Je travaille dans un milieu (l’Education Nationale en zone défavorisée) qui compte peu de chrétiens, qui aime penser que toutes les religions se valent, que chacune a ses intégristes (la grenouille de bénitier équivalant à Ben Laden), et que le problème n’est pas tant une religion à proprement parler que les personnes qui s’en réclament. A y regarder de plus près, les reproches diffèrent selon que l’on tape sur les chrétiens ou sur les musulmans. Les chrétiens seraient éloignés du message de Jésus, tandis que les musulmans devraient évoluer, et s’adapter à «nos» valeurs. C’est ce ‘nos’ qui m’intéresse. Il indique une articulation ‘nous’/’eux’, que l’on ne trouve pas dans l’opposition au christianisme.
Deuxième remarque: ce qui est reproché aux musulmans, c’est de rester trop près du message de Mahomet. Ce qui est reproché aux chrétiens c’est d’être trop loin de celui de Jésus. En quelque sorte, et tout à fait inconsciemment: un bel hommage au christianisme, et une condamnation radicale de l’islam.
Troisième remarque: les autres religions sont passées sous silence, le bouddhisme bénéficiant de l'image cool du Dalai Lama, et l'hindouisme de son côté exotique. L'animisme africain n'est pas perçu comme une religion: trop éloigné du modèle de pensée des enseignants.
Quatrième remarque: je parle des personnels de l'Éducation Nationale, moins subtils que ses programmes. Notez aussi que je décris à grosse maille, c’est évidemment plus complexe. Cette petite brève est un ressenti, pas une thèse.
Deuxième remarque: ce qui est reproché aux musulmans, c’est de rester trop près du message de Mahomet. Ce qui est reproché aux chrétiens c’est d’être trop loin de celui de Jésus. En quelque sorte, et tout à fait inconsciemment: un bel hommage au christianisme, et une condamnation radicale de l’islam.
Troisième remarque: les autres religions sont passées sous silence, le bouddhisme bénéficiant de l'image cool du Dalai Lama, et l'hindouisme de son côté exotique. L'animisme africain n'est pas perçu comme une religion: trop éloigné du modèle de pensée des enseignants.
Quatrième remarque: je parle des personnels de l'Éducation Nationale, moins subtils que ses programmes. Notez aussi que je décris à grosse maille, c’est évidemment plus complexe. Cette petite brève est un ressenti, pas une thèse.
Vous avez raison quand vous dites que l’on fait des amalgames absurdes entre « intégristes ».
RépondreSupprimerLe gros mot est lâché !
Cette vilaine commodité englobe dans un même sac, intégriste, fondamentalisme, traditionalisme. Au passage, si l’on désigne une personne ou une chose d’intègre, de fondamentale ou de traditionnelle, la connotation péjorative disparait.
De toute façon, on juge l’arbre à ses fruits. Qui travaille à l’amour du prochain et qui pose des bombes ?
Vous évoquez le milieu de l’éducation nationale.
Je pense qu’il n’y a pas que les enseignants qui usent de ces vilains raccourcis propres à la pensée unique.
Un sujet d’inquiétude et peut-être de rire aussi a été l’idée de l’enseignement du « fait religieux » dans les écoles. En soit, l’idée ne semble pas idiote, mais elle peut mener à libérée la parole des « bouffe-curés » ou plus innocemment à enseigner des idioties, inexactitudes et autres fariboles. Il me semble que cette idée ne soit plus tout à fait dans les priorités de l’éducation nationale.
Cordialement
Clément d’Aubier (pseudo de rêverie)
Cher clément,
RépondreSupprimerIl y a bien une "histoire des religions", mais que signifie cet appel laïque au "fait religieux"? Le malaise des "bouffe-curés" comme vous dites devant l'entêtante survie des religions alors que leurs "lumières" on tout fait pour en endiguer le prétendu obscurantisme. Je trouve bien vue votre distinctiion entre les adjectifs péjorratifs d'"intégriste", de "traditionaliste" ou de "fondamentaliste" alors que les substantifs sur lesquels ont été formés ces adjectifs sont évocateurs de droiture (intégrité), ou d'enracinement solide (comme les fondamentaux, adjectif substantivé, ou la tradition, cette culture reçue des anciens, qui peut aller d'un acquis implicite à des coutumes sages ou un folklore festif: l'"homo festivus n'est pas à condamner en bloc).
