"Quand Jésus voulut fonder son Eglise sur Pierre, il lui posa trois fois une seule question : "Pierre, m'aimes-tu ?". Il aurait pu dire : "Pierre, seras-tu l'homme de caractère capable d'entraîner tes frères à ta suite ? Seras-tu le savant, capable de les instruire, de les éclairer ? Le modèle des vertus pour leur servir d'exemple ?" Il ne pose aucune de ces questions, mais seulement : "Pierre, est-ce que tu m'aimes ?". C'est tout. Pierre aimant Jésus, l'Esprit saint sera en lui et rien ne lui manquera pour paître les agneaux et les brebis. "La plénitude de la loi, c'est l'amour" dit saint Paul ; et saint Augustin : "Aime et fais ce que tu voudras"
Père d'Elbée, Croire à l'amour, éd. Téqui p. 31
Le Carême ? C'est d'abord "croire à l'amour", selon la formule que le Père d'Elbée emprunte à la Première épître de Jean. Que signifie "croire à l'amour" ? Non pas croire au sentiment amoureux ; non pas croire aux intuitions et aux impulsions de son palpitant. Non. Croire ici signifie avoir foi en l'amour, c'est-à-dire être capable de faire de l'Amour un absolu non-négociable dans sa vie. C'est ce que Jésus demande à Pierre : non pas quelles sont tes compétences d'entraîneur d'hommes, de sage, d'intellectuel, non pas même : quelle est ta vertu ? Pierre, durant la Passion du Seigneur, venait de trahir Jésus et de le lâcher sous le regard inquisiteur d'une servante qui était là pour se chauffer au brasero : il aurait été bien en peine de revendiquer une vertu quelconque.
Jésus ne demande pas quelles sont tes compétences ou quelles sont tes vertus, mais quelle est ton appétence la plus profonde ? quel est ton amour ? C'est que l'amour se substitue à tout, c'est l'amour qui nous fait être vertueux et non la vertu qui nous fait être aimants.
Ainsi en est-il de notre Carême ; il ne faut pas faire pour faire, il ne faut pas faire pour s'aimer vertueux. Il faut faire pour aimer et pour laisser entrer en soi l'Esprit de Dieu, ce Saint-Esprit, qui est juste l'Esprit du Christ.
Cher Monsieur l'abbé,
RépondreSupprimerun carême ne ressemble pas au précédent. J'avais commencé le précédent en voulant m'abstenir de faire des commentaires, finalement, j'en ai fait un presque à tous vos billets; je n'avais pris aucune résolution de ce genre au début de ce carême-ci, votre billet d'hier me l'avait quasiment fait prendre, ce billet-ci m'en fait changer: il ne sera pas dit, pourtant, que je ferai un commentaire tous les jours, mais dieu le sait, Qui S'entend à incliner différemment les résolutions que nous pouvons prendre, pour qu'elles s'insèrent dans l'aventure qu'Il veut vivre avec nous et faire de notre vie.
Ici, c'est la figure de Pierre qui m'appelle. Pierre est certainement depuis toujours le disciple le plus ardent pour le Seigneur. Le plus ardent dans la Foi, le plus ardent dans l'amour? On dirait qu'il aime avant d'être aimé, et que c'est pourquoi Jésus le choisit pour "paître ses brebis" et être le fondement de son eglise.
Ecrivant "fondement", je vous adresse un clin d'oeil, lorsque votre éclésiologie de "L'évidence chrétienne" n'adhère pas à l'idée que Jésus ne soit qu'un "fondeemnt" pour l'Eglise, ne soit pas un "fondateur de peuple" ou un "Moïse revenu", selon l'expression patristique, pour fonder le "verus Israel". Bien sûr, levons toute ambiguïté, pas un "Moïse revenant", une réincarnation de Moïse, mais un "Moïse revenu", un "nouveau Moïse". Si Jésus est le fondateur et non pas le fondement de l'Eglise, c'est que cette place est déjà occupée par Pierre.
La primauté de Pierre est fondamentale, son autorité va donc de paire avec sa position de première pierre, quand Jésus, Lui, est "la pierre angulaire". Et pourtant, le premier acte magistériel de Pierre, du vivant même de Jésus, est frappé d'infamie par le Maître. Pierre ne veut pas que Jésus ait à souffrir la Passion? Pierre est tenté par ce que Paul VI appellera "un christianisme sans la croix" ? Jésus le dément vigoureusement, quitte à saper son autorité:
"Retire-toi, Satan, tes pensées ne sont pas celles de dieu, mais celles des hommes."
Comparaissant devant le sanhédrin pour y être sommé de ne plus prêcher le christ, après la résurrection de celui-ci, Pierre, qui a, dès le jour de la Pentecôte commencé par exposer le kérigme, s'appuyant sur l'autorité que lui confère son statut de fondement de l'eglise, devant le Sanhédrin, ouvre une brèche par rapport à ce qui pourrait être assimilé à une injonction disciplinaire que lui fait le sanhédrin :
"Il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes".
Lorsqu'on se rappelle cette scène et qu'on la rapproche de cette autre où le premier à se servir dans le plat en même temps que Jésus est Judas, qui participe à la cène et en qui, à peine vient-il de communier, satan entre pour le faire parjurer Jésus, on ne peut que méditer sur les paradoxes de l'amour et de l'autorité dans l'Eglise. Le paradoxe de l'autorité donne, au sein de l'eglise catholique, une grande liberté par rapport, non seulement à l'autorité, mais à l'infaillibilité de Pierre, non pas pour la discuter juridiquement, canoniquement, mais on est libre devant Pierre, d'autant qu'on est soumis à Dieu.
Merci pour ces billets de carême.
RépondreSupprimerLe rôle de Pierre et de Judas présenté par ce théologien est révélateur et à se questionner sur l'aujourd'hui dans le temporel. Deux rôle bien différents à méditer.
http://www.dailymotion.com/video/xb0fp2_lecon-41-les-signes-donnes-par-l-eg_webcam
Rôle de Pierre à partir de la 9e minute à 14e minute.
Rôle de Judas à partir de la 14e minute..