religieux et s'y engageant par voeu, le problème se pose autrement. l'objectif n'est pas le bien commun mais la perfection de la personne. Cette perfection, dans ce cadre, s'atteint par le renoncement à quelque volonté propre que ce soit. Mgr Lefebvre, religieux spiritain, ayant donc prêté les trois voeux, nous expliquait que les Pères, en Afrique, devaient demander l'autorisation même pour prendre la voiture et pour faire quoi que ce soit. Le problème du voeu d'obéissance, pris au sens strict, c'est que soit on en ignore la terrible exigence dans tous les détails [et alors d'une certaine façon, on triche], soit on s'y soumet et cela peut poser des problèmes dans le concret d'une existence apostolique. Raison pour laquelle d'ailleurs le fondateur de la FSSPX n'avait pas souhaité donner à ses prêtres un statut de religieux...
On peut donc discuter - Mgr L l'a fait - de l'opportunité du voeu d'obéissance qui est un moyen (parmi d'autres) pour atteindre à la sanctification personnelle. Mais on ne peut discuter de la nécessité de la vertu d'obéissance, parce que l'ordre dans les moyens est déjà comme une première fin. Celui qui prétendrait servir l'Eglise sans obéir à ses lois indéfectibles ou en considérant comme facultative cette vertu du service qu'est l'obéissance, celui-là serait comme un homme qui marche dans sa tête. Saint Augustin avait une formule assassine pour ce genre d'individus : "Ils courent bien, mais ils courent en dehors du chemin".
Un certain... abbé de Tanoüarn avait il y a quelques années développé la notion de "vice de religion", notion qu'il avait, je crois, empruntée à un certain abbé Laberthonnière, ou à quelque autre prêtre de la même époque. Vers la même période, il critiquait fréquemment l'obéissance d'une manière qui pouvait sembler exagérée, mais qu'on serait presque tentée de regretter aujourd'hui, maintenant qu'il semble en passe de devenir un 'obéissant' exemplaire...
RépondreSupprimerAprès tout, aussi étonnant que cela puisse paraître, la référence à l'autorité et à l'obéissance a toujours été un péché mignon d'une certaine frange du libéralisme, ce que l'abbé semblait avoir bien compris à l'époque (il a, sans doute, toujours eu un petit péché mignon pour le modernisme, comme le prouvent, par exemple, ses références à Laberthonnière, mais libéralisme et modernisme ne s'impliquent pas toujours mutuellement, contrairement à ce que pourraient laisser penser une réflexion trop rapide) mais semble avoir oublié maintenant.
Dans cet ordre d'idée, je serais tenté de me demander si en un certain sens, on ne pourrait pas être fondé à parler de 'vice d'obéissance'. Un vice qui foisonne souvent pendant les périodes de crise : cf. par exemple la crise arienne, ou encore la crise monothélite, durant laquelle si je ne m'abuse, l'orthodoxie catholique n'était plus guère représentée dans tout l'empire romain que par deux théologiens, dont l'un, Maxime le confesseur, n'était d'ailleurs même pas prêtre (mais en revanche était religieux : comme quoi les vœux d'obéissance ne conduisent pas nécessairement à l'obéissance servile). Je crois d'ailleurs que certains maronites, pour bien montrer leur obéissance au Pape, disent qu'ils ont toujours gardé la foi catholique, sauf pendant la crise monothélite, où le Pape étant lui-même dans l'erreur, ils l'avaient suivi dans son enseignement. L'Institut du Bon Pasteur s'apprêterait-il à adopter la liturgie maronite ? Après tout, cette liturgie elle aussi a fait l'objet de réformes post-conciliaires, et peut-être faudrait-il songer à demander à la commission Ecclesia Dei de combler l'oubli du Motu Proprio en autorisant de nouveau la "forme extraordinaire" de la liturgie libanaise...
Demander la permission pour un oui ou pour un non? pitié pour le supérieur! Et je dis bien: pour le supérieur, qu'il soit chef de service, père de famille, officier, ou Père abbé.
RépondreSupprimerBien d'accord avec le premier commentaire (02h37) et puis-je me permettre d'ajouter que je touve parfaîte la réponse que vous avez faite, Monsieur l'abbé, à votre confrère de l'Opus Dei, dût-il en être un peu interloqué, sur le moment mais s'il vous connait un peu, il l'aura prise surtout comme un avis bien fraternel, de votre part.
