« Notre existence, même bonne, n’a qu’un rendement médiocre, parce que notre attention se disperse trop. Nous sommes à la merci de chaque action, et, entre deux de nos actions, nous nous réservons à peine la minute de silence et de lumière qui nous mettrait face à l’esprit vivificateur, présent en nous, mais paralysé par nous, oublié par nous, laissé à son obscurité dans notre fond d’âme et attendant vainement un regard, un cri du cœur, un mouvement d’amour »
Père Raoul Plus (1882-1958), Dans le Christ Jésus
Le Père Plus nous parle immédiatement "rendement". C'est un moderne. C'est un jésuite. Mais le rendement auquel il veut nous rendre sensible est celui dont il,est question dans la parabole du Semeur à propos du grain qui tombe dans la bonne terre et qui donne "cent pour un". A quelles conditions pourrions-nous donner "cent pour un" ? Je mets cette question au conditionnel. Il faut la grâce pour cela et nous ne pouvons pas en disposer. Qu'est-ce que Dieu veut pour nous ? Cette donnée nous manque.
Nous pouvons au moins essayer de réunir les conditions d'un épanouissement spirituel, en luttant contre la dispersion (ce que l'on nomme aujourd'hui le zapping) et en prenant conscience de notre porosité à l'environnement : "Nous sommes à la merci de chaque action..." de chacune des nôtre ; mais aussi de chaque action des autres. Ce double effort, menons-le d'abord... oui... à la messe aujourd'hui. La liturgie traditionnelle possède cette force de contraindre chacun à un retour à soi, en offrant le silence de l'action sacrée. La liturgie ordinaire est certainement moins contemplative, mais qu'importe ! Que chacun, durant la messe, puisse se retrouver et offrir son propre sacrifice intérieur.
Cessons d'être à la merci du monde extérieur ! Cessons d'être à la merci de nos propres fragilités, qui peuvent parfois déclencher en nous ou en nos proches de véritables séismes ! Souvenons-nous que nous avons un coeur et que nous devons y résider. Tranquillement. Paisiblement. Maîtres de nous-mêmes. Nous devons y résider, puisque Dieu y réside et que c'est là qu'il se laisse trouver, si nous ne l'oublions pas, si nous le cherchons, si nous l'appelons, si nous l'aimons.
Un battement de paupières suffit parfois pour trouver Dieu en nous, pour être saisi par sa présence, pour nous apercevoir qu'il était déjà là et que... humblement... lui Dieu, il nous attendait. Ne le faisons plus attendre. Soyons présent à sa présence, présent à nous-mêmes...
Question sans aucun rapport avec l'article.
RépondreSupprimerPuorquoi n'y a-t-il plus sur ce site de sermons audios de l'abbé depuis le 1er Dimanche de l'avent ?
Eh bien oui, l'on zappe un peu entre plusieurs parcours de carême...c'est en effet pour reconnaître plus de vie intérieure chez les "Tradis" et plus de partage fraternel chez les "Progressistes". Ah c'est difficile !
RépondreSupprimerQuand même, les lignes bougent, un peu plus dans certains diocèses que dans les autres.
Un grand pas serait fait et qui aiderait les pauvres laïcs si le monde "Tradi" acceptait tout en gardant sa riche, profonde et savante spécificité, d'en venir à un calendrier liturgique commun car aller d'un évangile à l'autre favorise...la dispersion.
En fait, nous sommes des enfants gâtés.
Cher anonyme de 12:39! c'est que justement, la +riche, profonde et savante spécificité+ du monde tradi, c'est sa liturgie, qui suit le missel tridentin, le plus souvent dans son édition de 1962, légèrement modifiée par Benoît XVI. Ce missel s'organise selon un calendrier, que l'on peut par analogie de langage nommer 'extraordinaire'. Cela forme un tout, car l’Évangile du jour renvoie aux autres lectures, aux chants, etc.
SupprimerDe même qu'on ne joue pas n'importe quelle musique avec n'importe quel instrument, on ne dit pas un rite avec les lectures et les chants prévus pour une autre liturgie. En tout cas, pas si on veut en garder la +riche, profonde et savante spécificité+.