Ce qui me laisse plus perplexe, en revanche, chère Marie-Pierre, c'est votre deuxième remarque, je la cite:
"Ce qui est reproché aux musulmans, c’est de rester trop près du message de Mahomet. Ce qui est reproché aux chrétiens c’est d’être trop loin de celui de Jésus. En quelque sorte, et tout à fait inconsciemment: un bel hommage au christianisme, et une condamnation radicale de l’islam."
Je ne comprends pas la logique de votre conclusion selon laquelle le fait d'être loin du message chrétien serait un hommage inconscient rendu au christianisme tandis que le fait, relevé par vos collègues, que les musulmans soient restés fidèles au message de Mahomed contiendrait une islamophobie rampante. Certes, l'Occident est encore moins en phase avec le message de Mahomed qu'avec le message de Jésus-Christ, car le dernier venu à l'échelle de l'histoire des religions est plus radical et fait prendre des risques physiques aux matérialistes que nous sommes. Mais croyez-vous que vos collègues n'admirent pas la fidélité des musulmans, qu'ils nous reprochent de n'avoir pas su sauvegarder envers l'inspirateur de notre religion dont ils aiment de loin la parole et les aspirations? Depuis quand l'infidélité serait-elle une vertu? Sauf à considérer que le christianisme n'est plus, aux yeux des chrétiens y compris, qui s'en satisfont volontiers, qu'un marqueur identitaire. Par cela se justifierait qu'on appelle un "praticant" quelqu'un qui se rend visiblement à la messe de préférence à quelqu'un qui pratique la charité. Vous me direz que la seconde vertu n'est pas sociologiquement mesurable. Mais la première désignation est spirituellement tout à fait pharisienne. Que les sociologues continuent d'employer "la pratique religieuse" ou cultuelle comme un instrument de mesure de l'attachement rituel, ne le leur enlevons pas. Mais n'adoptons pas leur langage quand il s'agit de parler de notre foi et d'essayer d'irradier un tant soit peu le "Dieu diffusif de Soi" qui est à l'origine de la perfection de notre joie intérieure, si jalonnée d'épreuves que puisse être notre vie.
Bien amicalement
Julien WEINZAEPFLEN
Cher Julien,
RépondreSupprimerJe pense que Marie-Pierre a voulu dire que ces gens reprochent aux musulmans de ne pas être assez laxes vis à vis de la dureté de l'Islam et de son prophète. Et qu'au contraire, s'imaginant probablement Jésus comme un baba cool gaucho, ils reprochent aux Chrétiens de ne pas être plus tolérants avec ce qu'ils pensent être les bonnes valeurs, laxisme voire communisme et autres. Ils ont une très mauvaise connaissance de ce qu'est l'exigeance du message chrétien.
Heureusement que ces gens n'ont pas à enseigner ni le "fait religieux" , ni l'histoire des religions.
Toutefois, ils y a des professeurs très bien et parfaitement respectables. Certains essayent d'être de bons chrétiens.
Cordialement
Clément d'Aubier (pseudo de rêverie)
En fait les enseignants n'ont aucune culture religieuse ce qui ose problème lorsque l'on veut enseigner la littérature, l'histoire, la peinture ou la musique (comment faire connaître la beauté de la Messe en si de Bach si l'on ignore ce que c'est que la messe ?).
RépondreSupprimerIls n'en savent d'ailleurs pas plus sur l'art musulman, la psalmodie du Coran dans l'Iran du XVème siècle ou l'école dezs icones de Kiev.
Bref c'est toute une culture qui s'est perdue.
Il n'y a même plus de vrais marxistes capables d'expliquer Das Kapital à leurs élèves : cela demande sans doute trop d'efforts (dans ma jeunesse c'est un père jésuite qui m'a fait découvrir et lire Karl Marx et mon prof de lettres communiste qui m'a ouvert à Pascal). On fait passer le barbu de Trèves pour une sorte de baba cool hirsute tout gentil. Quel est le marxiste qui ose encore parler de la dictature du prolétariat ?
La "salle des profs" elle-même n'est pas triste...il faut avoir vécu cela : tous se plaignant à longueur de journées de leurs élèves et même les flinguant à fond, attendant avec impatience les VACANCES comme des gamins, pleurnichant sur leurs conditions de travail épouvantables, réclamant des cafetières, des petits gâteaux compensatoires, cherchant à obtenir ("tiens comment t'as fait pour...?") des congés, des stages, des certificats médicaux...Tous unis pour considérer "les parents" comme l'ennemi, l'étranger n'ayant rien à faire là, l'empêcheur de tourner en rond.
RépondreSupprimerBien sûr qu'il y a des professeurs compétents et altruistes, mais justement, dans la "salle des profs", ils se sentent très très mal...et mal accueillis!