RépondreSupprimerJe suis fort préoccupé par ce qu'a déclaré Aymeric Chauprade, dans l'émission d'Emmanuel Ratier, mercredi soir, sur RC nous-y re-voilà.
En substance et si je ne trahis pas sa pensée, à propos du choc des Civilisations, il a évoqué l'Eglise, en conjurant le mauvais sort, si elle persiste à "paralyser" (il me semble que c'est le mot qu'il a employé) une Réaction qui lui parait tout simplement vitale, si Elle ne veut pas être "broyée", et singulièrement les peuples anciennement catholiques avec Elle, par mécompréhension de ce qui fut et demeure une haute vertu chrétienne, la Charité mais à ne pas y substituer son double laïcard et démocratique, en un mot droit-de-l'hommesque, dans le contexte du choc des Puissances, sans cesse plus menaçant, avec son paramètre démographique.
N'est-ce pas au coeur de cette notion d'obéissance, qui ne doit en aucun cas, devenir servîle et finalement destructrice de ce qu'est la Liberté, dans notre tradîtion religieuse et -il faut bien le dîre- dans notre Civilisation, à nulle autre comparable, depuis le début des Temps?
Dans le « Magnificat », au 26 août, cette parole de l’évêque d’Arles et ancien moine de Lérins, saint Césaire (VIe siècle) : « Il ne faut pas rester la bouche close dans l’Eglise, comme les chiens muets de l’Ecriture. » Pas de risque avec vous, monsieur l’Abbé ! et c’est tant mieux, car ce billet est excellent.
RépondreSupprimerIl me semble que la vertu d’obéissance, ordonnée au bien commun, est donc aussi dans le débat où des prêtres ont l’humilité et le courage, avec la douceur, de se laisser entraîner par des laïcs. Je prie donc, pour ma part, afin que cette obéissance-là soit plus répandue chez les ecclésiastiques du diocèse de Paris. Et pour les aider à prendre davantage conscience de cette nécessité, je me permets de leur recommander la lecture de « Prêtres et laïcs dans la mission », synthèse d’un colloque organisé sur ce thème par la communauté de l'Emmanuel, à Rome, en 2010 (éd. de l'Emmanuel, 500 p.).
Votre billet est intéressant mais il y a erreur à penser que les membres de l'Opus Dei font voeu d'obéissance et vivent d'un esprit religieux. C'est faux : lire les statuts de l'Opus Dei si besoin. Ce qui ne les empêche pas de rechercher l'esprit de perfection et de voir dans la vertu d'obéissance un moyen de renoncer parfois à sa volonté, qui n'est pas toujours forcément éclairée et qui est parfois guidée par l'amour propre. La vertu d'obéissance permet aussi de mieux comprendre la volonté de Dieu, en profitant des connaissances et de l'expérience des autres.
RépondreSupprimer"On peut donc discuter - Mgr L l'a fait - de l'opportunité du voeu d'obéissance qui est un moyen (parmi d'autres) pour atteindre à la sanctification personnelle."."
RépondreSupprimerOn peut en effet discuter de tout. Mais la question primordiale n'en reste pas moins de savoir si les prêtres, bien que non religieux, ont ou non prononcé le voeu d'obéissance, auquel cas ils doivent l'appliquer, celui-ci ne serait-il qu'un moyen de sanctification personnelle. C'est tout de même un moyen prévu pour eux par la prudence éclésiale au titre du Sacrement de l'Ordre pour les faire croître en sainteté. De là à ce que l'on tombe dans les excès de "L'Imitation de Jésus-christ" qui préfère que l'on s'en remette à un supérieur sans discernement plutôt que de risquer de commettre un péché d'orgueil en ne lui obéissant pas si on le sent manifestement dans l'erreur, c'est sans doute un excès d'humilité mal comprise qui messied à "la sainte liberté des Enfants de Dieu".
L'autre fait que je voudrais souligner est que Saint-Pierre est le premier à avoir pratiqué, avec le collège des apôtres, la "vertu de désobéissance", en face d'un pouvoir religieux abusif auquel il a répondu sans concession :
"Il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes".