Cher ami traditionnaliste qui avez charitablement répondu à ma demande un peu simpliste, j'aime comme vous le rite extra-ordinaire mais je ne peux le choisir exclusivement. C'est se mettre trop à part de la marche, de la participation de tous à l'Eglise universelle car les textes diffèrent. C'est un obstacle majeur à la communion.
SupprimerTrop souvent, les Tradis ne veulent rien lâcher car ils s'imaginent que c'est impossible. Or il est toujours possible de faire quelques pas, de laisser quelques habitudes ritualistes.
Il est aussi dans l'ordre du possible d'apporter des modifications (1962; Benoît XVI) et de choisir un jour de marcher ensemble avec les mêmes textes (ou le plus possible) à l'interieur d'un calendrier le plus semblable possible, quoi que conservant sa richesse, sa spécificité, alliées à la science et à la profondeur que l'Esprit Saint donne seul à la liturgie.
Difficile mais possible. Et non pas hors de question.
Le Père Plus, un jésuite comme le Père Moingt (calembour à ne pas faire absolument un dimanche de carême, et pourtant je l'ai fait, il fallait bien que quelqu'un le fasse, si je ne l'avais pas fait, quelqu'un l'aurait fait à ma place...) nous exhorte à prendre cette "minute de lumière" qui nous remette face à "l'Esprit vivificateur".
RépondreSupprimerD'abord, j'aimerais citer l'exemple d'un psychiatre orthodoxe de ma connaissance, qui toujours prenait cette minute de lumière en allumant une bougie entre deux consultations, et en mettant du sel dans son cabinet, dans la croyance, il me semble, héritée des rites de l'exorcisme, que le sel a un effet purificateur de la part d'ombre forcément contenue dans le souvenir et dans son épanchement, comme on parle d'un épanchement de cinovie pour le genou qui n'arrive plus à se prosterner, par conséquent.
Ensuite, notre époque met à rude épreuve notre désir de ne pas nous disperser. C'a commencé par le "zaping", mais ça devient fou dans le "clic". Je suis en train d'approfondir une question et clic, il y a un lien qui me renvoie à une autre. On apelle cela l'"intertextualité" ou l'"interdisciplinarité". Je suis intertextuel et interdisciplinaire puisque je n'ai pas de discipline, pas de méthode de travail, je clique d'une question à l'autre. Jusqu'à quel point cette interdisciplinarité peut-elle se rapprocher de la pratique des "humanités" qui était celle de "l'honnête homme", dont on peut se demander, de lui aussi, s'il lisait l'intégralité des textes dont il dissertait doctement: Montaigne sautait d'un livre à l'autre, et il n'y a pas une liturgie des trois religions monothéistes qui ne procède en faisant des péricopes, c'est-à-dire des prélèvements sélectifs sur la Parole sacrée, sans l'étudier de bout en bout. Est-ce que le non divertissement (celui-ci pouvant être opposé à la conversion) pourrait consister à savoir aller au bout d'une lecture, d'une question, du fondement d'une opinion?
C'est ici que nous sommes confrontés à un autre impératif que nous assène la modernité: il faut suivre l'actualité, il faut s'intéresser au présent sélectionné et prélevé sur les événements qui fait la trame de la discussion du jour à propos du prétendu "fait du jour". On est un peu journaliste, éditorialiste, commentateur. Le prêtre qu'est Monsieur l'abbé de tanoüarn n'échappe pas à la fascination qu'exerce ce métier. Quant à nous, commentateurs du métablog, nous sommes un peu comme les sages du "talmud": un tel a dit, un autre a contredit... C'est ainsi que se forme une herméneutique (ou une doxa) collective. Est-ce bon, n'est-ce pas bon? En tout cas, nous y participons, et Monsieur l'abbé nous en ouvre l'espace. Je serais heureux d'avoir, de sa part, quelques éléments de discernement sur la question, éventuellement pour réformer ma propre pratique.
Haaaa, le MetaBlog s'est refait une beauté.
RépondreSupprimerOui, alors, j'ai bien lu le texte de Julien, que j'ai beaucoup apprécié - et celui de monsieur l'abbé aussi, of course - et je serais heureuse, moi aussi de lire la réponse que monsieur l'abbé pourra y apporter, pour éventuellement faire progresser ma propre pratique.
Alors, à bientôt, je surveille quand est-ce qu'il y a la réponse attendue. Merci par avance.