Ce faisant, il a tendu les verges pour se faire battre lors même que vertueux, il serait déclaré infaillible dans ses successeurs quelque dix-neuf siècles plus tard.
Cette infaillibilité est tellement battue en brèche dès l'origine que, même limitée à la sphère de la foi, Saint-Pierre, qui est le premier à reconnaître la messianité du Christ, n'est pas plutôt institué dans son rôle de pasteur de l'Eglise universelle que, sans en être destitué, pour avoir refusé la Croix, il est vertement tancé par le Christ et traité de "Satan".
Comme si ce qui allait devenir la chaire de Rome était depuis toujours destinée à devoir par intermittences "perdre la foi" et à être redressée par les prophètes que ne sont pas toujours les laïques.
Car tous les laïques ne sont pas prophètes et tous les prophètes ne sont pas laïques. Donc n'abusons pas du recours au laïcat pour imaginer redresser l'Eglise en nous complaisant à humilier les clercs.
La "vraie" vie, les Cathos. tels qu'ils sont devenus...Ah! Ah! Ah!
RépondreSupprimerC'est un vent de révolte qui fait trembler l'ensemble de l'Eglise catholique. Plus de 300 prêtres autrichiens ont lancé, en juin dernier, un "appel à la désobéissance". Objectif ? Inciter Rome à "mener une réforme de l'Eglise, nécessaire depuis longtemps", expliquent-ils dans leur manifeste publié sur Internet, qui a déjà été signé par 369 prêtres en Autriche.
Réunis au sein de la "Pfarrer-Initiative" depuis 2006, ces prêtres frondeurs ont décidé de se rebeller face au refus de l'Eglise d'entendre leurs revendications. "Nous allons à l'avenir, lors de chaque célébration, intercéder en vue d'une réforme de l'Eglise. Nous prenons au sérieux la parole biblique : Demandez et vous recevrez. Ce qui compte devant Dieu, c'est la liberté de parole", écrivent-ils dans le premier article de leur manifeste. Parmi leurs revendications : l'ordination des femmes et des personnes mariées, deux des principaux tabous de l'Eglise catholique. Ils s'engagent également à donner la communion "aux divorcés-remariés, aux membres d'autres Eglises chrétiennes et à l'occasion à ceux qui ont quitté l'Eglise". Et afin de faire face au recul des vocations, ils proposent de permettre aux pratiquants non ordonnés, hommes ou femmes, de prononcer des sermons et de diriger des paroisses.
Un risque de schisme ?
Car en Autriche, les derniers scandales de pédophilie ont fait fuir un grand nombre de fidèles l'an dernier. Selon un sondage publié lundi, 64,7% des Autrichiens seraient prêts à signer "l'appel à la désobéissance", tandis que 76% des personnes interrogées soutiennent leur action. Des chiffres qui détonnent au sein d'un pays pourtant très catholique. Ce qui commence à inquiéter les responsables de l'Eglise catholique autrichienne. "Cela ne peut pas continuer", a déclaré le cardinal archevêque de Vienne, Mgr Christoph Schönborn au quotidien Der Standard. "Si quelqu'un décide d'entrer en dissidence, cela a évidemment des conséquences", a-t-il ajouté sans toutefois préciser la nature d'éventuelles sanctions.
Malgré cet avertissement, les prêtres frondeurs sont bien décidés à continuer leur mouvement, le père Helmut Schüller en tête. Chef de file de la révolte, cet ancien vicaire général de Vienne et bras droit de Mgr Schönborn, a affirmé qu'il ne ferait pas marche arrière. Il estime que sa campagne ne vise qu'à forcer la hiérarchie catholique à accepter des changements qui sont déjà entrés dans les faits. Selon lui, de nombreux prêtres ne respectent déjà plus certaines règles, comme le célibat, et ce sous les yeux des évêques.
Cet "appel à la désobéissance" pourrait même mener à un schisme si l'Eglise catholique n'agissait pas rapidement, estime le théologien Paul Zulehner. Une menace qui risque de perturber la visite du pape Benoît XVI en Allemagne, prévue fin septembre.
(trouvé sur le site TF1, d'il y a une heure)